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EAN : 9782841901456
392 pages
Parangon (08/12/2005)
4.13/5   60 notes
Résumé :
"Mieux vaut plusieurs fois mourir de rire que sauter une seule fois sur une mine." (Jurij SOKOLOV).
- Hippolyte, reprit la voix, vous rappelez-vous nos meubles du salon ?
- Lesquels ? demanda Vorobianinov, avec la prévenance dont on n'use qu'avec les grands malades.
- Les meubles... recouverts de tissu anglais à fleurs...
- Ah ! dans ma maison ?
- Oui, à Stargorod...
- Je m'en souviens, mais oui, je m'en souviens parfaitemen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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S'il fallait classer les livres par la singularité de leurs destins, celui-ci aurait une place tout en haut de la pile.
Du genre qui oblige à longuement parler du livre sans faire mention de son contenu… et ce n'est pas prêt de s'arranger, avec cette nouvelle dimension sur laquelle j'hésite à m'étendre, nos deux auteurs étant odessites…
Bon, si cela permet, comme pour le géant Gogol ( on n'est pas à un anachronisme identitaire près ), d'amener un certain lectorat vers leurs oeuvres, pourquoi pas…

Un peu d'auto-censure ne faisant jamais de mal, il faudrait surtout s'interroger sur l'immense et immédiate popularité de ce livre, à sa sortie soviétique en 1928, qui lui aurait permis d'échapper, justement, à la censure.
Car ce livre est une féroce satire de « l'âme russe » dans son entièreté : tout le monde en prend pour son grade avec une liberté de ton inédite… Il n'a finalement été interdit qu'à la fin du règne de Staline, pour être de nouveau autorisé quelques années après sa mort… Situation assez irréelle : une oeuvre entraînant suffisamment de plébiscites pour outrepasser le pouvoir…
( en manque d'autres exemples, si quelqu'un en dispose… )
Sans être révolutionnaire, cette oeuvre est formée d'une multitude d'hommages, emprunts et pastiches à la littérature nationale, chacun annoté et décortiqué par le traducteur Alain Préchac dans un long appendice… qui nous amène à la critique de cette version française aux éditions « Librairie du Globe », et plus largement à cet étrange destin que ce livre emprunta en francophonie…

Souligné dans sa préface, ce livre a connu de singulières adaptations dans d'interlopes éditions… C'est à se demander si une forme de snobisme n'est pas à blâmer dans le fait qu'aucune maison « importante » ne se soit penché sur son cas ( coucou  L'âge d'homme  ou bien  Gallimard … ).
...
Pourtant, son côté « collage » ne donne jamais l'impression d'être du ravaudage. Au contraire, Il n'est pas nécessaire d'en saisir chaque référence pour avancer avec plaisir dans cette intrigue quelque peu échevelée, laissant aux exégètes la consultation de ces trop nombreuses notes, allant jusqu'à faire fi du déroulement de l'intrigue, divulgachant allègrement certains points de l'histoire, comme si le lecteur n'en était pas à sa première, confirmant ce rôle ambigu et éternellement questionnant de la note de bas de page, astérisque « pléiadique » nous professant une énième « réminiscence de Schiller », transformant en quelque chose de « difficile » une littérature qui n'en a jamais eu besoin…
...
Car c'est bien ce qui m'interroge le plus avec ce roman : comment un livre à ce point adulé par un peuple archi-connu pour l'immense qualité de sa littérature ( redonnant même du lustre à cette notion de « culture populaire ») n'a pas donné lieu à une « refonte » récente et définitive, alors qu'André Markowicz, par exemple, traine dans le coin depuis un bon moment déjà…
Ce n'est pas la traduction à proprement parlé qui semble poser problème ( Alain Préchac étant apparement spécialiste du parlé russo-ukraino-odessite ), mais bien que ces « Douze Chaises » connaissent en version originale de multiples moutures, laissant l'éditeur face à des choix pas toujours bienvenus… La version ici présente « agglomère » deux variantes, les matérialisant chacune par des passages mis sous crochets, pouvant déconcentrer le lecteur quelque peu consciencieux, exposant des contradictions entre les différents récits, l'histoire n'ayant aucunement besoin de ces hésitations, sauf à montrer qu'elle n'est que prétexte à ce pot-pourri littéraire…
( personne, par exemple, n'aimerait voir les différentes versions du célèbre film « In the Mood for Love » de Wong Kar-Wai, sauf à le démonter, une scène d'amour physique ayant même été tournée… )
Ce n'est pas le premier livre soviétique qui pose problème quant à la version à retenir… on pourrait citer des exemples où l'édition a su intégrer cela de manière beaucoup plus habile, tel le « Petersbourg » d'Andreï Biély, chef-d'oeuvre absolu, dont la seule évocation me colle des frissons jusqu'au tréfonds de la moelle épinière…

