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EAN : 9782810612802
384 pages
Books on Demand (24/02/2011)
3.72/5   16 notes
Résumé :
"L'adolescent, fasciné, avait écouté le guide régional leur parler d'un couvent un peu particulier qui se trouvait à l'orée du village. Un couvent qui n'accueillait que des écrivains..."

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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Je commence en remerciant Fémi Peters pour l'envoi de son livre (et pour sa patience) ; quelle bonne idée ce livre voyageur !

Entrer en littérature comme on entre en religion. C'est la voie que Willy se choisit à l'âge de 16 ans. Il rejoint le couvent de Notre-Dame-des-Lettres pour consacrer sa vie à l'écriture. Il fait voeux « d'écriture, de lecture et de culture ». Dirigé par la mère supérieure Gabrielle -qui le prend en affection et devient son plus fidèle soutien - le couvent regroupe 50 écrivains reclus partageant leur foi en la littérature. Au fil des pages, le lecteur découvre la vie de Willy de jeune novice à écrivain confirmé.

Un couvent d'écrivains ? Reclus ? Lorsque Fémi Peters m'a expliqué la trame de son roman j'ai été plus qu'intriguée, son idée va à l'encontre de ce que j'imagine nécessaire à un écrivain. La théorie de l'éponge vous connaissez ? L'écrivain nourrit son inspiration de ce qui l'entoure, de ce qu'il vit, de ce qu'il voit, entend, ressent comme une éponge qui aspire l'eau autour d'elle... J'étais donc très curieuse de lire son roman.

Fémi Peters a inventé Notre-Dame-des-Lettres pour rendre hommage à la littérature. Ériger la littérature en religion. N'étant pas croyante l'idée ne m'enthousiasme pas vraiment, même si je comprends bien qu'il s'agit là d'un hommage (un témoignage de foi ?) de la part de l'auteure. En fait, ce que je retiens surtout du couvent ce sont les règles strictes, les voeux (de chasteté !! ), la réclusion des écrivains, les privations (nourriture frugale)... rien de très joyeux. J'en oublierais presque sa bibliothèque qui me ferait sans aucun doute pâlir d'envie. L'idée d'imaginer la littérature en reine/déesse était si prometteuse alors pourquoi enfermer les écrivains dans un carcan aussi austère ? Pour moi lire rime avec plaisir. de plus, j'aime trop ma liberté pour pouvoir concevoir que je pourrais m'épanouir sans. Bien sûr tout ceci est tout à fait personnel, cela renvoie aux limites de mon imaginaire... Enfin... un peu plus de jouissance n'aurait pas nui... ;-)

Je reviens à mon éponge. Si l'idée de la religion ne me convient pas cela reste tout à fait personnel. Mais l'éponge est une autre histoire. Il en va de la crédibilité du roman, de ses personnages (à mon humble avis). Et c'est là le seul vrai bémol, je suis vraiment désolée mais je ne suis pas convaincue. Enfermer un gamin de 16 ans pour en faire un écrivain, le priver de tout contact ou presque... je ne pense pas qu'il aurait matière à écrire, avec succès encore moins. Je continue donc à voir le cerveau de l'écrivain comme une éponge assoiffée... de vieS.

Je finis volontairement en parlant de la plume de Fémi. Une note positive. Je ne suis qu'une lectrice du dimanche mais je la trouve prometteuse : l'écriture est fluide, agréable et malgré le peu de rebondissements, j'ai toujours eu envie de tourner la page. L'histoire est vraiment originale. de nombreuses citations rythment la lecture. le texte porte à réflexion sur divers sujets, bouscule un peu...

A tous les amoureux des livres, je dis : allez donc découvrir ce couvent, vous pourriez être surpris... par votre imaginaire... Amis de Babelio, pourriez-vous envisager le port de la bure ?? :D
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Près du village de Livres-la-Vallée se tient le couvent de Notre-Dame-des-Lettres. Mais pas n'importe quel couvent : un lieu unique et original imaginé par un écrivain - Gabrielle Lenoir - décidée à vivre retirée du monde à seule fin de se consacrer exclusivement à sa passion : la littérature. Quelques écrivains - triés sur le volet et décidés eux aussi à vivre à l'écart de la société - l'ont rejointe au fil des années et forment une curieuse confrérie de "moines littéraires" en marge du monde. La mère fondatrice de ce lieu préservé met en place un concept proche de la religion catholique qui vise à adorer la Littérature comme une véritable divinité et à lui rendre grâce en respectant certains préceptes tels que l'écriture, la lecture et l'exploration de toutes formes de cultures - pratiques essentielles à la construction d'un esprit instruit. Jusqu'à ce qu'un jour, Gabrielle décide d'introduire un novice au sein de la petite communauté : un adolescent, Willy, doué pour l'écriture malgré son jeune âge, auquel elle s'attache irrémédiablement et qui va apporter dans son sillage un vent d'innovation et de bouleversements sans précédents.

