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EAN : 9782800129730
56 pages
Dupuis (31/10/2005)
4.03/5   36 notes
Résumé :
Une nuit, à l'hôtel de la Route des dames, Laura raconte son histoire à un étranger au sac rouge. C'est l'histoire de cette route, surnommée ainsi pendant la dictature, lorsque les femmes attendaient de voir passer quelques instants leur mari ou leur fils qu'on emmenait à la caserne pour les torturer. C'est l'histoire de Ludvik, l'opposant au régime, qu'elle ne connaissait pas et dont elle est tombé amoureuse, en attendant, elle aussi, le long de la route des dames.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un photographe débarque dans un bar miteux . Très vite , il sera interpellé par cette jeune femme , au regard un peu triste , fumant des cigarettes possédant la particularité , chacune , de receler sur le côté une unique strophe tirée d'un bouleversant poème de Tristan Corbière .
La questionnant tout de go sur le pourquoi du comment , la narratrice entamera , dès lors , un long chant funèbre faisant l'éloge de ces femmes , passionnément et tragiquement amoureuses de leurs douces moitiés alors arrêtées pour activités prétendument subversives , qu'elles croisent régulièrement , passagers première classe de ces camions de la mort , en route vers une énième séance de torture , possiblement la dernière...

L'amour plus fort que tout , tel pourrait être le cri rageur de ces couples écartelés par une séparation que l'on pressent définitive . Un état totalitaire de l'Est faisant de la violence et du tourment son quotidien . le décor est planté . Il est sombre comme la mort qui rôde , omniprésente , tout au long de ce récit .
Un trait plutôt épais , pas follement travaillé . Des couleurs éclatantes , en totale opposition avec le thème mortifère et pourtant , la mayonnaise prend , sans jamais tourner .
Intelligence du propos , belle construction narrative concluant le récit par un twist final sublime . le pari est atteint , cette fumée bleue , à défaut d'être nocive , en deviendrait presque addictive .
Lapière , à l'instar d'un peintre , procède par petites touches pour dévoiler , au final , un tableau ingénieux à l'écriture maitrisée et au scénario sans failles...

Un peu de fumée bleue , de bien jolis mots sur d'horribles maux...
http://www.youtube.com/watch?v=U0ghjVyaH2w
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Dans un bar-ferme-auberge isolée d'un pays de l'Est débarque un homme, un soir. Il porte sur lui un sac à dos rouge, objet dont il ne se sépare jamais car c'est lui le point de départ de chaque photo qu'il prend.
Il s'assied au comptoir et remarque à ses côtés une très belle jeune femme. Fille de la tenancière du bar-ferme-auberge, elle dispose à côté d'elle six cigarettes sur lesquelles sont inscrits des vers de Tristan Corbière. A chaque cigarette fumée, nous en apprenons un peu plus sur cette femme, Laura, sur Ludvik, son amoureux fait prisonnier et sur leur belle et étrange histoire d'amour... Tout a commencé, un jour, sur le chemin des dames... des femmes qui pleurent leurs maris, des prisonniers torturés...

C'est une très belle histoire d'amour que nous raconte Lapière. On écoute, avec cet homme de passage, son histoire d'amour au fil des pages et au fil des cigarettes qu'elle allume pour se rappeler ce prisonnier qu'elle a tant aimé, au fil des vers de Corbière qui se consument...
C'est une très belle histoire d'amour sur la condition des hommes prisonniers, sur le pouvoir totalitaire, sur les blessures et les cicatrices laissées par ces bourreaux...
C'est un étrange et douloureux récit raconté par cette femme, au hasard d'une rencontre, empli de poésie...
C'est agréablement mis en image par Pellejero, avec une palette incroyable de couleurs chatoyantes.

Un peu de fumée bleue, des volutes de plaisir...
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Cette BD m'a particulièrement touchée...

