Derrière un titre évoquant un énième livre de développement personnel, Jordan Peterson, psychologue américain très connu pour ses conférences disponibles sur YouTube, développe une philosophie de vie qui mérite qu'on s'y intéresse.
L'auteur est traumatisé par les événements meurtriers du 20ème siècle, les deux guerres, le goulag, les épurations ethniques... Il en retient que l'homme est une proie facile à la destruction et au chaos et développe une vision libérale conservatrice classique très frileuse des idéologies: les traditions sont ce mur que nos ancêtres ont érigé pour nous protéger de l'arbitraire, elles sont synonymes d'ordre. Il nous faut cependant assumer cette responsabilité individuelle de s'ouvrir à l'inconnu pour progresser, persévérer dans son être dirait
Spinoza et créer un meilleur monde.
La vie est absurde, le chaos nous menace, nous sommes d'ailleurs issu d'un chaos cosmique, mais nous essayons éperdument de créer un ordre pour survivre, pour tenir, pour donner un sens à nos vies. On se raconte des histoires, on narre des récits et des fictions pour ériger des sociétés et cohabiter avec nos semblables. le chaos est également ce mal, ce serpent biblique, cet ennemi intime avec qui chacun de nous cohabite. Il réside en nous mais c'est l'affronter et le dépasser qui nous fait évoluer. Il nous faut nous fixer un but, une destinée pour "marcher fièrement auprès de Dieu", nous les éternels pêcheurs déchus. Il faut du sens, le sens c'est le bien supérieur !
Au delà des énoncés des 12 règles, ce sont les détours et les multiples références sur lesquels l'auteur s'appuie qui rendent la lecture intéressante. Peterson cite à volonté
Dostoïevski,
Nietzsche,
Carl Jung et s'appuie considérablement sur le récit biblique pour nous fournir une analyse approfondie, une véritable réflexion philosophique aboutissant à des déclinaisons pratiques dans le quotidien. Seul point négatif, la traduction française est particulièrement mauvaise, à lire donc en VO !