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Nul n'aurait envisagé Roland, 13 printemps balbutiants, héritier d'une telle destinée. Mis à part les auteurs, veux-je dire, évidemment.
Non, il semblait naturellement voué à succéder à son aubergiste de père.
Comme bien souvent, tout naît d'une rencontre.
Un tournant déterminant dans le morne quotidien de cet adolescent rêvant d'ailleurs bien plus excitant.
Pis v'là t'y pas qu'un Haut-Conteur vint conter dans l'comté.
Son compte était bon, dixit Bertrand Renard, en évoquant Roland.
Sa vie allait basculer du tout au tout.

Les Haut-Conteurs, cinq tomes au compteur, fait dans la littérature jeunesse. La bonne.
De celle que l'on appréhende d'entamer, par peur d'être déçu, puis qui sait se faire séductrice, la coquinette, pour finalement vous laisser rapidement comme un arrière-goût de reviens-y fissa.

Mc Spare et Peru à la manoeuvre.
L'univers, à défaut d'être foisonnant et follement original, intrigue direct et tape dans le vif du sujet sans nous faire languir des plombes. Et sous cette canicule, c'est plutôt appréciable.
Quelques personnages emblématiques, un vrai méchant qui pourrait largement s'épanouir chez Orangina Rouge, un gamin, que rien ne prédestinait à tenir le haut de l'affiche, évoluant dans un monde à la fois hostile et enchanteur, ne cherchez plus, La Voix des Rois, premier du nom, saura ravir petits et grands.
C'est un petit conteur qui vous l'affirme...
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Conter est tout un art.
Un art difficile, exigeant auquel je vais m'essayer aujourd'hui devant vous.

Je vais vous conter comment a disparu Roland,fils du Grand Robert, l'aubergiste de Tewesbury dans le Gloucestershire.
Oh n'allez pas imaginer de tragique histoire d'une funeste destinée. Car si l'enfant Roland disparût, ce ne fut que pour laisser la place à Roland celui qui en une seule nuit revêtit la cape pourpre.
Quoi ? Certes non, Roland n'entrât pas dans les Ordres. On ne fait tout de même pas les Ecclésiastiques en une nuit... La cape pourpre est l'habit des Haut-Conteurs. Une caste d'étranges voyageurs qui parcourent l'Europe de ce XIIème siècle obscur. Ces temps où les morts qui marchent se nomment encore " Upyr "... Ils payent leur gite des récits qu'ils narrent à la veillée dans les auberges. Extraordinaire narration car chacun est détenteur d'un talent presque magique. Cette Voix des Rois qui rend leur boniments inoubliables.
Mais comment le devient-on en une seule nuit ? En devenant le détenteur de lourds secrets : les dernières paroles d'un Haut-Conteur mourant qui avait consacré sa vie à l'art de choisir ses mots...

Qui dit " secrets " dit " mystère".
Et qui dit " mystère " dit " quête ".
La quête des pages dispersées d'un livre maudit. Des pages gardées par des codes, des énigmes, d'impossibles hypothèses. Car n'est-il pas dit que le rédacteur de ce livre n'est autre que le Diable en personne ?

En une seule période d'éclat de lune dans le ciel d'Angleterre, Roland reçut tout cela : Ordre, quête... Et guerre...
Guerre contre le beau chef d'oeuvre de Lucifer : "L'Upyr ". Qu'on ne nomme encore pas "vampire"...
... Mais je ne m'épuiserai pas plus sur le sujet. Libre à vous de parcourir les... pages de ce... livre. Les risques sont tout de même moins grand que de mettre la main sur une de celles du " Livre des Peurs "...

Des axiomes d'une simplicité digne de Colomb.
L'Europe est parcourue par une confrérie de troubadours au talent extraordinaire. Leur missions cachée est de traquer les mystères et les manifestations monstrueuses. Leur quête : retrouver les pages du " Livre des Peurs " écrit par le Diable.
Malgré cela on adhère à l'histoire de ce jeune garçon qui rêve de d'aventure, mais qui la redoute quand elle le happe.

