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Michel Chandeigne (Traducteur)Patrick Quillier (Traducteur)Maria Antónia Câmara Manuel (Traducteur)Maria Aliete Dores Galhoz (Préfacier, etc.)José Augusto Seabra (Préfacier, etc.)
EAN : 9782757803189
384 pages
Points (01/03/2007)
4.23/5   42 notes
Résumé :
Les poèmes d'Alberto Caeiro et de Ricardo Reis sont au cœur de l'œuvre de Fernando Pessoa.
Ces deux hétéronymes incarnent l'idéal d'une vie authentiquement "païenne", accordée au réel, refusant le mysticisme. Caeiro est le poète du regard objectif, de l'existence brute des choses : ses vers sont volontairement prosaïques. Reis, épicurien stoïcien, est le poète de l'instant fugitif et du destin inexorable. Cette édition rassemble tous les poèmes païens de Pess... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
C'est toujours avec un sentiment très particulier que je reviens vers l'écriture de Fernando Pessoa, vers ce recueil des Poèmes païens d'Alberto Caeiro et de Ricardo Reis.

Des soixante-dix hétéronymes qu'il a imaginés, Fernando Pessoa reconnaît Alberto Caeiro comme le maître, pour celui qui a été le déclencheur de tout son processus d'écriture poétique. Ce moment de révélation a une date, celle de la nuit du 8 mars 1914, nuit durant laquelle il aurait écrit les 49 poèmes d'O Guardador de Rebanhos (Le Gardeur de troupeaux).

Comme dans Le Berger amoureux et les autres poèmes du recueil, Alberto Caeiro fait la place belle à l'expérience des choses vécues, au rapport immédiat que nous avons avec elles. Dans ses vers, tout tend à la simplicité, au dépouillement. Une poésie lumineuse où les sens donnent bien plus à voir, à comprendre, que la pensée même. La sensation immédiate des saveurs de l'été, les couleurs, les senteurs, le vent qui passe sur le paysage, le bruit de la rivière et des arbres,… Dans ses poèmes, Alberto Caeiro exprime aussi la difficulté que nous avons de voir le visible, d'entretenir un rapport direct à la nature toute proche. Sa poésie apparaît comme une invitation à accepter notre modestie, notre petitesse paradoxale. Nous passons et disparaissons sans trop de bruit dans la permanence du monde. Pour absurde et particulière que soit la situation, elle est pourtant aussi simple que cela.

Si Fernando Pessoa a construit peu de choses sur la vie d'Alberto Caeiro (on sait seulement qu'il est né en 1889 à la campagne, qu'il a été très tôt orphelin, et qu'il est mort de la tuberculose en 1935), le portrait imaginé de Ricardo Reis est plus complet. Fernando Pessoa le fait naître en 1887 à Porto. Il lui attribue une grande culture classique, il lui obtient un diplôme en médecine, le fait monarchiste et pour échapper au régime républicain qui a pris le pouvoir au Portugal, l'oblige à s'expatrier au Brésil en 1919.

La poésie de Ricardo Reis, si elle n'est dans l'esprit, pas très éloignée de celle d'Alberto Caeiro, a dans le style et dans la forme bien des différences. Comme chez l'auteur du Gardien de troupeaux, l'homme n'est pas maître de sa condition, il ne peut la modifier. Il ne peut qu'en apprécier le moment présent, tendre vers une sérénité de l'instant, un Carpe Diem. L'écriture de Ricardo Reis est plus classique, le vocabulaire plus érudit, la structure des poèmes plus formalisée. Les influences de la culture gréco-latine, de l'épicurisme, du stoïcisme et du poète latin Horace apparaissent en pleine lumière. Il y a dans les vers de Ricardo Reis l'expression d'une recherche, celle d'un apaisement qui libèrerait la conscience des contingences de la vie, de ses émotions et de ses sentiments exacerbés.

« Nombreux sont ceux qui vivent en nous ;
Si je pense, si je ressens, j'ignore
Qui est celui qui pense, qui ressent.
Je suis seulement le lieu
Où l'on pense, où l'on ressent.

