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EAN : 9782743606930
245 pages
Payot et Rivages (02/10/2000)
3.76/5   17 notes
Résumé :

Malheur, c'est le nom d'une famille vosgienne , bien nommée. Une tribu, dont autrefois l'un des membres a été tué par sa femme, une d'ailleurs", une salope.

Elle a fait de la prison, mais très peu, et le clan Malheur a juré d'avoir sa peau. Elle s'est remariée, la garce, avec un certain Jocco. Elle attend un enfant pour bientôt.

Le jour de la fête foraine au bourg, Jocco est abattu dans son atelier de menuiserie par un tue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Doublé tragique dans les Vosges. Marie-Ange Donas, surnommée Mi-Ange, veuve Malheur, devient après quelques pages, veuve Nevert. Si son premier mari est mort, c'est qu'elle lui a donné un traitement à base de chevrotines pour solder des années de violences et de tromperies. Elle trouve le bonheur conjugal en secondes noces mais l'enchantement est brisé un matin, quand son époux prend une balle de 22 long rifle dans l'oeil. Alors Mi-Ange, enceinte de sept mois, part trouver ses ex-beaux-frères munie d'une arme de poing. Elle les soupçonne d'avoir voulu venger leur défunt frangin. Elle est suivie dans sa quête sanguinaire par ses enfants nés de son union avec Malheur. Les voilà tous les quatre plongés dans la nuit, livrés à leur destin.

Mi-Ange vit constamment au bord d'un gouffre. Elle profite de fragiles instants de bonheur, suspendus, vite chassés par les coups funestes du sort. Le roman repose sur ces hasards qui déclenchent des vagues d'événements, qui viennent enflammer une haine latente. Après coup, tout prend la forme d'une funeste destinée. Pierre Pelot dépeint des individus en marge dans une ville des Vosges : violence, précarité, logements sociaux insalubres, alcoolisme... Ses personnages semblent englués dans leur misère, saisis dans un quotidien indépassable. Un roman noir efficace et maîtrisé, mon deuxième polar signé Pelot, d'autres devraient suivre.
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Un roman sur lequel je suis tombée au hasard de mes pérégrinations webesques. Et parfois, le hasard fait quand même bien les choses.


Chapitre premier: Calibre .22 LR. Quinze coups dans le magasin tubulaire placé sous le canon, un seizième possible, balle engagée dans la chambre ; un seizième, ou un premier… Réplique de la Winchester 30/30. Pas un jouet. Munitions Remington. Portée de tir dangereuse à 1 500 mètres. 18 h 56 au cadran de la montre-bracelet. le doigt sur la détente. L'index. L'ongle est rongé jusqu'à la peau. Les oiseaux se taisent.

Comme chaque année début septembre à Saint-Hiel, la fête foraine s'est installée au village. du haut de la butte Saint-Jean, dans son atelier de charpentier-menuisier, Jocco en perçoit les flonflons. Pause clope avec le Vieux. Il se tient distraitement devant la verrière. La seconde suivante, il s'effondre. Une balle vient de le faucher, pile au milieu du front…

Ainsi commence ce drame.

Jocco est marié à Mi-Ange, qui mettra bientôt au monde leur enfant. Mi-Ange, une femme brisée par la vie, déjà mère de trois enfants dont elle a abattu le père, alcoolique et violent, quatre ans auparavant. Pour ça, elle est allée en prison, un peu. Et le clan Malheur, les frères de feu son époux, lui ont bien dit qu'ils s'occuperaient de son cas…

C'est le récit d'une tragédie dont le fil se déroule inexorablement. le récit nous fait suivre les réactions des différents protagonistes suite à l'annonce du décès de Jocco, la déflagration provoquée par le choc, l'incompréhension. Et puis la colère, le besoin impérieux de comprendre, de mettre la main sur le coupable et d'en découdre.

Nous allons assister aux réactions à brûle-pourpoint de trois personnages principaux. Mi-Ange, d'abord, qui essuie la vie comme le marin la tempête. Puis Col, l'aîné de la fratrie, accompagné de sa petite copine, Annette. Et enfin, Fany, la cadette, laquelle prend dans son sillage Toni, le benjamin.

Autour d'eux gravitent le Vieux, Pépète et son épouse. Dans l'autre camp, il y a les trois frères Malheur: Joseph, André et Marcel-Paul. En aparté, enfin, il y a cet homme du village qui nous livre ses réflexions, un homme sous pression, en colère, énervé contre les forains et les cons.

C'est une tragédie shakespearienne qui se délite sous nos yeux impuissants. Nous sommes dans un environnement rural, parmi des gens simples et pudiques, courageux et honnêtes. Des gens qui triment sans se plaindre pour joindre les deux bouts. Des gens qui vivent des drames ordinaires, qui s'en relèvent comme ils peuvent. S'ils le peuvent.

