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Critique de CDemassieux


La guerre de Vendée est-elle soluble dans le roman national ? Question à laquelle, aujourd'hui encore, il est très difficile de répondre. Les uns diront que la Révolution était dans son bon droit, les autres ne retiendront que les représailles sanglantes des colonnes infernales révolutionnaires.
D'où l'importance de ce livre qui, loin de professer une vérité dogmatique, prend le parti de s'avancer sur ce sentier périlleux en s'appuyant sur des textes d'époque et des souvenirs écrits par des contemporains des événements. Et ce, en puisant dans les deux camps.
Tout commence avec l'exécution de Louis XVI, le 21 janvier 1793, qui fait entrer la Révolution, déjà en conflit avec d'autres puissances étrangères, en guerre contre l'Angleterre et la Hollande. La Convention lance alors une conscription de 300 000 hommes. C'en est trop pour ces régions de l'Ouest, qui se soulèvent, excédées par l'espoir déçu d'une Révolution qui a substitué de nouveaux privilégiés – les bourgeois – aux anciens – les nobles – et augmenté les impôts qui accablent toujours les plus modestes. L'auteur parle d'ailleurs d'une forme de lutte des classes dans cette révolte. le bocage vendéen, isolé, tenait par ailleurs à ses paroisse, « le seul lieu de rencontre ». La décision de les regrouper remettait donc profondément en cause son mode de vie. D'où sa défense de l'Eglise traditionnelle.
Ainsi, cette Armée Catholique – plus organisée que les Chouans – va mener plusieurs coups de force contre les révolutionnaires avant d'être écrasée par ces derniers.
On peut se demander pourquoi des paysans se sont révoltés contre ceux censés les avoir libérés du joug aristocratique et religieux. C'est que, comme l'explique Claude Petitfrère, un joug en a remplacé un autre dans l'esprit de ces hommes et ces femmes, en plus de porter atteinte à leurs traditions. Les Vendéens se sont sentis floués par la Révolution. La colère a grondé, jusqu'à exploser en 1793. Et si la noblesse et l'Eglise des réfractaires s'est greffée sur cette révolte, elle fut d'abord populaire et spontanée, loin d'une quelconque conspiration.
Maintenant, s'il y eut de part et d'autre des exactions, il faut reconnaître que les fameuses colonnes infernales du général Turreau avaient effectivement « une volonté de génocide » contre les Vendéens. Selon moi, elles n'avaient rien à envier aux divisions Das Reich et Brehmer, responsables de plusieurs massacres dans le sud-ouest de la France en 1944. Dire que la vengeance révolutionnaire fut impitoyable est un euphémisme !
Loin d'un Michelet, qui écrivait que « le plus cruel des deux partis était celui qui croyait venger Dieu, qui cherchait à égaler par l'infini des souffrances l'infini du crime. Les Républicains en versant le sang n'avaient pas une vue aussi haute. Ils voulaient supprimer l'ennemi. Leurs fusillades, leurs noyades étaient des moyens d'abréger la mort et non des sacrifices humains... », cet essai fait ainsi preuve d'objectivité en cassant quelque peu certains mythes, tel « le cliché du Vendéen se laissant mener à l'aveuglette par ses supérieurs », car baigné d'obscurantisme.
Une excellente lecture en tout cas, qui ne distribue ni bons ni mauvais points à un camp ou un autre, et qui a le mérite de déranger nos idées reçues sur ce qu'il faut bien appeler une guerre civile, c'est-à-dire fratricide.



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