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Citations sur L'affaire des Poisons : Crimes et sorcellerie au temp.. (57)

Autre argument : Mme de Montespan était fort portée à la dévotion, au point de ne pouvoir s’adonner à de tels sacrilèges. C’est mal connaître la mentalité de ce siècle où mysticisme et démonolâtrie faisaient bon ménage. On croyait ardemment, sans trouble, avec une égale conviction, aussi bien en la Providence divine qu’en la puissance maléfique de Satan. Le sentiment religieux de la moyenne des contemporains se trouvait gâté par de naïves croyances héritées du paganisme et, en dégénérant, pouvait fort bien s’accommoder de répréhensibles pratiques superstitieuses. Le respect de la morale chrétienne n’était pas mieux établi. A la cour licencieuse du Roi-Soleil, on imaginait avec peine qu’être la maîtresse de son souverain fût un péché.
De même, en visitant les devineresses, les nécromants, les marchands de philtres ou les prêtres démoniaques, les dames de la Cour dans leur délire sensuel ne pensaient pas un instant commettre une faute grave. Une ignoble goule comme la Voisin trouvait sa conduite à peine contraire à la foi catholique. Elle avait « de la religion », cette paroissienne de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle ! Elle ne manquait jamais une messe, récitait consciencieusement des neuvaines pour ses futures victimes et ondoyait avec recueillement le malheureux petit enfant qu’elle allait abandonner à la lame de Guibourg !

Troisième partie. Un mystère historique
Chapitre XIV. L'énigme Montespan
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Guibourg se livrait à des pratiques où le sacrilège se mêlait à l’obscénité. Il était l’un des grands officiants des sorcières, détournant à des fins profanes les pouvoirs sacrés qu’il avait reçus de Dieu et se servant du surnaturel pour l’assouvissement de ses instincts. C’est ainsi que, pendant les offices, il glissait sous le calice des livres magiques, des poudres pour l’amour, des cartes, des dés, des cordes de pendu et même des poisons dans l’espoir d’activer leurs effets nocifs. Il disait des messes non pour obtenir la conversion des pécheurs, mais pour hâter leur fin.
Ce prêtre paillard, pervers, férocement sadique, récitait des « messes à rebours », ou messes noires, sur le corps dénudé de ses clientes. Pour plaire à Satan ou à Astaroth, ces sortes d’offices devaient être dits par séries de trois, espacés de quinze jours à trois semaines.

Deuxième partie
Chapitre IX
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Décidément, les plus grandes dames de la Cour se donnaient rendez-vous chez la Voisin ! C’est que nombreuses étaient les candidates aux caresses royales. Congédier un mari ou un amant avec un peu de « poudre de succession », ravir le cœur du monarque tout-puissant, devenir le point de mire de tous les regards, distribuer les duchés, les abbayes et les bâtons de maréchal étaient les buts inavoués de ces nobles personnes.

Première partie. La chasse aux sorcières
Chapitre IV. Révélations
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Elle ne manquait pas de courage, observait son confesseur, l’abbé Pirot, qui fut celui qui connut le mieux son âme ténébreuse, mais elle était inconstante, légère, « se rebutant quand on lui parlait souvent d’une même chose ». De plus, sensuelle, profondément perverse et vicieuse. Dans une confession manuscrite rédigée ultérieurement, elle avouera avoir été déflorée à l’âge de sept ans : terrible traumatisme physique et psychique, on l’imagine, qui explique sans doute en partie, comme le souligne sa dernière biographe, Jeanine Huas, son comportement déréglé. Elle s’accusa aussi d’avoir eu des relations incestueuses avec ses frères Antoine et François Dreux, ses futures victimes. De ses sept enfants, trois seulement étaient légitimes, les autres de deux ou trois de ses amants… Elle avait, il est vrai, l’excuse d’un mari volage et complaisant, grand coureur de tripots et de tavernes.