J'ai d'avantage d'âmes qu'une seule.
Il est plus de moi que moi-même.
J'existe cependant
À tous indifférent.
Je les fais taire : je parle.

Les influx entrecroisés
De ce que je ressens ou passages
Polémiquent en qui je suis.
Je les ignore. Ils ne dictent rien
À celui que je me connais : j'écris.»

Comme dans les Odes de Ricardo Reis, les poèmes d'Alberto Caeiro libèrent un sens qui, du bout des doigts, touche au sublime, dévoilent une vérité que seule la poésie peut nous faire éprouver et partager.
Dans une entreprise littéraire comme celle de Fernando Pessoa, travail d'écriture unique, incomparable, indépassable, chacun des hétéronymes, avec leurs écrits, leur histoire, est un moyen d'approcher au plus près de Fernando Pessoa et de son oeuvre.
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C'est toujours très difficile de refermer un recueil de poésies. On n'est jamais sur d'en avoir vraiment terminé la lecture. Et puis, quelques jours après, on n'y revient, on l'ouvre à n'importe quelle page pour retrouver à nouveau les sensations premières.
C'est ce qui m'arrive avec ce recueil de Pessoa. A travers les hétéronymes d'Alberto Caeiro et de Ricardo Reis, l'auteur nous parle surtout de la nature, du présent, de la contemplation, de l'être...
Pour Pessoa, la nature se contemple comme elle se présente. Nul n'est besoin d'en décrypter les mystères ou d'y voir une quelquonque présence divine. Il en va de même de l'amour. Prendre les choses pour ce qu'elles sont, dans l'instant, comme elles viennent et savoir s'en satisfaire. Voilà ce qu'il faut faire. Et s'en délécter suffisamment, s'en nourrir pour les métaboliser en soi. La lecture de ces poèmes, pour peu qu'on y prenne le temps, nous offrent un moment de grande sérénité.
Bon, comme toujours, je m'exalte et je m'extraie très vite hors des contingences quotidiennes. C'est d'ailleurs pour cela que j'aime la poésie. Mais, tout cela n'est que mon ressenti, subjectif bien entendu, mais je peine à redescendre sur terre... Ce livre sera pour quelques temps encore un de mes livres de chevet.
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Une magnifique critique de mon ami babeliote Pasoa m'a fait découvrir ces poèmes païens de Fernando Pessoa.

Leur lecture a été, pour moi, un émerveillement à chaque page.

Dans ce recueil, Pessoa se présente sous l'apparence de deux visages, celui d'Alberto Cairo, le maître et celui de Ricardo Reis, le disciple.
Les poèmes de Ricardo Reis sont plus raffinés, à l'écriture plus ciselée, sont plus marqués par l'influence de l'antiquité gréco-romaine, les poèmes d'Horace notamment.

Ceux d'Alberto Cairo me sont apparus comme une méditation poétique sur l'homme comme étant une partie de la terre, de l'Univers, au même titre que les objets vivants et inanimés. Dans le gardeur de troupeaux, c'est une sorte de poésie de la pleine conscience qui nous est offerte, où chaque poème nous invite à la contemplation, à ressentir le monde, le moment présent, et à ne pas penser. Une sensation de plénitude, de sérénité merveilleuse nous envahit au fil de ces poèmes.
Dans le berger amoureux, il y a aussi l'acceptation de l'amour tel qu'il est au moment présent, sans se soucier de l'avenir.

Les odes de Ricardo Reis, plus construites, plus maniérées, sont, sous une autre forme, une invitation à apprécier la vie, et la fugacité des instants, et à refuser toute transcendance, de vie après la mort. En ce sens, ces poèmes sont réellement « païens » refusant tout mysticisme religieux.

C'est ma première rencontre avec Fernando Pessoa.
Une si belle rencontre qui m'invite à la fois à vouloir découvrir les différents facettes de son oeuvre poétique singulière, et à m'imprégner encore et encore de la sérénité des poèmes du gardeur de troupeaux
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N°1630 - Mars 2022

Poèmes païensAlberto Caeiro et Ricardo Reis - Christian Bourgois éditeur.

