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EAN : 9782874490859
160 pages
Les Impressions nouvelles (21/01/2010)
4.29/5   12 notes
Résumé :
Chris Ware est sans doute le plus important auteur de bande dessinée de ces dernières années, et pas seulement aux États-Unis, son pays de naissance et de résidence. Ses principaux albums, Jimmy Corrigan, Building Stories et Rusty Brown sont traduits, célébrés et commentés dans le monde entier. Multiplement récompensé, il a reçu en juin 2021 le Grand prix d'Angoulême pour l'ensemble de son œuvre. Abondamment illustrée d'images rares ou inédites, cette première monog... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ne vous montrez-vous pas parfois trop exigeant, ou même cruel envers le public ?
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Il s'agit d'un livre consacré à l'auteur de bande dessinée Chris Ware, richement illustré, dont la première version est parue en 2010. Les auteurs Jacques Samson & Benoît Peeters ont enrichi leur ouvrage pour la deuxième édition de 2022 qui fait l'objet du présent commentaire.

Introduction de quatre pages par les deux auteurs : ils évoquent la carrière et les oeuvres de Chris Ware, son grand prix au festival international de la bande dessinée d'Angoulême en 2021, ce qui fait le caractère de ses oeuvres, et sa contribution personnelle avec de nombreux dessins et planches rares ou inédits. le chapitre un comprend deux parties. Il commence par des repères chronologiques, à la fois relatifs à la biographie du bédéaste, à la fois à sa bibliographie de 1967 à 2021. Vient ensuite la présentation de quelques oeuvres : Quimby the mouse (2003), Rusty Brown 1 (The Acme Novelty Library 16), Rusty Brown 2 (The Acme Novelty Library 17), Rusty Brown 3 (The Acme Novelty Library 19), Building Stories (The Acme Novelty Library 18). Cette partie se termine avec une bibliographie détaillée, et liste quatorze articles et ouvrages consacrés à l'auteur. La deuxième partie est constituée de deux entretiens entre Ware et Benoît Peeters, le premier réalisé en juillet 2003, le second en septembre 2021. Les questions posées abordent les influences de Ware en bande dessinée, sa pratique du dessin enfant, puis à l'école des Beaux-Arts, sa collaboration au magazine RAW et avec Art Spiegelman, la maîtrise totale du dessinateur sur son oeuvre, la nature répétitive de la réalisation des cases, l'aspect obsessionnel de ses albums, l'importance des méthodes de reprographie et d'impression, l'importance de la nostalgie, de la mélancolie et de la tristesse dans ses histoires, l'usage très restreint de l'ordinateur, la taille minuscule des textes, etc.

La troisième partie regroupe quatre textes de Chris Ware sur la bande dessinée : son introduction au catalogue de l'exposition qui lui a été consacrée à la Sheldon Memorial Art Gallery, de la ville de Lincoln au Nebraska en 2007, la bande dessinée, un langage en développement (introduction à l'anthologie de bandes dessinées McSweeney's Quarterly Concern, numéro 13, 2004), une introduction à deux ouvrages sur Rodolphe Töpffer, une introduction à la réédition de Walt and Skeezix, book one, de Frank King de 2005. le chapitre quatre est rédigé par J. Samson et comprend un texte sur la célébration de la bande dessinée au travers de l'art de C. Ware, une présentation du magazine Acme Novelty Library, une analyse de la manière dont les mises en page constituent un recadrage ironique, la manière dont le bédéaste suscite le développement d'une nouvelle compétence de lecture, un autre sur son graphisme plus subtil qu'il n'y parait. Ce chapitre se termine avec quatre micro-lecture commentée : un emblématique cardinal rouge, le regard furtif de Jimmy, une entrée en scène remarquée, un visage dans la tête.

