L'impératrice des roses

Cela coûte cher d’être une jeune fille libre, je connais l'addition.

Elle se fit "propre", il ne lui serait pas venu à l'idée de dire qu'elle se faisait "belle". la beauté est un luxe qui ne semblait pas fait pour les filles comme elle. la propreté en revanche elle y avait le droit.

Elle qui avait appris le métier en rêvant de mettre au monde les enfants du bonheur, elle avait trop souvent pleuré le soir en rentrant chez elle au souvenir de ces petits corps nus et gluants qui échouaient à la naissance dans des lieux sordides.

"L'histoire des hommes n'est qu'un éternel recommencement"

"il faut vous en mettre plein la vue sinon vous n'y voyez rien."

"Elle tomba au champ de la vie comme on tombe au champ de bataille, à la première rafale, sans avoir eu le temps de comprendre"

La nature fuyait tout en s'offrant à ceux qu'elle gardait jusque dans sa beauté cet "inaccessible" auquel, tous, ils désiraient atteindre.

Ils étaient silencieux, émerveillés, car tous ils étaient artistes et, s'il leur arrivait entre eux de jouer aux savants et de défier le ciel, ils savaient ce qu'il faut de talent pour restituer la vie.

Il fallait impérativement garder le contact avec le grand monde et le grand monde aime la gaité; il était sa seule ressource.

Pas question de tristesse ou de vague à l'âme, c'eut été sa ruine et celle de Suzanne.