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EAN : 9782350871554
125 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (06/01/2011)
3.5/5   111 notes
Résumé :
Les Vosges, sous l'Occupation, Maria est institutrice. Un matin, les maquisards viennent la chercher devant sa classe. Jean, son mari, est collabo. Elle n'en savait rien. Pour avoir été la femme d'un traître, pour l'avoir aimé, Maria paiera. Marquée à vie par la cruauté de ceux que la France élève bientôt au rang de héros, elle ne révèlera jamais le châtiment qui lui a été injustement infligé.
Bien des années plus tard, un jeune homme arrive dans la vallée, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
3,5

sur 111 notes
D'une écriture précise et efficace, Pierre Pelot nous entraîne sur les traces de Maria.
En bon vosgien qu'il est, ce livre est aussi prétexte à nous révéler, par la bouche de Maria, l'histoire de la Lorraine et des Vosges.
Mais qui est cette Maria ? Une vieille dame en maison de retraite, qui a été quelques temps institutrice pendant la guerre, qui témoigne de ses recherches historiques dans une radio locale.
Des époques alternent, au gré des chapitres :
-de nos jours
-la guerre, le maquis , les règlements de compte
-la grande histoire de la Lorraine et d des Vosges
J'avoue avoir un peu survolé les chapitres en italique où Maria fait son émission radiophonique. En effet, bien que Lorraine, je ne suis pas très férue d'histoire en général, et de notre région en particulier. Mais les passionnés d'histoire y trouveront leur compte.
L'auteur a vraiment su mêler la grande et la petite histoire.
Maria est une personne très attachante et le style, souvent poétique, des plus agréables.
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Merci aux éditions Héloïse d'Ormesson et à Babelio qui m'ont permis de lire ce livre de Pierre Pelot
Inoubliable Maria, c'est ce que je me suis dit après avoir terminé ce beau livre.


C'est par la radio qu'il écoute en conduisant qu'un homme jeune, étranger à la ville, mais dont on nous dit que le père a quitté depuis longtemps la région, va d'abord renouer avec celle pour laquelle il a fait une longue route, celle à laquelle il veut parler...

Maria belle et fière, bafouée à la fin de la guerre, par les maquisards qui la torturent et la souillent pour lui faire avouer où se trouve son mari, Jean Tobé, dénoncé comme traître par une lettre anonyme. Elle ne sait pourtant rien, elle, l'institutrice, quand lui fait du marché noir et collabore pour approvisionner son café et son épicerie et ...également le maquis.
«Elle était assise et ne bougeait pas, plus elle concentrait son effort pour se lever, plus elle serrait étroitement ses jambes entre ses bras, plus elle se changeait en bois dur, en pierre, plus le silence grésillant se refermait étroitement sur elle, et les voix montaient de plus en plus loin, de très loin, à l'autre bout de cette chape.»
Maria, «mise en congé» par l'éducation nationale après la libération, reprend son nom de jeune fille Loewell et continue à tenir le café épicerie hérité de son mari, tué par le maquis.
Elle élève tant bien que mal son fils Bastien, l'enfant de la honte.

«....mais bien qu'elle eût rejeté son patronyme, elle hérita aussi du fardeau de son infamie, qui ne fit que s'alourdir au fil des ans...»

«Une atmosphère de rancoeurs assassines tendue en permanence du dehors enveloppait la maison et ses occupants, mère et fils.»
Elle finit par quitter Saint Maurice pour le bourg voisin du Thillot où elle finit ses jours dans la maison de retraite où elle a été employée, amicale et serviable avec tous. Maria, devenue conteuse sur radio Vallées et Chaumes où elle fait revivre l'histoire mouvementée de sa région. le passé lointain rejoint le proche.
Les phrases sont sobres sans le lyrisme des autres livres de Pierre Pelot. Ce style plus dépouillé, plus tranchant s'accorde avec les paysages rudes et la dignité et le silence que Maria a su garder, au cours des années qui ont suivi l'épreuve subie et sa mise à l'écart par les gens du village. Un sacré caractère et une grande ténacité dans cette femme toujours belle malgré son âge....