L'épilogue, ainsi que ce problème de multiplicité, abîment sûrement l'appréciation qu'on pourrait retirer de cette farce picaresque, dont certains passages m'ont littéralement mis à bas de ma chaise, tordu de rire à en marteler le sol ( le cheval dans l'appartement communautaire ; le poète à deux kopecks et les journalistes goguenards ; etc. ), n'ayant pas rigolé aussi ouvertement depuis « Catch 22 », pour vous situer le niveau…

C'est donc quelque peu essoufflé, ainsi que vaguement étourdi, que je vous livre cette critique, ne sachant trop quelle note attribuer, partagé entre découverte ébahie et profond questionnement éditorial…
Loin de vouloir dévaloriser le remarquable travail d'Alain Préchac, je pense qu'une réflexion reste nécessaire afin d'y trier les notes de bas de page, séparant celles utiles à la compréhension immédiate des autres plus « littéraires ».
Je remarque que l'éditeur Ginkgo vient de le ré-éditer (2020), toujours dans la version de Préchac ; il serait intéressant de voir s'ils y ont opéré quelques changements… À lire les différentes critiques des babéliotes, on sent bien l'importance de l'édition dans l'appréciation de ce livre !
Un classique, qui j'espère, continuera d'abolir certaines frontières…
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12 chaises en noyer aux pieds galbés signées Gambs, dont l'un des sièges recèle en son ventre rebondi , sous un beau tissu anglais à semis de fleurettes le trésor de Claudia Ivanovna Pethoukova 💎 ! Voilà la révélation que fait cette dernière à son gendre , avant de rendre son dernier souffle. Cela semble une mauvaise blague vu que l'Ivanovna n'avait aucune considération pour ce dernier et que les chaises en question de sa propriété, réquisitionnées à la révolution ont disparus de la circulation, éparpillées au quatre coins de la Russie !!!! Vorobianinov le gendre en question , pas des plus futés se lance à leur poursuite prenant en chemin comme associé Ostap le Magnifique , un escroc sophistiqué 😁de petit calibre. Mais un troisième larbin entre aussi en piste ! Sur son lit de mort la Ivanovna s'est confessée au prêtre , du coup ce dernier en mission sacrée 😁, se lance de même à la poursuite des pierres précieuses . Nous voici donc avec trois énergumènes chasseurs de diamants, déambulant à travers la Russie post- révolutionnaire à la recherche d'un trésor plus difficile à trouver qu'une aiguille dans une botte de foin, surtout que plus ils s'en approchent plus les chaises se disséminent dans tous les coins, comme des cafards.

A travers cette chasse au trésor le duo Ilf&Petrov nous passe le film à l'image peu reluisante d'une Russie communiste qui aspirait à une société équitable et à de meilleurs conditions de vie suite au régime tsariste. L'atmosphère sociale est totalement débridée , la censure sur la presse oppressante, la corruption de la bureaucratie et surtout la pauvreté du peuple ont atteint des mesures inimaginables, où posséder un sommier est déjà source d'estime ! Quand à la culture, elle ne sert à rien, les musées sont visités uniquement parce qu'ils sont situés dans des bâtiments luxueux, n'importe qui peu composer un poème , écrire une pièce de théâtre vu le public qui n'y pige rien !
Une satire féroce du régime soviétique , où l'intrigue n'est qu'un prétexte pour maintenir le fil rouge de l'histoire qui se noie dans les entrailles d'un pays chaotique. Un chaos aux descriptions savoureuses de personnages, « Ostap rayonnait . Il portait des chaussures neuves couleur framboise, à talons de caoutchouc crantés, des chaussettes à carreaux verts et noirs, une casquette crème et une écharpe de soie mélangée, de teinte roumaine »,
de lieux ,”Les gares de Moscou sont les portes de la ville. Elles accueillent et expédient chaque jour trente mille passagers. La gare Alexandre est celle par laquelle pénètrent à Moscou les étrangers à semelles caoutchoutées et costumes de golf. Par celle de Koursk arrive le Caucasien à bonnet de mouton muni de petits trous pour l'aération …”, d'événements racontés avec une ironie vaudevillesque, et de contes rocambolesques , comme le Comte qui se fait moine par désir de comprendre la vie, résiste à vingt-cinq ans de jeûne mais succombe à des sacrés punaises ,« il avait complètement cessé de penser au sens de la vie car, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il passait son temps à la chasse aux punaises »😁!.

