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EAN : 9782812604881
400 pages
Editions du Rouergue (02/03/2013)
2.92/5   13 notes
Résumé :
Passer de l'autre côté du miroir, on en a tous rêvé ; mais quand cela devient possible, quand la fiction et ses héros viennent peupler la réalité, comment réagit-on ? C'est tout le problème du narrateur de "Roman fleuve", qui a d'autant plus de mal à accepter cette idée qu'elle ne représente plus l'utopie de quelques doux rêveurs, mais qu'elle est le fruit d'une décision de l'État. Les "événements de février" ont en effet isolé la France du reste du monde, et l'État... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un projet fou de la part de l'auteur?
Oui, j'ai relu ce roman (mon ancien billet ici Roman fleuve , Rouergue, 1999) mais ce n'est plus le même roman. L'auteur ne présente plus la même oeuvre : je ne suis pas allée jusqu'à relire les deux livres, mais j'ai comparé avec la version 1999, Piazza a repris des passages, bousculé d'autres, éliminé des paragraphes, enlevé ou ajouté des péripéties, ajouté un personnage... et changé la fin! Moi qui me plaignais de la fin brutale, on m'a écoutée.
Bien évidemment j'ai aussi un peu repris mon ancien billet.
Un avis toujours valable?
Voilà ce que j'écrivais :
Etrange premier roman pour un auteur qui s'intéressera ensuite à un instituteur en montagne (Les ronces) et à un groupe d'expatriés au coeur du Niger (la route de Tassiga). L'écriture, ce qui frappe d'abord : fluide, d'un classicisme réconfortant, au service d'une histoire bien curieuse.

En France, en ce début du 21ème siècle, le Président a décidé de prendre de la distance face à l'Europe et le pays se replie sur lui même. Pour échapper aux ennemis extérieurs qui refusent cette quasi -autarcie, décision a été prise de fuir le combat en faisant entrer le pays dans le monde de la fiction. A cet effet, a été dressée l'édition complète de la production littéraire ...

Viennet, jeune homme érudit quelque peu électron libre, est chargé d'une mission importante, à savoir négocier le retour des cendres d'un personnage De Balzac (oui, oui). Accompagné de Klincksieck, spécialiste de la lettre K pour la rédaction d'une encyclopédie, il atterrit finalement au bord d'un fleuve, dans une colonie, sorte de camp où des gardiens veillent sur de pauvres hères ayant perdu leur identité après un passage-test raté dans le monde de la fiction. Viennet sera chargé, grâce à ses connaissances littéraires, de retrouver leur identité afin qu'ils soient délivrés et puissent passer complètement dans le monde de la fiction. Gervaise Coupeau, le Chevalier des Grieux, Valère de l'Avare, des dizaines seront "révélés". Pour découvrir de quel coin de quel roman est issue la dernière femme, Viennet devra laisser ses préventions et cela donnera un passage absolument magnifique... baigné par la lumière de l'oeuvre originelle, évidemment!

Antoine Piazza excelle à brosser des ambiances d'enfermement lourdes, oppressantes, cette colonie n'est qu'une prison sordide, Klincksieck et sa lettre K (sans doute pas un hasard, le choix de cette lettre?) évolue bizarrement. Une première expérience de passage dans ce monde de la fiction a déjà eu lieu, semble-t-il (mais, dommage, on n'en sait pas plus) , car l'idée est sortie des décennies auparavant du cerveau d'un écrivain. Je pourrais parler de la Délégation aux sous sols effrayants installée dans un gigantesque aquarium à l'envers, de la fuite de Viennet dans des contrées désertes de toute vie. Et de l'impression d'humidité et de froid qui imprègne ce roman...
Un roman foisonnant qui se dévore.
J'en profite pour ajouter un passage de la version 2.0

" Aucune des quatre nations alliées qui occupaient l'Allemagne à la fin de la guerre n'avait intérêt à révéler que le chancelier du IIIè Reich, son épouse d'un jour et une quinzaine de ses plus fidèles serviteurs avaient échappé à la justice et que tous se promenaient désormais dans une forêt de Thuringe déguisés en hallebardiers ou en lutins."

En annexe (Document 6), Piazza va jusqu'à écrire une critique de son premier roman: "Si le roman ne tient pas toutes ses promesses, si l'ensemble souffre de quelques longueurs et répétitions, il n'en demeure pas moins que l'intrigue est savamment menée et que le lecteur éprouve une certaine jubilation à suivre le héros dans des aventures que ponctuent..."