Pessoa est un cas à part dans l'histoire de la littérature. Il a passé sa vie dans un bureau comme un discret employé aux revenus modestes, n'a pratiquement rien publié de son vivant sous son nom propre et est mort pratiquement inconnu, laissant le soin à ceux qui le suivraient de découvrir ses poèmes écrits parfois au dos de vieilles factures et déposés dans une malle ou éparpillés sur des feuilles et de les publier, ce qu'ils firent. Il est pourtant considéré comme un des plus grands écrivains portugais, à l'égal de Camões
Ces deux auteurs n'ont jamais existé autrement que dans l'imagination et sous la plume de Fernando Pessoa (1888-1935). Ils sont parmi ses nombreux hétéronymes (on en dénombre 72) les plus importants. Ce terme n'est pas un simple pseudonyme, pas non plus un artifice littéraire ou une manière de se cacher, d'avancer masqué . Il y a ici une idée d'opposition entre tous ces personnages qui lui permet d'analyser et d'exprimer les arcanes de son « moi », une façon pour lui « d'être un autre sans cesser d'être lui-même » et peut-être aussi une forme de thérapie face à une vie solitaire d'écorché-vif. C'est l'occasion de révéler son style à la fois prolifique et protéiforme, sa modernité, son anti-conformisme, sa volonté de révolutionner l'art et de le marquer son empreinte comme il l'a fait dans son éphémère revue « Orpheu ». En effet, Pessoa les a crées, leur a prêté une vie, et parfois une mort, une sensibilité, une personnalité, un horoscope, a écrit pour eux une oeuvre différente de la sienne et qui ne se ressemblent pas non plus à celle des autres hétéronymes.
Parmi tous ses nombreux hétéronymes, Ricardo Reis a une place de choix. Selon Pessoa lui-même, cet « auteur » se serait imposé de lui-même. Ricardo Reis est un lettré, éduqué chez les jésuites portugais, son style est emprunt d'une rigueur stoïcienne et d'un épicurisme sobre à la manière d'Horace, c'est un humaniste, un intellectuel au vocabulaire choisi (« les odes »), un poète de l'instant fugitif, respectueux de la stricte règle prosodique. Cela est dû à la formation classique où prédominait le latin, reçue par Pessoa lors de sa scolarité en Afrique du sud. Il est médecin, monarchiste, ce qui fera de lui un exilé au Brésil quand la république sera instaurée au Portugal. Il y a chez lui un certain fatalisme face à la vie et à la mort.
Alberto Caeiro(1889-1915) est une sorte de berger (« Le gardeur de troupeaux ») sans grande éducation dont la poésie est simple et spontanée, tournée vers la terre et les sens. Son écriture bucolique, sobre et dépouillée, et parfois même lourde, est à contre-courant du classicisme portugais de cette époque (1914) . On peut même y voir un certain humour. Il est le poète de la simplicité, de la nature, des choses vues et vécues. Il regarde le monde avec des yeux presque naïfs, se méfiant des intellectuels et de leur créations fantasques et éthérées, des mystiques et des espoirs fous qu'ils insinuent dans l'esprit des autres hommes. Il a conscience de n'être rien en ce monde, de n'être ici que de passage et évidemment voué à l'anonymat et à la disparition silencieuse. Il est celui qui prône l'indifférence face au monde des grandes idées qui le bouleversent et lui oppose un monde plus sensuel du quotidien.
Ces poèmes sont dits païens parce qu'ils sont tournés vers les sens, les sensations, l'inverse du mysticisme, peut-être aussi parce qu'ils sont écrits d‘une manière irrévérencieuse au regard de la religion chrétienne, qu'ils célèbrent la vie qui n'a pour issue que la mort.
C'est toujours un plaisir de relire Pessoa. Il reste pour moi un écrivain fascinant parce qu'il a été et parce ce qu'il a écrit.


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Ce livre contient des poèmes des hétéronymes Alberto Caeiro et Ricardo Reis. Je me limiterai ici à parler de ce dernier, ayant déjà évoqué Caeiro dans le Gardeur de troupeaux.