Cependant ce roman de littérature jeunesse se laisse parfois aller à des ressorts d'une facilité un peu dommageable... Mais le frisson de la quête y est alors...
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Depuis ma lecture de Druide en 2011 et mes rencontres avec l'auteur lors des deux derniers numéros des Imaginales, Olivier (Oliver pour signer ses romans) Peru est devenu l'une de ces personnalités-chouchou que je prends plaisir à suivre.
J'avais eu des échos plus que positifs concernant cette série jeunesse, convaincue de ses qualités grâce aux chroniques de blogueuses en qui j'ai confiance (Lelf pour ne citer qu'elle). Je me suis lancée sans trop savoir à quoi m'attendre du côté de l'intrigue, seulement désireuse de passer un agréable moment.
Pas de coup de coeur pour moi mais un indéniable plaisir de lecture qui me pousse à me procurer la suite dès que possible (aux Imaginales 2014 ?).

J'ai senti dès les premières pages comme une impression familière, me souvenant de ma lecture des deux premiers tomes de la saga de L'Epouvanteur proposée par Joseph Delaney, saga que j'avais alors grandement appréciée. Ici aussi il est question d'un jeune adolescent (13 ans) qui quitte sa famille et son avenir tout tracé pour suivre un « maître » qui lui apprendra son futur « métier ».
Entre les mains d'Olivier Peru et Patrick McSpare, le déclencheur semble plutôt fortuit (c'est la mort d'un Haut Conteur qui entraîne l'apprentissage de Roland) et chamboule complètement le quotidien du jeune héros. Lui qui rêvait de quitter les corvées de l'auberge familiale pour vivre de grandes aventures, il va être servi ! Embarqué dans la résolution du meurtre du Haut Conteur auprès d'un autre membre de l'Ordre, Roland va faire ses classes et découvrir que derrière de simples superstitions se cachent parfois (souvent) de terrifiantes réalités.

Ce premier tome est sans conteste une quête initiatique introductive dont le jeune Roland est le héros. Entre monde de l'enfance et monde adulte, le héros vacille et le texte aussi, s'assombrissant de page en page. Roland Coeur de Lion grandit spectaculairement et s'il n'incarne pas le personnage principal parfait, il est agréable à suivre. Il reste malgré tout très jeune (13 ans, je le rappelle) pour me toucher véritablement mais séduira davantage les jeunes adolescents rêvant d'aventures.

Cette aventure identitaire s'inscrit dans une quête plus importante : la recherche d'un grimoire ancien, le Livre des Peurs. Intimement lié à l'Ordre des Haut Conteurs, celui-ci est une énigme à lui seul et est convoité par de nombreuses personnes plus ou moins bien intentionnées. Au fil des pages, le manuscrit se dévoile et donne une idée de la richesse de l'univers mis en place par Oliver Peru et Patrick McSpare.
Dans une Angleterre de la fin du XIIe siècle très réaliste, les deux auteurs insèrent des éléments légèrement déviants comme si cette saga prenait place dans un monde légèrement parallèle. Point de troubadours ici mais des Haut Conteurs à la cape pourpre qui, grâce à leur voix particulière, sont capables de merveilles. Et là où notre monde s'arrête aux superstitions (quoique… ?), les créatures surnaturelles sont ici monnaie courante (ou du moins le deviennent de plus en plus dans l'entourage de Roland). Attendez-vous à croiser quelques goules et… je n'en dis pas plus. Cette saga se nourrit d'une certaine réalité médiévale et d'un folklore assez universel.

