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Citations sur Un homme qui dort (114)

Nulle malédiction ne pèse sur tes épaules. Tu es un monstre, peut-être, mais pas un monstre des Enfers. Tu n'as pas besoin de te tordre, de hurler. Nulle épreuve ne t'attend, nul rocher de Sisyphe, nulle coupe ne te sera tendue pour t'être aussitôt refusée, nul corbeau n'en veut à tes globes oculaires, nul vautour ne s'est vu infliger l'indigeste pensum de venir te boulotter le foie, matin, midi et soir. Tu n'as pas à te traîner devant tes juges, criant grâce, implorant pitié. Nul ne te condamne et tu n'as pas commis de faute. Nul ne te regarde pour aussitôt se détourner de toi avec horreur.

Le temps, qui veille à tout, a donné la solution malgré toi.
Le temps, qui connaît la réponse, a continué de couler.

C'est un jour comme celui-ci, un peu plus tard, un peu plus tôt, que tout recommence, que tout commence, que tout continue.

Cesse de parler comme un homme qui rêve.
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Ne plus rien vouloir. Attendre, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à attendre. Traîner, dormir. Sortir de tout projet, de toute impatience. Être sans désir, sans dépit, sans révolte.
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Tu attends, tu espères. Les chiens se sont attachés à toi, et aussi les serveuses, les garçons de café, les ouvreuses, les caissières des cinémas, les marchands de journaux, les receveurs d'autobus, les invalides qui veillent sur les salles désertées des musées. Tu peux parler sans crainte, ils te répondront chaque fois d'une voix égale. Leurs visages maintenant te sont familiers. Ils t'identifient, ils te reconnaissent. Ils ne savent pas que ces simples saluts, ces seuls sourires, ces signes de tête indifférents sont tout ce qui chaque jour te sauve, toi qui, toute la journée, les a attendus, comme s'ils étaient la récompense d'un fait glorieux dont tu ne pourrais parler, mais qu'ils devineraient presque.[...]

Non. Tu n'es plus le maître anonyme du monde, celui sur qui l'histoire n'avait pas de prise, celui qui ne sentait pas la pluie tomber, qui ne voyais pas la nuit venir. Tu n'es plus l'inaccessible, le limpide, le transparent. Tu as peur, tu attends. Tu attends, place Clichy, que la pluie cesse de tomber.
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Dès que tu fermes les yeux, l'aventure du sommeil commence.


Quelle merveilleuse invention que l'homme! Il peut souffler dans ses mains pour les réchauffer et souffler sur sa soupe pour la refroidir.

L'indifférence ne t'as pas rendu différent.
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Jadis, à New York, à quelques centaines de mètres des brisants où viennent battre les dernières vagues de l'Atlantique, un homme s'est laissé mourir. Il était scribe chez un homme de loi. Caché derrière un paravent, il restait assis à son pupitre et n'en bougeait jamais. Il se nourrissait de biscuits au gingembre. Il regardait par la fenêtre un mur de briques noircies qu'il aurait presque pu toucher de la main. Il était inutile de lui demander quoi que ce soit, relire un texte ou aller à la poste. Les menaces ni les prières n'avaient de prise sur lui. A la fin, il devint presque aveugle. On dut le chasser. Il s'installa dans les escaliers de l'immeuble. On le fit enfermer, mais il s'assit dans la cour de la prison et refusa de se nourrir.
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Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s’apprend pas : la solitude, l’indifférence, la patience, le silence.
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L'indifférence dissout le langage, brouille les signes.

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En face du monde, l'indifférent n'est ni ignorant ni hostile. Ton propos n'est pas de redécouvrir les saines joies de l'analphabétisme, mais, lisant, de n'accorder aucun privilège à tes lectures. Ton propos n'est pas d'aller tout nu, mais d'être vêtu sans que cela implique nécessairement recherche ou abandon ; ton propos n'est pas de te laisser mourir de faim, mais seulement de te nourrir.
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Marché incessante, inlassable. Tu marches comme un homme qui porterait d'invisibles valises, tu marches comme un homme qui suivrait son ombre. Marche d'aveugle, de somnambule, tu avances d'un pas mécanique, interminablement jusqu'à oublier que tu marches
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Ceci est ta vie. Ceci est à toi. Tu peux faire l’exact inventaire de ta maigre fortune, le bilan précis de ton premier quart de siècle. Tu as vingt-cinq ans et vingt-neuf dents, trois chemises et huit chaussettes, quelques livres que tu ne lis plus, quelques disques que tu n’écoutes plus. Tu n’as pas envie de te souvenir d’autre chose, ni de ta famille, ni de tes études, ni de tes amours, ni de tes amis, ni de tes vacances, ni de tes projets. Tu as voyagé et tu n’as rien rapporté de tes voyages. Tu es assis et tu ne veux qu’attendre, attendre seulement jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à attendre : que vienne la nuit, que sonnent les heures, que les jours s’en aillent, que les souvenirs s’estompent.
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