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EAN : 9782812606991
392 pages
Editions du Rouergue (20/08/2014)
4.16/5   147 notes
Résumé :
Dans les années 1888-90, un jeune peintre belge, Hugo Boch, en rupture avec ses origines bourgeoises, s'installe à Pont-Aven et y fait la rencontre de nombreux artistes, dont Gauguin. Ce dernier l'introduit dans l'avant-garde, dont Van Gogh est le maître scandaleux.

Mêlant  des personnages historiques et fictifs, ce roman épistolaire nous plonge de façon très vivante dans l'époque, par le biais de nombreux destins d'artistes. En sus, c'est une remarq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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C'est à Pont-Aven, petite localité finistérienne aux nombreux moulins à eau, que Paul Gauguin et quelques amis en rupture avec l'impressionnisme jetèrent les bases du synthétisme.
Les Singuliers”, publié par Anne Percin en 2014, est un roman épistolaire permettant de s'immerger pendant un peu plus de deux ans, à partir de l'été 1888, au coeur de cette atmosphère pontaveniste si propice à la création artistique, de découvrir ces frondeurs avant-gardistes qui aimaient tant s'appeler “les Nabis”, de comprendre leur manière si particulière et si absolue d'être peintres.

Si les faits relatés par l'auteure sont réels, les trois personnages qui en parlent sont fictifs. le lecteur l'oublie néanmoins très vite tant leurs écrits regorgent d'anecdotes, de faits divers, de petits potins se rapportant aux dernières années de ce siècle finissant.
Hugo Boch, peintre peu inspiré et attiré par la photographie aux progrès fulgurants, a quitté la capitale pour un séjour d'une durée indéterminée à Pont-Aven. Il entretient une correspondance soutenue avec sa cousine Hazel restée à Paris suivre les cours de peinture de l'Académie Julian. Cette dernière, personne délicieuse et spontanée, est au courant des moindres ragots du microcosme artistique et contribue grandement au rythme enjoué du récit.
Pour les besoins du roman, Hugo et Hazel sont cousins germains des peintres Anna et Eugène Boch appartenant à l'une des familles les plus fortunée de Belgique et propriétaire notamment des célèbres faïenceries de la Louvière. Anna, membre actif du cercle artistique d'avant-garde ”Les XX” à Bruxelles, s'intéresse aux travaux d'un certain Vincent van Gogh.
Le troisième personnage sorti de l'imagination d'Anne Percin, Tobias, est tombé lui aussi très jeune dans la marmite picturale. Il connaît mieux que quiconque le caractère émotif et l'esprit tourmenté de son ami Hugo et correspond régulièrement avec lui de Bruxelles où sa santé fragile le retient.
Paul Gauguin, Emile et Madeleine Bernard, Paul Sérusier, Charles Filiger, Jacob Meyer de Haan à Pont-Aven, Vincent et Theo van Gogh à Paris, Anna et Eugène Boch à Bruxelles, sont les artistes autour desquels gravite le roman “Les Singuliers”.

Fruit d'un travail de recherche à l'évidence passionné, cette oeuvre d'Anne Percin fleure bon l'authenticité. C'est un vibrant hommage rendu par l'auteure à ces jeunes artistes quelque peu déjantés qui voulaient faire voir le monde autrement qu'à travers le prisme de l'esthétique !




http://adobe.ly/2dm4rUQ
(Lien permettant d'apercevoir la façade de la pension Gloanec où étaient hébergés les peintres et où fut fondée en 1888 l'École de Pont-Aven ).

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Pont-Aven, petit village du Finistère. En cette année 1888, la pension Gloanec voit débarquer de Paris le jeune Hugo Boch, d'origine bruxelloise, laissant derrière lui sa famille qui tente de lui imposer une place dans la succession de l'entreprise, sa cousine, Hazel, installée à Paris et les Beaux-Arts. Avec lui, son chevalet, ses pinceaux et son appareil photographique. Dans ce petit village de peintre, il fait la connaissance d'un certain Paul Gauguin et de Charles Laval et Emile Bernard et de la peinture en plein air. Mais alors qu'il tente lui aussi de prendre ses pinceaux, rien ne lui vient. Aucune idée et aucun projet de toile. Qu'importe. Il fera de la photographie, ce nouvel art qui n'en est qu'à ses débuts. N'en déplaise à ses parents qui, jusque là, l'ont toujours soutenu. De son petit village, il entretient une relation épistolaire avec sa cousine qui lui donne des nouvelles de Paris et de son meilleur ami, Tobias, resté en Belgique... 

Quel plaisir d'assister à la construction de la Tour Eiffel, de pouvoir lire les premiers écrits de Maupassant ou encore de déambuler au Salon des Vingt ou dans ces galeries où exposent Seurat, Gauguin, Picasso ou bien encore Van Gogh! On ne peut que saluer tout le travail qui se cache derrière ce roman épistolaire tant Anne Percin mêle habilement et intelligemment la fiction et la réalité. Le récit n'en est que plus passionnant et l'auteur dépeint avec justesse l'Histoire, des débuts de Van Gogh à sa dispute avec Gauguin en passant par les chamailleries entre Naturalistes, Impressionnistes, Pointillistes... L'on comprend, notamment en la personne d'Hugo ou de Van Gogh, quelle place importante occupe l'Art et combien l'on peut en souffrir. Ce roman surprenant mais ô combien singulier regorge de couleurs et Anne Percin manie le pinceau brillamment.

