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EAN : 9782812600630
219 pages
Editions du Rouergue (15/08/2009)
3.93/5   115 notes
Résumé :
Du jour au lendemain, Pierre, vingt-huit ans, a tout quitté pour aller s'installer à la campagne, dans une bicoque pleine de courants d'air en bordure de départementale. Tout, c'est-à-dire Paris, ses amis, le monde du mannequinat, sa thèse avortée sur Simone Weil... Dans ce coin très vert, un peu paumé, il soigne ses chiens, ramasse des vieilleries qu'il revend, s'occupe de son potager et se convainc qu'il a fait le bon choix en optant pour la décroissance. À ses he... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Pierre a quitté Paris, son boulot, ses études de philosophie et ses amis pour s'installer aux champs baillés, pas très loin de chez Paulette. Il a laissé derrière lui R., son ami de toujours, qui à l'occasion passe lui faire un petit bonjour. Entouré de ses animaux qu'il a récupérés ici et là, il a monté un petit magasin de brocante, juste à côté de la crêperie de Jean-Michel. Chineur dans l'âme, il aime récupérer toutes les vieilleries dont les gens se débarrassent et les revend sur les marchés ou au magasin. Il profite de ce moment de liberté totale pour commencer sa biographie sur Rosa Bonheur, peintre émérite homosexuelle du XIXème siècle qui voua une passion sans limite aux animaux et qu'il avait croisée au Père Lachaise. Entre les déjeuners chez Jean-Michel, les cafés chez Paulette, la vie trépidante de Rosa Bonheur s'emmêlent ici et là quelques souvenirs, tantôt douloureux, tantôt plus légers mais qui font ce que Pierre est aujourd'hui...

Anne Percin met en lumière ce très beau portrait d'homme sauvage, blessé dans son âme et dans son coeur et qui s'est isolé de tout. Que fuit-il ? Ses amis ? Ses amours vaincues ? Son passé qui semble le ronger et parfois le poursuivre ? Au fil des pages, l'on découvre Pierre qui se dévoile, narrant son enfance, son frère jumeau, ses études et ses fréquentations. C'est au milieu des champs, dans ses bottes crottées, dans son jardin ou encore chez Jean-Michel que l'on croise Pierre. C'est dans cette campagne solitaire qui le renvoie à sa propre solitude, dans les blessures des autres qui lui rappellent les siennes, dans ces silences si réconfortants et c'est au seuil de sa vie que le jeune homme prend conscience de son passé, de son être, de ses souffrances si profondes et de ce qu'il veut. Anne Percin décrit d'une manière si poétique, si pudique et si douce que ce roman délicat et empli d'un bonheur caché mais certain est, au final, un formidable cri de bonheur retrouvé. Ce véritable roman d'amour d'une infinie tendresse et d'une grande justesse nous plonge dans une petite bulle de bonheur.

Bonheur fantôme... Bonheur tout court...
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Pierre a le coeur percé. Pierre a peur. Pierre a mal. Mal au coeur, mal à son enfance, mal à l'autre.
Que je l'aime, ce Pierre inventé par Anne Percin ! A 28 ans, il quitte Paris et surtout R....
Il devient brocanteur à la campagne, dans la Sarthe. Sa maison aux quatre vents suinte d'humidité, il ne mange pas grand-chose, mais il a deux chiens, plein de chats, et en tête une peintre dont il veut écrire la biographie : Rosa Bonheur, cette artiste « d'une modestie effarante, dont le monde, c'est la bête ».
Pierre a plein d'amour en lui. Pour ses parents, pour son frère mort il y longtemps, pour R...
Pierre adore chanter, surtout des vieilles chansons. Surtout Mouloudji. Sa nostalgie, sa tendresse.
Pierre est pudique. Bâillonné par des gestes retenus. Par des mots non dits. Par des sentiments qui l'étouffent.

Comment expliquer cet élan qui me pousse vers ce Pierre, sinon grâce à l'écriture si humaine, si poétique d'Anne Percin... de roman en roman, elle m'emmène de plus en plus loin dans la profondeur, dans la recherche de soi à travers les personnages qu'elle invente. D'une manière si simple, si directe, elle décrit la vie et ses souffrances, la vie et ses petits riens qui la font étinceler, la vie et ses joies exaltantes.

Pendant ma lecture, s'est imposée à moi l'image de Pierre Niney, cet acteur si sensible, à l'aspect fragile et pourtant si déterminé. Ceux qui le connaissent comprendront. Eh bien ce Pierre d'Anne Percin lui ressemble étrangement.

