Cette biographie de Michael Peppiat sur le peintre
Francis Bacon porte trop bien son titre, en ce qu'il exprime la recherche philosophique de la peinture de Bacon laquelle parle de la chair ou "l'anatomie" humaine pour mieux rappeler que l'homme n'est pas seulement un être qui réfléchit. En ajoutant le mot "énigme" l'auteur nous rappelle le mystère d'une peinture loin des poncifs et des lieux communs lequel sera une source pour créer.
C'est en 1996 que le livre débarque à Londres au moment où il y avait déjà deux biographies sur l'artiste. Comme Michael Peppiat et
Francis Bacon étaient toujours fourrés ensemble pendant trente ans, cette biographie qui sort du lot est une vraie plongée dans la pensée et l'oeuvre de l'artiste.
Malgré la marchandisation de la chose culturelle qu'on peut traduire de nos jours, par le marketing littéraire, ce livre nous parle parce qu'il a un contenu détaillé avec beaucoup d'explications des tableaux, qui nous aide à comprendre l'art de Bacon, sans se perdre sous la superficialité d'une lecture aisée qui régale le public.
Le lecteur ne reste pas sur sa faim parce qu'il apprend ce que constituait la "cruxifixion" pour Bacon étant donné que la croix est le meilleur symbole de la mort, de la souffrance, de la renaissance, de la cruauté de l'homme envers l'homme, du désespoir et du isolement.
L'auteur parvient à exprimer sans notations malvenues, qui ne mèneraient qu'à la platitude, le sujet du Pape Innocent X peint par Velasquez, à la façon d'un ouvrage de vulgarisation.
Ce qui m'a frappée d'emblée dans cette biographie c'est l'influence de Picasso chez Bacon car lors de la visite de celui-ci d'une exposition de peintures de Picasso à Paris, le choc est tel que ça a sans doute déterminé son entrée en peinture. Cependant, ce n'est qu'en 1944 que Bacon décide de se consacrer à la peinture, après son premier triptyque qui fait un carton au monde artistique "Trois études pour des figures à la base d'une crucifixion".
Une biographie époustouflante qui devrait avoir remporté la mise puisque on ne se perd pas sous la superficialité d'une écriture devenue un objet consommable en imposant la culture au divertissement.