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EAN : 9782234059542
208 pages
Stock (18/08/2010)
3.49/5   40 notes
Résumé :
Il n’y a plus trace de rien, là-bas. On a déversé des tonnes de sable, vissé des balançoires, planté des arbres et décrété l’insouciance. Mais la mémoire complote. Les chemins serpentent. Le terrain fait des vagues. Le toboggan est habillé d’une tour qui ne guette plus rien. Sous le sable de ce square parisien, il y a la poussière et les secrets d’une prison de femmes. La Petite Roquette, détruite en 1973. Tout le monde a préféré l’oublier. Sauf Angèle. Nul ne lui a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai découvert avec grand plaisir l'univers de cette romancière. Son style me plait beaucoup, tout en retenue et en vibrations.

Les chagrins, ce sont ceux des voix qui murmurent leurs confidences difficiles, qui se torturent et s'aiment, même si elles n'arrivent pas à le dire...

Tout tourne autour d'Helena, rebelle et sauvage, passionnée, qui ira jusqu'au bout de son mirage amoureux, jusqu'à se faire emprisonner. A sa sortie de prison, elle ne saura pas accorder de la tendresse à sa fille, Angèle, élevée durant l'absence d'Helena par sa grand-mère, Mila, qui elle aussi fut une mère maladroite et peu affectueuse.

Les lettres ( celles de Mila à Helena sont fort touchantes) jalonnent le récit, ainsi que les pensées des uns et des autres. Il y a ces trois générations de femmes blessées et un journaliste qui s'était intéressé à l'histoire d'Helena et qui aidera Angèle dans ses recherches.

Ces touches successives dessinent la personnalité d'Helena, complexe et attachante. Elle restera cependant pour le lecteur un mystère.

Et Angèle, en manque terrible de parents, est émouvante dans son désarroi et ce vide affectif qui la ronge.

La fin laisse néanmoins présager une éclaircie, un espoir, illuminant l'ombre de ces lourds chagrins...

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Prison La Roquette, Paris 1967.
Helena vient de mettre au monde une petite fille prénommée Angèle.
Très vite, la petite est élevée par sa grand-mère Mila. Entre elles deux, toute la tendresse du monde s'installe. Elles s'aiment, se protègent l'une l'autre.
Parfois, il faut aller en prison visiter la mère. Le contact est rude. L'amour n'habite pas la prison et la mère est silencieuse, ses yeux sont lointains et froids. La petite a peur.

Du chagrin, il y en a dans ces pages. Il y en a même plusieurs. Il y a d'abord celui, incommensurable d'Helena la silencieuse, condamnée à cinq ans d'emprisonnement suite à un braquage dans une bijouterie. Elle en assume seule la responsabilité et son amant et complice a pris la fuite.
Celui de Mila aussi. Elle n'a pas eu la vie rêvée qu'elle souhaitait et le malheur de sa fille la touche profondément.
Il y a encore celui d'Angèle, obligée de partager le quotidien d'une mère sans avenir, sans joie, bloquée sur une époque révolue.
Et puis, il y a aussi les chagrins des hommes, le journaliste Valbon et le père d'Angèle.

Tous ces chagrins se côtoient mais jamais ne se mêlent. Chacun se retrouve seul face à sa vie, essayant tant bien que mal de se construire avec le manque et l'absence, affectant d'oublier le passé. Et la véritable identité d'Helena nous sera révélée petit à petit par les mots des autres.

C'est beau, touchant, parfois bouleversant et bizarrement calme et apaisant. L'écriture est magnifique, certaines pages sont sublimes. La prison de la rue Roquette a disparu depuis longtemps mais ce roman nous laisse son empreinte.
Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Comment réagit-on, lorsqu' à la mort de sa mère, on apprend que l'on est née en prison. Elevée par Mila sa grand-mère la narratrice part sur les traces de sa mère Héléna Danec. Elle découvrira les raisons de son incarcération à la prison de la Roquette et l'origine de sa conception. Judith Perrignon raconte sans artifices, l'histoire de cette femme enfermée dans son silence par amour. Elle donne la parole aux différents protagonistes (excepté Héléna) brosse le portrait de femmes courageuses, attachantes, restant liées malgré les souffrances avec un dénouement poignant formidablement raconté. Un livre tendu, vibrant d'amour non-dit, extrèmement touchant. Champagne pour Perrignon (Don).
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Livre touchant sur les relations mère-fille.
Le choix de ce roman est une drôle d'histoire. J'ai eu la chance d'assister à un atelier de lecture à voix haute de Robin Renucci dont le principe est de choisir un livre à lire dans un grand sac où il y en a une trentaine environ. À la fin de cette rencontre je suis allée fouiller dans ce sac aux merveilles. J'ai découvert ce roman de Judith Perrignon que j'ai eu envie de lire, appréciant déjà cette auteure. Depuis il était sur ma PAL (pile à lire) et je l'ai choisi un peu au hasard le jour même où j'ai appris le décès d'un membre de ma famille. « Les chagrins ». Avec ce titre, je me suis rendue compte que ce livre était adapté à la situation. C'est d'autant plus vrai qu'il évoque la perte. Perte de la liberté pour Hélèna emprisonnée à la Petite-Roquette à Paris pour avoir braqué une bijouterie sans dénoncer son partenaire, amour de sa vie et père de sa fille qui naîtra en prison. Perte de l'amour qui s'est sauvé et du père pour la petite Angèle qui sera confiée à sa grand-mère Mila. Elle vivra ensuite à côté de sa mère à sa sortie de prison mais sans son amour. Pourtant, adulte, Angèle fera tout pour essayer de la comprendre et retrouvera son père, musicien de jazz aux États-Unis, à la mort d'Hélèna.
La première partie de ce premier roman de Judith Perrignon est particulièrement bien réussit. Il prend une forme épistolaire avec les lettres de Mila à sa fille, qui restent sans réponses. L'auteure montre aussi très bien la période sismique de la fin des années 60. Elle sait évoquer ces destins de femmes avec beaucoup de psychologie.
Et puis j'ai adoré la référence à Marguerite Duras qui avait demandé à la directrice de la prison de la Petite-Roquette si elle n'avait pas envie d'ouvrir la porte de temps en temps. C'était pour la télévision et sans fard.
Une lecture que je recommande.


