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EAN : 9782369140214
Libretto (04/04/2013)
3.76/5   158 notes
Résumé :
"Un livre qui ne ressemble à aucun autre."
Tel fut, à la lecture de La Boîte en os (1941), le commentaire de Jean Cocteau qui considérait ce bref roman inclassable comme l'une des productions les plus inouïes de ce siècle. Avant lui, Apollinaire, Mac Orlan, Félix Fénéon avaient rendu hommage au génie troublant d'Antoinette Peské, dont l'œuvre littéraire se résume à un mince recueil de vers et à quelques récits parfaitement intranquilles - parmi lesquels cette... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà un roman aussi beau que troublant. L'intrigue se déroule au 19ème siècle et ne manque pas de romantisme, de mélancolie et de mystère. L'écriture est poétique et raffinée. L'atmosphère surnaturelle rappelle celle des romans gothiques avec ses âmes tourmentées, ses visions hallucinatoires, ses revenants, ses errances en des lieux obscurs dans des cimetières hantés, des bois ensorcelés où s'érige un château ancestral « Morton Castle » flouté par la brume et noirci par les ténèbres. Une tension insondable est omniprésente accentuée par une atmosphère inquiétante dans laquelle la frontière entre réel et fantastique est difficile à cerner. Il y est aussi question d'amour fou, de possession de l'être aimé voire de volonté d'incorporation de l'autre à soi et surtout d'un basculement progressif vers la folie. La boîte en os est ici la métaphore du crâne humain. Dans l'Écosse des Highlands « lieu du rêve et lieu du diable » avec ses montagnes aux sommets laiteux et ses « lacs de plomb fondu ...dont les eaux sont si profondes qu'elles semblent être les ouvertures de l'enfer » Norbert rejoint un ancien ami l'énigmatique John Mac Corjeag après que ce dernier avec qui il entretenait une relation épistolaire, s'est fait interner. Semblant guéri il lui raconte son étrange mésaventure et comment son obsession pour sa bien-aimée lui fit perdre la tête et l'agresser violemment prétextant être mû par une force invisible et maléfique. Un combat mystique entre John et le Créateur se fait jour. Il a connu Margaret très jeune alors qu'ils n'étaient que deux enfants impétueux, intelligents, artistes et amoureux de la nature. Une alchimie amoureuse puissante les liera jusqu'à l'agression qui scellera la rupture. le hasard les remettra sur le même chemin et ouvrira un second passage vers un funeste destin dans lequel le malheur et la démence vont régner en maître et dont les conséquences tragiques n'épargneront pas la descendance frappée par une sorte de malédiction. Il faut dire que sur ces terres de brouillard entre lande et forêt où flotte une certaine magie les spectres, les secrets et leur impact sur la boîte en os sont légion. Très beau, atypique et déroutant.
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Avez-vous déjà aimé au point de ne vouloir faire vraiment qu'un avec l'être aimé ? Pas simplement par l'acte d'amour, mais au point que les chairs fusionnent, ne fassent qu'une seule ? Avez-vous déjà été amoureux au point d'être à la fois certes très heureux mais aussi désespéré car ne vous sentant jamais assez près de l'élu.e, vous avez beau serrer, enlacer presque en l'écrasant ce corps vénéré, malgré ces élans, « son corps était toujours un corps à côté de mon corps, son cerveau, un cerveau à côté de mon cerveau, son coeur, un coeur à côté de mon coeur » ?
Avez-vous déjà aimé au point de devenir fou et de ne voir comme ultime solution à ces indépendances de corps et d'âme la mort, la mort du couple pour une union totale dans l'au-delà, libérant les âmes de la prison de la chair ?

Vous est-il déjà arrivé de vous demander ce qu'il y a derrière ce front adoré, quelles sont les pensées réelles qui se trament derrière, notamment la nuit ? Ces pensées sont-elles loin de vous, voire contre vous ? Cette boite en os qu'est le crâne vous séparant de la connaissance ultime de l'autre…au point de vouloir la faire voler en éclat cette boite, dernière rempart à la fusion des âmes ?