Si certains points de l'intrigue ne m'ont pas réellement surprise, j'ai dans l'ensemble été bien menée en bateau et ai notamment été surprise par le chemin emprunté par les deux co-auteurs. le nouvel avenir de Roland annoncé, je croyais que lui et ses compagnons (Mathilde la Patiente) partiraient sur les routes de l'Angleterre, cherchant à résoudre l'affaire.
Alors oui, ils s'attèlent à cette tâche mais ils restent dans un périmètre assez restreint. le jeune garçon ne quitte donc pas vraiment sa famille mais découvre des lieux familiers sous un jour nouveau. Visites de cimetière, de souterrains, de ferme isolée, de château… l'ambiance reste sombre et médiévale !

L'écriture d'un roman à quatre mains n'est pas toujours une réussite car peut sembler malhabile mais je n'ai pas du tout senti d'incertitudes pendant ma lecture et ai été, au contraire, agréablement entraînée dans cette aventure rythmée et sans temps morts. C'est visuellement fort et donc immersif et les dialogues viennent alléger certaines scènes plus graves et sombres.
C'est accessible aux jeunes lecteurs mais ne tombe pas dans le simplisme qui pourrait rebuter certains adultes. Non, les lecteurs aguerris y trouveront eux aussi leur compte.

Les bases sont posées, le dénouement ne règle pas tout et laisse de nombreuses questions en suspens. Me voilà assez séduite par cette série de fantasy jeunesse pour avoir envie de continuer l'aventure. Je suis sûre que les auteurs me réservent encore de belles surprises et je ne doute pas que Roland gagnera en profondeur avec les années. Un premier tome prometteur !
Lien : http://bazardelalitterature...
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Que peut-il y avoir de pire que de ne pas pouvoir décider de ce que l'on veut faire de sa vie ? S'y résoudre. Roland rêve d'aventure, alors que sa vie ne lui réserve à priori que la gérance de l'auberge que posséde son père. Mais à 13 ans, on aime le risque et surtout, on se pense invincible. Alors lorsqu'un haut conteur, personnage charismatique amenant histoires et fantaisie dans les villages, disparait dans la grande forêt qui juxte l'auberge, Roland se persuade qu'il peut le retrouver lui-même. Et c'est porteur d'une cape pourpre qu'il sortira plus mature de cet élan d'assurance.

Je n'ai, à ce jour, qu'entendu grand bien de cette série de livres. Pourtant, jusque maintenant, je ne me sentais pas de plonger dans ce type de romans. Mais finalement, un beau jour de Novembre, je tombe par hasard sur ce premier tome et je ne résiste pas à l'envie de découvrir cet univers. Je ressors de cette première lecture plus qu'heureuse d'avoir sauté le pas. Aventure et frissons se sont trouvés au rendez-vous, avec une découverte de créatures bien connues, vues sous un nouveau jour. Que du positif donc !

Dès le départ, l'intrigue est posée. Nous suivons Roland, ce jeune ado attachant, avec un grand sens des valeurs, mal dans sa vie d'aide aubergiste. Il rêve d'aventure, et une occasion d'évasion vient s'offrir à lui. Aucune surprise quant à la suite des évenements, mais peu importe, j'ai suivi minutieusement ses escapades et autres quêtes de secrets anciens. Les réussites et les déconvenues s'enchainent, pas de repos, le cerveau reste en ébullition.
Ce que j'aime beaucoup dans le fait que ça se passe des siècles avant nous, c'est le dépaysement que cela apporte, s'imaginer de grandes forêts, des petits villages en bois, où tout le monde se connait. Mais aussi de se dire que toutes les fantaisies sont permises, après tout à cette époque, je n'y étais pas, donc peut-être que tout ce que je lis existait bel et bien. Tout cela pour dire que l'immersion est totale.
J'ai beaucoup aimé découvrir ce que sont les Haut Conteurs. D'abord impressionnants et fascinants, je les ai découvert humains, avec tous leurs défauts, mais surtout d'un courage remarquable. Les secrets qu'ils cachent ou poursuivent tiennent en haleine jusqu'au bout. Et comme dit précédemment, j'ai retrouvé des créatures dont j'avais déjà entendu parler auparavant, mais différemment. C'est notamment le cas des goules et d'une autre créature mythique, mais je vous laisse le soin de lire par vous même quelle est sa vraie nature.
En tout cas, le mot d'ordre reste l'aventure, et au grand air s'il vous plait !