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La Petite Roquette, prison pour femmes, n'est plus.
Angèle est née dans ces murs, de Héléna, détenue et de père dont elle ne sait rien.
Judith Perrignon trace dans ce livre l'histoire de trois femmes: Héléna, qu'un casse dans une bijouterie a menée en prison, de Angèle, sa fille, qu'elle ne connaîtra qu'au bout de cinq années de détention, et de Mila, la mère d'Héléna, qui a noué avec sa petite fille des liens forts.
C'est un roman qui parle de passion ( celle de Héléna pour son compagnon qu'elle ne dénoncera jamais) de tendresse ( celle de Mila pour sa petite fille), d'intégrité ( celle du journaliste qui ne dévoilera pas le secret qu'il détient) ,de chagrins enfin , auxquels le livre doit son titre et que l'on ressent tout au long du récit.
Ces vies de chagrins, Judith Perrignon les relate et les lie entre elles avec le talent qu'on lui connaît.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Je vends des jouets anciens dans l'allée numéro 7, marché Vernaison, aux puces de Saint-Ouen. Je m'appelle Angèle, je vis parmi les trains, les canots à bassin, les poupées, les soldats, les robots, les animaux. c'est une drôle de vie, les jouets vous font croire qu'elle ne fait que commencer mais ils sont si vieux que tout a déjà l'air terminé. je me lève tôt. Je parcours les salles des ventes, les salons, et j'entre chez les gens qui débarrassent leurs maisons des souvenirs. ça m'emmène loin parfois. Je voyage. Je ramasse la vie des morts. Mais j'ai choisi ce qu'ils laissent de plus beau, ce temps pas toujours tendre, où l'on disait en chuchotant ou en criant, je veux maman.
Moi c'était en chuchotant.

(Stock, 2010, p 55)
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Je n'oublierai jamais ce qui nous est arrivé et ce que tu as fait pour moi. L'amour n'est souvent qu'un bel accident. Le nôtre a fait une victime, c'est toi. Tu trouveras dans ce paquet de quoi récupérer un peu d'argent.
Je ne peux pas faire plus.
Tom.
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"C'est en écrivant que je me suis calmé et c'est dans les prétoires que j'ai trouvé mon sujet. Il y a là plein de gens qui en l'espace de quelques minutes ont rompu la monotonie de leurs jours, ils me poursuivaient jusque dans ma vie, car écrire c'est ruminer, chercher, c'est avoir devant soi mille chemins, mille phrases possibles, c'est se perdre et j'étais perdu, je ne savais pas où aller, je n'étais pas sûr de ce que je disais, alors parfois je posai mon stylo, je marchais, je revenais à ma place, je tournais autour des mots comme on affûte une arme.

De ce temps-là, il ne me reste que la cigarette, les insomnies et les levers aux aurores avant même les éboueurs et leur haut-le-coeur étrangement silencieux. Il me reste Helena."

"Mila et Helena se ssont noyées l'une après l'autre, l'une comme l'autre, accrochées à leurs souvenirs. L'une dansait sur le buffet, l'autre souriait sur ma table de nuit. Les photos sont des aquariums, on y a capturé bien des petites filles..."
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"Elle avait peur des silences, Mila, elle promettait toujours trop. Elle me lisait des histoires tirées d'une bibliothèque trop rose et me faisait écouter du jazz. J'ai fini par croire ma mère prisonnière d'un château fort et me prendre pour la fille de Charlie Parker, car Mila murmurait à mon oreille que mon père jouait du saxophone, qu'il était probablement quelque part en Amérique, un héros de cette musique envoûtante. Elle mélangeait tout de nos deux tristesses".

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Vous n’avez pas envie d’ouvrir la porte de temps en temps ? avait demandé Marguerite Duras des années plus tôt.
Elle était assise en face de la directrice dans son bureau de la prison. C’était pour la télévision.
Non, ça ne m’est jamais venu à l’idée. Et heureusement ! Je ne sais pas comment l’administration prendrait un geste comme celui-ci, ou plutôt si. On me mettrait à Sainte-Anne et on aurait raison !
Je vous parle de l’envie !
Non, je n’en ai jamais eu l’envie.
Alors vraiment, vous êtes une directrice de prison !
Eh bien, peut-être après tout, j’en suis fière ! avait répondu la directrice, seule femme de la pénitentiaire qui ne se laissait pas faire.
Duras avait des pensées folles et le timbre perché des impertinentes. L’émission Dim Dam Dom avait été diffusée un soir de novembre 1967. C’était l’aube, quelques jours avant qu’ Helena s’effondre.
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Videos de Judith Perrignon (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Judith Perrignon
Judith Perrignon vous présente son ouvrage "Notre guerre civile" aux éditions Grasset.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2821193/judith-perrignon-notre-guerre-civile
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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