AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782290318447
478 pages
J'ai lu (31/05/2002)
4.12/5   71 notes
Résumé :
«- Ecoute-moi bien, Lucille. Ces messieurs ont sûrement leurs raisons pour se passer de la Sainte Vierge. Mais moi je te le dis et ne l'oublie jamais. Nous les pauvres, on n'a qu'elle. [...] Elle seule pour nous aider et nous écouter quand on n'a plus rien et quand on a mal.»

En ce milieu du XIXe siècle, à Lourdes, dans les milieux aisés, la science a pris le pas sur la foi. La bourgeoisie ne jure plus que par les «scientifiques», même si elle ne manq... >Voir plus
Que lire après La belle chocolatièreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
4,12

sur 71 notes
5
6 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Un chouette roman dans la ville de Lourdes entre 1857 et 1858.
Nous suivons une jeune femme mariée et riche de Lourdes, puis peu à peu nous rentrons dans le quotidien de sa femme de chambre, sa couturière, sa lingère, les femmes voisines...
Et puis au milieu du roman commencent les rumeurs autour de la petite Soubirous qui a vu une dame blanche à Massabielle.
L'auteur ne se prononce pas sur la vérité des apparitions, elle nous décrit juste toute l'ébullition qu'entraînent ces rumeurs dans cette petite ville où se côtoient misère et richesse.
Et c'est surtout le combat des femmes, leur courage que nous suivons.
Une belle histoire de solidarité où la vie triomphe.

Plaisant et intéressant d'imaginer les bouleversements qui ont frappé Lourdes et les différentes réactions, que les gens croient la petite Bernadette ou pas.
Commenter  J’apprécie          210
J'ai vraiment apprécié ce roman sociologique, vais-je dire. En effet, ce que pense Bernadette Soubirous est vraiment très secondaire.
C'est plutôt la peinture de la société de Lourdes au XIXème siècle qui est édifiante : femmes "de la haute" encore subordonnées à leurs maris, et clivage riches-pauvres ... infernal.
Et les femmes vont "prendre le pouvoir", càd qu'elles vont s'imposer par leur amour et surtout leur volonté d'aider, de construire un autre monde. Elles sont guidées par leur coeur tandis que leurs maris ne font que parler et médire. Pour eux, c'est la situation sociale qui prime, au mépris du bonheur de leurs épouses, au mépris de la misère qui frappe jusqu'à leur porte.
C'est une très belle histoire dans le sens où elle nous rend meilleurs.
Commenter  J’apprécie          192
La Feuille Volante n° 1091
La belle chocolatièreBernadette Pécassou-Camebrac – Flammarion.

Nous connaissons tous l'histoire de cette petite fille pauvre qui prétendit avoir vu la Vierge Marie dans la grotte de Massabielle. Nous sommes en 1856 et Lourdes n'était pas encore ce lieu de pèlerinage où le monde entier vient espérer un miracle et où « les marchands du temple » prospèrent. le titre de ce roman ne s'y réfère pas puisqu'il y est question de Sophie, épouse belle et frivole d'un riche pharmacien qui est aussi chocolatier dans cette ville où se prépare la bal annuel et mondain du nouvel an organisé par le ministre impérial qui est aussi un notable local. On n'échappe pas aux banalités à propos de cet événement sur les toilettes, le défilé des jeunes filles en quête d'un mari, les commentaires inspirés par la jalousie et l'hypocrisie bourgeoise, le prestige de l'uniforme des hussards en garnison à Lourdes...

Je ne suis que très peu entré dans cette histoire. Il y a les potins qui sont colportés dans cette petite ville où tout le monde se connaît et s'observe, il y a certes l'usure du couple, cette passade de Sophie qui perd la tête pour un hussard et qui tombe enceinte. J'ai cru un moment à un remake de Mme Bovary. Tout Lourdes est au courant et, bien entendu son mari ne se doute de rien et croit en sa paternité, mais il n'y a rien là que de très ordinaire dans ce genre de situation qui vous font apprécier le célibat. Devant tant d'effervescence, Sophie, « la belle chocolatière » continue de penser à son amant parti vers d'autres cieux et quand il revient c'est toujours la même chose. En se donnant à lui, elle a non seulement connu le « grand amour » mais elle a aussi enfreint l'ordre social si cher au second empire, bousculé la morale et imposé à son mari aux yeux de tous un ridicule qu'il ne méritait pas. Je ne suis pas bien sûr cependant de ces grands sentiments qui n'existent que dans les romans.

