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EAN : 9782743628697
800 pages
Payot et Rivages (27/08/2014)
3.76/5   109 notes
Résumé :
« Et les supporters du Spion Kop jettent leurs écharpes à Bill. Leurs écharpes rouges. Une pluie d'écharpes tombe sur Bill. En guise de remerciement. Toutes leurs écharpes. Leurs écharpes rouges. Et Bill ramasse leurs écharpes. Toutes leurs écharpes. Leurs écharpes rouges. Et Bill noue une écharpe autour de son cou. Une écharpe rouge. Et Bill brandit une autre écharpe. Une autre écharpe rouge. Entre ses poings. Une écharpe. Une écharpe rouge. Tenue bien haut. Entre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 109 notes
Magistral ! Phénoménal ! Je n'ai pas d'autres mots pour qualifier le dernier roman de David Peace, « Rouge ou mort », qui sera sans aucun doute pour moi le livre de l'année, si ce n'est le meilleur roman que j'ai lu 4 ans.

Avec ce roman , David Peace s'éloigne de l'intrigue policière et du roman noir pour nous plonger dans l'histoire passionnante d'un homme qui prendra en mains la destinée d'un petit club moribond végétant en seconde ligue anglaise, pour en faire en l'espace d'une quinzaine d'années l'un des plus grands clubs de football de la planète !

Cet homme c'est Bill Shankly, ce club c'est celui de Liverpool.

Bill Shankly , n'avait rien qui le prédisposait à devenir l'entraineur mythique qu'il allait devenir, un des seuls à avoir aujourd'hui sa statut à l'entrée d'un stade. Né en Écosse, il avait commencé à travailler au fond de la mine avant de devenir un footballeur de bon niveau. Il joua même pour l'équipe nationale écossaise , sans disposer toutefois de ce petit plus qui fait de vous un très grand joueur.

C'est donc un homme connu dans le milieu footballistique mais sans véritable palmarès à offrir aux supporters qui arrive ainsi à Liverpool. Mais c'est un véritable sorcier qui va s'assoir sur le banc de touche pour diriger l'équipe.

Car Bill Shankly va faire rentrer à lui seul le football anglais dans le monde moderne. Il sera le premier à mettre en oeuvre un entrainement intensif et personnalisé pour ses joueurs, à leur imposer une hygiène de vie stricte, le premier aussi à s'intéresser à l'adversaire en évaluant ses atouts et ses points de faiblesse, adaptant sa stratégie à l'équipe que son club va devoir affronter. Cela semble tellement évident aujourd'hui, pourtant à l'époque c' était tout bonnement révolutionnaire.

Et c'est avec cette méthode que Bill Shankly va faire d'une bande de bras cassés, une redoutable machine à gagner et du vieux stade d' Anfield un temple du ballon rond.

La première mi-temps du livre est consacrée à l'odyssée fantastique de cette équipe qui sous la houlette de son entraineur va d'abord émerger de la seconde ligue pour ensuite arracher trois titres de champion d'Angleterre (64.66.73), deux coupes d'Angleterre (65.74) et une coupe de l' U.E.F.A (73).

On suit l'entraineur dans son travail quotidien, entrainement après entrainement, match après match, saison après saison. Un travail besogneux, répétitif, avec ses rituels, ses sacrifices, ses épreuves, que l'auteur va traduire sous sa plume par des phrases courtes, répétées elles aussi, martelées jusqu'à inscrire dans l'esprit du lecteur l'âme de ce club qui se construit à la sueur et à l'abnégation. Comme un joueur remontant le ballon par petites touches de balle, David Peace déroule par petites phrases cette épopée héroïque, lui donnant son rythme et sa musique.

Bill Shankly était un meneur d'hommes, qui a su inculquer à son équipe le sens du collectif , celui de sacrifice et cette hargne de vaincre comme unique moteur de leur ambition. Car « quand tu es premier tu es premier, qu1and tu es second tu n'es rien » .

C'était un homme pétri d'idéaux et d'humanisme. Il portait en lui une conception socialiste de la société, qu'il revendiquait. de ce socialisme forgé au coeur, nourri du fond de la mine, de la sueur et des larmes, où la solidarité et le dévouement aux autres rend plus fort et fait tenir debout contre vent et marrée.

C'est d'abord à cela que s'attache à transmettre David Peace en brossant le portrait de cet entraineur. L'écrivain s'intéresse moins au club qu'à cet homme et à la façon dont il a articulé sa vie autour d'un objectif ultime, la victoire.

Non pas de celles égoïstes, comme une fin en soi, qui nourrirait une satisfaction personnelle. Mais de celles que l'on obtient pour les autres et qui la rend plus belle. de celles que l'on partage, que l'on va chercher pour ceux qui ne peuvent pas mais qui sont là, jour après jour, à croire en vous et à vous supporter de toute leurs forces, dans le succès mais d'abord dans l'adversité.

Une victoire pour les autres, pour le peuple de Liverpool, pour le Kop, le Spion Kop d' Anfield , l'antre des supporters des Reds ! C'était cela la magie de Bill Shankly, magnifier le football pour l'offrir en communion au public de ce club de prolétaires. Ne faire des joueurs qu'un seul joueur, des supporters qu'un seul homme, LIVERPOOL, LIVERPOOL, LIVERPOOL.

