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Odon Niox Château (Traducteur)Roland Stragliati (Préfacier, etc.)
EAN : 9782226054487
264 pages
Albin Michel (05/09/1991)
3.96/5   75 notes
Résumé :
Dans notre régiment avait servi, en qualité de volontaire, un jeune gentilhomme espagnol, un de ceux, en très petit nombre, que les idées de liberté et de justice avaient enflammés et qui avaient embrassé la cause de la France et de l'Empereur. Il s'était complètement brouillé avec sa famille et n'avait fait connaître son nom véritable et son origine qu'à deux ou trois de ses camarades. Mais les paysans espagnols l'appelaient « la Marquise », à cause de sa faible ta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Quand Leo Perutz s'attaque à la guerre d'Indépendance espagnole, il place à La Bisbal, petite ville imaginaire perdue dans les montagnes des Asturies, des soldats et officiers des régiments de Nassau et de Hesse chargés d'éradiquer la guérilla espagnole. En cet hiver 1812, les troupes allemandes doivent faire face à l'armée hétéroclite du colonel Saracho, alias "La fosse à tanner" et enragent face à cette nouvelle forme de conflit.
Cinq jeunes hommes liés par les mêmes rêves de gloire et leur fidélité à l'Empereur, tentent de briser la résistance espagnole. Ils sont également liés par un secret, celui d'une passion commune pour feue la belle Françoise-Marie, l'épouse de leur colonel, dont ils ont partagé les faveurs. Perutz parsème ça et là quelques éléments incontournables du roman historique, le clivage entre les "afrancesados" et les guérilleros, le mouvement des troupes qui progressent, les souvenirs des campagnes précédentes... Mais voilà, le régiment de Nassau est anéanti dans les terres asturiennes, sans que L Histoire n'en garde trace.

Jusqu'à ce que, bien des années plus tard, à la mort d'Edouard de Jochberg, "un vieux soldat qui, au temps de sa jeunesse, avait vécu une partie des campagnes de Napoléon Ier", on ne trouve ses mémoires. Jochberg, à peine dix huit ans en 1812, fut, comme il le mentionne, un des seuls survivants de son régiment. Quelle valeur critique accorder à un récit qui n'a pour seule caution que le pacte tacite entre le lecteur et le mémorialiste, pacte mis à l'épreuve par les extraordinaires révélations d'un homme qui affirme avoir rencontré en Espagne le Juif errant, ainsi que le mystérieux Marquis de Bolibar?

Chez Perutz, le fantastique s'invite dans L Histoire et l'asservit. Face aux troupes de Napoléon baignées dans une atmosphère onirique se dressent des fantômes métamorphes. La fulgurance des rêves s'oppose au lent processus temporel de la perception. S'appuyant sur une structure narrative complexe, Leo Perutz échafaude un plan machiavélique que les héros, asservis par leurs passions et leur aveuglement auront bien du mal à percevoir. A La Bisbal, une intelligence omnisciente préside à leur destinée.
Le lecteur béotien, manipulé comme les personnages du roman, tombe sous le charme du Marquis de Bolibar (qui nous rappelle parfois le Manuscrit trouvé à Saragosse de Potocki ou La légende de Pendragon de Szerb). Le roman comblera aussi les puristes qui connaissent la couleur des boutons de l'uniforme de Sébastiani à la bataille de Talavera de la Reina.
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Au milieu du XIXe siècle, un obscur gentilhomme allemand, Edouard de Jochberg, meurt de vieillesse. Son décès n'aurait guère fait de bruit, si ses voisins n'avaient découvert dans ses affaires de surprenants papiers relatant sa carrière de soldat dans les troupes napoléoniennes des dizaines d'années plus tôt. Un épisode va particulièrement attirer l'attention des curieux par son étrangeté : celui de la destruction totale du régiment de la Bisbal durant la guerre d'Espagne en 1812, une destruction ô combien mystérieuse et à laquelle aucun historien militaire n'avait réussi à donner une explication. le témoignage de Jochberg lève enfin le voile sur ces événements, mais les éclaire également d'inquiétante façon, car c'est bien la main du Démon et non celle des guérilleros qui semble se cacher derrière cette insolite tragédie – ou plus précisément la main du Marquis de Bolibar, un Grand d'Espagne aux troublants pouvoirs sataniques, capable de fouiller dans le coeur des hommes pour en extirper les pires passions et les mener ainsi à leur perte.