L'étude sociologique en revanche est plus intéressante dans cette société gouvernée par des hommes où le petit peuple est pauvre et laborieux et que les riches exploitent et renvoient à leur guise en ce XIX° siècle, où les prolétaires travaillent dur et où les notables, attachés à leur situation sociale, les regardent de haut, les méprisent parce qu'ils ont de l'argent et donc du pouvoir, mais aussi la connaissance scientifique qui met en doute la foi. La peinture des bourgeois aussi est pertinente avec leurs discussions suffisantes de café du commerce qui n'épargnent personne, surtout quand le sujet porte sur les femmes. Cette évocation des pauvres n'omet ni les cabarets qui détruisent les hommes ni le dur labeur des femmes qui, malgré leur travail ne sortiront pas de leur condition de misère. Chacun reste dans son milieu social et les chimères de l'amour n'y feront jamais rien, quoique.... L'emprise de la religion est aussi révélatrice d'un état d'esprit empreint de crainte, de soumission et de croyances, la solidarité des femmes qui finalement croient aux apparitions de la petite Bernadette, se soutiennent et se montrent charitables et la peur des autorités à cause de l'ordre public menacé par les attroupements. Aux certitudes des hommes répond la croyance des femmes. Un tel mouvement ne va tarder à transformer cette petite ville, malgré la gêne puis la prudence du clergé. Quant à la culpabilisation de Sophie elle est aussi inspirée par cette société judéo-chrétienne qui baigne la société française dans son ensemble. La rumeur qui naît et qui enfle au sujet de tout et de rien et que les ragots entretiennent. L'épilogue ne m'a pas convaincu.

J'avais bien aimé « la dernière bagnarde », mais là, j'ai été moins passionné par ce roman pourtant bien écrit.

© Hervé GAUTIER – Novembre 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
Commenter  J’apprécie          50
Bernadette Pécassou sait mélanger roman et histoire. J'ai accroché dès la première page et j'ai été transporté par ce roman. On ne peut qu'être touché par la vie dur de certains personnages à une époque ou certains avaient tout et d'autres vivaient dans la misère. L'auteur est d'une efficacité remarquable car elle arrive à nous faire remonter le temps.
Commenter  J’apprécie          160
C'est le hasard et la couverture qui m'ont décidée: ce portrait de Mme Barbe de Rimsky Korsakov est magnifique (et encore plus en vrai, au musée!). J'ai d'abord pensé que c'était un roman sur elle, avant de voir dans le résumé que ce n'était pas le cas. En effet, si on sait peu de choses d'elle, et surtout les plus sulfureuses, elle n'a de toutes façons jamais été chocolatière dans la ville de Lourdes, n'est-ce pas?...
Bref, pour en revenir au roman, j'ai beaucoup aimé cette histoire de femmes, inspirée de la réalité. On y côtoie toutes les strates de la société dans une ville de Lourdes qui n'a rien d'exceptionnel, pas encore...
C'est passionnant, même pour ceux et celles qui, comme moi, ne sont pas très dévot(e)s (c'est le moins qu'on puisse dire).
La science s'oppose aux croyances, les riches aux pauvres, et c'est une description très intéressante et détaillée de la vie au milieu du XIXè siècle.
L'histoire de Bernadette Soubirous va provoquer des conflits, des espoirs, de la solidarité... et beaucoup de changements pour la petite ville de province, décor des apparitions...
Commenter  J’apprécie          80

Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
- Eh oui ! C'est des âneries, explosa Marthe. Les Soubirous, c'est des moins que rien, ils ont été foutus dehors de partout, c'est des fainéants ! Et vous allez croire ce que cette Bernadette raconte ! Bah ! tout ce qu'elle dit, ça vaut rien ! C'est une pauvresse, une ignare, c'est de la guenille !
Marie blêmit. Sans s'en douter Marthe avait touché un point très douloureux chez elle. Jamais comme en ce milieu du XIXe siècle, où l'argent régnait en maître et coulait à flots dans les poches des nantis, la pauvreté n'avait été l'objet de tant de mépris. Etre pauvre, en cette année 1858, c'était pire qu'une déchéance, c'était un vice.
- De la guenille? hurla-t-elle. Bernadette, de la guenille ! Et qu'est-ce que tu es d'autre, toi, Marthe ! Et qu'est-ce que nous sommes toutes ici d'autre que des ignares et des pauvresses. Des pauvresses enlaidies, avachies sous le poids de la misère, écrasées de travail...
Et ces mains ! vous vroyez que c'est des mains de dame, vous ! Non, Marthe ! Tu les vois, ces mains, regarde-les, regarde les tiennes ! (Elle hurla:) Toutes, regardez vos mains !
Ces mains ainsi tournées vers le ciel avaient quelque chose de terrible. C'était une géographie, une géologie vivante sur laquelle se lisaient les heures, les jours, les mois et les années passées, dès l'enfance, à lier les bottes de paille dure dans les champs sous des chaleurs étouffantes, une paille qui arrache la peau et y laisse des milliers de piqûres. S'y lisaient le gel des eaux du gave, l'hiver qui crevasse l'intérieur des paumes en de larges sillons qui ne se referment jamais. S'y lisaient les griffes des ronces qui déchirent la peau jusqu'au sang, les brûlures de la neige sous laquelle on cherche encore et encore les dernières châtaignes, le dernier fagot. S'y lisaient les travaux des champs, la terre qu'on soulève à pleines mains, les pommes de terre qu'on plante à l'automne, puis qu'on ramasse au printemps. S'y lisait le travail incessant de ces outils vivants, sensibles et meurtris.
Ces mains, c'était le paysage merveilleux et violent d'une terre qui donne, mais aussi qui prend.
Et ces mains étaient là, à nu, effrayantes dans leur masse informe, avec leurs doigts noueux et tordus, ouvertes vers le ciel.
Commenter  J’apprécie          120
Le commissaire fit de la main un geste méprisant :
- Tout va s'arrêter tout seul, on n'aura pas besoin de bouger le petit doigt. Maintenant que je sais que ce sont les femelles du bas qui mènent l'affaire, je ne m'inquiète pas. Elles doivent avoir quelque chaleur mal venue, le soufflé va retomber comme il était monté. Sinon, on leur enverra quelque étalon bien rustique pour les calmer, et tout rentrera dans l'ordre.
De gros rires secouèrent la tablée et le docteur Balencie rajouta :
- Je vous conseille d'envoyer à ces femelles plusieurs étalons, cher commissaire, et bien costauds, j'ai eu l'occasion d'en voir quelques spécimens de près lors de mes visites de médecin et je peux vous jurer qu'avec leurs grosses mamelles et leurs fesses de charrue, il faut compter large.
- Que voulez-vous, cher docteur, renchérit le procureur, nous n'avons pas comme vous accès à tous les genres et nous ne connaissons, fort heureusement, que les gracieuses rondeurs des femmes dignes de ce nom. Quant à ces femelles difformes, on se demande même s'il se trouve un seul mâle suffisamment affamé pour en vouloir. Quelle horreur ! et il fit mine de se tenir l'estomac comme s'il allait vomir.
Lucile avait cessé de travailler. Toute pâle, elle écoutait ces hommes déverser devant elle, sans la voir, toute cette boue de mots et d'images. Chacun de leurs éclats de rire poignardait son coeur au plus profond. Devant ses yeux, sa mère lui souriait, Lucile voyait son regard magnifique et son sourire si doux. Jamais jusqu'à cet instant elle n'avait pensé au corps de sa mère. Elle savait seulement qu'il était tendre et accueillant et que, bien souvent, il l'avait protégée des douleurs et du froid et qu'il avait accueilli et calmé beaucoup de malheurs et de désarrois, les souffrances de certaines voisines régulièrement et violemment battues par leur homme ou les plaintes des enfants affamés qui venaient se réfugier dans ses jupes et réclamer un peu d'affection. Et sa mère serait donc une de ces femelles dont les messieurs parlaient.