Des gens qui, quand le malheur frappe encore une fois, une fois de trop, voient leurs efforts partir en fumée, l'espoir s'évaporer, le sol s'ouvrir sous leurs pieds, et l'enfer prendre corps. Des gens qui, tout d'un coup, n'ont plus rien à perdre. Et qui de ce fait, se lancent à corps perdu dans la dernière quête qui les tient encore debout, aveuglément, viscéralement.

Les personnages sont magnifiques, très profonds, parfaitement construits. Pierre Pelot se montre ici un fin psychologue (je dis « ici » parce que ce roman est le premier de l'auteur que je lis. Je n'ai donc pas encore de point de comparaison). le rythme est haletant, suivant les réactions dictées par l'émotion et prises sans réflexion. Tous suivent leur instinct, agissent dans l'urgence, n'ont à cet instant-là aucune notion des conséquences et responsabilités qui finiront par leur incomber. Il faut agir, c'est tout.

Et cet épilogue… Incroyable et terrible. Pierre Pelot va jusqu'au bout des tripes de ses personnages, nous emmène aux tréfonds de cette misère émotionnelle. La détresse est ici tellement palpable qu'elle en devient un personnage à part entière. La dernière phrase de l'ouvrage m'a glacée!

Un très bon roman noir, donc, que je ne peux que te conseiller de découvrir à ton tour.

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Pelot écrit un roman noir qui plonge dans la petite vie misérable de cas sociaux, au fin fond des Vosges. C'est un petit monde où tout le monde se connaît, où personne ne songe à s'enfuir et à quitter des lieux étouffants, et où les enfants portent le poids des erreurs parentales.
Marie-Ange est heureuse pourtant : elle a retrouvé un homme bien avec qui vivre, Jocco et dont elle est enceinte. Ses trois premiers enfants, issus de son premier mariage- une calamité celui-là- se portent bien et grandissent à l'abri de leur père, puisque Mi-Ange l'a abattu un soir où, une fois de plus, cet homme violent et alcoolique l'avait frappée avant de vouloir ramener une putain à la maison. A peine un peu de prison pour elle, pour la forme, puis la liberté et le bonheur retrouvé. Elle sait que sa belle-famille, l'ancienne, lui en veut et l'a menacée. Ces poivrots sans cervelle sont assez cons pour l'attaquer, mais elle se tient à bonne distance. le jour de la fête foraine, elle se repose, les enfants sont sortis en ville et Jocco est avec son père et Pépète dans l'atelier. Quand le vieux sort de l'atelier et ne parvient pas à expliquer comment une balle a pu se loger dans la tête de Jocco, Mi-Ange pense immédiatement à sa Malheur de belle-famille. Médecin légiste ; police ; Fany et Toni revenus, ahuris et tous conscients qu'il faut calmer Mi-Ange, tant pour le bébé que pour éviter qu'elle fasse une connerie.
Ce qui ne l'empêchera pas de la faire : elle sort, bien décidée à régler ses comptes avec son ancienne belle-famille, sûre d'elle et de son droit. Et c'est à partir de là que tout dérape.
Roman noir plutôt que roman policier, sans nul doute, puisque malgré la cavalcade, c'est moins la recherche du meurtrier qui intéresse que la découverte des milieux sociaux dont sont extraits les personnages : la crasse, l'alcool, aucun avenir, aucune élévation culturelle, des hommes fermés dans des convictions vaguement viriles et plutôt bas de plafond et des femmes affichant vulgairement leur féminité. C'est de cette fange que les personnages doivent s'extraire pour s'en sortir, mais les habitudes et les modèles sociaux ne le permettent pas.
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Bonjour,
Il arrive parfois que j'aie du mal à trouver les mots pour parler d'un livre.
Là, maintenant, en refermant le méchant qui danse de Pierre Pelot, il ne m'en vient que trois.
Oh la vache !
Ok ce n'est pas très « parlant » mais je dois avouer que ce roman m'a littéralement broyée. Comme plusieurs des romans de Monsieur Pelot, le texte prend aux tripes. Je pense à La forêt muette, La nuit sur terre, Les jardins d'Eden
Dans le méchant qui danse, l'auteur commence fort dès le départ avec la mort de Jocco, abattu d'une balle en pleine tête par on ne sait qui. Puis, tout au long de l'épopée vengeresse de sa femme Mi-Ange en même temps que la chevauchée désespérée des trois enfants de celle-ci, le lecteur ressent bien que rien ne va se terminer en « happy end ». Et pourtant, croyez-moi, vous n'êtes pas prêts. Je lis des romans noirs depuis des années et des années, j'ai lu beaucoup de romans de l'auteur et pourtant je n'étais pas prête…
C'est le « style Pelot », inimitable, surprenant, terrifiant parfois.
Je n'hésiterai pas à parler de chef d'oeuvre en écrivant sur ce roman.
Un connaisseur m'a dit « C'est Pelot à son top niveau », ce n'est rien de le dire.
Je ne vais pas m'étendre davantage. Je vous laisse découvrir par vous-même Mi-Ange, Jocco, Col, Fany et Toni. Vous n'êtes pas près de les oublier.
Alors accrochez-vous et, surtout, n'hésitez pas une seconde à lire ce roman qui a eu droit à plusieurs éditions et « trouvable » en poche chez Rivages Noirs N°370.
Et pour en savoir plus, c'est toujours juste là 👇