Première partie. La chasse aux sorcières
Chapitre I. Prologue du drame
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Ses soupirants non plus ne se comptaient pas. Le mari, Antoine Monvoisin, terrorisé par sa femme et plusieurs fois menacé de poison, devait s’en accommoder. L’un de ses chevaliers servants était le bourreau de Paris, André Guillaume. Plus surprenant est de voir parmi eux l’architecte Fauchet, le comte de La Batie ou le vicomte de Cousserans. Quel charme pouvaient-ils trouver à cette femme aux mœurs crapuleuses ? Le seul portrait d’elle, celui du graveur Guillaume Chasteau, nous montre un visage épais, des yeux matois, un nez trop long, une bouche large et sensuelle. Mais sans doute attirait-elle davantage par son pouvoir maléfique que par ses traits lourds.
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Les parures venaient rehausser sa splendeur. Mme de Sévigné nous a laissé la description d’un costume « d’or sur or, rebrodé d’or, rebordé d’or et par-dessus un or frisé, rebroché d’un or mêlé avec un certain or qui fait la plus divine étoffe qu’on ait jamais été imaginer : ce sont les fées qui ont fait en secret cet ouvrage ». (...)
Il était impossible, reconnaissaient les mémorialistes, d’avoir une aisance si grande dans la conversation, qui rendait sa compagnie attachante et délicieuse. Elle était à la fois naïve et provocante. Tour à tour capricieuse, spirituelle, ensorcelante, elle charmait par un esprit élégant fait de vivacité primesautière et de cruelle raillerie. C’était ce qu’on appelait « l’esprit des Mortemart ».

Troisième partie. Un mystère historique
Chapitre XV. Louis XIV et Madame de Montespan
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Les interrogatoires de Lesage et de la Voisin, leurs confrontations permirent d’apprendre que, plusieurs années auparavant, la comtesse de Soissons, la comtesse du Roure, la vicomtesse de Polignac et Mme de Gramont avaient cherché « à se bien mettre auprès du roi » et à obtenir soit par le poison, soit par la magie, la mort de la favorite, Mlle de La Vallière.

Première partie. La chasse aux sorcières
Chapitre IV. Révélations
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Pendant quelques mois, Mlle de Fontanges vécut un rêve éblouissant. Elle dépensait 25 000 écus par semaine, toisait la fille des Mortemart, passait devant la reine sans la saluer. Elle avait des gardes du corps comme sa devancière. A son carrosse gris perle étaient attelés huit chevaux, alors qu’à celui d’Athénaïs il n’y en avait que six ! Au jour de l’an 1680, elle parut à Versailles telle une divinité, dit Bussy, « extraordinairement parée de pierreries sur un habit de même étoffe que celui de Sa Majesté avec des rubans bleus tous deux ».

Troisième partie. Un mystère historique
Chapitre XVI. Mademoiselle de Fontanges
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Mme de Montespan fut certes une grande pécheresse ; elle n’en demeurait pas moins une chrétienne pieuse et sincère, assez lucide pour avoir conscience de sa faute. Elle n’avait rien d’une débauchée, d’une libertine cynique. Et ce n’est pas parce qu’elle donnait au monde le triste spectacle de ses amours avec le roi que l’on doit systématiquement la charger de tous les crimes. Il y a loin de l’adultère aux messes noires et aux massacres rituels de petits innocents.

Troisième partie. Un mystère historique
Chapitre XIV. L'énigme Montespan
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Tous les galants se firent poliment éconduire à l’exception d’un seul, le beau et séduisant Jean Racine, vingt-cinq ans, qui s’était pris d’une passion aussi violente qu’ombrageuse pour cette coquette Célimène. Après l’échec de La Thébaïde, il écrivit un Alexandre. La rayonnante Marquise y interpréta son premier grand rôle tragique, celui d’Axiane. Au printemps de 1667, il lui faisait quitter définitivement la troupe de Molière pour celle de l’hôtel de Bourgogne et lui confia quelques mois plus tard le plus beau rôle de sa carrière, celui de la veuve d’Hector dans Andromaque.
Mais Port-Royal cherchait à le reprendre : « Je vous conjure, lui écrivait la mère Agnès, de rentrer dans votre cœur pour y considérer sérieusement dans quel abîme vous vous êtes jeté. » Tout à sa passion, le jeune homme oubliait son enfance orpheline au monastère. Un de ses carnets de comptes, retrouvé par Béatrice Dussane, montre que le couple eut à l’automne de 1667 une petite fille qui mourra huit ans plus tard et sera enterrée à Saint-Roch. N’étant pas mariés, ils vivaient, pour respecter les convenances, dans des domiciles séparés, elle, rue de Richelieu, lui rue Montorgueil.

Première partie. La chasse aux sorcières
Chapitre VII. Racine et la Duparc
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