Le Fleuve de l'éternité, tome 3 : Le Noir dessein

Le noir dessein / Tome III du Fleuve de l'éternité/P.J.Farmer
On retrouve dans ce tome III, Burton l'explorateur anglais bien connu et rencontré dans le tome I. On se souvient que lors de la phase de passage dans la bulle de résurrection, Burton s'était temporairement et inexplicablement réveillé et avait découvert tout le système qui ressuscitait les humains. Ce qui n'est pas allé sans lui causer des ennuis par la suite, avec comme seule porte de sortie le suicide multiple et la résurrection en un autre lieu. Il apprit par la suite que c'était un Éthique nommé X qui avait choisi de le réveiller entre tous les autres. Sans savoir pourquoi. Trente deux années ont passé depuis ce jour. Et Burton se demande toujours qui a décidé de ressusciter l'humanité, pourquoi la barbe des hommes ne pousse plus, pourquoi sont-ils tous circoncis et pourquoi les femmes ont un hymen intact.
On se rappelle que long de trente-deux millions de kilomètres, le Fleuve de l'Eternité serpente à la surface d'une planète spécialement remodelée pour accueillir les quelques quarante milliards d'humains ressuscités. Dans quel but ? Et par qui ? Qui sont les Éthiques et les adeptes de la Seconde Chance ? Des questions que se posent quelques personnages célèbres comme l'explorateur Richard Burton, l'écrivain Sam Clemens, alias Mark Twain, Farrington, plus connu sous le nom de Jack London, et Savinien de Cyrano de Bergerac, entre beaucoup d'autres.
Après avoir passé un certain nombre d'années à Thélème son paisible refuge, en route à présent sur un nouveau bateau à aubes, le Hadji II, avec ses comparses pour atteindre les sources du Fleuve, - la Mer Polaire encerclée de montagnes dont on dit qu'elle abrite en son centre la formidable Tour Noire qui sert de repaire aux créateurs et dirigeants occultes de la planète, - Burton ne cesse de faire des rêves étonnants où il se voit dans des situations extravagantes. Il est accompagné d'Alice sa compagne et de Peter Frigate, l'alias de l'auteur Philip José Farmer, et sa compagne Loghu, ainsi que de Kazz le néandertalien, Besst, Owenone et Monat un extraterrestre venu de la région d'Arcturus. Sans oublier l'inénarrable Sam Clemens (Mark Twain). le Hadji II finit sa course tragiquement. Et va commencer la construction d'un nouveau navire, un cotre qui est baptisé du nom de Snark. Arrive alors un navire inconnu Rex Grandissimus dirigé par Jean sans Terre, un homme arrogant et Burton voit cette arrivée d'un mauvais oeil.
Parallèlement se projette la construction de deux dirigeables dans la contrée de Parolando avec la constitution des équipages, Jill Gulbirra faisant figure de personnage incontournable, femme insoumise à la classe masculine et pilote expérimentée de Zeppelin de son vivant sur Terre. L'accompagnent le japonais Piscator et le français Cyrano de Bergerac, Firebrass étant le capitaine du dirigeable qui partira à la découverte de la Tour des Brumes du pole Nord. Jill s'interroge toujours et encore pour tenter de comprendre qui a bien pu créer cette vallée de plusieurs millions de kilomètres de long et pour quelles mystérieuses raisons ! Pourquoi, comment, en compagnie d'une quarantaine de milliards de personnes a-t-elle été ressuscitée sur cette planète ? Tous ceux qui avaient vécu sur la terre entre 2000 000 d'années avant J.C. et l'an 2008 semblaient avoir été rappelés d'entre les morts. Les seules exceptions étaient les enfants de moins de cinq ans et les handicapés mentaux et les fous. Jusqu'au jour récent où leur avait été retirée soudainement leur immortalité pour une raison inconnue. Pour Jill, le voyage sur le Fleuve avait duré 420 jours. Mais finalement Cyrano comprend que les humains n'ont pas été ressuscités pour l'éternité : ils ne sont que des cobayes dans une gigantesque expérience scientifique et quand celle ci prendra fin, ce sera aussi la fin pour les ressuscités qui seront condamnés à mourir pour une dernière fois. Et définitivement.