Après un petit épisode plus merveilleux avec « La nuit sous le pont de pierre », je retrouve avec beaucoup de satisfaction le mélange subtil de réalisme et de surnaturel tourmenté qui m'avait tant charmée dans « le cavalier suédois ». Des quelques oeuvres de Leo Perutz que j'ai eu l'occasion de lire jusqu'à maintenant, celle-ci est assurément la plus noire et la plus pessimiste : le ton en est férocement satirique, les personnages oscillent entre veulerie et bravade imbécile, la magie y est cruelle et impitoyable… Pourtant, je dois bien reconnaître que « le Marquis de Bolibar » est également l'oeuvre de Perutz qui m'a le plus marquée, en partie parce que c'est celle qui a su éveiller en moi les plus vives émotions. Une fois les premières pages tournées, j'ai été complétement captivée par la tension et l'atmosphère anxiogène distillées par le romancier, ainsi que par le personnage du Marquis, sombre déité à l'omnipotence aussi fascinante qu'effrayante. Machiavélique, tortueuse, mais pourtant d'une parfaire limpidité, l'intrigue du « Marquis de Bolibar » est de celles qui se dévorent en quelques heures, en vous procurant un délicieux frisson entre les omoplates. Encore une fois une très bonne pioche. Grand merci monsieur Perutz !
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Ce roman-là m'a moins touchée, moins emportée que le Cavalier Suédois, du même auteur, qui il est vrai avait placé très haut la barre de mes attentes. La faute en incombe indubitablement aux personnages principaux, trop médiocres et pathétiques pour susciter en moi la moindre sympathie, quand Le Cavalier tirait une grandeur poignante de ses faiblesses.

Malgré tout, c'est un livre indubitablement fascinant, où règnent en maître les spectres noirs de la guerre, de la superstition et de la bêtise humaine. Est-ce Dieu, le diable ou la folie qui mène la danse ? Tous sont présents, à parts égales - ou pourraient l'être. A moins que tout ne soit qu'une farce burlesque, une farce très cruelle et très noire dont la chute est entendue au sens propre, vers l'autodestruction et la perte de soi.
Et le Marquis lui-même est de ces héros étranges, d'une obscure puissance, qui mériterait de figurer parmi les plus grands classiques.
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Qui est vraiment le marquis de Bolibar? Dans une petite ville espagnole imaginaire, la question bruisse dans l'esprit des jeunes soldats allemands servant Napoléon. Bolibar était l'ennemi de leur armée, celui qui devait donner le signal de l'assaut contre eux, mais est il mort sous les traits d'un muletier après avoir saisi leur grand secret, ou est-il en vie, près à lancer sur eux la guérilla.... Et quid de cette belle et jeune Espagnole dont les protagonistes sont fous et qui ressemble à s'y méprendre à feu la femme qu'ils ont tous eu pour maîtresse.....mi -historique mi-fantastique, l'histoire se déroule comme une tragédie noire et drôle, inexorable, et les dieux rendent vraiment fous ceux qu'ils veulent perdre.
Excellent
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Les mémoires d'Edouard de Jochberg, gentilhomme propriétaire foncier, individu peu sociable, insignifiant, nous sont présentés comme étant à l'origine du récit. Leur lecture, à la mort de leur auteur, suscita une vive surprise en apportant un éclairage inattendu sur un épisode obscur de l'histoire prussienne : la destruction totale, pendant la guerre d'indépendance d'Espagne, des régiments de Nassau et du prince de Hesse par des rebelles espagnols.

1812. Jochberg, alors âgé d'à peine vingt ans, est engagé dans la ligue du Rhin, alliée de la France de Bonaparte, et aux côtés de l'armée napoléonienne dans sa lutte contre les guérillas espagnols. Son régiment se retrouve ainsi à La Bisbal, bourgade -imaginaire- des Asturies, à traquer les rebelles commandés par colonel Saracho, surnommé "La fosse à tanner". le Marquis de Bolibar, vieillard aux étranges lubies, figure respectée de la Bisbal, s'étant allié avec le chef des guérillas, devient l'ennemi juré et insaisissable des prussiens. Sa capture est notamment devenue l'obsession du capitaine français Salignac, héros mystérieux entaché d'une réputation de démoniaque immortalité...

