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EAN : 9782010090776
256 pages
Hachette (30/11/-1)
4.19/5   16 notes
Résumé :
Le Moyen Age, ère de ténèbres : telle est l'image que l'on garde généralement de ses études. Long,. temps les bâtisseurs de cathédrales ont été pré sentés comme des barbares et les auditeurs de saint Thomas d'Aquin comme des naïfs.
'C'est contre ces jugements préfabriqués que se dresse Régine Pernoud. Elle révèle le Moyen Age dans 'sa "lumière" et nous invite à la découverte fabuleuse d'un temps encore mal connu où se mêlent le profane et le sacré, où se déve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le Moyen-Âge fut-il une période sombre, barbare et misérable de l'Histoire ou quelque chose d'autre et de nettement moins ténébreux ? L'historienne Régine Pernoud est revenue aux sources, s'en est tenue aux textes authentiques sans s'arrêter aux interprétations et aux approximations de certains de ses confrères plus soucieux d'idéologie que de vérité historique. Les « privilèges » de la société médiévale ne sont pas tout à fait ce qu'on imagine. Beaucoup pour ne pas dire presque tout le monde en bénéficie d'une manière ou d'une autre. La société n'est pas divisée en trois classes (noblesse, clergé, tiers-état), mais en beaucoup plus. Elle est en constante évolution et non pas figée comme aux XVIIè ou au XVIIIè. Tout repose sur la famille et non sur l'individu (paterfamilias) comme dans l'antiquité. La royauté elle-même se fonde sur une famille et une lignée, préférée, car la plus vaillante, la plus courageuse et la plus valeureuse. La famille coutumière formait des pionniers et des hommes d'affaires et la famille de droit romain des fonctionnaires et des militaires. le droit coutumier, adapté au monde agricole, avait remplacé le droit romain plus favorable au monde urbain. La révolution française puis le code Napoléon firent rebasculer de l'un dans l'autre. Ainsi, le « manant », (celui qui reste, qui maintient l'exploitation agricole) devint le « citoyen » (l'habitant de la cité). le principe médiéval fondamental était basé sur la fidélité et la protection et non sur l'argent, le salariat et l'état central qui décide de tout. Au Moyen-Âge, tout dépendait des familles, des clans et à tous les niveaux. de vassal à suzerain, d'échelon en échelon, on arrivait ainsi jusqu'au monarque qui ne disposait que d'un pouvoir limité, car lui-même dépendait de ses féodaux.
« Lumière du Moyen-Âge » est un essai historique de première importance dans la mesure où il apporte un éclairage nouveau sur un chapitre injustement décrié de notre histoire. le lecteur apprendra quantité de choses sur la société médiévale. Ainsi, quand on parle du serf « attaché » à la terre, on s'imagine une sorte d'esclave misérable, alors que la réalité est un brin différente. C'est un paysan à qui un seigneur a alloué une terre à cultiver en échange d'une part de la récolte. L'important, c'est que cette terre ne peut pas lui être reprise et même pas à sa famille s'il meurt. Une sorte d'assurance familiale contre le chômage. de même, on a raconté que les rues des villes n'étaient que des cloaques où les pauvres pataugeaient dans les excréments alors que les riches tenaient le haut du pavé (parties surélevées au-dessus d'une rigole centrale). Image fausse. Dans la plupart des grandes villes, les rues étaient pavées et dotées d'égouts très semblables aux nôtres. On a dit aussi que les gens mouraient de faim, car ils ne trouvaient à manger que des « herbes et des racines ». Au Moyen-Âge, on appelait « herbes » tous les légumes dont on mangeait la partie hors sol (salades, choux, bettes, etc.) et « racines » tous ceux dont on mangeait la partie souterraine, (raves, navets, betteraves, carottes). Les gens mangeaient des légumes et des fruits (ils avaient déjà accès aux oranges, citrons, figues, abricots et amandes venus d'Orient), mais aussi beaucoup de viandes de toutes sortes. On a dit aussi que les gens travaillaient de 9 heures par jour (en hiver) à plus de 15 heures (en été), donc comme des forçats, sans préciser que grâce aux nombreuses fêtes religieuses et patronales, ils disposaient de 80 jours totalement fériés plus 70 jours de chômage partiel soit environ trois mois de vacances par an. Cet ouvrage majeur représente un très beau travail de réhabilitation tout à fait passionnant et mené avec style et brio. Un livre essentiel pour en finir avec certaines falsifications.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Je sais que Régine Pernoud est une grande spécialiste de ces siècles obscurs qui ont précédé la Renaissance et découvrir son approche dans son essai : "Lumière du Moyen Age" a été un véritable plaisir et un enrichissement personnel.
J'ai apprécié tout particulièrement son chapitre destiné aux Lettres où elle dit elle-même que "malgré le grand nombre de travaux modernes consacrés à la littérature médiévale, nous ne sommes pas encore parvenus à nous en faire une idée juste, et à l'apprécier comme elle le mériterait. Elle reste une curiosité d'érudit, ou, ce qui est plus dangereux, sert de prétexte à des évocations assez artificielles".
Heureusement Régine Pernoud est là qui, avec beaucoup de citations et de références historiques, nous fait aimer "ces temps qu'on appelle obscurs" (une citation de Miguel de Unamuno).
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La vie quotidienne portait la marque d'une civilisation plus raffinée : l'hygiène était plus développée qu'au XVIIe siècle. La hiérarchie sociale reposait essentiellement sur des liens familiaux et il était beaucoup plus facile d'approcher Saint Louis que Louis XIV. Si les hommes avaient généralement l'autorité dans la famille, les femmes avaient des droits qu'elles n'avaient pas dans la société romaine et qu'elles ont reperdus dès le XVIe siècle.
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Une autre vision du Moyen-Age.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Je dis que Droit est mort, et Loyauté éteinte
Quand le bon roi est mort, la créature sainte
Qui chacune et chacun faisait droit à sa plainte...
À qui se pourront mais les pauvres gens clamer
Quand le bon roi est mort qui les sut tant aimer ?