Tout d'abord, je tiens vraiment à remercier Fémi Peters qui m'a contacté sur le site Babelio et m'a fait parvenir cet ouvrage par le biais d'autres lecteurs. Sans cela, je ne pense pas que j'aurais jamais eu l'occasion de lire son livre, d'en apprécier toutes les bonnes choses et d'y prendre tant de plaisir. D'habitude, je ne répond pas aux demandes des uns et des autres, et je ne découvre que très très rarement un ouvrage par ce biais. Mais là, j'ai fait une exception en lisant le résumé de Notre-Dame-des-Lettres qui était plus qu'intriguant ! Un couvent dédié aux lettres et aux écrivains, une histoire qui aborde entre autres choses les pièges du prosélytisme et du fanatisme et fait la part belle aux auteurs classiques, ne pouvait que m'intriguer !

On suit donc l'arrivée du jeune Willy au couvent de Notre-Dame-des-Lettres, ses premières années en tant que novice, ses succès dans le monde de l'écriture, ses amitiés avec les frères et soeurs qui l'entourent et son affection inconditionnelle pour Gabrielle qui fait presque office de mère pour le jeune homme. Mais le couvent est également régit par des lois très strictes - les mêmes que celles qui ont cours dans un monastère ordinaire - et il est donc interdit aux "moines" de se marier ou de fonder une famille, leur unique but dans la vie après leur entrée au couvent étant de s'instruire, de lire et d'écrire ! Avec toutes les contraintes que cela impose, on assiste jour après jour et année après année à l'évolution de Willy, aux difficultés qu'il traverse loin de sa famille et de ses amis, à ses doutes et à ses peurs ainsi qu'à celles de ses frères et soeurs, aux jalousies auxquelles il s'expose, aux aléas de la vie qui touchent son entourage sans qu'il puisse jamais vraiment intervenir. Mais plus que tout, on voit sa formidable admiration pour les livres et sa foi absolue dans cette nouvelle religion dont il rêve d'étendre l'influence à travers le monde.

Sûr du pouvoir des livres pour guérir tous les maux, Willy commence alors un travail fastidieux destiné à gagner chacun à sa cause et qui aura pour but de faire connaître à la société son mode de vie ainsi que celui de ses frères et par-dessus tout, la supériorité de la littérature en tant que croyance.

Autant le dire tout de suite : le récit de Femi Peters se lit d'une traite. Il est d'un abord facile, le style est simple et fluide, et malgré le peu de rebondissements (puisqu'il est avant tout question de l'existence des moines dans leur monastère !) on dévore l'histoire du début à la fin sans ressentir d'ennui. Et pour moi, dans la plupart des cas, c'est le propre d'un excellent bouquin ! L'originalité de l'idée de base n'est pas étrangère non plus à mon plaisir de lecture mais elle est aussi la source de certaines petites choses que je pourrais reprocher à cet ouvrage...

Sur l'idée d'une religion issue de notre passion pour la littérature, le livre de Femi Peters est intéressant dans le sens où il permet de juger les excès et les débordements du fanatisme même si je regrette quelque peu que les conséquences n'y soient pas plus approfondies. le moins que l'on puisse dire, c'est que son ouvrage pousse la lectrice que je suis à se poser un certain nombre de questions et à s'interroger sur un point en particulier : la supériorité de la littérature sur toutes les autres formes d'art ainsi que le besoin ressenti d'endoctriner les autres.