Voir au matin
L'aube se poser sur tes cils
Tout en filigrane –
Fait trembloter tes paupières
Un rêve érotique, sans moi

Est-ce aimer de penser ainsi ? Devrais-je le réveiller ou sourire de ma bêtise et admirer tendrement ces tremblements ? Les ignorer ? Lui soulever les paupières afin de voir ce que laissent transparaitre ces yeux, fenêtres de l'âme ? Lui faire un petit trou sur les paupières afin de toujours voir ce que je ne vois pas quand il a les yeux fermés ? Ou lui percer les yeux pour faire cesser cela ? Quand commence la folie, la folie d'amour ?

Sans doute dès le départ, lorsque l'amour se fait passion dévorante… « Tant de flamboiement autour de la naissance d'un amour est mauvais présage » nous dit Antoinette Peské, la chute ne pouvant être que terrible…Jalousie, enfermement, violence sont parfois les fruits futurs d'un amour absolu qui éclot.

Voilà le thème de ce livre « La boite en os » d'Antoinette Peské, court livre qui s'apparente à une nouvelle, écrit en 1931, considéré par Jean Cocteau comme l'une des productions les plus inouïes de ce siècle. Un livre gothique dans lequel les thèmes de la folie, de la mort et de la réincarnation se déploient avec noirceur dans un décor tout trouvé : dans les Highlands, en Écosse, où « ces monts, dont les sommets presque toujours perdus dans la brume font croire qu'ils touchent le ciel, ces lacs de plomb fondu, dont les eaux sont si profondes qu'elles semblent être les ouvertures de l'enfer, font subir tour à tour aux passions humaines des envolées et des descentes incroyables ».
Et c'est bien de ces envolées vertigineuses dont il s'agit ici. L'ambiance est surnaturelle, âmes tourmentées, hallucinations, cimetières brumeux hantés, fantômes, réincarnation, les ingrédients du roman gothique sont réunis et agencés avec élégance.

Si j'ai apprécié cette lecture, je suis restée un peu observatrice, n'arrivant pas à être touchée complètement par l'histoire. Pourtant, les multiples questionnements qu'il permet de développer sont passionnants. Aimer quelqu'un est-ce se l'assimiler, l'approprier à sa propre substance ? Jusqu'à quel point ? Comment ? (Ah ce comment me fait penser à tant de livres et de faits divers, n'en citons qu'en : Lune de fiel de Pascal Bruckner dans lequel la passion et l'appropriation de l'autre se fait davantage par peur de la routine et de l'ennui…). Est-ce être extrême de penser cela alors qu'on est juste épris d'idéaux, de grandeur et d'absolu ?

L'écriture est très belle, certaines descriptions m'ont fait penser à des tableaux de Münch, ceux avec ce soleil à la trace oblongue sur l'eau, si symbolique : « le soleil couchant, ce jour-là, laissait traîner sur l'eau d'autant plus sombre qu'elle languissait au pied d'une montagne un rayon d'une couleur indéfinissable qui, dans ce pays de brumes, semblait tenir de la magie ». D'ailleurs la peinture est présente dans ce roman, et ce n'est pas étonnant lorsque l'on sait qu'Antoinette Peské était fille de peintre.

Une lecture étonnante, atypique et troublante sur l'amour jusqu'à la folie absolue, une lecture dans laquelle j'aurais aimé pouvoir me plonger plus complètement, moi qui aime tous les ingrédients offerts : le gothique et le fantastique, les turpitudes de l'âme, les gouffres insondables et flous des sentiments. Et celui-ci n'en manque pas ! Merci à @mcd30 à qui je dois cette étrange et belle lecture !



