Septembre rouge est le troisième opus de la série de bande dessinée uchronique Jour J. Dans cette uchronie, quand se poursuit dans le quatrième tome Octobre noir, le point de divergence avec
L Histoire telle que nous la connaissons se produit en 1914 :
" 12 septembre 1914. L'Allemagne remporte la décisive bataille de la Marne en appliquant jusqu'au bout le plan d'invasion Schlieffen. le 9 janvier 1915, le Président français Poincaré signe l'armistice. Refusant la capitulation, le Tigre Clemenceau, épaulé par ses anciennes brigades mobiles, quitte la France. Avec l'appui de la flotte française, il gagne Alger d'où il organise la résistance. "
L'action se déroule dans la France de 1917 : l'Allemagne a remporté la bataille de la Marne en 1914, a conquis tout la France qui a signé l'armistice en janvier 1915. Cela ressemble évidemment beaucoup au scénario de la France vaincue par l'Allemagne nazie en 1940, dès les premiers mois de la Seconde Guerre Mondiale. Cette fois, c'est
Georges Clemenceau qui assure le rôle du général
De Gaulle, en installant à Alger un gouvernement de la France libre pour organiser la résistance à l'occupant allemand.
Quand le récit commence, Clemenceau vient d'apprendre que des négociations sont en cours entre le Kaiser allemand et le Tsar russe pour signer la paix, isoler la Grande-Bretagne et assurer définitivement la défaite de la France libre et la domination allemande sur l'Europe occidentale. le Tigre décide alors d'associer un commissaire de police qui lui est resté fidèle à un anarchiste emprisonné au château d'If, au large de Marseille, pour mener à bien une mission folle : assassiner le Tsar.
Samuel
Blondin, le commissaire en exil, doit d'abord faire évader Jules Bonnot, le célèbre anarchiste de la bande à Bonnot qui sévissait en France en 1911-1912, et dont le leader ne serait pas mort en 1912 comme les autorités l'avaient alors fait croire. Il doit ensuite l'escorter en Suisse pour gagner ensuite la Russie afin d'accomplir leur mission.
Ce premier volume relate l'évasion de Bonnot et le "voyage" de
Blondin et Bonnot en Suisse. Il s'achève quand les deux complices préparent leur départ pour la Russie, avec le support de
Victor Serge, le révolutionnaire libertaire d'origine russe, qui leur propose l'aide d'un exilé russe bien connu.
Si le cadre historique et uchronique de cet album m'a bien plu, j'ai été un peu déçu par le récit lui-même, qui m'a semblé très classique et manquant de surprise. J'ai un peu eu l'impression de lire un Tintin en uchronie, avec des situations vues et revues. Malgré tout, l'uchronie fonctionne globalement bien, malgré les parallèles parfois grossiers entre la situation de la France et de Clemenceau en 1917 avec celle de la France et de
De Gaulle en 1940-1944.
J'attends désormais de voir si le second volume de ce diptyque permettra de lancer véritablement le récit dans la bonne direction ou si cela restera une bonne idée malheureusement insuffisamment exploitée.