Sans hésiter, je recommande ce bout d'humanité à tous ceux qui aiment s'arrêter un moment pour regarder. Soi-même, son chat, son chien, son pommier, les rides de sa mère, le dos voûté de son père, la larme au coin de l'oeil d'un inconnu, les photos jaunies...

« Ces fantômes de sentiments, vaporeux, évanouis, avortés, qui restent entre nous et qui nous étouffent », Anne Percin les libère ici. Et nous libère.
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Pierre, jeune homme de 28 ans, veut changer de vie et décide de tout plaquer. Il quitte Paris pour aller s'installer dans une petite ville isolée dans la Sarthe, loin de tout, de sa famille, ses amis. Par petites bribes d'informations distillées tout au long du récit, Pierre nous raconte les raisons de son départ, cette décision radicale mais qui a muri en lui. On comprend alors peu à peu pourquoi cet homme blessé, meurtri, amoureux, solitaire a voulu partir.
Rapidement, j'ai eu l'impression de connaître Pierre. C'était comme un frère dont on comprend les blessures, son besoin de solitude... Ses mots et ses émotions nous parlent, nous ressemblent un peu. C'est un mélange à la fois de douceur et de tristesse mais aussi de sourires, de rage, de souffrance. Un entrelacs d'émotions qu'on a vécu au moins une fois. Pierre laisse tout derrière lui, quitte à se faire mal, à s'amputer peut-être. Pierre est notre âme solitaire, loin du tumulte du monde, loin du bruit. Loin de son amour aussi pour R., cet homme plus âgé que lui, celui qui le porte, le fait fondre. Pierre, c'est aussi celui qu'on aimerait être sans jamais en avoir vraiment le courage, ce courage de tout faire valser, de changer de vie, d'écouter cette petite voix qui nous dit ‘'ça suffit de vivre en apnée. Il est temps de vivre selon nos convictions, nos aspirations profondes et nos rêves''.
La Fourche, lieu-dit où il s'installe pour devenir brocanteur, est un nom bien trouvé pour raconter le nouveau chemin que Pierre décide de prendre, une nouvelle vie qu'on décide de vivre et qu'on assume parce qu'on l'a choisie. La peintre Rosa Bonheur dont il veut écrire la biographie est comme l'emblème de ces désirs et de cette vie assumée, loin du dictat social. Une vie sûrement plus dépouillée, plus difficile financièrement, à manquer souvent d'argent pour s'acheter même l'usuel. Alors c'est la débrouille qui prime, le troc et l'entraide entre voisins. Socialement, c'est juste un café chez la voisine, quelques moments passés dans le bar du coin ou à la crêperie de Jean-Michel pour arrondir ses fins de mois. C'est apprendre à vivre avec le strict nécessaire, sans le superflu, sans l'inutile. C'est comprendre ce qui est vraiment important. C'est retrouver son corps, par la brocante tout d'abord (les meubles à transporter, les réveils dans la nuit, dans le froid), par l'alimentation moindre, par le travail dans le jardin, les balades dans les champs avec ses chiens.
En termes d'allégorie, ce n'est plus la grande route professionnelle qu'on pourrait fantasmer à Paris. Non, ce petit chemin que Pierre prend, loin de la vie parisienne, c'est un bout de nature, entouré d'animaux (à devoir parfois refaire les gestes des anciens qu'on n'avait plus besoin de faire : la préparation du lapin offert par la voisine, moment drôle et épique !). C'est aussi la liberté, la part sauvage qui est en nous, le plaisir des petits riens, retrouver ses sens. Laisser parler son coeur, l'écouter et peut-être même le laisser pleurer mais pour le laisser à nouveau battre, crier, hurler, vibrer. Et aimer. Trouver un nouveau souffle, de nouvelles envies. Partir pour enfin vivre. Partir pour apprivoiser ses fantômes. Les vivants et les morts. Partir pour renaître. Et goûter à l'essentiel. Un plaisir qui ressemble pas mal à celui que j'ai eu en me plongeant littéralement dans ce roman, comme dans un petit cocon, protecteur et régénérant.
Je ne connaissais pas Anne Percin avant de lire ce roman. Et je remercie cette amie Babelio qui -pour un contexte particulier- m'a conseillée un autre roman de cette auteure (‘'Les singuliers'' que je n'ai malheureusement pas trouvé à ma Médiathèque). Par ce petit billet, comme un passage de témoin, j'espère transmettre à mon tour peut-être l'envie de découvrir cette auteure à la plume tendre et délicate. Un plaisir simple, tranquille, sans fioritures. Un petit moment qui fait du bien.