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« Un livre étrange qui ne ressemble à aucun autre » tel est le commentaire de Jean Cocteau . Ma curiosité attisée, je me suis lancée dans cette lecture
Antoinette Peské, par le biais subtil de la narration nous conte une histoire d'amour fou par delà la mort.
Avec une atmosphère qui rappelle « Les hauts de Hurlevent » et qui pourrait avoir inspiré « L'éternel retour » . La boîte en os se passe dans les Higlands à Goldloch, dans un petit village entre landes, lacs et ciels changeants. Toute la magie de l'Écosse.
Deux adolescents s'étaient liés d'amitié, bien des années plus tard, le narrateur, Norbert, apprenant que son ami est interné ; il va lui rendre visite et tentera de l'aider, sa vie en sera bouleversée pour toujours.
John Mac Corjeac aime sa femme Margaret O'Don d'un amour fou. Cette dernière est fascinée par lui depuis qu'ils étaient camarades de jeux.
John l'aime d'un amour obsessionnel, voudrait connaître ses moindres pensées, ressentir ses émotions, la posséder pour l'éternité. de l'amour fou à la folie, il n'y a qu'un pas.
C'est une histoire singulière écrite d'une très jolie plume, tout à la fois gothique, c'est la fin du dix-neuvième siècle, romantique et pourtant… ! Nous sommes loin de toute morale car cette passion conduit John et Margaret à d'incroyables extrémités où la mort semble abolie.
Une histoire qui fait se demander pourquoi nous l'aimons car peut-être serait-il plus normal d'être horrifié mais ce roman fait ressortir toute la complexité de l'être humain.
Un petit bijou à lire absolument.
Merci aux éditions Libretto
#La boîte en os#NetGalleyFrance
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Norbert, le narrateur, retrouve par hasard son vieil ami John Mac Corjeac. L'Écossais lui raconte l'étrange récit de son existence. John était un jeune artiste exalté. Son amour pour Margaret O'Don est exclusif et dévorant, voire dangereux pour l'objet de sa passion. « Je souffrais de ce que je ne me sentais jamais assez près de ma femme. J'avais beau la tenir dans mes bras, la serrer sur ma poitrine à l'écraser, son corps était toujours un corps à côté de mon corps, son cerveau, un cerveau à côté de mon cerveau, son coeur, un coeur à côté de mon coeur. Et cela ne laissait pas de m'étonner. Ne pas pouvoir être avec ce qu'on aime ! » (p. 90) Après avoir commis un acte odieux, John perd la raison. Des années plus tard, sorti de l'institution où il était interné, il n'a de cesse de poursuivre l'objet de son amour.

Norbert souhaite tout d'abord sauver son ami. le jeune Écossais est plein d'aspirations nobles et de considérations sublimes. « Amitié, amour, pour celui qui donne tout et qui entend tout recevoir en échange, la différence n'est pas telle. L'amitié est alors l'amour à l'état de sainteté. » (p. 73) Mais John Mac Corjeac est un personnage inquiétant dont le désir de fusionner avec ce qu'il aime est parfaitement macabre. « Y a-t-il moyen plus sûr de posséder ce qu'on aime que se l'assimiler : l'approprier à sa substance ? » (p. 27) le mythe platonicien de l'androgyne est décliné de façon lugubre, voire gothique, entre cimetière et sombres bâtisses. Les Highlands se prêtent merveilleusement aux fantasmagories angoissantes qui naissent de la folie de John et des observations de Norbert. « L'Écosse du Nord est, je crois, par excellence le lieu du rêve, de la contemplation intérieure et de l'amour. Est-ce pour cette raison qu'elle est aussi le lieu du diable ? » (p. 21)