A sa publication en 1928 ce livre considéré culte qui connu un succès retentissant est facile d'accès car l'action est permanente, les références littéraires et historiques ne suffoquent presque jamais le texte , pourtant la plupart très subtils valent la peine de s'y arrêter pour enrichir la lecture d'un texte déjà très fournie d'une prose descriptive pleine d'humour . Après pourquoi culte , je n'en sais rien mais je suppose parce qu'il a échappé à la censure ( les censeurs étant probablement aveugles au trop évident 😁)et qu'il avait le mérite de bien traduire les désillusions de tout un peuple dans une langue facile et ironique, le personnage d'Ostap le Magnifique incarnant sublimement à petite échelle l'Escroc ou les Escrocs qui firent miroiter à tout un peuple des idéaux fausses pour arriver à leurs propres fins. Personnellement ses combines improvisées m'ont beaucoup fait rire.
Une lecture que je dois à bobfutur, merci. Lu chez Ginkgo édition 2020, traduction intégrale du texte originalement publié , mais épurée de nombreuses annotations et fragments d'histoires qui ralentissaient l'intrigue d'après note de l'éditeur.
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L'ouvrage fut écrit en 1928 à deux mains, phrase après phrase, par deux jeunes journalistes russes.

L'écriture est légère, juste un peu compliquée, à mon goût, par les nombreux patronymes russes à rallonge, les changements de nom, les diminutifs et autres titres. le tout augmenté des très nombreuses villes et villages traversés. J'avoue m'y être perdu parfois…

On sent une ironie, une moquerie de la vie quotidienne dans l'univers soviétique d'immédiate post-révolution russe vécue par le commun des mortels. Les privations, les alliances politiques infantiles, les combines pour survivre, les profiteurs toujours sur le pont, le laxisme désabusé mais entravant de certains fonctionnaires, la peur de la milice.

C'est ce côté bon enfant et populaire adjoint aux entreprises comiques des personnages qui fit l'immense succès de ce roman en URSS jusqu'à ce qu'il fut tardivement interdit, bien sûr.

tous les ingrédients sont réunis pour faire une bonne comédie.
Au fur et à mesure de son avancée, l'histoire devient de plus en plus rocambolesque et comique finissant dans la démesure et le Grand-Guignol.

Pour résumer un peu l'histoire sachez qu'Hippolyte Matvieïévitch Vorobianinov ancien noble déchu apprend de sa belle mère Claudia Ivanovna Petoukhova qu'elle a caché ses bijoux dans une des douze chaises du salon avant de fuir les révolutionnaires. Bien sûr le mobilier réquisitionné a été vendu et distribué.
Le roman contera donc la quête frénétique à travers l'URSS, des bijoux par Hippolyte qui s'adjoints les services d'Ostap Bender, le grand combinateur.

Un bon roman inattendu car tombé sous ma main par le plus grand hasard d'une boite à livres. Ma très jolie édition de 1958 est dans une traduction, elle aussi à deux mains, de Tatiana et Jules Médvédine-Ourcet