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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L'effet papillon vu par Pelot, ou comment un événement dramatique va en déclencher inexorablement toute une série d'autres. Une écriture concise, au scalpel, une ambiance noire et un Office du Tourisme des Vosges qui doit encore se dire que, décidément, Pelot contribue bizarrement à l'image du pays qu'il aime tant !
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Toutes ces pensées qui se bousculent, s'entrechoquent, jaillissent et éclatent, explosent, qui vous font la tête aussi vaste que le monde et malgré tout, pourtant, trop petite encore, trop exigüe, trop étroite. La tête qui étouffe, qui se noie, étranglée. Tellement de pensées, d'images, certaines terrifiantes, insoutenables, et qui certainement, sans aucun doute, vous sécheraient sur place d'effroi, pourraient vous tuer, seraient capables de vous calciner le cœur, si elles avaient la capacité d'atteindre l'éclosion totale, absolue, de leur floraison carnivore... si elles n'étaient chassées par d'autres pensées, en bouffées broussailleuses celles-là, folles, et qui se déversent dans le chaos le plus absolu.
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...Et la nuit s'écrase alentour, également, pèse, pousse, presse. La nuit qui ne tombe pas uniquement du ciel, mais de partout, de n'importe où. Il n'y a que la nuit, c'est ainsi depuis bien longtemps, elle se dévoile et avoue, ne triche plus, joue enfin sans grimaces, elle dit son nom. Je m'appelle "jamais". Je m'appelle "hier", "avant-hier", "toujours". Je m'appelle "de toute façon". La nuit qui s'insinue. Elle crie au cœur des plus vives lumières, c'est peut-être dans ces chatoiements qu'elle a le plus de voix, que son cri déchire avec le plus de force. La nuit respire, c'est bien normal, c'est une bête vivante...
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Elle jeta un coup d'oeil au Vieux et vit qu'il pleurait. Sans bruit. Soixante-cinq kilos de silence et d'immobilité quasi parfaite. Rien que ses doigts, deux doigts, qui tournaient et tournaient la boulette de papier à cigarette et quelques miettes de tabac. Sa moustache tremblait, et son menton. Les larmes coulaient dans les crevasses de ses joues hérissées de barbe rêche, les unes après les autres, grosses.
Ne plus regarder le Vieux. Mi-Ange dit :
- Je vais téléphoner.
Elle tourna les talons et quitta l'atelier, laissant toute cette poussière dans le soleil déclinant, avec Jocco qui était mort et son père encore vivant, en train de tourner deux doigts sur une boulette de papier à cigarette.
Elle traversa la cour. Aurait voulu pouvoir courir, courir à toutes jambes, et si loin... (La fille Donas, tordant le cul sous l'oeil des garçons, rêve de retirer ses chaussures à talons hauts, et de courir, de s'en aller en courant, très loin, elle ne sait pas où, mais elle sait, là où le sourire ne sera pas difficile, naturel et permanent, ça doit bien exister pour de vrai, puisqu'ils en parlent dans les films et dans les romans-photos, Nous deux et Confidences, la fille Donas a de la lecture, le soir au creux de son lit...) Courir très loin, sans s'arrêter avant d'avoir atteint le but.
Cette cour ! C'est plein de mauvaises herbes, regardez. Des pissenlits, du mouron, et jusqu'à ce grand machin de bouillon blanc cerné par des guêpes. Ca pousse sous le gravier, il n'y a rien à faire, ça traverse tout, plus vous arrachez et plus ça revient. Toni avait promis de dégazonner avant la fin des vacances, et tout ce qu'il a fait, ça a été de trisser à droite et à gauche sur son vélo. Tout ce qu'il a fait, de tout l'été, voilà, et puis écouter des disques avec sa soeur, se chamailler à propos de cette musique qu'ils ne peuvent écouter autrement qu'à plein régime. Et ces planches aussi qu'il devait empiler correctement derrière le hangar, l'atelier, pour que Jocco puisse se reposer un peu. Et puis...
Devant la maison, Mi-Ange s'arrêta. Elle regarda alentour, les yeux secs, les yeux durs.
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Vidéo de Pierre Pelot
Immense Pierre Pelot, avec plus de 200 livres en 53 ans d?écriture : littérature générale, science-fiction, policiers, romans noirs, récits fantastiques, BD, théâtre, contes, sagas... L'auteur était à Poirel le 7 octobre pour un entretien aux côtés de Françoise Rossinot autour de son dernier roman, "Braves gens du Purgatoire" (Éditions Héloïse d'Ormesson).
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