Ca, c'est une bonne question de philosophie.
"Est ce que je suis le pays où je suis né, ou est ce que je SUIS, peu importe le pays?..."
- Ce serait bien si tu pouvais passer un coup la tondeuse avant de partir !
- Mouais... Ça peut attendre encore un peu.
- Je me demande pourquoi tu voulais un jardin... Tu t'en occupes jamais.
- J'aime bien savoir qu'il est là.
- A quoi tu joues ? quand est-ce que tu fais un bouquin bordel ??
-Il faut avoir des trucs à dire, moi je me sens vide.
-Putain, mais c'est quoi, ce discours de gonzesse?! Dans déconner, Simon, arrête de faire ta danseuse, là...FAIS des livres! Va chercher ta nana à Montpellier! Ou baise des filles, j'en sais rien...mais fais des trucs putain !
-Ouais. Peut-être...
Sérieusement, Simon....De quoi tu as envie ?
-Papa faisait plein de trucs avec nous !
-Avec toi, Jacques. Avec toi. avec son "grand garçon" ! "L'ainé". Celui dont il était si fier !... Celui qu'on montre à tout le monde ! Celui qui est né au pays.
Je parviens à peine à communiquer avec la plupart d’entre eux. Quelques phrases de mauvais anglais, des gestes de la main, parfois rehaussés d’un sourire ou d’un sourcil levé. Ce langage sommaire, concentré sur l’essentiel, aussi frustrant qu’il soit, permet de ne montrer que le meilleur de nous-mêmes. Les signes infimes, qui traduisent, dans une langue maternelle, la bêtise ou la jalousie, sont ici effacés. Je ne vois que leurs sourires. Je les écoute avec l’illusion d’être en terre familière, de la connaître depuis toujours. Je les regarde et je les aime en secret. Je retrouve dans leurs visages des figures de mon enfance. Des cousins qui rient très fort… Une tante dont j’ai oublié le nom… qui parlent cette langue, si douce, si tendre. Toutes des bribes de souvenirs épars recouverts par les mauvaises herbes du temps. C’était là. A l’intérieur de moi. Et je l’avais oublié
- Et d'où elle sort, toute cette bouffe ?
- Ben, au début, le patron du bistrot m'a dit qu'il ne faisait que des sandwiches...
Alors, je lui ai répondu : "Faites-moi des sandwiches, mais sans le pain...
... et tant qu'à faire, vous laissez le pâté dans le bocal."
J’ai habité plus de sept villes différentes. Aucune ne m’a jamais manqué. En fait c’est un peu comme si je me sentais chez moi partout. Où nulle part ? Oui. Si vous voulez. A chaque fois, c’est comme un nouveau départ. J’ai perdu beaucoup d’amis à cause de cela. Je pars et je ne donne plus de nouvelles. Je ne sais pas pourquoi. C’est au-dessus de mes forces.
A chaque fois, c’est comme un nouveau départ. J’ai perdu beaucoup d’amis à cause de cela. Je pars… Et je ne donne plus de nouvelles. Je ne sais pas pourquoi. C’est au-dessus de mes forces. Depuis toujours
Mon portugais était balbutiant ... mais je commençais à m'habituer à ces conservations floues ... où le mystère d'une phrase se révèle au détour d'un seul mot compris ... comme par enchantement .
C'est idiot, mais j'étais un peu déçu.
Je m'attendais à un accueil plus... chaleureux.
Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer tous ceux qui avaient traversé cette frontière avant moi dans une de ces nuits d'orage clandestines où il faut courir sur des rochers glissants, le sac en bandoulière sans penser à ce qu'on laisse derrière soi.