C'est ce que tout lecteur passionné et boulimique pense quelque part au fond de lui. Celui qui lit depuis toujours et ouvre la porte à ses rêves par le biais de l'imagination ressent souvent le besoin impérieux de convertir les autres à sa passion. Qui n'a jamais songé : Ma religion, c'est la littérature ? Je ne me déplace jamais sans mon livre, je lis tant de livres par mois, je raisonne en terme de titres, d'auteurs, de références littéraires, de citations et je me construit à travers ma passion. de là à mener une croisade pour endoctriner les foules ? En théorie, ça peut séduire. Malheureusement, je doute que ça puisse fonctionner. C'est ce que se propose d'évoquer Femi Peters à travers le récit de Willy.

Bien que la réalité nous rattrape toujours et que, contrairement à une religion "ordinaire", il soit difficile d'imaginer qu'une foule de gens puisse se laisser convaincre par ce qui reste avant tout un plaisir ou un hobby (comme le tricot ou le jogging) alors qu'aucune prédisposition pour la lecture n'a jamais été ressentie auparavant, l'auteur utilise ce concept utopique pour construire son récit autour de la foi de Willy... C'est là que le bât blesse. Pour moi, la littérature ne peut pas être associée à l'idée de religion. C'est un plaisir qui doit être vécu librement (même s'il est souvent exclusif) et je n'imagine pas qu'on puisse forcer quelqu'un à se guérir par les livres, encore moins à apprécier la littérature d'un claquement de doigt. J'ai eu la sensation que dans le roman de Femi Peters, elle devenait quelque chose de facilement accessible susceptible d'être enseignée et appréciée par tout le monde. Et je dois dire que j'ai eu du mal à adhérer, malgré la séduction de la chose qui flatte forcément mon goût immodéré pour la lecture...

Ce qui nous mène à nous interroger sur la crédibilité de son personnage tout habité de sa foi pour les livres, et en passe de devenir un très grand écrivain. En effet, à mes yeux, la littérature (et surtout le travail d'écrivain) se nourrit avant tout du contact avec les autres. Elle est et restera toujours synonyme d'échanges, de relation et de transmission culturelle. Comment peut-on imaginer écrire et créer en étant en marge de la société, et, comme Willy depuis l'adolescence, à cent mille lieues de la réalité, sans contact avec l'extérieur (exceptés de rares courriers) dans un lieu isolé où l'amour, les déceptions et les aléas de la vie qui nous façonnent ne sont vécus que par procuration ? Tout semble aller de soi avec presque trop de facilité - la réussite des écrivains, le succès de leur religion, les projets et les ambitions de Willy...

Ce qui m'empêche de m'enthousiasmer complètement pour ce livre malgré l'imagination de son auteur, c'est l'idée première qui aurait pu être traitée différemment. La voie que Femi Peters a choisi est celle de l'accomplissement d'un homme aux relents de perfection parfois indigestes. Elle fait de son personnage Willy un homme a qui tout réussi, qui décide de se passionner pour les langues étrangères, les romans policiers ou l'écriture de pièces de théâtre, et qui n'échoue dans aucun domaine ! J'ai trouvé qu'on lui décernait un trop grand pouvoir de persuasion et son influence est gigantesque aussi bien au sein du couvent - auprès de ses frères et soeurs tous plus sages et plus âgés que lui - que du monde extérieur - prêt, apparemment, à se laisser assez facilement subjuguer par une nouvelle forme de religion. Je pense que l'auteur aurait bâti un récit bien plus subtil et réaliste en cultivant un peu plus le caractère de son personnage principal et en prouvant justement qu'on ne peut pas nourrir l'esprit créatif en restant replié sur soi-même au sein d'une communauté certes cultivée mais totalement isolée. Willy est brillant mais n'en reste pas moins un jeune homme dont l'évolution psychologique n'est pas en accord avec son environnement.

Malgré cela, le récit en lui-même est passionnant et on s'attache à chaque personnage en assistant à leur évolution au fil des années. J'ai aimé les interruptions dans la vie de Willy qui nous permettent de garder un oeil sur ses amis à l'extérieur et de les voir évoluer d'une manière bien différente de la sienne. Il est parfois très antipathique, son égoïsme et son manque de compréhension vis à vis de certaines choses restent toujours parfaitement légitimes. N'oublions pas que ces moines ne sortent pratiquement pas du couvent et vivent loin des passions et des désarrois de ce monde. Ils n'assistent aux histoires d'amour, aux naissances et aux choix de vie de leurs proches que par le biais des lettres qu'ils en reçoivent, ce qui entraîne un manque d'indulgence, de l'aigreur devant les sacrifices consentis et parfois même une certaine forme de jalousie à l'égard des autres. Willy a par exemple des difficultés à concevoir que ses proches puissent négliger de lui écrire durant quelque temps lorsque leurs préoccupations prennent le pas sur l'amitié, ou encore que ses parents puissent se plaindre de leur situation financière qu'il est très loin de comprendre.