Les singuliers... un bien joli tableau !
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Et c'est ici que je me sens toute petite...
Si petite devant ce raz-de-marée émotionnel que j'ai ressenti face à l'univers créé par Anne Percin.
Ce n'est pas un univers totalement imaginaire, pourtant, puisqu'elle nous plonge pour quelques années, fin du 19e siècle, à Pont-Aven.

Pont-Aven ? Cet endroit mythique d'où sont sortis les plus grands noms de la peinture, du moins ceux que je préfère, à commencer par Gauguin. Gauguin et sa relation houleuse avec Van Gogh, le grand Absent de ce roman, du moins en chair et en os. de lui, on en parle presqu'à chaque page, mais jamais il n'interviendra dans l'histoire...sauf à sa mort, tragique.
Tous les Post-Impressionnistes s'engouffrent dans la brèche de Pont-Aven, se mêlent, aiment, se disputent, peignent à tout-va, exposent ou n'arrivent pas à exposer, et sont furieusement vivants.

Et c'est ici que je me sens un peu plus grande...
Car Hugo Boch, un jeune peintre qui finira par se découvrir photographe, m'emmène par le biais de ses lettres dans sa vie très humaine. C'est lui le personnage principal, le « héros ». C'est lui, personnage imaginaire, qui côtoie tous ceux dont on connait le nom. C'est lui qui se livre par lettres à sa cousine Hazel et à son ami de toujours, Tobias. Ces trois personnages inventés par Anne Percin m'ont aidée à vivre avec le monde des génies, le temps d'une lecture.
Le croisement de ces destins, qu'ils soient humbles ou magnifique, fait de ce roman une oeuvre éblouissante, pleine de subtilités, pleine de singularité.

« Je suis juste de plus en plus, de mieux en mieux si l'on préfère, singulier. Et singulier, cela veut dire seul, aussi... » : Hugo chemine, se cherche, s'approfondit. Il apprivoise la Mort. Il creuse en lui pour trouver le « dragon vert ». le voisinage des peintres, ces Singuliers, le secoue. Et son ami Tobias le ténébreux lui est en quelque sorte un guide vers une descente aux enfers, nécessaire.
Hazel, elle, apporte une brassée de fraicheur. Que j'ai aimé la suivre dans ses pérégrinations à travers Paris, de la tour Eiffel qu'on est en train de construire, jusqu'à Montmartre et la création des cabarets fameux ! Ses démêlés avec la société machiste, même dans l'art, surtout dans l'art, ses élans affectueux vers son cousin, ses peintures de nus masculins (dont un est un peu trop « émotif », hem), tout cela m'a emportée.

« Ce qu'on reproche souvent aux artistes, c'est de se prendre trop au sérieux. Mais en disant cela, on oublie que tout art est tragique. Seul le pratique avec légèreté celui qui n'est pas un artiste ».
Le tragique, le sérieux, oui, il y a beaucoup de ça dans ce roman. Mais jamais au point de se fracasser la tête au mur : Anne Percin a insufflé un tel souffle de vie, un tel murmure de tendresse qu'on ne peut que suivre avec bonheur son histoire mi-vraie, mi-arrangée des petits et des Grands, tous Singuliers.

Et c'est ici que je me sens immense, pleine d'exaltation à la lecture de ce roman...Singulier. Inoubliable !
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Quel agréable moment passé auprès de Gauguin, Emile Bernard, Sérusier, Van Gogh, Toulouse-Lautrec et les autres … mais aussi auprès de Hugo Bosch (personnage fictif). C'est un véritable voyage à Pont Aven et au coeur de la peinture du XIXème siècle que Anne Percin nous invite.
Hugo, Harzel sa cousine et Tobias son ami sont les seuls personnages fictifs du roman. Ils permettent à travers leurs échanges épistolaires de nous faire comprendre l'ambiance et les relations qui existaient entre ces peintres du XIX siècle. On est au coeur des querelles entre les différents courants, l'impressionnisme, le naturalisme, symbolisme, synthétisme, pointillisme et l'on en apprend sur la personnalité de ces peintres.
Anne Percin nous permet également de participer à la construction de la tour Eiffel, à l'inauguration de l'exposition universelle et n'oublie pas la littérature en faisant intervenir, même furtivement, Gide et Maupassant.
Je me suis vraiment régalée en lisant ce roman qui est aussi bien récréatif qu'instructif. de plus, la plume d'Anne Percin est vraiment très agréable et nous quittons à grand regret Pont Aven et cette ambiance artistique et créative.
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Les singuliers est un roman épistolaire où s'entrecroisent la correspondance de trois jeunes peintres de la fin du XIX° siécle entre Paris et Bruxelles.
Hugo Boch, fils d'un riche industriel , élève aux beaux- arts de Paris, lassé par la peinture académique, se rend, en 1888, à Pont-Aven, un petit bourg breton où se retrouvent à l'époque
toute une pléiade d'artistes à la recherche de nouvelles esthétiques figuratives.
Il correspond avec sa cousine Hazel qui suit elle-même des cours de peinture à l'académie Julian, car, à l'époque, l'école des beaux - arts était interdite aux femmes..
Un autre correspondant, son ami Tobias, lui aussi jeune peintre , vit à Bruxelles.
Hugo fait part de ses différentes rencontres artistiques et plus particulièrement de celle d'un certain Paul Gauguin aux idées plutôt radicales et novatrices, un autodidacte à la grande gueule qui croit en son génie.........
Tous veulent peindre autrement, vivre et voir autrement, en rupture avec la société bourgeoise et l'académisme parisien .
En cette fin de siécle, un vent nouveau se léve, dans les arts, les techniques et les moeurs.......
Tous ces jeunes gens sont drôles, émouvants et audacieux , parfois sauvages ........
Le roman épistolaire d'Anne Percin est une petite merveille bouillonnant d'idées, vivant ,frais enchanteur.......
On ne s'ennuie pas une seconde.