Lire un ouvrage sur un auteur de BD : il faut que ce créateur ou ses oeuvres présentent des caractères singuliers très prononcés pour susciter une envie assez forte chez le lecteur. de fait, Jimmy Corrigan the smartest kid on Earth, Building stories, Rusty Brown possèdent cette propriété : une apparence d'une simplicité déconcertante, une minutie hors du commun, des interactions parfois déroutantes entre les cases, une force émotionnelle peu commune. Les coauteurs font le nécessaire pour mettre en avant l'importance des oeuvres de Chris Ware dans le monde de la bande dessinée, le présentant comme un innovateur avec des racines plongeant loin dans l'histoire de cet art. J. Samson déroule sa biographie en une douzaine de pages de texte et une demi-douzaine d'illustrations, établissant des liens entre certains événements de sa vie et certaines caractéristiques de son oeuvre : sa pratique du dessin depuis un jeune âge, ses lieux d'habitation, certains de ses proches pris comme modèle, etc. La présentation de cinq de ses oeuvres bénéficie à chaque fois d'au moins une page d'illustration, et elle permet d'avoir une idée de quoi il s'agit pour ceux qui ne les ont pas lues. Enfin sa bibliographie fait prendre conscience de la sérialisation desdites oeuvres dans les vingt numéros du magazine The Acme Novelty Library, autoédité par Ware.

Le lecteur est ainsi prêt et alléché à la perspective de découvrir ce créateur au cours de deux longs entretiens, menés par Benoît Peeters, lui-même scénariste de bande dessinée, en particulier le cycle des Cités Obscures, avec François Schuiten, également auteur de Hergé, fils de Tintin (2002), d'un ouvrage sur Jirô Taniguchi, ou encore de 3 minutes pour comprendre 50 moments-clés de l'histoire de la bande dessinée (2022). En fonction de sa familiarité avec l'auteur, le lecteur découvre ou retrouve son amour pour les strips comme Peanuts de Charles Shulz (1922-2000), mais aussi Krazy Kat and Ignatz de George Herriman (1880-1944), Little Nemo de Windsor McCay (1867 ou 1871 - 1934), Polly and her Pals de Cliff Sterrett (1883-1964), Gasoline Alley de Frank King (1883-1969), puis la découverte du magazine RAW de Françoise Mouly & Art Spiegelman. de fil en aiguille, dans le premier entretien, Chris Ware aborde son art qu'il qualifie d'écriture graphique, le fait que les techniques d'écriture de la bande dessinée restent en cours de développement et qu'il a à l'esprit, le cadre défini de la feuille, sa forme et ses délimitations, pour visualiser la composition d'une planche. Il envisage toujours la composition de la planche comme un ensemble : c'est pour lui la structure visuelle fondamentale. S'il peut zoomer et dézoomer dans le cadre comme on le fait sur un écran, alors la case prend le dessus ce qui ne correspond pas à sa vision du monde et ne lui apporte aucune satisfaction. […] Qui plus est les rares projets qu'il a réalisés uniquement au format numérique sont bien souvent illisibles aujourd'hui, parce que les formats et les codex ont changé et surtout la résolution. le papier est plus sûr, tant qu'il n'est atteint ni par le feu, ni par l'humidité.

Ware poursuit sur ses exigences de reprographie, son degré de contrôle élevé sur les traductions de ses oeuvres, leur nature irrémédiablement bande dessinée, quasi inadaptable. Dans le deuxième entretien, Benoît Peeters creuse les questions de forme (l'étonnant Building Stories avec quatorze histoires chacune d'un format différent pouvant se lire dans n'importe quel ordre), son exploration des possibilités du langage de la bande dessinée et l'attention que cela requiert de la part du lecteur, la nécessité d'un graphisme simplifié pouvant tendre vers les schémas entre diagramme et idéogramme, la puissance d'expression de ce langage, son attachement à la bande dessinée imprimée. Étrangement, le lecteur en sort à la fois avec une meilleure compréhension de la démarche artistique du bédéaste, mais également une frustration plus grande, surtout s'il a déjà lu une de ses bandes dessinées. En effet, il a été mis sur le chemin des spécificités de cet artiste, sans pour autant parvenir à saisir comment elles fonctionnent.