Ce roman du 20e siècle rappelle les chefs-d'oeuvre gothiques du 19° siècle, comme ceux d'Ann Radcliffe, mais également les romans de Wilkie Collins, pleins de sombres mystères et de fatalité macabre. « J'ai vu le diable là-bas, et il m'a séduit. » (p. 21) Entre horreur et surnaturel, La boîte en os est un roman étonnant et très réussi, parfait pour se frémir dans la pénombre.
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Situé en Ecosse à la fin du XIXème siècle, La boite en os, entendez par là, la boite crânienne qui accueille notre cerveau et donc aussi notre folie, est un double récit de type très classique pour les récits fantastiques : récit cadre- récit encadré. Il raconte jusqu'où peut mener la folie amoureuse, à prendre au sens strict.
Un narrateur principal retrouve un bon ami perdu de vue depuis longtemps.
John Mac Corjeag s'est marié mais a été enfermé pendant 10 ans dans un institut suite à une crise de folie furieuse. le second récit pris en charge par John lui-même nous raconte la rencontre avec Margaret O'Don sa future épouse, les premiers mois de bonheur, puis les obsessions de plus en plus violentes de John à propos de la possession de sa chère femme. Car il ne veut pas seulement la posséder charnellement. Il la veut tout entière, connaitre toutes ses pensées, sa vérité.
Voilà nos deux amis en train de concocter un stratagème pour que Margaret, qui aime toujours son époux mais dont la santé est devenue fragile, accepte de le revoir.
Et bien sûr le destin tragique les rattrape.
La fin du récit est confiée à nouveau à Norbert qui revient des années plus tard sur les lieux du drame et les conséquences en seront funestes aussi.
Je n'ai pas été charmée par ce récit. Il a pourtant des ingrédients qui auraient dû me plaire : l'Ecosse pour cadre, la fin du XIXème, l'amour passion, le fantastique et le gothique pour la dernière partie. Pourtant la fin consacrée au retour de Norbert sur les lieux ayant accueilli le drame est plutôt réussie.
J'ai été rebutée par la violence de John, ses excès de langage et l'extrémisme de son amour.
Ecrit en 1931, paru seulement en 1941 de façon assez confidentielle alors qu'encensé par Cocteau, Mac Orlan… ce texte n'a été republié qu'en 1984. Je trouve que son style déjà un peu désuet au moment de sa parution initiale a encore bien vieilli.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Je ne soupçonnais pas que notre chair pût renfermer de tels trésors de sensations, de jouissances terribles et douces à saveur d'infini, qui font douter que le paradis soit ailleurs qu'en nous. Car peut-il exister délices plus profondes que délices d'amour ?
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À vrai dire, j'ai éprouvé dans l'Écosse des Highlands ce que je n'ai éprouvé nulle part au cour de mes nombreux voyages à travers l'Europe. Ces monts, dont les sommets presque toujours perdus dans la brume font croire qu'ils touchent le ciel, ces lacs de plomb fondu, dont les eaux sont si profondes qu'elles semblent être les ouvertures de l'enfer, font subir tour à tour aux passions humaines des envolées et des descentes incroyables. L'Écosse du Nord est je crois, par excellence, le lieu du rêve , de la contemplation intérieure et de l'amour.
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Cette "boite en os" dont elle rêve de forcer la serrure, c'est le crâne humain qui garde obstinément son secret. C'est aussi l'image de la mort qui guette derrière le visage aimé. Le roman conte l'aventure d'un homme qui tombe amoureux d'un visage, ou plutôt du mystère que révèle (et dissimule) ce visage. Et cet homme découvre que le désir, insatisfait même à l'heure de la possession, la plus frénétique, ne peut s'assouvir que dans la connaissance, désespérément inaccessible, du désir éprouvé par l'autre. Connaître au sens biblique du mot !

Antoinette Peské proclame avec un beau sens de l'excès : "L'homme ne va jamais assez loin dans ses actes et dans ses rêves".
Désirer un corps, le posséder ne suffit jamais à celui qui aime. Car le véritable objet du désir est au-delà de cette chair en laquelle l'être aimé feint de se livrer. Ce que l'amour traque partout et toujours avec fureur, avec désespoir, c'est l'imagination cachée de l'autre : le désir - comme la folie - reste seul.
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Incipit :

De passage à Londres cette année de 1893, prodigue pour moi en évènements singuliers, j'attendais une personne de ma connaissance dans un club du West-End.
Mon journal ayant cessé de m'intéresser, je m'amusais à reconnaître la nationalité des occupants de la salle où je me trouvais, à leur façon d'être assis.
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Je ne cessais de penser à mon acte depuis quelques temps, et plus j'y pensais, plus les yeux de mon amie retrouvaient leur caractère de jadis, leur matière, leur couleur, leur vide profond dans lequel j'avais failli tomber... me noyer ! Je tremblais...
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