Je ne peux en dire plus. Ce livre court mais dense est fort et bouleversant.
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Comme si de rien n'était "Maria" est un hommage émouvant à la dignité injustement bafouée de cette femme, victime expiatoire de la guerre opposant les collabos aux maquisards. Dans une vallée encaissée des Vosges peuplée de froustiers (forestiers), Maria a préféré garder secrète toute sa vie durant une blessure de guerre, une balafre invisible dont elle gardera les stigmates à tout jamais.
Âgée de quatre-vingt ans, elle reçoit la visite d'un homme se présentant comme journaliste et réalisant un travail de mémoire …mais que lui veut-il réellement ?

Avec une sincérité désarmante, Pierre Pelot raconte un drame intimiste qui recèle une grande force de pénétration. L'intensité dramatique ne se reflète pas dans une logorrhée qui déverse un flot d'angoisse et d'états d'âme, bien au contraire, elle est portée par les silences du récit. L'auteur a une certaine aisance avec le minimalisme et maitrise une sorte d'alchimie entre la rudesse des paysages et la pudeur des sentiments. On est au milieu des montagnes épaisses balayées par la bise glaciale, recouvertes de neige et envahies par la brume qui recouvre également les états d'âme des habitants. Et pour celle qui a du renoncer à sa carrière d'institutrice et subsister grâce un travail de femme de ménage, s'épancher était peut être un luxe qu'elle ne pouvait s'offrir.
Atmosphère silencieuse, texte tout en repli, mystère immobile ….pour autant ce n'est pas un récit austère, il y a de la chaleur humaine, de la douceur qui se dégage des personnages qui vivent l'instant présent. de l'attente à la rencontre entre Maria et le journaliste, il y a une humanité emprunte de délicatesse et de lumière qui éclairent les zones d'ombre du récit et évaporent toute la honte gardée enfouie.
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Pierre Pelot on le sait est l'auteur de " L'été en pente douce", livre adapté au cinéma avec succès.
Résumer l'auteur à cet ouvrage serait sans doute réducteur. Cependant beaucoup de caractéristiques déjà présents dans " L'été en pente douce" se retrouve tout au long de ses autres ouvrages.
Comme une marque de fabrique, une couleur, une marque indélébile.
Ce " Maria" ne déroge pas à la règle.
Pour ceux qui ignore à peu près tout de Pierre Pelot, sachez que notre homme n'a rien, mais alors rien à voir avec ce genre de prosateur germanopratin qui écrit toujours le même livre pour ne rien dire de vraiment important sinon de décrire la course de son orbite autour de lui même.
Pierre Pelot donne une image d'un barde mal léché sous les apparences d'un mauvais garçon protégé par ses tatouages.
Ca c'est pour l'image.
En ce qui concerne ses livres, on sent dans ses histoires la sensibilité afleurer à chaque chapitre, qui plus est dans Maria.

Maria, Jolie institutrice de campagne pendant la seconde guerre mondiale, va se retrouver au coeur d'un raz de marée sentimental et humain comme seuls savent les faire exister les moments chaotiques de l'Histoire.
Enlevée par des maquisards revenchards, violentée, violée, bafouée, Maria va malgré l'ignominie continuer son bonhomme de chemin, mener sa vie. Comme ça, sans rien révéler, essuyant l'opprobre, élévant le fruit de cette violence et vivre.
Nous la retrouverons bien des décennies plus tard, chroniqueuse historique sur une station radiophonique de province, dans les Vosges.
Un journaliste va venir à sa rencontre et nous découvrivrons la vérité de Maria.
Pelot nous surprend à décrire en si peu de pages une histoire émouvante, profondément touchante qui révèle les tréfonds de l'âme humaine.
Maria est l'incarnation de la dignité, du devoir et de la lutte sans résignation, cela malgré les apparences.
Pas de manichéisme ici, des êtres que l'histoire fracasse, détruit, avilie et glorifie.
J'ai vraiment été ému par cette courte histoire qui mérite vraiment le détour et surout le rebondissement final qui est à la mesure du talent de l'auteur.
Un bien beau livre, j'espère qu'il ne passera pas inaperçu dans le flot des sorties littéraires, souvent médiatiques et qui cachent paradoxalement de par leur petitesse la superbe forêt de chef-d'oeuvres.
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Ce roman se présente en trois volets, premièrement on y découvre Maria la narratrice qui nous fait découvrir cette région Les Vosges à travers une émission radiophonique qu'elle anime. Elle nous raconte la formation, le développement économique et les moeurs de cette région.