L'hétéronyme principal de Pessoa, Álvaro de Campos, est un homme du Sud, Caeiro est un homme de la campagne, du Ribatejo, Pessoa lui-même et Soares sont des citadins, chantres de Lisbonne, et voici Ricardo Reis (prononcez Ricardou Réïch), né à Porto, au centre-nord du Portugal, mais qui semble sans attaches géographiques poussés. Comme Pessoa à sept ans, Ricardo Reins va s'exiler, mais lui, ce sera à l'âge adulte, exil volontaire au Brésil à cause de ses idées monarchistes au moment de la proclamation de la république. Reis était cependant un monarchiste sans programme et... sans idées monarchistes. Son monarchisme semble n'être qu'un prétexte pour le faire sortir de scène. Pessoa parle peu de politique mais dira quand même en 1910 «Quand nous avons fait une révolution, c'est pour mettre en place la même chose qui était déjà là». C'est donc un exil sans signification politique.

Pessoa attribue à Reis «toute ma capacité de discipline mentale». Reis est féru de culture latine et grecque. Lors de ses études à Durban, le latin était la meilleure branche de Pessoa.

C'est l'occasion de faire une parenthèse sur ses années de scolarité passées en Afrique. C'est là qu'il a trouvé un père de substitution en la personne d'un enseignant, le headmaster Nicholas, professeur de latin et directeur du collège de 1886 à 1909, qui l'initia à la poésie. C'est un fort substitut paternel, une personnalité rayonnante, une béquille décisive qui lui apporta ce qu'il ne trouvait pas dans sa famille et qui maintiendra un lien entre Pessoa et le social. Son enseignement était celui d'un maitre, c'est-à-dire quelqu'un qui forme des disciples. Il était d'ascendance hispano-irlandaise, étranger lui aussi,... et célibataire lui aussi. Pessoa choisira de devenir poète comme lui, plutôt que d'opter pour la profession de son père, mort quand il avait cinq ans, ou de son beau-père. Mais curieusement, dans ses 72 hétéronymes et sa vaste production littéraire, on ne trouve rien, absolument rien, qui rappelle ce séjour africain.

L'hétéronyme Ricarco Reis étudia la médecine et fut professeur dans un grand collège américain. Il s'opposa à Álvaro de Campos dans une polémique sur l'art, et à Caeiro pour son style trop simple. Quand à Pessoa, il déclare «[Reis] écrit mieux que moi, mais avec un purisme qui me paraît excessif». Chaque hétéronyme a ainsi ses particularités. Cela n'empêche pas, dans ce petit théâtre des hétéronymes, que Ricardo Reis soit choisi comme préfacier des poèmes des autres.

Reis est une sorte de chantre du néo-paganisme, un poète de la nature, héritier des sagesses antiques, l'ami d'Épicure, mais comme Pessoa les contradictions, l'ami également des stoïciens. Reis est parfois l'hétéronyme de la renonciation, du Nirvâna, le double négatif de Campos, le poète de toutes les audaces. Mais aussi le double négatif de Caeiro qui n'a pas d'éthique. Dans plusieurs poèmes, Reis s'adresse aux dieux, aux dieux antiques comme à Dieu-le-Père, lui qui a perdu son père.

Aos deuses peço só que me concedam / O nada lhes pedir

Aux dieux, je demande seulement qu'ils m'accordent de ne rien leur demander.

Le style de Reich est différent des autres hétéronymes, précis, perfectionniste, artificiel, recherché, truffé d'archaïsmes (vedar pour proibir, per pour por, refusar pour recusar, curar pour tratar de,...). Il utilise de manière transitive des verbes intransitifs (decorrer, chiar, dormir, morrer,...) et inversement (animar). Les îles vierges, à explorer sont des «îles inexplicites» et les paysages du nord des «explicites de neige». Tout cela est évidemment difficile à rendre en traduction.

Parmi ses oeuvres traduites en français, citons Poèmes, Odes et Livre premier.

On trouve aussi chez lui, comme chez Pessoa, le refus de la relation affective.

«Aimons-nous tranquillement, en pensant que nous pourrions si nous le voulions, nous embrasser, nous enlacer, nous caresser, mais qu'il vaut mieux s'asseoir l'un près de l'autre, voir et écouter le bruit de l'eau, cueillons des fleurs... ».