Les trois correspondants , qui ont chacun leur style et leur personnalité sont particulièrement attachants.
À travers leur correspondance, l'auteur dépeint avec grâce et un gros travail de recherche toute une période de l'histoire de l'art, évoquée de façon très simple, sans didactisme .......
Les difficultés matérielles des peintres, les salons parisiens, l'exposition universelle, la construction de la Tour Eiffel, la naissance de la photographie sont amenés de façon naturelle au fil des lettres échangées.
Par ailleurs, le roman présente le foisonnement des écoles de peinture, naturalistes, pointillistes, impressionnistes et nabis, qui marquent à la fois l'apogée de l'art figuratif et son déclin avec la naissance de la photographie .........
Un trés riche tableau qui croque sur le vif d'une maniére vivante et harmonieuse l'esprit de ce temps- là !
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
14 novembre 2016
Il faut lire ce livre effervescent et magnifique auquel la forme épistolaire apporte une vérité et une intensité particulièrement attachantes.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (91) Voir plus Ajouter une citation
Je suis assis sur un rocher, face à la plage des Grands-Sables, j'ai le soleil dans les yeux, et le blanc du papier me fait mal. La mer est loin devant, c'est marée basse. Elle charrie ses rouleaux d'écume et de galets dans un bruit assourdissant de machine. Ce qu'ils appellent ici les Grands Sables mérite à peine le nom de plage, c'est une vulgaire petite crique qui ferait rire la "Reine des plages" - si toutefois Ostende pouvait rire. On y reste tapi au creux d'un rocher, à l'abri du vent, pris dans un ventre de granit. De là, on aperçoit l'île de Groix. On peut rêver de voyages lointains et ne jamais partir, bien au chaud dans la pierre. Devenir calvaire, totem, pierre levée "homme debout" pourtant assis, immuable depuis des millénaires : un "menhir" dit-on ici.
Parfois, je me dis que ces pierres sont ce qui reste des hommes qui n'ont pas bougé. Ceux qui ne sont jamais partis...
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Il a raison, ton Gauguin : il faut s’habituer à l’idée de n’être pas aimé. C’est la deuxième tâche la plus difficile d’un artiste, la première étant d’être absolument soi-même. Supporter la moquerie, la raillerie, le refus de tout ce que l’on est, de tout ce en quoi l’on tient, se voir imposer le silence et ne pas pouvoir riposter : voilà la grande, l’insupportable, la nécessaire mission d’une vie. Je ne parle pas seulement de la vie d’artiste. Voilà pourquoi l’amour et l’amitié sont des miracles : parce qu’il ne faut jamais s’y attendre ni croire qu’on les mérite.
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On dirait qu'il manque quelque chose: une place, quelque part, pour exister. On se débat pour se tenir la tête émergée, on ne voit pas plus loin que le bout de son nez et toutes les places sûres sont prises. La solution est peut-être d'aller droit devant soi, sans se soucier de rien.
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C’est justement parce que la solitude est la meilleure alliée de l’artiste que l’amitié doit lui être si précieuse. Moi-même qui redoute tant le monde, je trouve que mes amis me font vivre davantage. Non pas plus longtemps, bien évidemment, mais plus largement. Ils donnent de l’épaisseur à la vie.
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Faire n'est pas important, je crois. L'important, c'est d'être, dans sa vie, dans son corps. Il faut habiter. Observer, respirer. Regarder. De là, peut-être un jour, produire quelque chose.
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Videos de Anne Percin (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne Percin
Bande annonce du téléfilm réalisé par Yann Samuell, avec Emilie Dequenne, Lorette Nyssen et Jérôme Robart d'après le roman d'Anne Percin.
Diffusion sur France 2, mecredi 13 février 2019 à 21 h
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