C'est une histoire originale dont les bases - l'existence d'une religion fondée sur la littérature - est vraiment bien trouvée et servie par un style simple et plaisant qui nous fait tourner les pages à toute vitesse. C'est là tout le talent de Femi Peters même si je regrette le choix de son traitement sur un sujet que j'aurai aimé plus approfondi, ainsi que la voie qu'elle a favorisé pour son récit et ses personnages.

Notre-Dame-des-Lettres est avant tout un conte moderne qui plaira aux amoureux des livres, et le concept de son couvent est une belle utopie à laquelle nous sommes nombreux à avoir rêvé. C'est une histoire intelligente sur la construction de soi, sur le pouvoir des livres et la fascination qu'ils exercent, un récit qui place la littérature au sommet et fait la part belle aux romanciers et aux poètes - quels qu'ils soient.

Une découverte originale, donc, qui m'a permis de connaître un auteur sensible et talentueux que je continuerai à suivre !
Lien : http://tranchesdelivres.blog..
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Tout d'abord, un grand bravo à Fémi Peters pour son premier livre publié!
On s'y plonge avec plaisir et sans difficultés.
L'Histoire: Willy a 16 ans au début du livre lorsqu'il prend la décision d'entrer au couvent. Mais pas n'importe quel couvent: celui de Notre-Dame-des-Lettres, où l'on adore la reine Littérature. On y vit en communauté entre écrivains, les "élus", on s'y cultive, on y écrit, bien entendu.
Quelle idée originale! le livre raconte donc la vie de Willy et de ses compagnons au sein de ce couvent hors du commun.

Les personnages: Les personnages principaux et secondaires ont tous un caractère qui les définit: il y a Cécile la commère, Mathieu le bavard, Pierre le "grincheux". Néanmoins j'aurais aimé en savoir davantage sur eux, principalement sur la mère supérieure du couvent, Gabrielle: d'où vient-elle, quel âge a-t-elle, etc.
Des détails supplémentaires qui n'auraient qu'augmenté le plaisir de lecture!
J'ai bien aimé les insertions régulières dans le roman de la vie de Stéphanie, la comédienne, et Guillaume le libraire. Ce sont deux amis de Willy qui vivent à l'extérieur, dans le monde. Les pages qui leur sont fréquemment consacrées nous permettent à nous aussi, lecteurs, de sortir du couvent!

Petits bémols (mais vraiment petits!): la religion créée dans ce livre, celle de la littérature, ne se veut aucun point commun avec les autres religions, principalement la Catholique. Néanmoins, leur mode de vie est assez similaire (les voeux prononcés après une période de noviciat, le port de la robe, la célébration de la messe, la chasteté etc.) . de ce fait, j'étais parfois assez troublée ("gênée"? le terme est fort...), je ne savais plus très bien ce que les personnages étaient censés être. Des moines? des écrivains? les deux?
Le zèle de Willy a vouloir étendre sa religion au monde est parfois troublant, avouons-le. Cependant il y a toujours des personnages pour lui rappeler que son comportement peut-être mal perçu par d'autres!
Enfin, j'ai constaté quelques erreurs de mises en page: pas d'alinéas, des écarts entre les mots trop grands ou des sauts de lignes qui n'avaient pas lieu d'être.
Mais rien qui gâche le plaisir de lecture!

En conclusion: un livre très intéressant et très original, Fémi Peters a du potentiel et j'attends de lire son prochain livre avec impatience!
Tiens, mais j'y vois une grosse similitude avec son personnage Willy quand il publie son premier livre!
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La magie de ce blog c'est que parfois, des auteurs me contactent et me proposent leurs ouvrages en échange d'un peu de promotion et je ne les en remercierai jamais assez. de cette façon j'ai déjà fait de merveilleuses découvertes (j'espère qu'il y en aura encore beaucoup d'autres) et Notre-Dame-des-Lettres de Fémi Peters ne fait pas exception à la règle.
Le petit résumé de l'auteur me tentait, j'ai donc accepté avec grand plaisir de recevoir ce livre voyageur. Malgré une ou deux choses qui m'ont parfois gênée lors de ma lecture, je garde de celle-ci, dans l'ensemble, un très bon souvenir.