Je suis tout de même obligée de reconnaitre le grand courage de Roland, qui est finalement un personnage intelligent et profond. J'avoue, au début j'ai eu un peu peur de tomber sur un jeune ado qui veut surtout faire son intéressant, je ne sais pas pourquoi, mais en fin de compte, il en a dans la tête et c'est primordial dans cette histoire. J'ai beaucoup aimé la relation entre Roland et Mathilde, la Haut Conteuse qui le prend sous son aile. D'abord sceptique des capacités du jeune homme, voire même un peu ennuyée (pour être gentille), elle s'attendrit assez vite avant de se laisser impressionnée par les ressources qu'il déploie. Et la manie de Mathilde à donner toute sorte de surnoms à Roland est particulièrement drôle, le pauvre, elle ne lui laisse rien passer !

J'ai toujours une certaine appéhension avant de découvrir un univers à quatre mains, un peu peur que certaines choses soient "décousues" puisque nées de deux esprits différents. Mais finalement ici, rien ne laisse paraitre que deux auteurs se cachent derrière cette histoire, tout est harmonieux et cohérent. Et surtout, des détails, beaucoup, mais pas trop, pour réussir à nous plonger dans cette ambiance du XIIème siècle. J'ai très hâte de me plonger dans la suite !

Tout le monde peut prendre le cheval par la sangle et partir à l'aventure avec nos Haut Conteurs, même si vous n'êtes pas friands de fantasy comme moi, vous pourriez être surpris par le plaisir d'une telle lecture. A bon entendeur !
Lien : http://dautresplumes.eklablo..
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Un très grand merci à l'équipe de Babelio qui m'a sélectionnée pour recevoir les Hauts Conteurs. Ma curiosité a été instantanément éveillée par le résumé fort alléchant et c'est seulement quand j'ai reçu le livre que je me suis aperçue que c'était du Fantasy jeunesse… Heureusement, et finalement, j'ai été happée par l'histoire et les personnages, et je n'ai pas pensé un seul instant à cette classification un peu réductrice.

D'abord j'ai beaucoup aimé la présentation : la couverture est belle et les illustrations très chouettes. L'idée est d'une grande originalité. Nous sommes en Angleterre au 12ème siècle, patrie des Hauts Conteurs. Roland, le jeune fils de l'aubergiste du village de Tewkesbury, fait la connaissance de l'un d'entre eux, Maître Corwyn. Mi-aventurier, ni-troubadour, toujours revêtu d'une cape pourpre, leur signe distinctif, et perpétuellement en quête d'histoires étranges. On pourrait penser qu'une jeune garçon de 13 ans ne songe pas vraiment à devenir conteur mais plutôt chevalier, et pourtant, Roland a très envie de quitter l'auberge familiale pour suivre cette voie. Certes un Haut-Conteur possède un pouvoir spécial grâce à sa voix : il peut effrayer, séduire, convaincre son public. Mais il est aussi érudit, capable de déchiffrer plusieurs langues, de décoder des messages secrets, et s'il le faut, se défendre vaillamment. L'aventurier par excellence…

Aussi, quand le Haut Conteur disparaît, comme avalé par la forêt, Roland décide de partir à sa recherche. Mais il n'est pas le seul sur la piste. Mathilde, surnommée La Patiente, l'une des rares femmes de cet Ordre, viendra lui prêter main-forte. Une alliée bienvenue face à tant d'événements : une mystérieuse prophétie, un traître à démasquer, un démon venu du passé des hommes, une forêt inquiétante noyée sous la brume...