Je laisse d'emblée la question du pourquoi et du comment, parce que de même qu'on ne sait jamais vraiment ce qui nous fait aimer une personne plutôt qu'une autre, je serais incapable de définir la magie mystérieuse qui est à l'oeuvre quand une lecture m'emporte aussi loin..

Mais je vais essayer de citer par petits bouts, les choses que j'ai aimées et qui pourraient donner à d'autres, l'envie de les aimer aussi :

- La poésie... Au début, c'est l'échappatoire d'une enfant prisonnière d'un univers adulte. La poésie offre à Laura le moyen d'échapper à ce monde qui la malmène, tantôt par sa rudesse, tantôt par sa vision érodée de la vie. Ensuite, sous l'impulsion urgente d'une femme amoureuse, la poésie devient le fil invisible tendu vers l'être aimé, pour le maintenir en vie, coûte que coûte. La strophe de Corbière distillée cigarette après cigarette, remplace le tempo de la vie qui n'existe plus dans ce long tunnel de souffrance traversé par Ludvik. C'est un rappel incessant à la vie, un écho qui résonne quand la souffrance est si forte qu'elle donne à la mort des allures de sauveuse.. Les cigarettes que Laura offre à Ludvik ne sont que des boucliers de fumée, bien sûr, elles n'opposent aucune résistance aux assauts de ses bourreaux, mais elles s'interposent entre Ludvik et la mort, comme un écran de fumée qui semble dire "tu ne passeras pas tant que demeure la promesse que l'amour existe encore, quelque part au dehors.. ".

- Laura. Cette femme solide et douce, est nimbée d'une douce mélancolie qui la suit dans tous ses mouvements. Même ses sourires ne parviennent jamais tout à fait à la dissiper.. (Laura, peut-être l'expression de cette "âme slave" dont tout le monde parle? )

- Les lieux : le bar... la forêt, ou encore, ce bord de fleuve, en ville, où se font et se défont les révolutions...

- le trait de Pellejero, si particulier, qui donne une densité incroyable aux personnages, épouse avec grâce leurs mouvements, joue avec l'ombre et la lumière et accentue les contrastes, pour nous révéler avec force toute une palette d'émotions. Sans parler de cette fumée bleue qui apporte au tout, une touche d'onirisme...

- Les thèmes abordés, enfin : la censure, la torture, la survie, les cicatrices, l'amour, l'attente.. de quoi tenir en éveil notre psyché de lecteur, toujours avide d'émotions, d'étonnement et de réflexion.
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Une boîte ouverte. Six cigarettes alignées sur le comptoir. Sur chacune d'elles est écrit quelques mots. Mis bout à bout, les mots deviennent un poème. le tabac est vieux et les cigarettes laissent au fond de la bouche un goût amer. Mais pourquoi ces mots ? Quelle est donc le fin mot de cette histoire derrière cette fumée qui s'échappe en volutes bleues ? Il est question de prisonniers qui souffrent et de femmes qui pleurent...

C'est une triste histoire d'amour contée de manière tout à fait éblouissante dans la même veine que le Tour de Valse des mêmes auteurs dans la collection "Aire libre". le dessin paraît quelquefois un peu figé avec un trait gras qui se veut réaliste: ce n'est pas le point fort de ce one-shot.

Cependant, le sens du propos fait qu'on oublie vite cette imperfection. Les thèmes traités le sont de manière intelligente tout en finesse. On suit le parcours de cette jeune fille en quête d'un amour impossible. J'ai aimé la fin de l'histoire qui laisse entrevoir une ouverture, voir un nouvel espoir.

Note Dessin : 3.5/5 – Note Scénario : 4/5 – Note Globale : 3.75/5
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Plus je relis cette BD, et plus je l'apprécie. Peinture d'un pays de l'est non-nommé, mais qu'on peut deviner, l'histoire emprunte celle d'une histoire d'amour pour dépeindre la dictature, la prison, la difficulté de revivre. Mais également à travers tout cela, l'amour, l'art, les femmes. C'est un joyeux mélange de saveurs dans cette histoire racontée par une jeune fille qui fume et laisse s'envoler un peu de fumée bleue.

