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Critique de Zebra


Zebra
19 septembre 2013
« le Capitaine Alatriste » (El capitán Alatriste, 1996) est le premier roman de cape et d'épée d'Arturo Pérez-Reverte, auteur espagnol maintenant bien connu, tant pour ses récits d'aventures que pour sa peinture précise et vivante de l'Espagne du XVIIe siècle, cette « Espagne des Autrichiens ».

Dans « le Capitaine Alatriste », le lecteur est propulsé dans l'Espagne des années 1620. Diego Alatriste y Tenorio, un ancien sergent s'étant vaillamment battu en Flandre où il a gagné le surnom de Capitaine Alatriste, gagne sa vie comme spadassin, se louant quatre maravédis la journée (page 11). Redoutable et courageux bretteur, doté d'un certain sens de l'honneur, Diego Alatriste reçoit l'ordre de liquider deux voyageurs anglais de passage à Madrid. Diego devrait exécuter cet ordre mais lorsque l'un des anglais (page 89) lui demande grâce pour son compagnon, Diego ne peut se résoudre à les passer par le fil de l'épée, et c'est là que ses ennuis commencent. Évitant les pièges, ferraillant à qui mieux mieux, frôlant mille fois la mort, Diego Alatriste nous mène de rebondissements en rebondissements jusqu'au dénouement qui met fin à une intrigue dont le suspense va en grandissant.

Cette histoire nous est contée par le page de Diego : Íñigo Balboa, douze ans, connaît bien le Capitaine Alatriste car c'est lui qui l'a recueilli quand son père a été tué d'un coup d'arquebuse alors qu'il combattait aux côtés de Diego, sur les remparts de Jülich. Dans « le Capitaine Alatriste », les personnages ne manquent pas : outre Diego et Íñigo, vous trouverez Philippe IV d'Espagne, son premier ministre Olivares, Vélasquez, le poète Lope de Vega, Don Francisco de Quevedo, le futur duc de Buckingham, le futur Charles Ier d'Angleterre, la belle Caridad la Lebrijana, le sulfureux Emilio Bocanegra, Angélica d'Alquézar, jolie fillette aux yeux bleus, le redoutable Gualterio Malatesta, et quelques autres, secondaires. L'action emporte le lecteur de combats en combats, de rues en tavernes, de places en passages, de portes en portes et d'église en église : cette agitation donnant soif, nos héros se servent de temps en temps « une bonne pinte de Valdeiglesias » ou écoutent, assis sur une chaise, quelques vers récités par Don Francisco. Dans cet ouvrage, les espagnols sont dépeints comme autant d'êtres fougueux, prêts à se battre et à mourir à tous propos et pour toutes causes, réelles ou imaginaires, futiles ou importantes. Mais au-delà du cliquetis des épées qui s'entrechoquent, au-delà des bottes secrètes et assassines, c'est un fascinant voyage dans le temps qui attend le lecteur, un voyage agrémenté du style truculent d'Arturo Pérez-Reverte, lequel -avec talent- nous restitue l'ambiance d'une Espagne à la fois magnifique et misérable, où acteurs, poètes, nobles, courtisans, moines, spadassins, hidalgos, dames de palais, vieux Tiers, escrocs, putains et conspirateurs abondaient.

Celles et ceux que les estocades et que l'Histoire (avec un grand H) ne passionnent pas beaucoup auront du mal à accrocher à cet ouvrage, mais ils pourront être séduits par la diversité des personnages, le réalisme et le pittoresque des descriptions minutieuses de ce Siècle d'Or, la richesse de vocabulaire et la poésie. Bref, une lecture facile, une belle leçon d'histoire, une aventure digne des Trois Mousquetaires, une intrigue plaisante, de l'action et des tensions, des dialogues pétillants, un mercenaire au grand coeur, du vocabulaire désuet : que demander de plus ? Je recommande. Ah, un conseil : si ce soir, en vous faufilant dans une ruelle sombre, vous entendiez un sifflotement, « comme une espèce de tiruli-ta-ta », soyez sur vos gardes !
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