La quatrième de couverture n'offrant qu'un court extrait qui ne dévoile pas grand-chose, permettez-moi de vous faire un rapide résumé de cette histoire.
William dit Willy, a 16 ans. Une visite culturelle anodine va changer sa vie. Il apprend l'existence du très spécial couvent Notre-Dame-des-Lettres, unique en son genre, réservé uniquement aux écrivains. C'est décidé, il veut y entrer et parvient à convaincre ses parents. Devenant le plus jeune novice de l'histoire des lieux, Willy est une bénédiction pour certains frères, une tempête dévastatrice qu'il vaudrait mieux contenir pour d'autres. Mais Gabrielle, la Mère supérieure du couvent, se prend d'affection pour ce fils qu'elle aurait aimé avoir et encourage toutes ses initiatives… ou presque !

Notre-Dame-des-Lettres offre donc l'histoire de Willy, de son entrée au couvent à… plusieurs années plus tard, devenu un homme adulte sage et apaisé… ou presque !
Fémi Peters nous propose, sur presque 400 pages, de suivre l'évolution de ce héros qui se donne corps et âme à la grande déesse Littérature, faisant voeu d'écriture, de lecture et de culture. Enfermé dans ce lieu clos, c'est l'occasion pour Willy de réfléchir sur sa vie et son but, d'écrire et surtout de grandir… A Notre-Dame-des-Lettres il découvre l'amitié, la jalousie, l'agitation des nuits d'inspiration et le supplice de la page blanche. A Notre-Dame-des-Lettres, Willy se construit et construit son oeuvre.

Le côté roman initiatique m'a plu et j'ai apprécié l'originalité de « l'intrigue ». Sans compter qu'un lieu pareil, ça a de quoi faire rêver (enfin, personnellement, me retirer dans un lieu tranquille pour lire, écrire et me cultiver toute la journée, je ne dirais pas non…) mais c'est là que quelques petites choses sont venues me gêner. Je m'explique.
Je ne suis pas contre le fait d'élever la littérature au statut de déesse et de créer une religion pour la servir. Cependant, il me semble que la littérature est avant tout une affaire de partage et d'expériences. A mon sens, un bon écrivain se doit d'être ouvert aux autres, de rencontrer des gens, de voyager, de vivre des aventures et des émotions qu'il pourra ensuite utiliser dans ses oeuvres… Or, ici, les écrivains du couvent ont interdiction de sortir du couvent et interdiction d'échanger avec l'extérieur, ce qui pourrait les « polluer » (donc pas d'internet, pas de télévision mais des DVDs…). A mon avis, ça ne peut pas fonctionner. A moins de s'appeler Emily Brontë, comment peut-on réussir à parler de choses dont on ne connait rien ? Comment parler d'amour, par exemple, sans jamais avoir vécu une relation (là encore, à moins d'avoir du sang Brontë dans les veines…) ?
Dans le même ordre d'idées, j'ai du mal à croire que 50 personnes (hommes et femmes mélangés) vivant sous le même toit des années durant et surtout sans possibilité de sorties, ne se sautent pas dessus. Sans être des animaux, ce serait quand même un comportement humain, non ? Et apporterait des expériences pour tous ces écrivains… Fémi Peters explique bien que Willy est parfois un peu démangé, mais il cligne des yeux et hop, il passe à autre chose.
Bref. Là où le bat blesse avec ce titre, c'est que je ne parviens pas à assimiler « écrivain » avec « couvent strict ». Si encore les écrivains vivaient dans ce lieu de recueillement avec la possibilité de s'ouvrir au monde extérieur et donc de vivre un peu… là d'accord. Mais ce n'est pas le cas.