En deuxième parti c'est la tragédie pendant la guerre, perte de sont époux, son viol et le rejet de la communauté. Elle élèvera seul un enfant dans cette atmosphère oppressant.

Le troisième volet nous montre Maria dans le présent, avec ces blessures pansées, qui va faire une belle rencontre pour le moins inattendue.

Ce livre est empreint d'une belle poésie, nous fait passé par plusieurs états d'âmes, tristesse, angoisse et surtout l'espoir. le côté documentaire devient parfois un peu lourd pour une personne qui n'est pas trop du coin.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
La rue centrale était très éclairée, les devantures des magasins crachaient des torrents de lumières flamboyantes. Une pellicule blanc-gris commençait de couvrir les trottoirs, les parapluies, bonnets et capuchons des passants. Un panneau accroché à une façade annonça l'heure et une température de 1°C, en lettres et chiffres rouges qui défilaient, à son passage. La recherche radio s'arrêta brusquement sur une station audible, le faisant sursauter(...) Il entendit prononcer le nom de Maria par le présentateur-animateur radio au moment où il se garait pratiquement face à l'entrée de l'établissement. Une légère exclamation de surprise fusa d'entre ses lèvres. Il jeta à l'autoradio un regard incrédule, monta le son.
La voix était celle d'une femme âgée, avec des pauses hésitantes, parfois dans un mot, où on ne les attendait pas, marquant des difficultés de respiration, le souffle court.
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Les camions partis,la place vidée de ceux qui n'ètaient pas au nombre des soixante - trois désignés,les soldats firent entrer ceux- ci dans la mairie ,où ils
furent battus ,roués de coups ,interrogés sur les effectifs ,agissements et opérations à venir du {maquis démantelé}.......
La femme d'un des malheureux torturés qui jaillit comme une folle de le ruelle de l'église et se précipita vers la mairie fut abattue en pleine course d'un seul coup de fusil qui claqua de façon dérisoire.....
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La lumière de la rue s'infiltrait par les fentes du volet roulant et esquissait des tentatives sauvages d'identification des lieux, dans la chambre. Dehors, partout, sur la rue et le bourg, le monde, pesait un silence d'enfer mort.
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(Parlant d'une maison de retraite...)
... elle se joignait aux aides-soignantes, elle visitait les pensionnaires, les malades et les autres en bonne santé, elle leur faisait la conversation, leur tenait compagnie.
Les écoutait. Elle passait des heures à les écouter, à les entendre répéter les séquences de leur vie écoulée qui continuaient de les marquer en profondeur, ces bouts de souvenirs qui subsistaient, plus qu'eux, de leur existence. Elle écoutait palpiter de moins en moins fort, si tranquille, ce présent en conserve qui n'était plus fait que de fragments du passé.
...
Elle écoutait les histoires des gens qui n'avaient plus que cela pour vivre et elle leur en racontait une autre, des autres. Et les gens aimaient l'entendre et ils l'écoutaient à leur tour et leur existence assise sur un lit ou dans un fauteuil roulant devenait autre chose, pour un temps se remettait debout.
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« Il ne savait rien de la région. Ça ne lui était jamais venu à l’esprit qu’on pût y vivre. (…) Quelques clichés, bien sûr, à se mettre sous la dent, pas mieux. La ligne bleue des Vosges, les bucherons vosgiens, la Bête des Vosges, l’affaire Grégory……….Comme des sortes d’accrocs dans un paysage lisse de montagnes rondelettes couvertes de sapins. »
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Vidéo de Pierre Pelot
Immense Pierre Pelot, avec plus de 200 livres en 53 ans d?écriture : littérature générale, science-fiction, policiers, romans noirs, récits fantastiques, BD, théâtre, contes, sagas... L'auteur était à Poirel le 7 octobre pour un entretien aux côtés de Françoise Rossinot autour de son dernier roman, "Braves gens du Purgatoire" (Éditions Héloïse d'Ormesson).
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