On ne saura jamais vraiment les raisons qui ont poussé Bill Shankly à mettre brutalement un terme à sa carrière d'entraineur. Officiellement pour passer plus de temps avec sa femme. Toujours est il qu'il décida de le faire en 1974 auréolé d'une coupe d'Angleterre et passa la main à son bras droit Bob Paisley qui poursuivra l'oeuvre de son ami emmenant plus haut encore le club au firmament de sa légende.

Débute alors la seconde mi-temps du roman de David Peace. Sans doute la plus émouvante, la plus poignante.

On découvre un homme qui continue à vivre pour le football, qui ne peut s'en défaire, et qui repense à ce qu'il a vécu à la tête de ce club.

Mais c'est un homme seul, que les dirigeants de son ancien club commence à oublier, tandis que dans le coeur des supporters continue à brûler la flamme de la reconnaissance. Car eux n'oublient pas. Ils n'oublieront jamais tout ce que Bill a fait pour eux, pour le club.

Et on découvre un Bill aimant auprès de sa femme, un Bill accessible pour le peuple comme il l'a toujours été, qui prend soin de répondre personnellement aux centaines de lettres qu'ils reçoit encore, comme il l'avait toujours fait.

Bill va au stade, partage ses souvenirs avec les supporters. Bill écrit ses mémoires, téléphones à ses amis entraineurs des autres clubs, assiste aux entrainements de Liverpool.

Reviennent les petites phrases courtes, martelées à l'infini. Mais cette fois-ci elles ont le son du tic tac du temps qui passe. Bill s'occupe, aide des jeunes qui viennent taper à sa porte pour jouer avec lui.

Mais bill s'éloigne, tout doucement.

Et un jour Bill s'en va , pour de bon. 1981

Si les anglais ont inventé le football les écossais l'ont transcendé. Shankly, Busby, Ferguson trois entraineurs écossais qui ont écrit les plus belles pages du foot britannique.

A travers « Mort ou Rouge » c'est un brillant hommage que David PEACE rend non pas à ce sport, mais à l'un d'entre eux, à cet homme venu de nul part marquer de son empreinte indélébile l'esprit et l'âme d'une ville ouvrière du nord de l'Angleterre.

Un homme dure à la tâche, mais terriblement proche de ses joueurs et des gens, qui à partir de bric et de broc, de quelques couteaux et fourchettes disposés sur sa table de salon pour simuler un match à venir, est parvenu à construire une des plus belle légendes du sport en s'appuyant sur des valeurs qui parcouraient encore le monde de l'époque.

C'est un peu de cela qui est parti avec Bill Shankly, cette société où les valeurs de solidarité, d'efforts et d'abnégation tournées vers l'intérêt général avait encore un sens . Tout ce que Thatcher qui arrivera au tpouvoir en 79 , balayera et broiera avec son libéralisme outrancier, en cassant les syndicats, en brisant les mineurs et le monde ouvrier, en mercantilisant tous les rouages de la vie, auquel n'échappera pas le monde du football.

Aujourd'hui, nous dit David Peace dans une interview » le football est la métaphore de l'exclusion et de la destruction des classes travailleuses « .

Liverpool est toujours un grand club, immensément riche, fort d'un stade ultra moderne , mais dont les joueurs sont aujourd'hui des mercenaires internationaux, et où le prix des places est dissuasif pour l'ouvrier.

Alors, reste l'âme de Shankly qui hante les tribunes ET dont la statut vous accueille à bras ouverts à l'entrée du stade, et qui vous murmure à l'oreille « You'll never walk alone » ( « vous ne marcherez jamais seul).

David Peace signe un roman magistral, humaniste et poétique. Un de ceux qui vous marque pour longtemps, un de ceux que l'on oublie jamais.
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Le héros de ce roman « Rouge ou mort », Bill Shankly, dirigea le Liverpool Football Club de 1959 à 1974, années glorieuses qui ont vu l'équipe faire moisson de trophées en Angleterre et en Europe. Pendant cette période, le style de jeu de cette équipe, joint à l'engouement de ses milliers de fans ont créé le mythe des supporters de Liverpool comme les plus grands fans de football au monde.

Écossais, homme du peuple, pur produit de la classe ouvrière et ancien mineur, Bill Shankly avait pour le football une passion dévorante, et peu d'autres centres d'intérêt en dehors de ce sport. Il était entré au Liverpool FC comme on entre en religion, le stade d'Anfield était devenu son église, les supporters du Kop l'assemblée de ses fidèles.
Absolument obnubilé par le désir de remporter des titres, il organise sa vie autour de son travail. de la vie intime de Bill, nous ne saurons rien, simplement que sa femme s'appelle Ness. Ses filles, dont on ne saura même pas les prénoms, sont tout au long du roman, identifiées comme « les filles »…

