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EAN : 9782361561260
Les petits polars du monde (01/08/2013)
3.65/5   10 notes
Résumé :
Entrez dans le tableau, voyez les personnages : le père, la mère et la femme assise au premier plan. Tous regardent quelqu'un en dehors de la toile. Le drame s'est joué lá, autour de cette réunion de famille, le tableau de Frédéric Bazille (1841-1870). Quel rôle y joue la bague retrouvée par un étrange visiteur? Qui est son énigmatique interlocuteur? Un témoin peut renouer les fils de cette curieuse histoire, et Patrick Pécherot a retrouvé sa trace.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Décidément, je vais de surprise en surprise et j'ai l'impression que cela n'est pas terminé car il me reste encore ouvrages publiés par le journal le Monde à découvrir...Ici, je ne qualifierais certainement pas cet ouvrage en tant que polar (malgré l'intitulé de la collection) mais tout simplement de drame.

En effet, l'histoire se déroule durant la guerre entre la France et la Prusse qui eut lieu à la fin du XIXe siècle. Nous sommes en 1870 et le narrateur a fait la promesse de ramener à son père la chevalière que son feu lieutenant, Frédéric Bazille, lui a confié juste avant de mourir. Et si vous êtes quelqu'un d'honneur, vous saurez parfaitement que la promesse que l'on fait a un mourant est sacrée. du moins, c'est ainsi que l'entend notre narrateur. Lui qui n'était que simple fantassin dans la campagne d'Afrique, c'est a lui que le lieutenant a fait confiance en lui remettant cette bague et le voici donc, une fois la guerre terminée, en partance pour la France, dans la région de Montpellier d'où son supérieur était originaire. Il va ainsi découvrir que ce dernier était un féru d'art et qu'i peignait d'ailleurs lui-même ses propres toiles.Bien que le narrateur ne soit pas un expert en la matière, un tableau va cependant attirer son attention car dessus, l'on peut y voir, la famille du lieutenant au grand complet, lui y compris mais quelque chose le dérange dans cette vision...et soudain, les dernières paroles que Frédéric prononça avant de mourir lui revinrent en mémoire : "Famille...connerie..." et si un drame s'était déroulé lors de cette fameuse réunion familiale ? Probablement, car les personnages ont tous l'air d'être attirés par quelque chose mais par quoi ? Comment cette chose aurait-elle pu être pire que la guerre dans laquelle Frédéric Bazille, bien que fils de sénateur, s'est engagé volontairement?

Ce que j'ai trouvé d'extraordinaire dans ce petit ouvrage, c'est que le narrateur, tout au long de son récit, emploie systématiquement le pronom "vous". A qui s'adresse-t-il exactement ? Au lecteur ? Ce dernier se rendra rapidement compte que non. Alors à qui ? A l'homme de lettres, au journaliste ou encore au père du défunt lieutenant ? Et si ces trois appellations n'étaient en réalité qu'une seule et même personne et que vous la connaissiez ?
Je vous recommande vivement la lecture de ce petit ouvrage qui est vraiment très bien écrit, avec un soupçon de poésie, d'interrogations sur le sens de la vie et sur ce que les relations familiales peuvent parfois faire comme dégâts si elles ne sont pas entretenues avec le plus grand respect auxquelles elles ont droit !
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Patrick Pécherot, je ne le connaissais pas, je n'avais rien lu de lui. Je l'ai rencontré le mois dernier aux Escales de Binic, conseilléeée par l'un de ses fans, lui-même auteur de romans policiers. C'est la couverture d'un recueil de nouvelles intitulé "Dernier été et autres nouvelles" qui a attiré mon attention.

Elle représente des détails du célèbre tableau de Frédéric Bazille "Tableau de famille". Ce peintre, je l'ai découvert ainsi que ses oeuvres pour avoir vécu quelques années au collège portant son nom à Castelnau-le-Lez dans l'Hérault. La famille Bazille possédait une résidence d'été à Montpellier, le Château de Méric niché dans un grand parc. de la terrasse, décor de la réunion de famille, la vue est belle sur le village de Castelnau. Patrick Pécherot, intrigué par les regards sérieux des personnages, y compris le peintre à l'extrême gauche, tous tournés vers le spectateur comme s'ils allaient être pris en photo, en a imaginé une petite histoire qu'il a intitulé, donc, "Dernier été".

Vous ne saurez pas qui est le héros de l'histoire, ni à qui il s'adresse en racontant son histoire. Cet ex-fantassin a eu simplement plus de chance que le peintre, mort à Montargis en prononçant deux mots "Famille…Connerie…". L'auteur va ainsi raconter le cheminement de ce soldat venu rapporter les derniers mots du défunt ainsi que la chevalière qu'il lui a dérobée. La lecture de ce récit est un véritable régal. L'écriture est d'une richesse considérable qui mêle l'humour à la crainte liée à la personnalité pour le moins ambigüe du militaire. Elle est particulièrement travaillée, parfaitement assortie à l'époque à laquelle se situe l'action. La langue est riche, le texte documenté. "Les mêmes qui torchonnaient dans les journaux jugeront admirable l'incendie de Carthage ou de Sparte dans leur manuel de grec ou de latin…. Bref, mon devoir et moi on a laissé Paris à la poudre. Pour l'avoir reniflée tout mon soûl, je ne la prise plus que d'escampette."