Mathilde et Roland vont suspecter plusieurs habitants du village et vont devoir faire preuve de courage et d'astuce pour retrouver un livre terrifiant et diabolique, clé de toute cette énigme, se garder des créatures de l'ombre, sorties de ces sombres légendes, affronter de puissants ennemis et leurs propres peurs.

L'écriture est agréable et fluide, les rebondissements sont nombreux de même que les scènes d'action. L'atmosphère d'un village anglais de cette époque est extrêmement bien rendue. Voilà un élément qui m'a beaucoup plu : me retrouver au XIIème siècle plutôt qu'à notre époque...

Enfin, je me dois d'avouer quelque chose : dans un roman de Fantasy je redoute toujours le personnage féminin et celui de l'adolescent, généralement trop souvent réduits à l'état de caricatures. Autant dire qu'avec ce roman, je pouvais craindre le pire… Les auteurs ont fort heureusement su éviter ces écueils. Mathilde est un personnage intéressant, une femme forte et savante, non dénuée de quelques faiblesses et possédant un solide sens de l'humour. Roland, malgré ses 13 ans, nous fera grâce de sa crise d'adolescence. Au contraire, ces épreuves vont l'aider à mûrir. Il est de plus intéressant de ne pas avoir seulement mis Roland en avant, mais d'avoir privilégié d'autres personnages adultes, dont certains, encore auréolés de mystères (il faudra certaienement attendre des explications dans le second volume), retiennent fortement l'attention.

Le roman met en scène une grande figure de la littérature fantastique, hélas trop et mal exploitée depuis quelques temps, au point que l'on frise l'overdose. Toutefois, les auteurs ont préféré retourner aux sources du mythe plutôt que moderniser cette créature et d'en faire n'importe quoi. Je les en remercie...

Enfin, j'ai particulièrement apprécié ce qui se cache derrière ce roman d'aventures fantasy : un plaidoyer pour l'imaginaire. J'adhère complètement à la phrase de présentation : Certaines histoires dévorent ceux qui les lisent... C'est exactement ce qui m'est arrivé : dévoré en deux jours, ce roman m'a transportée à une lointaine époque, un peu comme si j'écoutais des histoires des temps anciens.

Un très bon premier roman dont j'ai hâte de découvrir la suite.

Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Ce livre m'a laissé un peu dans le doute.
L'histoire est très intéressante avec beaucoup de rebondissements, la quête des pages du Livre des Peurs et les multiples rebondissements qui l'entoure avec l'Upyr et ses Goules sont très prenantes, on se croirait dans une histoire des secrets des templiers.

Et d'un autre côté le jeune garçon fils d'un aubergiste qui devient apprenti Haut conteur me rappelle un peu trop l'Epouvanteur de Joseph Delaney.

J'attends vraiment la suite pour m'enlever ce doute, car l'histoire de la quête est vraiment prenante.
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« On peut faire raconter ce qu'on veut aux histoires. Les seuls qui en détiennent la vérité sont ceux qui les écrivent. »

Une admiration teintée de fascination se lisait dans les yeux de qui entendait ces deux mots : Haut-Conteur. Ce titre était donné aux membres de l'Ordre pourpre et faisait d'eux des gens respectés.

Troubadour, trouvère, baladin, ménestrel, rhapsode… Les termes florissaient autrefois pour désigner les raconteurs d'histoires, selon leur provenance, la langue dans laquelle ils déclamaient, la forme qu'ils leurs donnaient. Les Haut-Conteurs, eux, avaient ceci d'exceptionnel qu'ils possédaient un don presque miraculeux nommé la Voix des rois. Venus de divers horizons, polyglottes, capables d'envoûter les foules rien que par leurs mots, usant de leur Voix de roi comme d'un outil quasi-magique, les Haut-Conteurs se distinguent par la cape pourpre qu'ils portent. Capables de démêler le vrai du faux comme de trouver le faux dans le vrai, ces perspicaces personnages ne s'en laissent pas conter. le commun des mortels ne dupe pas un Haut-Conteur.