Jochberg est par ailleurs accompagné de cinq camarades auxquels le lie un dangereux secret : tous furent les amants de la défunte femme de leur colonel, la belle et sulfureuse Françoise-Marie, que son époux adule encore avec une jalousie maladive. Lorsque Jochberg et ses compagnons découvrent la jeune espagnole que leur supérieur, lui trouvant une troublante ressemblance avec feue son épouse, a pris pour maîtresse, leur imagination et leur convoitise s'enflamment...

Passions et vanités, aveuglement et superstitions, voici les ingrédients qu'amalgame Leo Perutz dans le creuset de son intrigue, nous offrant un récit passionnant et complexe, peuplé de héros qu'il dote d'une dimension presque mythique, évoluant dans une atmosphère à la limite du surnaturel, où la prégnance des rêves peut concurrencer le poids d'une réalité aux contours fluctuants.

Prenant connaissance du drame à venir par le témoignage de Jochberg, qui en est au coeur, et pourtant ainsi averti des fils invisibles qui le tissent, le lecteur n'en est pas moins tenu en haleine par la tension grandissante menant fatalement à la catastrophe...

Mêlant très habilement les genres, texte sombre et percutant, "Le marquis de Bolibar" est une véritable réussite !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
- J'ai des remords, reprit Donop. Nous voilà tous les cinq assis l'un près de l'autre et rien ne nous reste de ce temps que la honte, la jalousie et la haine.
Il mit sa tête dans sa main et le vin aidant se prit à philosopher.
- Le juste et l'injuste sont deux chevaux dissemblables ; chacun suit son allure. Mais souvent il me semble que l'aperçois la main qui tient leurs brides et qui leur fait labourer le champ de la terre. Quel nom donner à ce pouvoir énigmatique, qui nous rend si misérable et fait de nous des bouffons ? Dois-je parler du Destin, du Hasard ou des lois éternelles des astres ?
- Nous autres Espagnols, nous disons que c'est Dieu, dit tout à coup une voix étrangère qui sortait d'un côté de la pièce.
[...]
Au premier moment, nous fûmes plus surpris qu'indignés, en nous rendant compte que c'était cet Espagnol qui s'était immiscé dans notre conversation par ces simples mots. Mais bientôt nous comprîmes l'importance de ce qui était survenu.
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Il se mit la tête dans sa main et le vin aidant se prit à philosopher.
- Le juste et l’injuste sont deux chevaux dissemblables ; chacun suit à son allure. Mais souvent il me semble que j’aperçois la main qui tient leurs brides et qui leur fait labourer le champ de la terre. Quel nom donner à ce pouvoir énigmatique, qui nous rend si misérables et fait de nous des bouffons ? Dois je parler du Destin, du Hasard ou des lois éternelles des astres ?
- Nous autres Espagnols, nous disons que c’est Dieu, dit tout à coup une voix étrangère qui sortait d’un côté de la pièce.
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- Certainement mon hôte est un prêtre déguisé, dit Donop, avec un sourire, car je ne connais aucun métier qui puisse rendre aussi gras
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Puis je repris mes sens; une sueur froide me couvrait le visage; mes genoux tremblaient et, pendant que l'orgue ne cessait de ronfler "O Judas, ô filou!", je commençai à me poser l'angoissante question : "Qu'avons-nous fait, qu'allons-nous devenir ?"
Et il me semblait que je voyais déjà la mort tenir la place de l'organiste avec le diable aux soufflets. Et au centre de la pièce, sous la pluie brûlante des étincelles du brasero, se dressait l'ombre formidable du marquis de Bolibar qui, d'un geste sauvage et triomphant, battait la mesure et accompagnait le chant funéraire de nos obsèques.
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Je me fâchai.
-- Le Marquis de Bolibar est mort, vous dis-je. Et c'est vous-même qui l'avez fait fusiller. Par le diable, nous étions tous aveugles, cette nuit de Noël, pour ne pas l'avoir tout de suite reconnu ?
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0:37 Melmoth, de Charles R. Mathurin 1:15 Vathek, de William Beckford 1:38 Le Cavalier suédois, de Leo Perutz 2:20 La Source au bout du monde, de William Morris 3:12 Feuillets de cuivre, de Fabien Clavel 4:23 Les Aventures du chevalier Jaufré
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