J'ai aimé suivre les aventures de Willy et son évolution au sein de la communauté mais j'avoue tout de même que je n'ai jamais vraiment réussi à m'attacher à lui. Je l'ai toujours senti très éloigné et je pense que c'est une des conséquences de l'utilisation du point de vue externe. L'empathie serait sans doute plus grande si le lecteur se retrouvait dans la tête du héros (avec le « je »).
En revanche, je félicite Fémi Peters pour sa maîtrise des ellipses narratives. Des années se sont parfois passées entre deux courts chapitres mais le lecteur n'a pas de mal à replacer les éléments dans leur contexte.
De façon générale, Notre-Dame-des-Lettres est un texte plutôt bien écrit et agréable à lire. A noter les nombreuses références à la littérature grâce aux citations éparpillées dans le texte, celle de fin résumant parfaitement le sentiment de beaucoup d'entre nous : « Quand je pense à tous les livres qu'il me reste encore à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux. » (Jules Renard)


Pour conclure. Une idée de base originale et bien trouvée pour ce texte initiatique qui aurait gagné en profondeur et émotions si le héros, Willy, était un peu plus abordable, empathique. Certains aspects religieux liés à l 'idée que je me fais d'un écrivain, m'ont un peu dérangée mais les nombreuses références littéraires offertes par Fémi Peters et la plume de celle-ci m'ont permis de gommer légèrement cet aspect négatif.
Je pense que si à votre tour, vous souhaitez recevoir Notre-Dame-des-Lettres, vous pouvez contacter Fémi Peters
Lien : http://bazar-de-la-litteratu..
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Dans ce livre, on entre en littérature comme on entre en religion. Un couvent utopique créé par une amoureuse des livres et qui le dirige d'une main de fer, avec la même rigueur qu'un couvent de moine ou de nonne. la seule concession est la mixité même si les frères et soeurs prononcent des voeux de chasteté.
L'histoire commence avec l'entrée de William ou frère Willy que l'on va suivre tout au long de sa vie littéraire. Un frère qui a une vocation sans concession, prêt à tout pour étendre la religion de la littérature, dévoré d'ambition pour sa croyance mais attachant et extrêmement humain.
J'ai beaucoup aimé ce livre même si je pense que certains personnages pourraient être plus fouillés et les descriptions un peu plus poussée.
Parfois par contre le côté religieux très austère, très marqué, m'a un peu dérangée mais c'est assez vite oublié.
Merci Femi de m'avoir fait passé un très bon moment de lecture rythmé par des citations très bien choisies.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
"Nous arrivons à présent dans la salle de frustration, annonça Gabrielle.
-la...quoi?
-la salle de frustration.Tu sais, si l'on a une panne d'inspiration?Ou si on n'arrive pas à commencer ou terminer son livre? Eh bien on peut venir se défouler ici.
-Génial!" ne put s'empêcher de s'exclamer le jeune homme, amenant un sourire sur les lèvres de Gabrielle.
Il regarda avec intérêt les punching-balls. Puis resta un instant pantois devant des livres qui traînaient par terre et qui semblaient avoir été déchirés avec rage.
"Ce sont des faux", le rassura la mère supérieure.
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Gabrielle le regardait discrètement et songeait que cet enfant lui plaisait. Passion et fougue émanaient de tout son être. Elle avait longuement hésité avant d'accepter de le recevoir: il était si jeune! Seize ans à peine! Ce garçon très mince, aux boucles brunes et aux yeux noirs, semblait dans sa fragilité même contenir tout un feu intérieur.
Il avait découvert le couvent au cours d'une visite guidée avec ses parents. L'adolescent, fasciné, avait écouté le guide régional leur parler d'un couvent un peu particulier qui se trouvait à l'orée du village. Un couvent qui n'accueillait que des écrivains...
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C'est pourquoi il n'y a pas de notion de supériorité dans la foi littéraire. Simplement les écrivains sont des élus grâce à leur talent. Et les lecteurs sont des justes car ils pratiquent la plus belle activité sur terre: lire.
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Quel bonheur que d'être écrivain! Dire qu'il aurait pu devenir une personne quelconque, dire qu'il aurait pu vivre bêtement, en ignorant le vrai trésor, le livre! Être un simple lecteur procurait déjà, il était vrai, des joies particulières. Mais être écrivain c'était aller au-delà de tout, c'était se composer soi-même son Eden!
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En ouvrant une librairie, il recommencerait vraiment une nouvelle vie. Bien sûr, il faudrait apprendre les notions du métier mais ce n'était pas ce qui lui faisait le plus peur. Le grand problème résidait dans les fonds:où trouvrer de l'argent pour ouvrir la librairie?
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