Cet ordre, particulièrement actif dans l'Europe du XIIème siècle, sillonnait cette dernière afin de collectionner les histoires, tout en en forgeant une nouvelle : la leur. Et aujourd'hui, en cette fin d'année 1190, l'un d'eux est en train d'explorer le comté de Gloucestershire, au bord du royaume d'Angleterre. L'auberge de la Broche Rutilante, à Tewkesbury, n'avait pas connu de plus florissantes affaires que depuis l'arrivée de ce prestigieux personnage.
Dans cette auberge travaille Roland, fils du grand Robert, le propriétaire des lieux. le travail en lui-même ne lui déplaît pas, mais il se sent frustré que son avenir soit déjà tout tracé : continuer à servir ici avec ses deux soeurs, jusqu'à ce que son père se retire des affaires pour prendre sa suite.

Aussi, lorsque le Haut-conteur disparaît, un léger vent de panique souffle sur le village. Comment un homme de cette trempe peut-il bien disparaître ? Aurait-il été victime de ces horribles goules, dont on dit – sans vraiment trop y croire – qu'elles rôderaient dans les antiques cimetières cachés dans la forêt avoisinante ? de bandits de grands chemins ? de quelque chose de plus terrible encore ?... Anticipant la battue générale organisée pour le lendemain, Roland quitte nuitamment l'auberge sur le destrier de son père, le robuste et intelligent Lanterne. Ce sentiment d'euphorie lié au galop fougueux de Lanterne vers les ténèbres des bois maudits s'estompe bien vite lorsqu'il s'aperçoit que lui aussi s'est égaré. Contre toute attente il finit par retrouver le Haut-Conteur, ayant perdu une partie de sa superbe gisant qu'il est, à demi-mort dans un fossé.

« L'Aventure avec un grand A, la vraie, celle qui poussait un fils d'aubergiste à braver la nuit, n'avait rien à voir avec les histoires de chevaliers, de batailles et de dragons. Pourtant, maintenant qu'il y avait goûté, il ne serait plus jamais le même. le Conteur et ses paroles insensées avaient abattu son monde, mais en lui confiant une mission il lui avait déverrouillé une porte, celle d'un monde nouveau. Roland avait maintenant le choix d'ouvrir cette porte ou de la refermer. Il devait agir en homme.
Treize ans, c'était un bel âge pour pleurer une dernière fois comme un enfant. »

Voici donc apparaissant dans l'aube le jeune Roland, une cape pourpre sur les épaules, tenant par la bride son cheval, en travers duquel gît le cadavre du Haut-Conteur…

Mathilde, dite la Patiente, elle aussi appartenant à la glorieuse caste, pleure la dépouille de celui qu'elle considérait comme son mentor. Puis prend Roland sous son aile (plus parce qu'elle n'a pas le choix que par volonté) et lui enseigne ainsi peu à peu la grandeur et la quête principale de tout Haut-Conteur qui se respecte : celle d'un artefact mystérieux, nommé le Livre des Peurs… D'aucuns pensent trouver dans cet énigmatique ouvrage prophéties en nombre, révélations de secrets depuis longtemps enfouis et oubliés, voire même une carte, qui sait ? Mathilde, elle, est convaincue que ce livre sacré contient « la plus secrète et la plus vieille histoire du monde »…
Voilà comment Roland et Mathilde partent pour une course effrénée à travers le comté, recherchant un meurtrier et au moins une page du précieux livre…

Les Haut-Conteurs est une série de cinq ouvrages imaginée par deux talentueux compagnons de lettres et amis, signant de leurs noms de plume Oliver Peru et Patrick Mc Spare. Leur talent de scénaristes, couplé à celui d'écrivains, forme une saga visuelle foisonnante d'intrigues à tiroir et de rebondissements inattendus. Les personnages orbitant autour de Roland et Mathilde sont rarement statiques et ont toujours quelque chose à dire, avec un sens de l'à-propos défiant la concurrence. Les Haut-Conteurs est également une vertigineuse mise en abyme : deux conteurs écrivant l'histoire de conteurs d'histoires à la recherche d'histoires et d'un ouvrage mystérieux qui contiendrait l'histoire ultime : celle de l'humanité.