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Un grand classique populaire russe, et même soviétique (même s'il a été interdit, tardivement, en 1949, et jusqu'en 1956). L'histoire est relativement simple, entre la chasse au trésor et une parodie d'enquête policière. Nous sommes dans la Russie des années 20, la belle-mère d'Hippolyte Matvieïévitch Vorobianinov, ancien noble, lui confie sur son lit de mort qu'elle a planqué sa fortune, sous forme de diamants et autres bijoux, dans une des douze chaises du salon. Un vieux pope a eu droit lui aussi à sa confession. Mais voilà que les chaises ont été réquisitionnées et ont été dispersées dans tous les coins de l'Union Soviétique. Et Hyppolyte, flanqué d'Ostap Bender, jeune escroc haut en couleurs, part dans un périple plein d'aventures rocambolesques avec le pope, qui n'est pas en reste, comme concurrent. le récit est joyeux, le rythme est effréné. Et surtout l'intrigue n'est que prétexte à satire, tant de l'ancien régime que du jeune pouvoir soviétique. Tout le monde en prend pour son grade : les nobles sont pitoyables et incapables de s'adapter, le pope est cupide et corrompu, la société est pleine de profiteurs, le nouveau régime est déconnecté du réel, les journalistes sont des moutons, … le public russe ne s'y est pas trompé, c'est une oeuvre populaire majeure dont on peut se demander par quel petit miracle elle n'a été interdite que 7 ans ! le livre comprend beaucoup de degrés de lecture, il n'y a pratiquement pas une phrase qui ne cite, parodie ou pastiche un autre auteur… Pour le lecteur occidental il est difficile, malgré d'abondantes notes de page, de saisir toute l'ironie liée aux références tant littéraires, que musicales ou liées à la vie quotidienne. Il ne lui reste plus que l'excellent comique de situation lié à l'intrigue, et une partie de la satire politique et sociale. C'est déjà pas mal pour ce portrait ironique de la société soviétique des années 20.
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Best-seller des années 30, ce roman satirique picaresque qui peut paraître un pastiche de polar, ou bien une vraie chasse au trésor, a vu le jour dans ce moment béni de la littérature soviétique où, à l'instar de Boulgakov, l'on se croyait encore tout permis... Son écriture à quatre mains par deux jeunes journalistes d'Odessa décédés très précocement en 1937 et 1942, scella une alliance littéraire qui produisit notamment un second roman (Le Veau d'or) avec le même personnage principal : Ostap Bender « fils de sujet turc », un escroc aux ressources étonnantes ; ainsi qu'un roman-reportage sur l'Amérique et un nombre considérable de nouvelles et de récits humoristiques et satiriques.
Dans ce premier roman, Hippolyte Matvieïévitch Vorobianinov, un vieux noble déchu, plutôt poltron et dépourvu d'imagination et de capacité d'adaptation, s'associe rapidement avec le sympathique écornifleur, à la poursuite d'une chaise parmi les douze que comptait son salon avant réquisition révolutionnaire de sa demeure et dispersion de son mobilier, à l'intérieur de laquelle son acariâtre belle-mère avait occulté tous ses diamants et autres bijoux. Confession lui en est faite, à lui et à un pope menteur et vénal, à l'article de la mort de l'aïeule ; et les trois se livreront à un périple rocambolesque aux quatre coins du Pays des Soviets.
Hormis les avatars épiques de la poursuite, et après un aparté sur le passé pré-révolutionnaire de Vorobianinov, l'on découvre un pays chaotique, où règne le système d'et l'arnaque généralisée, où la nouvelle culture édictée par un pouvoir encore imparfaitement établi coexiste avec des réminiscences de l'ancien régime qui ont l'aspect de reliques ridicules, socialement veules et moralement corrompues, à l'instar du noblaillon et de l'ecclésiastique cupide.
Tout cela est représenté dans un style impeccablement satirique, dont l'humour se manifeste par l'hyperbole et l'absurdité des situations. Si l'ironie nous échappe en grande partie, malgré la pléthore des notes de bas de page d'Alain Préchac, traducteur-biographe des auteurs, relatives notamment aux références littéraires, musicales et de la vie quotidienne, qui devaient être totalement transparentes pour un lecteur russe même quelques décennies après la parution, ironie qui a sans doute contribué grandement au succès fulgurant de l'ouvrage, ce qu'il nous reste aujourd'hui, c'est en revanche l'humour lié aux situations, à la trame, et surtout la satire politique et sociale.