Burton et Sam Clemens (Mark Twain), de leur côté, poursuivent leur remontée du fleuve riche d'aventures de toutes sortes.
Ce troisième tome est plus étrange et plus psychologique que les deux premiers, avec de nouveaux personnages qui se livrent à des interrogations métaphysiques et spirituelles. Selon un « mystérieux inconnu » apparu à certains d'entre eux, la clé de l'énigme et peut-être celle de l'immortalité définitive se trouveraient dans une tour géante, au pôle Nord. Et les projets de ses maîtres seraient sinistres. Se lançant par la voie du fleuve et par celle des airs à l'assaut de la tour, nos héros parviendront-ils à empêcher la réalisation du Noir Dessein ? Quelle surprise attend les voyageurs en dirigeable menés par Firebrass et en bateau menés par Sam Clemens ? Parviendront-ils à atteindre la source du Fleuve et la Tour Polaire en dépit des trahisons en tout genre de certains, des vengeances pour des causes remontant bien loin, des passions et des espions ?
Avec ce livre, Philip José Farmer prolonge la plus célèbre et la plus grandiose de ses séries romanesques. On notera l'étonnante et éclectique érudition de l'auteur, traduite avec humour, pour mettre en scène des personnages ayant réellement existé sur terre quelle que soit l'époque. Des digressions multiples surgissent au cours du récit, notamment sur la définition de la science –fiction, car Peter Frigate était écrivain de SF de son vivant sur Terre. On se rappelle que Frigate est l'avatar de Farmer ! Des réflexions critiques viennent également ponctuer certains chapitres de ce livre de plus de 500 pages : « La télé avait été la plaie du XXe siècle, après la bombe atomique et l'explosion démographique, naturellement. » Connaisseur de la philosophie nietzschéenne, l'auteur, en humaniste, estime que l'être humain véritable, homme ou femme, c'est celui qui a réussi à se débarrasser de tous ses préjugés, psychoses et autres névroses, qui se réalise pleinement en tant que membre de l'humanité, qui fonde tout naturellement ses actions sur l'amour, la bonté et la compassion, qui réfléchit par lui-même au lieu de suivre le troupeau. Voilà selon Farmer ce que devrait être le vrai surhomme.
L'auteur sait mêler adroitement les faits de la vie terrestre et ceux de la vie le long du Fleuve de ses personnages célèbres comme Jack London, Cyrano de Bergerac, Ulysse ou encore Akhenaton, ce pharaon qui voulut convertir son peuple au monothéisme.
Une intéressante réflexion nous est proposée sur le nombre de nos ancêtres sachant qu'à chaque génération (25 ans) le nombre d'individus double celui de la génération précédente (ou suivante si l'on veut). Exemple : si vous êtes nés en 1925 et que vos parents son nés en 1900, en 1875 vous avez 4 ancêtres, en 1850 vous en avez 8 ; en 1700, vous en avez 512, en 1400, 2 millions 97 152, en 1200, 536 millions !! Si la population du monde en 1925 était de 2 milliards, si on multiplie ce nombre par le nombre d'ancêtre de chacun on arrive à une somme de plus de mille millions de millions. Ce qui veut dire que dans le passé, il y a eu forcément bon nombre de relations incestueuses à des degrés plus ou moins rapprochés. Nous sommes tous parents. Réflexion également sur les religions, le libre arbitre et le déterminisme.
Malgré les grandes qualités de cet ouvrage fruit d'une imagination et d'une érudition étonnantes, j'ai personnellement trouvé que dans ce troisième volume, Farmer présentait les premiers signes d'un certain essoufflement dans le déroulement de l'histoire, recourant à l'autobiographie de façon récurrente et offrant un récit moins palpitant malgré le charisme des personnages. On est souvent davantage dans la réflexion que dans l'action.
Que nous réserve le tome IV dernier de la série ? Affaire à suivre…