Le lecteur passe ensuite aux parties rédigées par Chris Ware lui-même, sur la bande dessinée, sur d'autres bédéastes. le premier est de nature autobiographique expliquant comment sa conception de la bande dessinée a évolué jusqu'à devenir son moyen de prédilection pour exprimer des sentiments très personnels à travers d'autres personnages, une façon d'apprendre à mentir pour ramener à la vie l'essence d'un être tel qu'on se le rappelle. Dans le deuxième texte, il présente la bande dessinée comme un langage en développement, une façon de réinventer le langage pour mieux servir sa sensibilité singulière. Il attire également l'attention sur le fait que lorsqu'il commence à dessiner, l'artiste se rend compte que le dessin ne sort pas exactement comme il l'a imaginé, ce qui induit une adaptation du récit à ce qui apparaît. le troisième texte présente les caractéristiques de l'artiste Rodolphe Töppfer (1799-1846), celui qui est considéré comme l'inventeur de la bande dessinée. Enfin, le dernier texte est une présentation laudative de Gasoline Alley, de Frank King (1883-1969) qui a créé et réalisé ce comicstrip de 1919 à 1958 sur une succession d'événements insignifiants. Il écrit que les personnages de King avancent, jour après jour, de gauche à droite, laissant un parfum de vie dans leur sillage, comme chaque être humain.

Le lecteur arrive à la dernière partie, bien renseigné sur les influences et les références de Chris Ware, sur ses intentions quant à ce qu'il souhaite exprimer, et les raisons qui lui ont fait choisir les caractéristiques narratives visuelles qui sont les siennes. Mais, en parlant crument, il n'a toujours pas idée de comment ça fonctionne. Pourquoi ces petites cases et ces bonhommes simplifiés engendrent de si puissantes émotions en lui. C'est au tour de Jacques Samson de donner son avis sur ce créateur. Il commence avec un texte intitulé Chris Ware, une célébration de la bande dessinée, dans lequel il attire l'attention sur une forme d'intransigeance de ce créateur vis-à-vis de son public, une audacieuse mise à l'épreuve de la tolérance du lecteur. Avec Jimmy Corrigan, il a poussé au zénith l'exploration de l'acte de lecture, ne laissant rien au hasard dans l'effectuation matérielle de ce processus. L'auteur passe ensuite à la série de publication Acme Novelty Library, mettant en lumière l'amplification moqueuse de signes contemporains ambiants, afin de faire apparaître une Amérique plus authentique, par des effets de parodie. Cela l'amène également à revenir sur le souci exacerbé du détail du créateur qui se manifeste également dans l'objet Livre.

Le chapitre suivant est intitulé Recadrage ironique, ce qui s'avère explicite. Vient ensuite une partie intitulée Une nouvelle compétence de lecture. Samson revient sur les idiosyncrasies de la narration visuelle qui la rendent très riche et parfois exigeante à la lecture. Il s'agit d'une façon de contraindre le lecteur à s'impliquer dans son acte de lecture, et ainsi à le rendre participatif, jusqu'à être conscient de l'acte d'interprétation qu'il réalise. Il conclut en posant une question : Est-il possible d'accorder au lecteur un rôle plus gratifiant que celui de coauteur implicite de l'oeuvre qu'il parachève à la faveur de son parcours ? Il revient alors sur l'expressivité subtile des dessins qui n'ont de simple que l'apparence de surface. Il termine avec quatre micro-lectures : quatre pages de bande dessinée, extraites d'autant d'oeuvres différentes, chacune commentée au cours d'un texte de deux pages. le lecteur qui ne s'y attendait plus voit alors s'opérer ce qu'il espérait tant : un commentaire éclairant sur les mécanismes narratifs mis en oeuvre par Chris Ware, et leurs effets. Il sent bien que ces textes ne fonctionnent que parce qu'il a lu toutes les parties précédentes. Leur brièveté ne fait pas figure d'assertions gratuites, mais bien d'aboutissements logiques de tout ce qui a précédé auparavant, montrant des facettes différentes du créateur et de ses oeuvres. Il prend connaissance de la preuve patente de l'intelligence réfléchie du créateur pour s'assurer de la participation active de son lectorat, et de la réalité de cette nouvelle compétence de lecture qui s'acquiert par la pratique de la lecture des oeuvres de Chris Ware.