De son arrivée à Liverpool, quand tout était à faire et jusqu'à son départ, il aura marqué de son empreinte ce club, et ses discours d'avant match sont restés dans les mémoires, avec toujours ce même rappel, vous jouez pour vos fans, et seulement pour eux :
Le sommet de la montagne est en vue, dit Bill Shankly. le point culminant, les gars. Et aujourd'hui, vous allez l'atteindre, ce sommet. Vous allez grimper tout en haut de la montagne, les gars. Mais vous n'y monterez pas tous seuls, non. Vous serez là-haut avec les dizaines de milliers de gens qui sont ici aujourd'hui. À l'intérieur du stade. Et les dizaines de milliers qui sont à l'extérieur. À l'extérieur d'Anfield aujourd'hui. Vous serez là-haut avec eux, les gars. Et vous serez tous là-haut comme un seul homme. Alors, allez sur le terrain maintenant, les gars. Allez sur le terrain maintenant pour atteindre ce sommet. Allez sur le terrain maintenant pour monter tout là-haut, les gars. Et donnez à tous ces gens ce qu'ils méritent, donnez-leur ce qu'ils attendent. Allez-y et rendez-les heureux, les gars…

Tout au long des 15 années passées à diriger l'équipe de Liverpool, Bill n'aura eu de cesse que de les faire progresser, à travers les entraînements, à travers les matches, et saura toujours trouver les mots justes pour titiller la fierté de ses joueurs, les amener à donner le meilleur d'eux-mêmes pour l'équipe, le club, la ville…. Et toujours la recherche de l'excellence, de la première place, car « quand tu es deuxième, tu n'es rien, tu n'es nulle part. »
» À sa table de travail, dans son fauteuil. Bill ferme les yeux. Ses yeux d'homme vieillissant. Bill en est malade de ne finir nulle part. Ces dernières saisons, ces saisons passées. Malade de ne finir nulle part, malade de ne rien gagner —
Malade et sacrément fatigué. »

Bill quittera ses fonctions en 1974, après avoir remporté la coupe de l'UEFA en 1973.
Après avoir quitté ses fonctions, il sera ignoré et tenu à l'écart par les dirigeants de ce club qu'il avait porté vers les sommets par son travail acharné, et son dévouement total. Il est curieux de constater que dans cette période, il ait été accueilli par les rivaux de toujours, Everton F C. Mais les supporters d'Anfield, du Spion Kop ne l'ont jamais oublié, et jusqu'à la fin lui auront toujours témoigné leur attachement, car l'amour entre le manager et ses fans était réel et réciproque.

« Et les supporters du Spion Kop jettent leurs écharpes à Bill. Leurs écharpes rouges. Une pluie d'écharpes tombe sur Bill. En guise de remerciement. Toutes leurs écharpes. Leurs écharpes rouges. Et Bill ramasse leurs écharpes. Toutes leurs écharpes. Leurs écharpes rouges. Et Bill noue une écharpe autour de son cou. Une écharpe rouge. Et Bill brandit une autre écharpe. Une autre écharpe rouge. Entre ses poings. Une écharpe. Une écharpe rouge. Tenue bien haut. Entre ses bras levés. En signe de remerciement. »

Keegan devait déclarer plus tard qu'il avait insufflé « son caractère dans toutes les strates du club, du bas vers le haut ». Il a permis à tous de croire que Liverpool était la meilleure équipe au monde, à une époque même où ils étaient de toute évidence, la seconde équipe dans leur ville.
Ainsi, disait-il, c'est vous qui avez fait ce club, c'est pour vous que les joueurs se donnent un maximum.

Le style de l'auteur est vraiment quelque chose de tout à fait surprenant. Je n'avais jamais rien lu de ce genre… Peu de descriptions physiques, aussi bien de l'apparence des personnes ou de l'environnement.
Le rythme, répétitif jusqu'à l'excès, incantatoire et hypnotique, dans les descriptions du quotidien de Bill Shankly, sa préparation des matches avec son petit carnet, son pot de colle et ses ciseaux, son souci du détail presque obsessionnel, et son rituel avec les ustensiles de cuisine pour travailler les tactiques de jeu.
« À la table, sur sa chaise. Dans la nuit et le silence. Bill regarde les bols et les assiettes, la salière et le poivrier, les pots de miel et de confiture. Bill ramasse les bols et les assiettes, la salière et le poivrier, les pots de miel et de confiture. Bill déplace les bols et les assiettes, la salière et le poivrier, les pots de miel et de confiture pour les disposer sur les bords de la nappe, sur le pourtour de la table. Bill prend les quatre fourchettes et les quatre couteaux et les quatre cuillers. Bill tient les quatre fourchettes et les quatre couteaux et les quatre cuillers dans sa main. Bill contemple la nappe… »
Et ça continue, ligne après ligne, et des scènes semblables se répètent tout au long du roman.

Et sa façon de relater les matches, toujours sur le même canevas, minimaliste et lapidaire :
“Le Mardi 9 Septembre 1969, le Sunderland Football Club venait à Anfield, Liverpool. Cet après-midi 46.370 personnes venaient aussi. A la 12ème minute, Geoff Strong marquait. Et à la 34ème minute, Tommy Smith marquait aussi. Et le Liverpool Football Club battait le Sunderland Football Club 2-0. A la maison, a Anfield.”

De même pour décrire les efforts consentis,
« Mais les supporters du Liverpool Football Club ne capitulent pas. Ils continuent d'encourager les joueurs et ils continuent de chanter. Et les joueurs du Liverpool Football Club ne capitulent pas. Ils continuent de se battre et ils continuent d'essayer. Plus fort. Clemence se bat et Clemence essaie. Plus fort. Lawler se bat et Lawler essaie. Plus fort. Lindsay se bat et Lindsay essaie… » etc, pour chacun des joueurs de l'équipe.