Dans la préface, Alain Préchac s'évertue à répéter que ce roman est apolitique : cette caractéristique ne se retrouverait même que dans cette oeuvre. Je ne comprends pas du tout ce déni. Ce n'est pas la chute qui me fera penser que les auteurs ont renoncé, de la première à la dernière page, à exercer par la satire une critique sociale et politique acérée, que je retrouve notamment dans la dérision dont ils accablent les milieux qu'ils connaissaient sans doute le mieux : le journalisme et le théâtre. Cela ne veut pas dire qu'ils n'aient pas éventuellement adhéré à la Révolution d'Octobre et au gouvernement soviétique ; mais tout ce qu'ils voyaient et décrivaient en 1927, ils n'hésitaient pas à le ridiculiser à souhait. Dans la bonne humeur, mais sans doute dans un sain espoir d'amélioration et de progrès.
Les citations que j'ai choisies voudraient aussi refléter, outre la satire, la mise en profondeur des personnages ; en particulier une tentative de compréhension de l'ancien régime représenté par Vorobianinov qui, sans être un héros positif, est loin d'être caricaturé de façon manichéenne.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Il lui semblait qu’avec sa belle-mère allait disparaître les petites habitudes confortables qu’il avait eu tant de peine à recréer depuis que la révolution avait dérobé aux maréchaux de la noblesse luxe et confort. »Se marier, pensa-t-il, et avec qui ? La nièce du chef de la milice, Varvara Stepanovna, la sœur de Proussis ? Ou bien prendre une femme de ménage ? Tu parles, elle me traînera de tribunal en tribunal. Et puis cela coûte trop cher. »
Vorobianinov vit soudain la vie en noir. Plein de répulsion et d’indignation contre le monde entier, il rentra dans la maison.
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Soudain avec un craquement sec, les deux pieds de devant se cassèrent à la fois. Oubliant de se battre, les deux adversaires se mirent à éventrer le siège de noyer aux mille richesses cachées. Le tissu anglais à semis de fleurs craqua avec un triste cri de mouette. Rejeté par une main puissante, le dossier vola au loin. Les chercheurs de trésor, arrachant la doublure et ses petits boutons de cuivre, les doigts ensanglantés par des ressorts que leurs efforts faisaient chanter, plongèrent dans le rembourrage de crin. Cinq minutes plus tard, la chaise était dépouillée jusqu'à l'os. Il n'en restait qu'une carcasse. Les ressorts roulaient dans tous les azimuts. Le vent dispersait les flocons de crin pourri. Les pieds galbés gisaient dans le fossé. De diamants - point.
- Alors, vous avez trouvé ? demanda Vorobianinov essoufflé.
Le père Fiodor, tout couvert de bribes de crin, reprenait son souffle en silence.
- Vous êtes un affairiste ! cria Vorobianinov. Je vous casserai la gueule, père Fiodor !
- Essaye toujours, répondit le saint homme.
- Et où irez-vous ainsi, tout recouvert de plume ?
- Ce n'est pas votre affaire !
- Honte à vous, mon père, vous êtes un vulgaire voleur !
- Je ne vous ai rien volé.
- Et qui vous a renseigné ? Vous avez utilisé le secret de la confession pour votre profit personnel ? Joli ! Félicitations !
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Il y avait dans la petite ville de *** ( chef-lieu de district ) tant de salons de coiffure et de bureaux de pompes funèbres que les habitants ne semblaient naître que pour se faire raser, couper les cheveux, frictionner le cuir chevelu et aussitôt mourir.
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Lorsqu’une femme vieillit , il peut lui arriver bien des désagréments : elle peut perdre ses dents , ses cheveux peuvent blanchir et se raréfier , elle peut contacter de l’asthme, se voir vaincue par l’obésité ou accablée par une extrême maigreur. Sa voix, elle, ne change pas.
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[...] - Mais je vous assure que c'est lui ! criait-il par habitude. Sans moustache, mais c'est bien lui ! Je le connais bien, moi ! Vorobianinov tout craché !
- Plus bas, mon Dieu, plus bas ! ... Alors, qu'en pensez-vous, pourquoi est-il ici ?
Un sourire ironique apparut sur le visage noirci du mécanicien.
- Et vous, qu'en pensez-vous ? Et, souriant avec plus d'ironie encore. En tous cas, sûrement pas pour signer des traités d'amitié avec les Bolchéviks.
- Croyez-vous qu'il coure un danger ?
Les réserves d'ironie accumulées par Polessov en dix ans de régime soviétique étaient inépuisables. Son visage refléta successivement tous les degrés du sarcasme.
- Et qui ne court pas de danger, en Russie Soviétique ... [...]
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