La série du fleuve de l'éternité est une des séries réussies que compte la science-fiction contemporaine.
Mêlant SF, aventure et histoire, elle a reçu le prix Hugo pour son premier titre ''le monde du fleuve''. le noir dessein est le troisième tome des cinq que comporte la série.
Les personnages sont bien imaginés, malgré leur grand nombre et le récit souffre de quelques longueurs, il s'essouffle quelque peu dans ce tome, mais l'histoire reste intéressante et l'on s'accroche pour connaître l'épilogue qui ne manquera, sûrement, pas d'être au rendez-vous.

Sur une planète aménagée par Les Ethiques pour accueillir une quarantaine de milliards d'humains ressuscités, quelques personnages venus d'époques diverses comme Richard Burton (l'explorateur, pas l'acteur), Sam Clemens (Mark Twain) ou Cyrano de Bergerac cherchent par tous les moyens à connaître le fin mot de cette étrangeté. Après l'échec du bateau à aubes qui devait remonter tout le fleuve pour atteindre la Tour Noire, coeur apparent de l'énigme, les hommes décident de changer de moyen de transport et de se reporter sur un dirigeable géant qui sera placé sous le commandement de Firebrass. Et voilà qu'un nouveau personnage apparaît. Une certaine Jill Gulbirra, demi-sang aborigène australienne, après un long périple en pirogue sur le fleuve, finit par accoster à Parolando et veut se faire engager comme pilote de l'engin volant. Elle est reçue par Schwartz qui lui annonce tout de go que, quelles que soient ses brillantes qualifications, jamais elle ne pourra prendre la place de Firebrass. Jill s'estime discriminée en tant que femme…
« Le noir dessein » est le troisième tome de la saga « Le Fleuve de l'éternité » qui en compte cinq au total. Dans son avant-propos, Farmer annonce à son lecteur impatient de comprendre enfin de quoi il retourne dans cette histoire interminable que tout ne sera révélé que dans le tome quatre et que dans le dernier, il développera certains aspects secondaires ou parallèles de son affaire. Un peu comme les bonus de DVD en quelque sorte. Ainsi sommes-nous prévenus que l'intrigue n'avancera pas d'un millimètre malgré deux tentatives ratées de pénétration dans la fameuse tour de métal. Nous aurons cependant droit aux habituels combats, trahisons, escarmouches, batailles et tueries diverses et variées plus quelques nouveaux personnages à rajouter à une liste déjà longue. Chacun a droit à sa petite biographie. Quelques développements sur le féminisme, le soufisme, les religions, le psychédélisme et autres effets des drogues permettent de remplir les 544 pages de ce pavé qui se lit relativement agréablement si l'on ne s'agace pas trop de cette histoire qui tourne en rond comme le serpent qui se mord la queue et comme ce fleuve qui fait de même. Vivement le tome quatre qu'on en finisse !
Lien : http://www.bernardviallet.fr

Une longue, parfois très (trop?) longue, saga basée sur une idée de départ assez fantastique: toute l'humanité réunie le long d'un long, long, long (plusieurs millions de kilomètres) fleuve sur une planète inconnue. On y retrouve ainsi Mark Twain, Alice (celle de Lewis Caroll), Goering (entre autres), en quête du "pourquoi sommes nous ici ?". Un classique de la science-fiction, à découvrir si vous n'avez pas peur de sa longueur.

Dans ce troisième volume Farmer développe encore plus son génial point de départ : de nouveau personnages apparaissent (Jack London, Tom Mix, Nur-El-Din El Musafir ...) et l'on retrouve les piliers de la remontée du fleuve (Burton, Clemens,Frigate..) . Même si les péripéties sont nombreuses on a une impression de répétitions , les dirigeables remplaçant les bateaux à aube. C'est toujours un plaisir de rencontrer au fil des aventures des personnages de l'histoire et de la légende mais Farmer consacre un peu trop de lignes à leur biographie.