Le dessin de l'album est très prenant, plongeant dans l'atmosphère à la fois chaude (surtout niveau couleur) et sombre, mélange qui donne tout le ton du livre. L'histoire de cette jeune femme, qu'elle raconte comme pour tirer définitivement un trait sur le passé, et touchante et tragique. Tout n'est que dans les détails mais avec une justesse surprenante. Les idées sont magnifiques (le poème sur les cigarettes notamment, mais également ces femmes suivants les camions), et l'émotion me prend à chaque fois. C'est touchant, aussi bien dans l'histoire d'amour que dans tout le reste.

Cependant, je dois bien confesser que la fin m'a semblé de trop. Les dernières cases n'étaient pas indispensable, et il y a peut-être trop de volonté de faire un happy-end. Telle qu'elle était racontée, l'histoire n'en avait pas besoin.
Je ressors de chacune de mes relectures avec cette émotion dans le ventre. C'est une BD qui a su me toucher, et je trouve qu'elle a quelque chose de beau jusque dans son titre. Si vous aimez la sensibilité malgré la violence, cette BD est faite pour vous.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les fleurs de tombeau,
qu’on nomme amourettes,
foisonneront plein,
ton rire terreux,
et les myosotis,
ces fleurs d’oubliettes
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Je ne connais rien d'autre de Tristan Corbière:

"Va vite, peigneur de comètes !
Les herbes au vent seront tes cheveux..."

Je l'ai appris par cœur par esprit de contradiction, parce qu'un professeur de français obèse et stupide nous soutenait que Corbière n'était qu'un alcoolique suicidaire sans importance. Comment se fait-il qu'une strophe se retrouve ici, écrite sur ces cigarettes?
- C'est probablement une longue histoire.
-Probablement?
- Il y a plusieurs débuts... et je ne suis pas très sûre de la fin, si vous voulez"
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Elles venaient pour ça, elles se faisaient belles pour eux, pour ces hommes qu'elles avient l'occasion d'apercevoir une minute ou deux, pour ces quelques instants terribles où elles pouvaient continuer d'espérer...
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Ce qu'il y avait de bien avec la poésie, c'est qu'elle était moins censurée que la prose, car les censeurs n'y entendaient rien.
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- Vous allez prendre une photo ?
- Allez-y, tirez une bouffée...
- Vous n'avez pas de flash ?
- Je me contente de votre silhouette et du point rouge de la cigarette.
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Videos de Ruben Pellejero (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ruben Pellejero
Dans le 172e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Barcelona, âme noire, que l’on doit au scénario conjoint de Denis Lapière et Gani Jakupi ainsi qu’au dessin de Ruben Pellejero, Martín Pardo et Emmanuel Torrents et qui est édité chez Dupuis sous le label Aire libre. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie du premier tome sur deux de Sans Francisco 1906 un album baptisé Les trois Judith que l’on doit au scénario de Damien Marie, au dessin de Fabrice Meddour et c’est à retrouver aux éditions Grand angle - La sortie de l’album Sang neuf que l’on doit à Jean-Christophe Chauzy et aux éditions Casterman - La sortie de l’album Carcajou que l’on doit au scénario d’ElDiablo, au dessin de Djilian Deroche et c’est édité chez Sarbacane - La sortie de l’album Vivre libre ou mourir que l’on doit au scénario d’Arnaud Le Gouëfflec, au dessin de Nicolas Moog et c’est publié chez Glénat dans la collection 1000 feuilles - La sortie de l’album Oh, Lenny que l’on doit à Aurélien Maury et aux éditions Tanibis - La réédition en intégrale du diptyque Le convoi que l’on doit à Denis Lapière au scénario, Emmanuel Torrents au dessin et c’est publié chez Dupuis dans la collection Aire libre.
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