In Les Regrets de la mort de saint Louis
Lumière du Moyen-Âge, Régine Pernoud, p. 76
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"La première de ces mesures a été la Paix de Dieu, instaurée dès la fin du Xe siècle : c'est aussi la première distinction qui ai été faite, dans l'histoire du monde, entre le faible et le fort, entre les guerriers et les populations civiles. Dès la date de 1023, l'évêque de Beauvais fait jurer au roi Robert le Pieux le serment de la Paix. Défense est faite de maltraiter les femmes, les enfants, les paysans et les clercs; les maison des cultivateurs sont, comme les églises, déclarées inviolables. On réserve la guerre à ceux qui sont équipés pour se battre. Telle est l'origine de la distinction moderne entre objectifs militaires et monuments civils - notion totalement ignorée du monde païen. L'interdiction n'a pas toujours été respectée, mais celui qui la transgressait savait qu'il s'exposait à des sanctions redoutables, temporelles et spirituelles."
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Ce sens de la nature eet de son perpétuel miracle, ces élans d'amour au renouveau du printemps dans les branches, à la fraîcheur des rosées matinales, à la splendeur du couchant, animent toutes nos lettres médiévales du grand souffle de la vie :

Le nouveau temps et mai et violette
Et rossignol me semont de chanter

Nature aimable et toujours surprenante, fleurs sauvages que tressa Nicolette, branche de "chièvrefeuil" dont Tristan traduisit son amour, bosquets de verdure où vint se retraire l'amant désespéré de la Belle Dame sans Merci, - ces champs, ces jardins, ces rivières que peignirent exquisement les enlumineurs, n'ont pas été moins goûtés par les conteurs et les poètes. Un mot leur suffit pour évoquer les campagnes, les saisons, l'ombre de l'olivier, l'herbe tendre "qui verdit quand le temps meuille".

Et la mauvis qui commence à tentir
Et le doux son du ruissel sur gravelle.

Leur vision est directe, une simple touche, mais toujours évocatrice, même La Fontaine ne paraît pas avoir eu plus heureuses trouvailles que nos ancêtres du Moyen Age, passionnés de verdure et de grand air.
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"Du futur chevalier, on exige des qualités précises, que traduit le symbolisme des cérémonies au cours desquelles on lui décerne son titre. Il doit être pieux, dévoué à l’Église, respectueux de ses lois : son initiation débute par une nuit entière passée en prières, devant l'autel sur lequel est déposée l'épée qu'il ceindra. C'est la veillée d'armes, après laquelle, en signe de pureté, il prend un bain, puis entend la messe et communie. On lui remet alors solennellement l'épée et les éperons, en lui rappelant les devoirs de sa charge : aider le pauvre et le faible, respecter la femme, se montrer preux et généreux; sa devise doit être "Vaillance et largesse". Viennent ensuite l'adoubement et la rude "colée", le coup de plat d'épée donné sur l'épaule : au nom de saint Michel et de saint Georges, il est fait chevalier."
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Si l'on ne prenait pas son bain tous les jours au Moyen Age, du moins les bains faisaient-ils partie de la vie courante ; la baignoire est une pièce du mobilier ; ce n'est parfois qu'un simple baquet. L'Abbaye romane de Cluny, datant du XIe siècle, ne comportait pas moins de douze salles de bains ; des cellules voûtées contenant autant de baignoires de bois. On aimait aller, en été, s'ébattre dans les rivières, et les Très riches heures du duc de Berry montrent des villageois et villageoises en train de se laver et nager par une belle journée d'août, dans le plus simple appareil, car l'on avait alors une tout autre idée de la pudeur que celle que l'on se fait de nos jours, et l'on se baignait nu, comme l'on dormait nu entre les draps.
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Introducing Régine Pernoud : her life and career.
>Histoire : généralités>Histoire générale du monde>De 500 à 1450. Histoire médiévale (40)
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