Ce style d'écriture, répétitif et détaillé, s'accorde bien avec la personnalité de Bill. L'excellence dans le sport ne s'obtient qu'à force de travail, persévérance, et de répétition.
Son style narratif ne s'embarrasse pas de fioritures. On dirait davantage des directives de direction d'acteurs, un script de cinéma. Autre exemple, pour illustrer son inaction après avoir quitté le club, l'auteur nous décrit Bill lavant sa voiture : » Et Bill s'approche de l'évier. Bill se penche. Bill ouvre le placard situé sous l'évier. Bill sort le seau rangé sous l'évier. le seau et les chiffons. Bill referme les portes du placard. Bill pose le seau dans l'évier. Bill ouvre le robinet d'eau froide »… et ainsi de suite pendant 3 pages et demie… suivies de quatre pages sur le nettoyage du jardin !!! D'évidence, au moyen de sa palette réduite, cet ensemble de phrases répétées, ces listes rituelles de noms, d'équipes, d'endroits et de chiffres de fréquentation, Peace cherche à nous démontrer que le sport est toujours essentiellement répétitif.

Après sa retraite, entre ses entretiens avec le premier ministre Harold Wilson, et ses interviews pour la radio et la TV, les préoccupations de Bill le ramèneront toujours vers le football, dans l'attente d'un geste de reconnaissance de son club, à s'entraîner avec l'équipe d'Everton, ou jouer des petits matches avec les gamins de son quartier pour qui la porte était toujours ouverte. Tous ces gamins qui ne l'appelaient pas Monsieur Shankly, mais Bill, simplement Bill. Ce geste arrivera enfin, bien tard à mon sens, sous la forme d'une invitation à la finale de la Coupe d'Europe à Paris, le 27 mai 1981, qui verra Liverpool remporter ce titre pour la troisième fois, récoltant ainsi les fruits des graines semées par Bill.

ShanklyIl a fallu attendre 16 ans après sa mort pour que les dirigeants de Liverpool rendent un hommage amplement mérité à Bill Shankly. Une statue érigée en face le Kop d'Anfield, portant sur son socle ces mots:
« Il a rendu les gens heureux ».
La statue fut dévoilée par Ron Yeats, une des recrues les plus célèbres et préférées de Bill, qui déclarait : « Il n'y aura jamais assez de mots pour dire la contribution de Bill au profit du Liverpool FC. C'est une chose pour des managers de prendre leur fonction dans des clubs qui fonctionnent bien, quand toutes les structures pour la réussite sont déjà en place, mais quand Bill est venu ici, tout tombait en ruine – l'équipe et les installations. Il a pris cet endroit à la gorge et l'a rendu grand. »

Pour un amoureux du football, ce roman est une perle. Quel plaisir d'assister à la naissance d'une équipe, à l'éclosion de ces talents qui ont marqué les années 70, l'éclosion des Clemence, Toshack, Hughes ou Keegan, pour ne citer qu'eux qui ont contribué à forger la légende du Liverpool Football Club. Et en une certaine manière, Shankly est à l'origine du football moderne, de sa médiatisation et des dérives financières qui ne manqueront pas de se produire dans le futur. Mais c'est également une réflexion sur l'Angleterre en crise des années 60 et 70 pré-Thatcher, un roman socialiste comme aimait à se définir Bill, qui mettait l'homme au centre de toute chose. Qui faisait passer le collectif avant l'individu. Qui aimait à rappeler la valeur de l'équipe, du jouer ensemble, du vivre ensemble.
Une histoire d'hommes, aux destins différents selon leur envie ou leur talent, de laquelle émane une grande émotion, entre victoires et défaites, entre rire et larmes et par-dessus de tout, l'amour du beau jeu.
Un très grand roman, et si l'on aime le football et le Liverpool FC, il est encore plus grand…
Et un gros coup de coeur pour moi!
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Sisyphe sur les bords de la Mersey. Condamné à pousser une pierre vers le haut d'une montagne, Sisyphe ne peut pas empêcher la pierre de rouler vers le bas. Cet éternel recommencement, cet effort sans cesse remis en cause, c'est celui de Bill Shankly, aussi. Arrivé sur les bords de la Mersey en 1959 pour y entraîner un club de deuxième division, Shankly va faire du FC Liverpool l'un des plus grands clubs d'Angleterre et d'Europe des années 1960 et 1970 (voire 1980). Ainsi en v a-t-il de ce roman fleuve qui parle non seulement d'une légende, de la genèse de cette légende mais aussi du démiurge qui, loin d'être mégalomane, fut un homme simple, un homme du peuple comme il se plaisait à le dire, un homme pareil à ceux qui peuplaient le Spion Kop, la tribune de supporters d'Anfield Road.

Sous l'ère de Bill Shankly, le FC Liverpool remporte le championnat de deuxième division puis celui de première division à trois reprises. Il gagne aussi la coupe d'Angleterre deux fois ainsi que la coupe de l'UEFA. Plus encore, les bases qu'il jette à Liverpool permettent à son successeur, Bob Paisley, qui fut aussi son entraîneur adjoint, d'emmener le FC Liverpool à six autres titres nationaux, trois coupes de la Ligue et, surtout, trois coupes d'Europe des clubs champions ainsi qu'une coupe de l'UEFA. Il recrute notamment Ray Clemence, Kevin Keagan, John Toschack, Steve Heighway ou encore Ray Kennedy. Il définit surtout un style de jeu basé sur le mouvement, à l'image de ce qui se faisait à l'Ajax Amsterdam, permis par une condition physique des joueurs longuement élaborée.

