Partout en effet l'impression générale que dégage l'habitation japonaise classique est celle d'une grande sobriété, fondée sur une gamme de couleurs sombres ou "naturelles", les bois n'étant qu'exceptionnellement vernis et peints. Cette simplicité, qui peut résulter de recettes et de choix parfois forts complexes, n'est ainsi qu'apparente et correspond en fait à des techniques savantes appliquées par une main-d’œuvre hautement spécialisée.
Un habitant de Hokkaido débarquant à Kyûshu, un citadin de Tokyo arrivant chez un parent demeuré campagnard, accomplissent dans un cadre identique les mêmes gestes que chez leur plus proche voisin. Ils y retrouvent en effet tous les éléments familiers auxquels ils sont habitués depuis l'enfance : l'entrée au sol de terre battue ou le regard se perd dans la poutraison apparente, le couloir planchéié luisant et sombre, et au-delà une fois repoussée la cloison légère tendue de papier, le salon aux nattes claires ouvrant en angle sur le jardin étroit, verdoyant et compliqué.
C'est qu'en effet cette observation in-situ ne doit pas se limiter à une appréhension extérieure de la maison : c'est peu de l'avoir photographiée sous tous les angles, d'en avoir noté les mesures, la nature et le travail des matériaux, la forme du toit, le plan et la façon dont s'y distribuent et s'y exercent le différentes fonctions : abri familial ou moyen d'action sur le milieu; il faut encore y vivre ou du moins tenter de le faire.