Les autres nouvelles, inédites ou déjà publiées, sont totalement différentes, contemporaines, plus policières, plus "prolétaires". Mais, qu'elles se passent en France, à Lyon, dans le milieu ouvrier, en Ecosse où une détective privée recherche la mère d'un malade aux jours comptés ou ailleurs, qu'elles parlent d'un ancien acteur de cinéma américain souhaitant jouer son dernier rôle, ou d'un go fast qui tourne mal, c'est toujours une écriture différente, différente mais aussi belle, aussi précise, aussi adaptée au sujet. Car c'est cela que j'ai personnellement trouvé très fort : l'adaptation de l'écriture au thème abordé.

Et quand j'en arrive à la dernière "Bookcrossing", ses premiers mots "Je ne me rappelle plus quand je suis arrivé ici. Ni ce qui m'y a conduit. Ce dont je me souviens, c'est que j'y suis resté à cause d'un livre. Il en est qui vous cueillent à l'improviste. Au coin d'une rue, dans le tumulte des gares, la solitude d'un square. Celui-ci vous guette comme un assassin dans une impasse…", me font comprendre que la boucle était bouclée et j'ai eu envie d'ajouter "sur l'étal d'un salon du livre", car, oui, c'est bien là qu'un "dernier été" m'a cueillie.

Patrick Pécherot, une rencontre, une belle découverte.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Pécherot Patrick (1953-), Pinelli Joe (illustration) – "Dernier été" – Soc. éd. du Monde, 2014 (ISBN 978-2-36156-126-0)
– inclus dans l'emboîtage "Les petits polars du Monde - SNCF" (ISBN 978-2-36156-115-4)

Littérature et peinture, un bien joli thème, et l'auteur se montre à la hauteur : certes, il s'agit une fois de plus de la période impressionniste (cf par exemple Grainville "Falaise des fous" et sa "Terrasse à Sainte-Adresse"), mais l'évocation de la guerre 1870-1871 et surtout d'un compte-rendu de Zola vient apporter une touche de géniale originalité...

NB : L'un des treize fascicules vendus sous emboîtage par "Le Monde" sous l'ISBN 978-2-36156-115-4 et l'intitulé "Les petits polars du Monde - SNCF", réunissant treize "nouvelles noires inédites" plus ou moins policières écrites par des auteurs sélectionnés d'après ce que "Le Monde" pense être les meilleurs dans le genre (i.e. respectant les normes de la bien-pensance prêchée par ce quotidien bo-bo, qui s'abstient d'indiquer la date de naissance des auteurs de sexe féminin).
Le texte est précédé d'une préface (qui est la même pour tous les fascicules), entrelardé d'illustrations, et suivi d'une courte biographie de l'auteur et du dessinateur.

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Décalée, serait le terme dont je qualifierais cette nouvelle!
Nous plongeons dans l'histoire de France.
La guerre de 1870, la commune, seront les décors.
Les personnages seront le narrateur, un pauvre être, arrivé là par hasard....
Le héros lui sera un peintre jusque là complètement inconnu par mr ou me toutlemeonde ....
L'interlocuteur sera un illustre écrivain, journaliste, homme de conviction que vous découvrirez en lisant ce texte.....
Le style de la nouvelle emprunte au siècle passé ses tournures ....il faut quelques efforts pour tout saisir! Nous regardons des tableaux, plutôt nous les décortiquons détails après détails et nous y puissions tout de la lumière, nous parcourons des livres qui nous font nous souvenir des émotions de l'époque.
Et l'intrigue, me demanderez vous..... Surprenante, même si le point de départ est très banal, amour ... famille ... patrie ...
Les hommes dont l'histoire se souvient n'ont ils pas eu, eux aussi leur part d'ombre, leur motivation pouvait parfois être banale et leur inspiration tirée du quotidien.
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Un petit thriller très angoissant.

Ce soldat est le narrateur de l'histoire et s'adresse à un homme, à la fois écrivain et amateur d'art. Il a une façon très particulière de raconter son périple pour parvenir jusqu'à cet homme, entre récit et parfois dialogue. il semble aussi parfois assez cultivé puis plus famillier, de plus en plus ironique et c'est ce changement qui progressivement fait que cela devient inquiétant.

La nouvelle raconte à la fois la guerre contre la Prusse, la Commune et aussi la vie artistique de l'époque.

La peinture de Frédéric Bazille, Réunion de Famille, est au coeur du récit car c'est bien des regards portés par la famille vers l'extérieur du tableau que dépend la fin de l'histoire. Cela aussi est très intriguant.
Lien : http://vivelesbetises2.canal..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Un drame s'est joué là, monsieur. Il se joue encore. Dans le grand silence de la toile. Vous avez remarqué ? On n'y entend pas un son. Certains tableaux sont des symphonies, d'autres des concertos, d'autres encore des préludes ou des nocturnes. Pour ne pas parler des requiems ou des marches militaires... Celui-là est muet. Aucun bruissement de feuilles, nul souffle de vent, les grillons eux-mêmes se taisent. Rien... (p. 27-28)
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"Vous avez l'embarras du choix, la guerre offre tant de façons de mourir."
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Leur commune, pour parler vrai, je m'en foutais. Quand on a vu la terre grosse de charognes et la mort trainer ses hardes, le goût du sucré vous passe. Les jolies mots plantés sur les grandes idées ne seront jamais que des sucettes de foire.
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Vidéo de Patrick Pécherot
Rencontre avec Patrick Pécherot au Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale 2018 à Arras, le 1er mai. Dernier roman : Hével. La Série Noire/Gallimard
Médiation : Tara Lennart Captation : Colères du Présent
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