Véritable pavé, Rouge ou mort revient sur ces années d'entraînement, de matchs, de ferveur populaire. Inlassablement, David Peace répète : les noms des joueurs, les exercices à l'entraînement, les attitudes et les gestes de Bill Shankly. C'est une litanie de noms, de matchs, de buts, de minutes décisives, un documentaire dit comme une prière. Evidemment, le style peut rebuter ; évidemment, on se surprend parfois à sauter certains passages que l'on connaît déjà, les ayant lu trois, quatre ou cinq fois auparavant. Il n'empêche : cette prouesse littéraire a un sens. Bill Shankly et le FC Liverpool ne renoncent jamais, ils avancent encore et toujours, ils tracent leur route et écrivent, au fil des ans et au fil des pages, leur légende. La légende des Reds, portés par un stade et un public mythiques, célébrés par des chants dont le You'll never walk alone reste probablement le plus célèbre, repris aujourd'hui encore par les supporters du Borussia Dortmund quand ceux du Paris Saint-Germain ont baptisé la tribune de Boulogne, au Parc des Princes, le Kop.

Au-delà de cette liste de matchs (qui, il faut bien le dire, sont relativement mal racontés. Faute de l'auteur ou du traducteur, les phrases et les approximations qui s'y glissent (un lob n'est pas un centre) rendent, c'est bien dommage, tous ces matchs bien peu vivants), il y a aussi une réflexion sur le sport, et notamment sur le football. Sport le plus populaire au monde, le football a bien évolué depuis l'époque de Bill Shankly. Mais trois éléments, cependant, gardent une certaine modernité, éléments qui sont aussi au coeur de l'histoire personnelle de Bill Shankly. Tout d'abord, le football, en tant que sport d'équipe, peut être perçu comme une forme dynamique et minimaliste de socialisme : un pour tous et tous pour un, le collectif avant l'individu. Pour Shankly, c'est essentiel : tous les joueurs doivent participer au jeu, aucun ne doit surnager. Evidemment, le football moderne fait la part belle aux individualités qui font à elles seules la différence mais le football des années 1970 célèbre, lui, la force collective. Qui dit socialisme dit peuple, et le football est l'une des émanations de la ferveur populaire. Il faut voir, sur des films d'époque, le Kop se mouvoir : cette mer de bras, de visages et d'écharpes rouges, se précipiter au-devant du terrain sitôt que les Reds approchent du but adverse. Homme du peuple, Shankly rend régulièrement hommage, par les paroles et par les actes (en offrant, par exemple, sa cravate marquée des lettres du FC Liverpool à un supporter qui voudrait acheter la même mais ne la trouve nulle part), à ces hommes et ces femmes qui rendent le club vivant (en venant au stade supporter l'équipe et, plus pragmatiquement, en payant leur billet et, par conséquent, les joueurs). le football, simple sport ? Oui, mais qui peut représenter énormément pour des supporters qui, dans la vie civile, connaissent parfois des moments difficiles. le chômage, notamment, touche fortement le nord de l'Angleterre à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Pour Bill Shankly, aussi, le football peut représenter absolument tout. Régulièrement, la comparaison revient : le football est comme une religion. de là, tout un vocabulaire découle : foi, dévotion, ferveur, pèlerinage. Et, dans un office religieux, les officiants sont importants mais les croyants le sont plus encore. Enfin, il y a une réflexion sur le temps qui passe, ce qu'il nous enlève, ce qu'il dit aussi de la fragilité et de l'insignifiance de l'individu dans une société en mouvement. Car Bill Shankly à la retraite devient un homme qui attend un appel, celui du FC Liverpool, qui attend qu'on lui demande de venir, que l'on se souvienne de lui, pas seulement par les mots mais aussi par les actes. Il y a naturellement quelque chose de cruel ici pour Shankly, bien que, dans son rapport avec les joueurs, ce dernier ait toujours précisé qu'un jour ou l'autre, les choses se terminent et, alors, on n'a plus besoin de vous. Rouge ou mort est donc une histoire humaine, de rapports humains, une histoire d'affections réciproques et de non-dits parfois cruels.

Il y a, dans les pages de Rouge ou mort, quelque chose de relatif à l'obsession. le travail acharné de Shankly n'est possible que par l'obsession qu'il a du football. C'est ce qui lui fait écrire ses carnets de notes où l'on trouve des noms de joueurs et des jours de match. C'est ce qui lui fait négliger son épouse, Ness, et ses filles, même s'il tâche de se montrer un homme de maison impliqué (le choix de la retraite est notamment du à son attachement très fort à son épouse). C'est ce qui lui fait parler football avec des collègues entraîneurs, ce qui lui fait regarder des matchs de football au stade ou à la télévision tous les soirs, ce qui le pousse à aider ceux qui le demandent lorsqu'il est à la retraite. le football, à la vie, à la mort.