Commenter  J’apprécie          20
- Ces notables vous humilieront, et ils ne se contenteront pas de sortir leurs grands airs. Vous les connaissez autant que moi. Ils sont féroces sous leurs airs aimables.
- Je sais, Hortense, mais voyez-vous, cette fois-ci je crois bien que leur avis n'aura aucune importance. Ca fait des années que je me plie et que je me contorsionne pour tenter de leur plaire, ou tout au moins pour être acceptée comme un être humain digne d'intérêt. En vain. Ils ont le crâne farci d'idées toutes faites et on ne les changera pas.
Regardez comme ils ont traité Hélène Duprat ! Vous savez bien, Hortense, les moqueries qu'ils ont faites sur son dos, les atroces méchancetés qu'ils ont dites, qu'elle était cocue, qu'elle avait des cornes grandes comme dix fois les croix devant lesquelles elle allait s'agenouiller. Ils riaient lourdement, au café, tous ensemble, en la voyant passer pour aller à l'église. Ils s'appelaient pour se la montrer. Et vous croyez qu'elle ne le savait pas? Elle a souffert d'une souffrance profonde qui la rongeait à l'intérieur, elle était devenue plus maigre qu'une alouette et, à la fin, elle tenait à peine debout. Ils l'ont tous tuée, autant que son imbécile d'Edouard qui la trompait à tout bout de champ.
Commenter  J’apprécie          30
Marie sourit. Plutôt que de ruminer ce qui n'allait pas, elle avait décidé de se réjouir de la moindre bonne chose, et elle remâchait sa satisfaction le plus longtemps possible, jusqu'à la faire pénétrer dans toutes les fibres de sa peau et de son coeur. Elle en extrayait la quintessence et la ressassait inlassablement pour s'en construire une carapace de joie qui rejetait au loin les duretés de la vie quotidienne et les mauvais coups du sort qui s'accumulaient régulièrement dans les maisons du quartier et laminaient le moral des familles.
Souvent elle s'était dit que la misère semblait coller toujours à la peau des mêmes, alors, elle faisait avec sa joie comme elle faisait avec son pain. Elle lui donnait une valeur sacrée et en goûtait la moindre bribe.
Commenter  J’apprécie          50
Le meunier avait confié combien il avait été impressionné par le calme qui régnait à la grotte de Massabielle.
- Tu vois, Marie, avait dit Nicholau, il a dû se passer quelque chose. Les petites criaient de peur et parlaient toutes ensemble, elles étaient venues à ma rencontre, mais quand on est arrivés près de Bernadette, elles se sont tues, instantanément. Le vent sifflait dans les branches de genévriers au-dessus de la grotte, j'avais les pieds trempés de la boue et de l'eau du gave, ça puait, il y avait des saloperies partout. Les cochons de Samson foutent tout sens dessus dessous là-bas, c'est inimaginable, y a de ces trous ! La terre me collait au bas des pantalons et les frusques des gosses étaient raides de crasse. Mais au-dessus de toute cette merde, il y avait un silence...un silence comme jamais je n'en ai entendu. Quelque chose de grave...de fort...je vais même te dire, Marie, c'était...un beau silence. J'étais debout, Bernadette était agenouillée dans la boue devant moi, elle ne me voyait même pas. Après une ou deux minutes comme ça, j'ai pris peur. Je l'ai attrapée dans mes bras. Elle bougeait plus du tout.
(...)
Au café Français :
- Comment peut-on raconter des bêtises pareilles en plein XIXe siècle ! Qu'est-ce que c'est que ces ignares qui font tout ce bruit ! J'espère qu'on va envoyer le garde faire taire cette gamine au plus vite...
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Bernadette Pécassou-Camebrac (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernadette Pécassou-Camebrac
L'auteur présente son nouvel ouvrage paru en 2023 : le Chant des pierres (Albin Michel).
Apres une carriere de journaliste et de realisatrice pour la television, Bernadette Pecassou se consacre a l'ecriture. Elle a publie de nombreux romans, dont La Belle Chocolatiere, L'Imperatrice des Roses, La Passagere du France, La derniere Bagnarde, Sous le toit du monde, et le bucher des certitudes. Elle est originaire du Pays Basque et y habite.
autres livres classés : roman historiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (163) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1827 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..