Les deux personnages ont beaucoup de mal à s'entendre au départ. Roland, rêvant d'aventure, se rend rapidement compte que la seule chose de rose dans la vie d'un conteur itinérant reste les rayons de soleil d'une aube naissante. Mathilde, de son côté, subit un apprenti qu'elle n'a pas souhaité et l'initie à contre coeur. Cahin-caha, ces deux personnes vont apprendre l'une de l'autre, à se découvrir, et finalement devenir indispensable l'une pour l'autre, jusqu'à comprendre que « le voyage compte autant que la destination. » Nos deux comparses, ainsi que bien d'autres – vous n'imaginez pas le nombre de gens qu'il y a dans ce roman ! – se retrouveront bien souvent dans des situations dites dangereuses et même une fois a priori désespérée.

Peru et Mc Spare s'en donnent à coeur joie dans le registre de la Dark Fantasy pour adolescents et le lecteur est comme sous l'emprise d'un Haut-Conteur. T our à tour impatient, effrayé, frémissant, ému et je suis obligé d'en passer, il est littéralement envoûté par l'histoire que l'on est en train de lui raconter. Nonobstant le fait de réussir à écrire en noir pendant une nuit sans lune, Peru et Mc Spare ne peuvent s'empêcher de s'octroyer des petites pointes de dialogues truculentes, qui permettent ainsi de relâcher une pression qui peut vite s'avérer insoutenable ; le duo prend en effet un malin plaisir à se jouer de ses personnages afin de malmener le lecteur.

« (…) Etait-ce là le genre d'histoire dans lequel le héros meurt à la fin ?
Comme en réponse à ses interrogations silencieuses, des loups hurlèrent à une centaine de mètres derrière eux et des oiseaux s'envolèrent au-dessus de leurs têtes. Oui, c'était une histoire de sang qui se terminait par la mort du héros, lui disaient les animaux de la forêt. »

Quête initiatique, énigme policière, roman d'aventure historique épicé de fantastique, le premier roman des Haut-Conteurs fourmille de révélations, de surprises et de promesses. « Avec de l'encre et du sang, c'est ainsi que l'on conçoit les meilleurs histoires » nous assènent les auteurs.

L'homme a besoin d'histoires. Qu'elles soient à créer, à lire, à voir ou à écouter, il en a besoin. Aujourd'hui les Haut-Conteurs ne sont plus. A une époque où le livre était encore une denrée rarissime et réservée à une élite, la voix et le langage du corps étaient les seuls atouts des conteurs pour raconter des histoires. La tradition orale s'est maintenant perdue, et celui qui se fait entendre est simplement celui qui parle le plus fort. Aujourd'hui, qui veut une histoire n'a que l'embarras du choix : l'information est immédiatement disponible en tout lieu. J'ai pris un plaisir insensé à lire cette série des Haut-Conteurs (et j'espère qu'il en sera de même pour vous). Petite précision qui a son importance : je l'ai lue sur un livre en papier. J'ai un affect particulier pour ce support – je ne suis pas libraire par hasard – et il me fut fort agréable de revenir en arrière, relire certains passages pour en apprécier plusieurs fois la saveur. J'aurais aimé que l'on me raconte cette histoire, de la voir vivre et se dérouler devant moi. L'ironie du sort veut que j'aie lu cette histoire de tradition orale sur un livre-papier, et que vous ou votre enfant la lirez peut-être – certainement ? – sur un support numérique, concrétisant ainsi le temps qui passe, inexorablement. Tout est affaire de culture et de période historique. Vivons avec notre temps afin de se délecter des souvenirs du passé.