Par sa forme, sa densité, l'objet mythique auquel il s'attaque, par l'exemple d'un homme qui voit le système des valeurs de son monde radicalement changer, le roman de David Peace est comme le football des années 1970, celui du FC Liverpool, celui de Bill Shankly : total.
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La statue de Bill Shankly vous accueille à l'entrée d'Anfield, le stade du Liverpool Football Club, juste sous le kop : il y est représenté bras levés, poings serrés, en signe de victoire. Et pour cause : Bill Shankly, manager du Liverpool Football Club de 1959 à 1974, est un mythe à Anfield. Ecossais d'origine, Il est l'homme à l'origine du renouveau du club, celui qui permet à Liverpool de remonter dans l'élite du football anglais, après plusieurs années passées en seconde division. Sous sa direction, le club va remporter de nombreux titres (3 championnats, 2 FA Cup, une coupe de l'UEFA). D'une grande humilité, très proche des supporters, adulé par ces derniers, Bill Shankly fut un infatigable travailleur au service de Liverpool, l'homme qui a d'ailleurs doté le club de ses couleurs actuelles (le rouge, uniquement le rouge, du maillot aux chaussettes), afin de rendre ses joueurs plus impressionnants pour leurs adversaires. Meneur d'hommes hors pair, capable de sublimer ses joueurs, il fut un manager charismatique, exigeant, impitoyable aussi dans le choix des hommes (il n'hésitera jamais à se séparer de joueurs pourtant parmi les plus fidèles des Reds). Il est surtout quelqu'un qui a fait passer le club au-dessus de toute individualité : on aimerait tant que le football actuel, tombé dans la starisation à outrance de certains joueurs (ou managers d'ailleurs…n'est-ce pas José ?), en tire quelques enseignements…

David Peace, déjà remarqué pour « 44 jours », offre ici un formidable portrait de Bill Shankly. Son style d'écriture, fait de répétitions, peut certes prêter à débat. Dans le cas présent, il traduit l'obsession d'un homme sans cesse obnubilé par son équipe et ses résultats, qu'il soit à Anfield ou chez lui, dans sa cuisine par exemple. Ce style répétitif, c'est aussi finalement l'image du côté redondant des saisons (la préparation, la compétition, la victoire, le nul, ou la défaite, l'entraînement, les matchs à nouveau… et ainsi de suite la saison suivante). La construction du bouquin, en deux mi-temps, avec comme point de rupture, la démission de Bill Shankly de son poste, est également à remarquer. Et si la première partie est faite de gloire et d'honneurs, la seconde partie, consacrée à la retraite de Bill Shankly, laisse un goût un peu amer au lecteur. Elle conte l'histoire d'un homme qui n'a vécu et ne vit que pour le football, et qui se retrouve un peu désoeuvré. L'histoire d'un homme que le club qu'il avait façonné a un peu laissé de côté suite à sa démission, comme un personnage du passé devenu trop encombrant, notamment par rapport à son successeur. Mais cette seconde partie développe aussi l'histoire d'un homme à la conscience politique forte, fidèle à ses origines prolétaires, se revendiquant socialiste.

« Rouge ou mort » est une oeuvre dense, magistrale, mais aussi exigeante. Un roman incroyablement marquant, une ode au « vrai » football.

Peut-être si vous lisez ce roman (je vous y encourage vivement !), vous ferez, comme moi, de fréquentes visites sur internet au fur et à mesure de votre lecture pour aller visualiser les images ou vidéos disponibles sur tel ou tel évènement évoqué (les matchs notamment), histoire "de se mettre dans l'ambiance". Cela rend la lecture d'autant plus vivante, concrète.

Un dernier mot pour dire que vivre un match à Anfield est une expérience extraordinaire pour tout amateur de football (j'en parle en connaissance de cause). Et n'oubliez pas à cette occasion d'aller saluer la statue de Bill Shankly, qui vous accueille à l'entrée du stade, juste sous le kop…
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YOU NEVER WALK ALONE (THE KOP-L.F.C.)

Liverpool prépare sa finale...

Je commence à ressentir cette étrange excitation qui me prenait toutes les semaines d'avant-match...Impatience, tension, espoir, angoisse..Tout converge vers le rectangle vert...Pression, pression, pression...Chassez le naturel, il revient au galop....Avec l'Ajax d'Amsterdam, le L.F.C est le club qui a construit sa gloire sur mes rêves de victoire ...
Un seul vainqueur, un seul tenant du titre, une seule ligne sur le palmarès...

Bil Shankly avait diablement raison " "If you are first you are first. If you are second, you are nothing."
Le match incarne la quête d'Immortalité...Perdre c'est mourir pour renaître tel un Sphinx et recommencer à pousser ce rocher si lourd vers le haut...
Vaincre, c'est le temps de la transcendance où la sublime illusion d'éternité vous sort de vous même...La Grande Ascension et la Vue de l'Univers depuis le toit du Monde...
Chaque affrontement porte sa vérité...Les cartes se distribuent, les dés roulent, la Fortune frappe à la Porte...Le Jeu se fait...Les Jeux sont faits....Et toujours cette tension que vous jouiez le voisin, le club d'à côté, le grand du Championnat, un des Monstres du Palmarès, le championnat, la coupe, le match amical..
Infernal...Mais c'est le Jeu....Et ça, ça vaut franchement tout le reste surtout si vous le faites pour votre équipe, votre le maillot, vos supporters et votre ville..