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Après la lecture de son bouleversant roman" le premier été ", j'avais envie de poursuivre ma découverte d'Anne Percin, connue surtout pour ses oeuvres de littérature jeunesse. Et je me suis tournée vers ce livre, suite au ressenti très inspiré de Latina, merci à elle!

J'ai tout de suite aimé le narrateur, Pierre, sensible, écorché, perdu ,mais plein de ressources cachées, qui ne demandent qu'à s'exprimer. A vingt huit ans, il n'arrive pas à se détacher de ses fantômes, dont je ne parlerai pas, car ce serait déflorer l'histoire. Il l'explique très bien lui-même:" Quand j'aurai dégagé ma route des ombres qui s'y étalent, j'y verrai mieux."

Alors, il quitte Paris et , non sans chagrin,son amour,R, un photographe, pour venir s'isoler dans un coin perdu de la Sarthe, où il exerce le métier de brocanteur.

La solitude, mais aussi les rencontres, l'affection envers les animaux qu'il recueille, le manque cruel de R , vont finalement peut-être l'aider à se trouver, à accepter les ombres qui le cernent et l'empêchent de vivre vraiment.

La dernière partie surtout m'a fort émue, l'auteure a vraiment l'art d'exprimer avec des mots simples et justes, poétiques, la détresse de son personnage, en qui on se reconnaît d'une manière ou d'une autre.

Quel plaisir, cette lecture, quel bonheur, et il n'était pas fantôme, celui-là !

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Je ne sais pas pourquoi j’ai mis si longtemps à lire ce livre.
Il n’est pas spécialement gros, 220 pages.
Peut-être que ce portrait d’homme se lit avec lenteur, avec délicatesse.
Pierre 28 ans, quitte Paris pour la Sarthe où il devient brocanteur et achète une maison. Il est solitaire, malheureux, repense tellement à R R. qui lui manque, tant.
J’ai trouvé tout cela doux, touchant, attendrissant.
L’écriture est belle, cette description psychologique parvient bien à ses fins, faire un portrait pudique mais provocateur et drôle à la fois, d’un jeune homme hanté par ses fantômes.
Une semaine agréable passée en compagnie de Pierre.
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Citations et extraits (77) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis toujours promis de ne pas juger les autres – en particulier, cet autre-là – à leurs actes. Ce qui rend une personne digne d'amour, ce n'est pas la somme de ce qu'elle a fait. Seule la justice s'intéresse aux actions : la morale, disait Schopenhauer, ne s'intéresse qu'aux intentions. L'amour aussi. On doit juger ceux qu'on aime sur leurs convictions, leurs ambitions, leurs désirs, leurs aspirations, les qualités qu'ils se prêtent, les défauts qu'ils se reconnaissent, les sentiments qu'ils n'avouent pas et dont il ne faudra jamais attendre de preuve. Et comme tout cela est inconnaissable, il est préférable de ne pas les juger du tout. Prendre les autres tels qu'ils se donnent. Les aimer pour ce qu'ils ne sont peut-être pas, mais qu'ils voudraient être. Les aimer sans preuve, parce qu'on a trop besoin d'eux. Les aimer dans l'absolu.
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Le bonheur, même quand il vous est donné d'un coup, il faut se retenir d'en jouir trop vite, il faut en faire de petites provisions pour les jours d'après.
Car viennent ensuite des jours entiers, tout noirs.
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Ce qu'on laisse derrière soi ne meurt pas. Un lieu ne cesse pas d'exister parce qu'on n'y vit plus: cette idée a quelque chose de rassurant.
Il en va de même pour quelqu'un qu'on a quitté: on ne le tue pas pour autant. On cesse seulement de vivre dans la crainte de sa disparition. On troque la peur de perdre contre l'espoir du retour.
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Comme tous ceux qui ont perdu un proche, je sais qu'on est toujours infidèle à la mémoire des morts. On lutte, mais le temps grignote des bouts de souvenirs. On voudrait conserver l'idée de l'autre, se souvenir de ce qu'il était, garder intacts au moins son esprit, son caractère, sa voix ; on ne garde que le sentiment.
Notre propre sentiment...
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Qu'on fasse cent mètres ou qu'on en fasse trois millions, partir c'est avancer, bouger, vivre. Je n'aime pas le voyage, j'aime le départ. Pas besoin d'exotisme. C'est le premier pas qui coûte. Partir, ce n'est pas mourir un peu. Partir, c'est vivre.
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Videos de Anne Percin (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne Percin
Bande annonce du téléfilm réalisé par Yann Samuell, avec Emilie Dequenne, Lorette Nyssen et Jérôme Robart d'après le roman d'Anne Percin.
Diffusion sur France 2, mecredi 13 février 2019 à 21 h
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