Jacques Samson & Benoît Peeters ont fait le pari de parvenir à expliquer à tout lecteur, ce qui fait la spécificité des bandes dessinées de Chris Ware, ce qui fait de lui un auteur remarquable, même s'il ne s'agit que de dessins très simples, disposés en bande, page après page. Dans les trois premières parties, le lecteur découvre ou obtient la confirmation des éléments biographiques de Chris Ware, des particularités de ses bandes dessinées imprimées, de son parcours en marge de la production industrielle de comics, de ses intentions d'auteur, avec des pages d'illustration reproduites un peu petites, au point qu'une loupe ne suffit pas toujours. C'est à la fois enrichissant d'apprendre à connaître ce créateur, de plonger dans ses références de comics et de strips, et à la fois frustrant de ne pas s'attaquer à une oeuvre dans le détail, ou au processus créatif. La lecture est plaisante, tout en ne développant pas en quoi il s'agit d'une bande dessinée réinventée comme l'annonce le sous-titre de l'ouvrage. D'une manière difficile à anticiper, la dernière partie réalise cet objectif, en s'appuyant de manière implicite sur les parties précédentes, et en prenant à bras le corps le décorticage de quatre planches, l'une après l'autre, dans autant de micro-lectures. Ce n'est pas tant que le secret de fonctionnement est alors révélé, c'est que le lecteur a acquis, dans les chapitres précédents, une nouvelle compétence de lecture, et qu'il peut alors voir, ce qui avant lui était insignifiant. Une réussite remarquable que de parvenir à rendre visible ce qui était pourtant sous les yeux du lecteur, à parler bande dessinée avec une approche simple parlant au profane, alors même qu'il s'agit d'expliquer en quoi la démarche de ce bédéaste aboutit à des bandes dessinées hors du commun.
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En dépit de difficultés de lecture, le livre de Jacques Samson et Benoit Peeters s'avère essentiel pour comprendre et apprécier la (bonne) Bande Dessinée.
On apprend qui est Chris Ware, grosse pointure des BD américaines, héritier des Töpffer et de Franz King, les pionniers, puis compagnon de contemporains de premier plan, tels Crumb et Art Spiegelman.
Avec le regard extérieur sur Chris Ware, ses propres commentaires d'exposition, ou ses réponses aux questions serrées de Peteers, le lecteur entre dans l'univers de récits minimalistes, sans paroles, destinés à la presse, ou réunis en albums. Plus question de célébrer des héros ou des aventures spectaculaires, mais trouver en soi les impressions de tristesse et de mélancolie des protagonistes du quotidien.
Qui s'interroge sur la psychologie ou l'enfance des auteurs de BD, trouvera des pistes inattendues de réflexion. de même on aura des aperçus sur les rapports de l'histoire et du dessin, - à ne pas séparer dans l'analyse : il faut lire les dessins, se rappeler que « d'un graphisme simple naît quelque chose de fort. » La Bande dessinée conçue par Ware relève de la musique, pas seulement par des récits choraux, d'un souci du rythme, et d'une conception du Temps. On est loin de l'histoire brute des Bds alimentaires.
Ware est sans cesse dans la recherche et l'innovation : formats inattendus qu'il faut parfois regarder à la loupe, multiplicité de minuscules vignettes, refus de la bulle qui « isole du dessin ».
Une autre difficulté serait le contexte américain, omniprésent, le « jeu » de l'artiste qui apostrophe et déconcerte son lecteur par l'ironie, l'introduction de faux commentaires, ou une participation requise pour la fin d'une histoire.
Armé de ce viatique, je vais lire « Jimmy Corrigan, the smartest guy on earth » et m'intéresser aux
« Building stories », titre qui fait allusion à des histoires d'immeuble comme à la construction d'histoires. Une bibliographie des oeuvres de Ware mentionne des personnages comme Rusty Brown, Quimpy the Mouse, voire une infirme anonyme dont on partage la vie intérieure.
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Benoît Peeters, on le connaît surtout en tant que scénariste avec pour complice François Schuiten au dessin notamment pour la série Les cités obscures.
Scénariste, oui mais aussi biographe de Paul Valéry, Jacques Derrida et surtout grand spécialiste d'Hergé, Jiro Tanigushi ou encore bien évidemment Chris Ware
Conseiller éditorial chez Casterman, il est aussi le directeur d'une maison d'édition indépendante Les Impressions Nouvelles.