Voilà donc la biographie de Bill Shankly né en Ecosse en 1913 mort à Liverpool en 1981. L'Histoire d'un type bien, obsédé par le Jeu qui prît le Liverpool Football Club végétant en milieu de tableau de deuxième division pour en faire une équipe phare du championnat anglais des années 60-70 du siècle dernier, jeter les fondations d'un Grand d'Europe et rendre tous les supporters fiers, orgueilleux et heureux.

Cependant le Malin rôdait dans Anfield comme dans Old Trafford, Highbury, White Hart Lane ou Hillsborough....Hyperviolence, argent à profusion, sans fin, inépuisable pactole dans lequel brille le mot Pacte, celui qu'on signe avec Celui qui nie tout,, perte d'identité footballisttique (le Show remplace le Jeu), égoÏsme, circuits fermés de télévision, police, profilage, Image, frime, sacro-saint TPMG, ...
Mammon finit par mener le Bal sur fond de crise, de confiscation des clubs par par une sorte de ploutocratie assoiffée de vanité et d'affrontements ou d'accidents qui finissent par tuer...Fini le temps où le paternel emmenait ses mômes, l'écharpe autour du cou, les chants à fleur de lèvres, les cris de joie, les larmes et les discussions féroces avec les potes dans la cour d'école...Finie l'Ere de la Naïveté...Voici l'Ere de la Thune...

Bill Shankly, le dernier Paladin, incarne un modèle désormais disparu de "Common Decency" fondé sur le respect mutuel , où on travaille dur, tout le temps, pour mériter le salaire que les spectateurs paient en s'acquittant du coût de leur place...

Voilà donc Bill Shankly, obsédé par le Jeu, la Victoire et le Partage de valeurs intangibles (Solidarité, Soutien, Energie, Refus de la défaîte).
Shankly aimait le football, ce sport que tous les gamins de ma Banlieue Nord de Paris pratiquaient le jeudi sur la Zone séparant ma ville d'une porte de Paris. Chaque but était délimité par deux pavés. On tapait furieusement dans une balle en plastique. le Bonheur enivrant, furieux, absolu...

Vie et mort d'un Honnête Homme..."Rouge ou mort"...Un style envoutant, hypnotique, psalmodiant l'interminable litanie de l'avant/après (avant/après le match, avant/après le championnat, avant/après la finale...avant/après...la Vie)

Qui était Bill Shankly ?

" La pression, c'est travailler à la mine. La pression, c'est être au chômage. La pression, c'est essayer d'éviter de se faire virer pour 50 shillings par semaine. Cela n'a rien à voir avec la Coupe d'Europe ou la finale de la Cup. Ça, c'est la récompense ! »

"Certaines personnes pensent que le football est une question de vie ou de mort. Je trouve ça choquant. Je peux vous assurer que c'est bien plus important que ça."

«Même la maladie ne m'aurait pas empêché de suivre ce match. Si j'étais mort, j'aurais demandé à ce qu'on amène le cercueil au stade, qu'on le pose près du banc et qu'on fasse un trou dans le couvercle.»

"Ma vision du socialisme n'a pas grand-chose à voir avec la politique. C'est un art de vivre. C'est de l'humanisme. Je crois que le seul moyen d'y arriver dans la vie, c'est l'effort collectif. Il faut que chacun soit prêt à travailler pour l'autre, il faut s'entraider pour que chacun retire les bénéfices de l'action commune au bout du compte. J'en demande peut-être beaucoup mais c'est la façon dont je vois le football et dont je vois la vie".

Voilà qui était Bill Shankly.

Si l'essence du ballon rond vous colle à la peau comme votre premier grand amour brille toujours dans vos souvenirs, ce livre vous empêchera de dormir.
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critiques presse (2)
Telerama
29 octobre 2014
Rouge ou mort est le livre le plus impressionnant jamais écrit sur le football (il faut dire qu'il y en a peu). Sur la passion, sur l'obsession du football. La répétition des gestes, la rengaine des matchs, les défaites et les victoires, les saisons avec, les saisons sans. Et l'éternel recommencement, de la jeunesse à la tombe.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeSoir
08 septembre 2014
Avec «Rouge ou mort», l’écrivain britannique David Peace signe un des grands romans de cette rentrée littéraire.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Et puis Bill se lève de la table de la cuisine. Bill ramasse les assiettes. Bill les emporte vers l’évier. Bill pose les assiettes dans l’évier. Bill retourne à la table de la cuisine. Bill ramasse la salière et le poivrier. Bill les range dans le placard. Bill repart vers la table. Bill ôte la nappe. Bill se dirige vers la porte de derrière. Bill ouvre la porte. Bill sort de la maison. Bill s’arrête sur le perron. Bill secoue la nappe. Bill rentre dans la cuisine. Bill referme la porte. Bill plie la nappe. Bill range la nappe dans le tiroir. Bill retourne jusqu’à l’évier. Bill ouvre les robinets. Bill envoie une giclée de liquide vaisselle dans l’évier. Bill ferme les robinets. Bill prend la brosse à laver. Bill nettoie les assiettes. Bill nettoie les casseroles. Bill lave les couverts. Bill les dispose sur l’égouttoir. Bill ôte la bonde. Bill se sèche les mains. Bill prend le torchon à vaisselle. Bill essuie les casseroles. Bill essuie les assiettes. Bill essuie les couverts. Bill range les casseroles dans un placard. Bill range les assiettes dans un autre. Bill range les couverts dans le tiroir. Bill retourne devant l’évier. Bill prend la lavette. Bill essuie l’égouttoir. Bill rouvre les robinets. Bill rince la lavette sous les robinets. Bill ferme les robinets. Bill essore la lavette. Bill pose la lavette à côté du flacon de liquide vaisselle. Bill se retourne. Bill examine la cuisine. Bill se tourne de nouveau vers l’évier. Bill se penche. Bill ouvre le placard situé sous l’évier. Bill sort un seau de sous l’évier. Bill se penche une seconde fois. Bill en sort un tampon à récurer. Bill referme la porte du placard. Bill soulève le seau. Bill met le seau dans l’évier. Bill rouvre les robinets. (…) À genoux, Bill commence à récurer. À genoux, Bill commence à nettoyer. À nettoyer, et à nettoyer, et à nettoyer.
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Les samedis ont toujours été les plus beaux jours de ma vie, chuchote Ian St John. Mais samedi dernier, ç'a été le pire jour de ma vie. Et je n'ai jamais été aussi heureux que depuis que je suis à Liverpool, avec vous. Mais cette période-là, elle est finie, n'est-ce pas ? C'est fini, maintenant.

