Légendes de la Garde : La Hache Noire

Bien qu'ayant été avertie que ce troisième tome était on ne peut plus triste, je ne pouvais m'empêcher de vouloir retrouver nos petites souris toutes mignonnes et le graphisme superbe que nous offre David Petersen.

Ici, notre héros, Celanawe, une souris appartenant à la Garde, se voit confier une mission des plus périlleuse : celle de retrouver la mythique Hache Noire et la ramener à Shorestone, situé sur le territoire de Lockhaven. Arme mythique certes mais surtout extrêmement dangereuse car tout porteur de cette arme redoutable doit accepter de renoncer à son identité et surtout ne pas craindre la mort. C'est le lot quotidien de tout membre de la Garde mais qui accepterait un tel fardeau ? Pour cela, Celanawe doit de toute façon arracher la hache aux mains des furets et c'est accompagné de l'une de ses aînées, dernière descendante, tout comme lui d'ailleurs, de Farrer, le forgeron qui créa cette hache, qu'il se lance dans cette quête ! Embarqués tout deux à bord d'un bateau dirigé par une autre souris, Conrad qui rêve de se faire attribuer qui lui revient de droit de par sa descendance, à savoir celui de capitaine des capitaines, nos trois comparses se lancent sur les mers ne sachant pas s'ils reviendront tous indemnes, ni d'ailleurs s'ils reviendront tous et surtout, s'ils réussiront la lourde tâche qui pèsent sur leurs épaules !

Un troisième tome rondement bien mené, largement à la hauteur des deux premiers mais au cours duquel le lecteur ne peut pas s'empêcher de s'émouvoir et de trouver pareille injustice odieuse...pourtant c'est la triste et dure réalité de la vie, surtout lorsque l'on n'est qu'une petite souris et que l'on a affaire à plus gros que soi ! A découvrir et à faire découvrir !

Un mélange fantasy animalière et fantasy épique, ça vous tente ? Parce que c'est justement ce que nous propose David Petersen dans son excellente série « Légendes de la Garde » qui compte aujourd'hui quatre volumes. L'auteur y met en scène d'adorables souris guerrières survivants tant bien que mal dans un monde d'inspiration médiéval particulièrement hostile aux petites créatures. Crabes, tortues, oiseaux, hermines, renards... : ce ne sont pas les prédateurs qui manquent et c'est pourquoi nos rongeurs ont eu l'intelligence de se doter d'un corps d'élite chargé de protéger la population de leurs nombreux ennemis. C'est ainsi qu'est née la Garde dont les membres combattent depuis des siècles pour garantir la stabilité des royaumes-souris, le tout sous la supervision de leur matriarche. Si les deux premiers opus étaient consacrés aux événements de l'année 1152, l'auteur opte ici pour une histoire antérieure, celle de l'un des personnages les plus emblématiques et les plus mystérieux de la série : Celanawe, aussi connu sous le nom de « la Hache noire ». L'homme derrière la légende, voilà ce dont il est question ici. Et pour cela, quoi de mieux que de remonter aux origines du mythe, à savoir les circonstances de la rencontre entre le jeune guerrier et l'arme qui fera sa renommée ?

Aussi réussi que les précédents, ce troisième tome a l'avantage de nous faire voire davantage de pays puisque, à la demande du dernier membre de sa famille, Celanawe entreprend un long périple à la recherche de la Hache noire. La réunion d'une équipe, une traversée en mer périlleuse, un royaume inconnu, des défis à relever, des ennemis terribles à combattre... : tous les ingrédients sont là pour faire de cette histoire une formidable aventure qui ravira petits et grands lecteurs. Difficile de reprocher quoi que ce soit à David Petersen qui met ici en scène des personnages dont la personnalité a de toute évidence été travaillée et approfondie avec soin. Il en va de même pour l'univers de la série qui nous dépeint une société animalière d'époque médiévale particulièrement riche comme le prouvent les différentes annexes situées à la fin de l'ouvrage et qui apportent des précisions sur telle ville, telle tradition ou telle légende liée à la Garde. Les graphismes, enfin, restent le plus gros point fort de la série : impossible de ne pas tomber sous le charme de ces adorables petits rongeurs transformés par le talent de l'auteur en redoutables guerriers affrontant à coup d'épée ou de hache loups, chouettes ou même tortues devenus terribles prédateurs (oui oui, même les tortues...).

Un troisième tome parfaitement à la hauteur et qui nous permet d'en apprendre davantage sur la légende de la Hache noire ainsi que sur l'histoire des souris en général, et de la Garde en particulier. Un autre ouvrage a depuis vu le jour et compile les plus célèbres contes bien connus de tous souriceaux (« Baldwin le brave et autres contes ») : un régal, là encore !

COMICS FANTASY.
En utilisant tous les ingrédients du Héros aux mille et un visages, mythe universel unanimement vilipendé par les élites autoproclamées qui ont du mal avec le principe d'égalité, David Petersen utilise le passé du personnage de Celanawe pour faire passer la destinée du peuple souris dans notre éternité. C'est beau à en pleurer pour les petits et grands de 7 à 77 ans selon l'expression consacrée !!!
Lien : http://www.portesdumultivers..

J'ai pris cette bande dessinée à la médiathèque car les dessin me faisaient penser au histoires de Kazuo Iwamura (La famille souris). En fait la ressemblance s'arrête à la représentation des ces petits animaux.
C'est une histoire de chevalerie, de quête, dans un monde animalier, les héros sont des souris, le style de l'histoire est du medieval-fantasy animalier.
Le trait est fouillé, affirmé, précis, jouant avec les épaisseurs, les animaux sont représentés de façon réaliste, mais armés et habillés de façon médiévale, chaque poil, chaque croc est dessiné avec minutie. On est embarqué par ces animaux qui parviennent à nous toucher, les décors sont magnifiques, créés avec beaucoup d'imagination, comme le port, les navires, les images du littoral.
Mais je n'ai pas été totalement comblé : le thème de la quête d'une arme magique m'a semblé vu et revu, n'étant pas fan absolu du genre, j'avoue que l'histoire ne m'a pas passionné. Ensuite le choix de la typo ancienne, script de parchemin, qui change parfois en onciale ou en écriture de BD plus classique m'a un peu agacé, pas facile à lire, hachant le rythme de lecture, et rajoutant du pompeux là où ça n'est pas nécessaire (je ne parle pas des enluminure de Em où ça se justifie). Je ne suis pas non plus fan de la colorisation qui, pareil à la typo, parfois alourdi le dessin pour le rendre moins lisible. Bref, un peu trop de fioritures, de détails, un manque de simplicité qui finalement nuisent à l'écoulement de la lecture et j'ai eu du mal à accrocher.

Avec cet ultime tome de sa trilogie, David Petersen confirme l'étendue de son talent.
Non seulement, il a conçu un univers structuré crédible autour de sa civilisation médiévale de souris et de furets, mais il est parvenu à créer un style de BD animalière anthropomorphique où les personnages principaux conservent la majorité de leurs caractéristiques animaux ; ainsi par exemple, les souris, même si elles portent des vêtements et ont une culture de type humaine, n'ont pas de mains mais bien des pattes.
Je ne vais pas ajouter aux louanges (méritées) de la beauté de l'oeuvre,et ses nombreuses qualités, mais conclure en citant l'avant-propos du regretté Terry Jones : "Fidèle à l'esprit de l'époque médiévale, la hache noire est une merveilleuse histoire. J'espère que vous l'apprécierez autant que moi."