Et c'est aux Impressions nouvelles que paraît en 2010 Chris Ware, la bande dessinée réinventée, première monographie en langue française consacrée à celui qui sera couronné du grand prix d'Angoulême pour l'ensemble de son oeuvre en 2021. Ce 6 janvier 2022, actualité oblige, est parue sous une nouvelle couverture entièrement réalisée par Chris Ware jusqu'au code barre une version augmentée de la précédente édition.
On y retrouve les 4 mêmes grandes parties que dans l'édition précédente : Une chronologie avec présentation détaillée de ses oeuvres majeures établie par Jacques Samson, co-auteur de l'ouvrage, puis un long entretien avec Chris Ware réalisé par Benoît Peeters en 2003 suivie d'un chapitre consacré à la bande dessinée vue par Chris Ware et pour terminer l'analyse de Jacques Samson quant au phénomène Chris Ware, L'introduction, la présentation des oeuvres sont réactualisées dans la nouvelle édition qui est également augmentée d'un nouvel entretien passionnant réalisé toujours par Benoît Peeters en septembre 2021. Cette monographie, richement illustrée, est un petit bijou qui nous fait pénétrer au coeur même de l'oeuvre et la psyché de Chris Ware.
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Nul doute que cet ouvrage Chris Ware, la bande dessinée réinventée aurait sa place pour la seconde édition du Salon des Ouvrages sur la Bande dessinée qui se tiendra à Paris les vendredi 30 novembre (journée professionnelle), samedi 1er décembre et dimanche 2 décembre 2012.
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critiques presse (1)
BDGest
17 avril 2022
Il y a les virtuoses du dessin, les conteurs-nés, les champions de l’humour et les spécialiste des séries sans fin ni but, tous participent à leur manière à l’évolution de la bédé. Rares, en revanche, sont ceux dont le travail redéfinit littéralement leur art pour l’amener plus loin. Ware fait partie de ceux-ci.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Pour moi, la grande différence entre le cinéma et la bande dessinée est que le spectateur de cinéma est relativement passif, alors que le lecteur de bande dessinée s’investit beaucoup plus dans la construction même du sens. Si on devait faire une comparaison avec la musique, je dirais ceci : quand on regarde un film, c’est comme si on écoutait de la musique enregistrée, alors que quand on lit une bande dessinée, c’est comme si on lisait une partition.
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À propos des films et des gens qui se projettent dans des films, je crois que c’est en partie parce qu’il y a toujours eu bien plus de gens qui faisaient des films que de la bande dessinée, bien plus de gens qui se sont efforcés d’élaborer un langage émotionnel cinématographique que nous avons intégré au point de rêver sous forme de films, de montage parallèle et même parfois de rêver les scénarios débiles que beaucoup de films nous proposent. Mais dans la bande dessinée, il y a eu très peu de gens qui se sont attelés à ça. En fait, presque personne, si ce n’est Art Spiegelman ou Robert Crumb. Considérer la bande dessinée comme une forme d’expression est très récent.
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Personnellement, j’ai besoin d’avoir à l’esprit, le cadre défini de la feuille, sa forme et ses délimitations, pour visualiser la composition d’une planche. J’envisage toujours la composition de la planche comme un ensemble : c’est pour moi la structure visuelle fondamentale. Si je peux zoomer et dézoomer dans le cadre comme on le fait sur un écran, alors la case prend le dessus ce qui ne correspond pas à ma vision du monde et ne m’apporte aucune satisfaction. […] Qui plus est les rares projets que j’ai réalisés uniquement au format numérique sont bien souvent illisibles aujourd’hui, parce que les formats et les codex ont changé et surtout la résolution. Le papier est plus sûr, tant qu’il n’est atteint ni par le feu, ni par l’humidité.
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La bande dessinée dévore les images comme un piranha et les déchiquète en quelques secondes ; du moment qu’on les a lues, elles tombent dans l’insignifiance. C’est un des problèmes de la bande dessinée : cela demande tellement de travail de réaliser un livre, des années et des années pour créer quelque chose qui en fin de copte se résumera à une expérience d’une heure ou deux.
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Je ne suis pas un penseur bien original et je ne crois pas avoir beaucoup d’imagination. J’ai tendance à piocher des bouts par-ci par-là dans l’art en général et à les assembler en quelque sorte. Je ne suis pas un créateur original à part entière. Si je n’étais jamais tombé sur RAW, je ne crois pas que je dessinerais des bandes dessinées aujourd’hui. - Chris Ware
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