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs et vous, jeunes gens, merci de m'avoir porté votre attention tout au long de ces lignes.
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Je viens de terminer le tome 1 Les Haut Conteurs.

C'est un bon livre mais pas un coup de coeur.
Il est bien écrit ; les personnages sont attachants mais pas aussi charismatiques que dans Druide par exemple.

Le scénario est vraiment bien ; on est vite happé par la quête du livre des Peurs. On veut savoir ce qui va arriver à Roland et à Mathilde à travers leurs mésaventures.
Des rebondissements qui permettent aux lecteurs de ne pas s'ennuyer pendant la lecture agrémentent le livre tout au long des pages.

Un livre qui se lit très vite !

Après cela reste un livre de jeunesse d'où des facilités qu'on peut voir venir à des kilomètres.


J'ai le tome 2 en mains donc je vais me lancer dans la suite des aventures de nos Haut Conteurs surtout que j'entends beaucoup de bien du tome 2.
Donc à voir pour me décider définitivement sur cette saga !

Encore une fois, je mets 3 mais j'aurais voulu mettre 3.5 :)
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Ce premier tome des Haut-Conteurs ouvre agréablement la saga : les quelques petits défauts sont vite oubliés, pour se plonger entièrement dans cette quête mystérieuse, dans un univers non moins étrange. Vif, bien écrit, et palpitant, voilà un premier tome très efficace, qui initie une saga qui s'annonce passionnante !
Lien : http://encres-et-calames.ove..
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Il est assez rare que j'apprécie une oeuvre à quatre mains. Pourtant, en voyant Olivier Peru et Patrick McSpare en dédicace, côte à côte, cela donne vraiment envie de les lire. Exit les auteurs qui ne sourient pas et sont asociaux, nous avons là deux très joyeux compagnons qui ont pour mot d'ordre: le rire!

Cela ne sert le livre que par leur jovialité. Ils vendent du coup très bien leur produit mais n'ont pas forcement besoin de tout cela. Leur plume se fond en une plume unique et à aucun moment je n'ai ressenti de déséquilibre narratif dû au style un peu plus personnel de l'un ou de l'autre.
L'histoire se lit tel un conte, d'une fluidité étonnante dès la première ligne, qui nous emporte dans son courant sans même que l'on s'en rende compte. Nous partons rejoindre Roland, sa vie, son village. Tout se transforme autour de nous, l'histoire prend réellement vie grâce à leurs mots. Nous n'existons plus en tant qu'individu, nous nous retrouvons tel un fantôme à épier ces personnages nommés les Haut-Conteurs.

Roland est un enfant d'aubergiste, l'aîné et le seul garçon, celui qui reprendra le flambeaux. Sauf qu'il rêve de partir. Il rêve d'aventures, de voyages, d'une grande vie beaucoup moins ennuyeuse que de rester dans son village d'enfance. le destin réponds à son appel avec fougue: il va devenir un Haut-Conteur! Il doit commencer son périple en retrouvant l'assassin du premier manteau pourpre a être venu dans son village, ce qui le conduit tout droit sur les traces d'une des pages du Livre des Peurs, la véritable quête des Haut-Conteurs. Entre le danger, la peur, l'émancipation et le courage, la nouvelle vie de Roland se retrouve non pas chamboulée, mais complètement à l'opposée de ce qu'elle était. le petit r dans le grand R. Une prophétie est à l'oeuvre, elle se dévoile morceau par morceau.

Ceci n'est que le tome 1 d'une série qui promet beaucoup de bonnes surprises si elle continue sur la même lancée. La quête permettant à Roland de trouver sa Voix de Roi a commencée...
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Les Haut-conteurs tome 1

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Thème : Les Haut-Conteurs, Tome 1 : La Voix des Rois de Olivier PeruCréer un quiz sur ce livre

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