Reis a un cousin, Frederico Reis, critique et homme de lettres, auquel Pessoa fait dire que la poésie de son cousin est d'un épicurisme triste. Chez Pessoa qui a perdu son jeune frère quand il avait 5 ans, la plupart des hétéronymes ont un frère ou ici, un cousin : Alexander et Charles Search, les deux frères Guedes, Merrick, Soares, Otto,... Les frères Wyatt et les frères Crosse sont même trois, mais il n'y a jamais de soeur.

Voici quelques vers de lui.

Stylite inébranlable sur la ferme colonne
Des vers où je demeure,
Je ne crains pas le futur innombrable flux
Des temps et de l'oubli...
Dès lors que nous irons, abolis par les Parques,
Vagues formes solennelles subitement surannées,
Et de plus en plus ombres,
Au rendez-vous fatal,
La ténébreuse barque sur le fleuve lugubre,
Les neuf enlacements de la stygienne horreur,
Et l'étreinte insatiable
De la patrie de Pluton.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Nombreux sont ceux qui vivent en nous ;
Si je pense, si je ressens, j’ignore
Qui est celui qui pense, qui ressent.
Je suis seulement le lieu
Où l’on pense, où l’on ressent.

J’ai davantage d’âmes qu’une seule.
Il est plus de moi que moi-même.
J’existe cependant
À tous indifférent.
Je les fais taire : Je parle.

Les influx entrecroisés
De ce que je ressens ou ne ressent pas
Polémiquent en celui que je suis.
Je les ignore. Ils ne dictent rien
À celui que je me connais : j’écris.

Les joueurs d'échecs - Odes de Ricardo Reis ( hétéronyme ) - 1935
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C'est peut-être le dernier jour de ma vie,
J'ai salué le soleil, en levant la main droite,
Mais je ne l'ai pas salué pour lui dire adieu,
J'ai fait signe que j'aimais bien le voir encore : rien d'autre.
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Il ne suffit pas d'ouvrir la fenêtre
Pour voir les champs et la rivière.
Il n'est pas suffisant de ne pas être aveugle
Pour voir les arbres et les fleurs.
Il faut aussi n'avoir aucune philosophie.
Quand il y a philosophie, il n'y a pas d'arbres : il y a
des idées, sans plus.
Il n'y a que chacun de nous, à la manière d'une cave.
Il n'y a qu'une fenêtre fermée, avec le monde entier
au-dehors ;
Ainsi qu'un rêve de ce qui pourrait être vu si la fenêtre
venait à s'ouvrir,
Et qui n'est jamais ce qui est vu lorsque s'ouvre
la fenêtre.
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Il ne suffit pas d'ouvrir la fenêtre
Pour voir les champs et la rivière.
Il n'est pas suffisant de ne pas être aveugle
Pour voir les arbres et les fleurs.
Il faut aussi n'avoir aucune philosophie.
Quand il y a philosophie, il n'y a pas d'arbres : il y a
des idées, sans plus.
Il n'y a que chacun de nous, à la manière d'une cave.
Il n'y a qu'une fenêtre fermée, avec le monde entier
au-dehors ;
Ainsi qu'un rêve de ce qui pourrait être vu si la fenêtre
venait à s'ouvrir,
Et qui n'est jamais ce qui est vu lorsque s'ouvre
la fenêtre.
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Navire en partance vers les lointains,
Pourquoi donc, au contraire des autres,
Est-ce que je ne ressens, une fois que tu as disparu, aucun manque de toi?
C'est que, dès lors que je ne te vois plus, tu as cessé d'exister.
Et si l'on ressent le manque de ce qui n'existe pas,
Je l'éprouve relativement à rien;
Ce n'est pas du navire, c'est de nous, que nous sentons le manque.
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Vidéo de Fernando Pessoa
En librairie le 2 juin 2023 et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454054/comment-les-autres-nous-voient
Après Chronique de la vie qui passe, le présent volume vient compléter l'édition des Proses publiées du vivant de Pessoa telles qu'elles avaient été présentées au public français dès 1987 par José Blanco, l'un des meilleurs spécialistes du grand auteur portugais.
Dans la catégorie : Littérature portugaiseVoir plus
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