Bill regarde de nouveau l'horloge murale. Bill consulte de nouveau la montre à son poignet, Bill secoue la tête. Et Bill répond, Non, mon gars. Non. Pas encore. Mais c'est ce qui nous arrive à tous, mon gars. Et c'est pour ça qu'il faut s'y préparer. Il faut que tu sois prêt,mon gars. Parce que c'est toi qui dois décider de quelle façon tu vas le prendre. Est-ce que ce sera avec élégance et dignité ? Ou bien avec colère et amertume ? Mais il n'y a que toi qui puisses faire ce choix -
Il n'y a que toi qui puisses le savoir, mon gars.
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ans le couloir, celui menant à son bureau de Leeds Road. Bill voit Eddie Brennan, le secrétaire adjoint du club de Huddersfield Town. Et Bill annonce, j’ai quelque chose à te dire, Eddie. Quelque chose à te dire. Je m’en vais, Eddie. On m’a proposé le poste à Liverpool et je l’ai accepté. Alors, je m’en vais, Eddie. Je pars, je pars. Et j’ai hâte, Eddie. J’ai hâte. Un grand club, Eddie. Un club énorme . Avec un tel potentiel, Eddie. Un tel potentiel. Tu es allé là-bas, Eddie. Tu connais. Cette foule, Eddie. Cette ville. Une sacrée foule, Eddie ! Une sacrée ville ! Et ils sont prêts à me soutenir, Eddie. Le conseil d’administration. Ils vont me soutenir à fond, Eddie. Me donner tout l’argent dont j’ai besoin. Pas comme ici, Eddie. Pas comme ce club. Qui n’arrivera jamais à rien, Eddie. Ce club. Pas de potentiel, Eddie, pas d’ambition. Pas d’argent, Eddie. Rien. La même chose avec Carlisle, la même chose avec Grimsby. La même chose avec Worthington, la même chose qu’ici. Pas comme Liverpool, Eddie. Un sacré club ! Une sacrée ville, Eddie ! Tout ce potentiel, toute cette ambition. Tu peux me croire, Eddie. J’attends ça depuis toujours. Depuis toujours, Eddie. Une occasion comme celle-ci. L’occasion unique d’une vie entière, Eddie. C’est la chance de ma vie, bon sang. Et j’ai hâte d’y aller, Eddie. J’ai vraiment hâte. Alors, qu’est-ce que tu en penses, Eddie ?
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Vous avez entendu ça, les gars ? demande Bill Shankly. Vous avez entendu ce son, les gars ? C'était celui de plus de 60 000 spectateurs. Les 60 000 spectateurs qui sont venus ici ce soir pour vous voir, les gars. Pour vous voir jouer. Après avoir travaillé toute la journée, après avoir travaillé toute la semaine. Ils sont venus vous voir jouer, les gars.Et ils vous ont vus jouer. Et ils ont apprécié le spectacle, ils ont adorés le spectacle. Alors, ils ne se sont pas contentés de vous applaudir, les gars. Ils ne se sont pas contentés de vous acclamer. Ces 60 000 spectateurs, ils chantaient, les gars. Ils chantaient vos noms, vos noms à tous. Et ils chantaient notre nom, celui du Liverpool Football Club. Le Liverpool Football Club...
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Et Bill dit. J'ai promis il y a longtemps que je monterais dans le Kop. J'ai promis de regarder les matchs depuis toutes les parties du stade. Parce que je suis un citoyen de Liverpool. Un citoyen du Kop. Du Spion Kop. Mais j'ai toujours eu envie d'aller là-haut. De monter dans le Kop. Le Spion Kop. Pour être avec tout le monde. Pour voir tout le monde. Pour remercier tout le monde. Tous les gens qui ont tant fait pour moi.

Quand on joue pour Liverpool, on joue comme si on était tous les joueurs, les gars. Parce que, quand on joue pour le Liverpool Football club, on joue pour tous les autres. On n'est pas quelqu'un, on est tout le monde.
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