Jubilation, voilà le mot pour qualifier mes impressions à la lecture de cette histoire hallucinée.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Il est important de préciser que ma critique s'appuie sur l'édition réécrite de "Roman Fleuve", parue aux Editions du Rouergue en 2013. Je tiens à cette indication parce que la première version, celle de 1999, sort en même temps en format poche chez Folio. Mais, comme cette réécriture ne transforme pas fondamentalement l'oeuvre première, il est probable que mes impressions pourront lui faire écho.
Parce que j'aime les oeuvres qui confrontent les notions de réalité et de fiction, j'ai tout de suite plongé dans les eaux troubles de ce roman fleuve, intrigué par cette histoire originale d'un président tyrannique ayant tout fait pour isoler la France de la communauté internationale, façon Corée du Nord, pour mieux justifier ensuite son désir d'envoyer ses citoyens dans un monde de fiction. Mais pas n'importe lequel. Celui de la Littérature française, avec ses grands noms et ses anonymes, ses oeuvres illustres et ses travaux oubliés. Il faut donc avoir une connaissance assurée de notre littérature pour se lancer dans une telle aventure, ce qui est le cas d'Antoine Piazza qui, de Rabelais à Balzac, de Zola à Proust, prolonge le destin des grands personnages de fiction dans une étonnante histoire. Rien de novateur dans l'écriture cependant, ce qui peut atténuer le plaisir de la lecture, mais ce récit peut aussi être une sorte d'hommage à un grand créateur d'aventures, Jules Verne, qui n'a pas construit son succès éditorial sur son style mais sur l'univers de ses fictions. Dans "Roman Fleuve", on retrouve le principe de la vie secrète souterraine et du voyage de "20 000 lieues sous les mers" ou de "Voyage au centre de la Terre". Ces nombreux échos sont l'une des grandes réussites de "Roman Fleuve".
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Un peu déçue par ce livre dont la pierre angulaire est quand même un peu tirée par les cheveux : le président de la France décide d'échapper à une guerre imminente en faisant passer les citoyens dans le monde de la fiction, par simple décret officiel.
Si encore le livre jouait sur le côté absurde et humoristique de la chose ça passerait mieux, mais tout ça est très sérieux. On tente bien dans un chapitre de quelques pages de justifier la possibilité de la chose par une théorie un peu vaseuse du "verbe premier" (j'aurais préféré que l'auteur ne justifie rien pour appuyer le coté absurde et tout puissant du décret administratif). le livre verse carrément dans le film de série B quand il évoque le passage d'Hitler dans le monde de la fiction... L'écriture est d'ailleurs assez cinématographique et convenue, avec les habituelles scènes conventionnelles: une scène de sexe et une scène de baston finale. Certains points abordés ne sont jamais élucidés : comment a-t-on réglé le problème des personnes passées dans le monde de la fiction qui n'ont pas été reconnues et qui èrent dans le monde réel?
Par contre j'ai bien aimé la longue marche du personnage principal à la fin du livre qui nous plonge dans une ambiance assez particulière entre fin du monde et irréalité. La vision de l'Europe est aussi intéressante : les pays s'écharpent sur des détails et montent en épingles des vexations stupides... mais ce n'est pas très creusé non plus.
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Je suis contente d'avoir découvert ce livre mais l'ai-je aimé ? Mon sentiment confus est à la hauteur de cette étrange histoire d'un président tyrannique désirant plonger la France et les français dans le monde de la Littérature afin de les protéger de l'intrusion des voisins européens. On suit le cheminement d'un homme qui n'a connu que les livres et qui est plongé malgré lui au coeur des événements à cause de ses prodigieuses connaissances. le thème est puissant... mais au final, c'est assez complexe : si on n'adhère pas spontanément à la théorie - les hommes peuvent passer dans le monde de la fiction sur simple décret si ils sont dans une situation de chaos (Hitler ne se serait pas suicidé...) - l'intrigue est difficile à suivre. Ni le personnage, assez froid, ni la fin, ne m'ont convaincue. Cependant, je dis bravo à l'auteur pour son érudition et cette idée folle, née en 1999 et remaniée en 2013 (la version que j'ai lue).
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Grosse déception à la lecture de ce roman: je m'attendais à une tout autre intrigue, davantage dans le goût de "l'affaire Jane Eyre" (bien que je n'en soit pas "fan"), mais il ne s'agit pas du tout de cela ici.
L'auteur se situe plutôt dans la fable philosophique et s'amuse, de façon talentueuse, à mêler la réalité et la fiction, à brouiller les pistes et les identités. le tout dans un monde assez kafkaïen (le K n'est pas innocent), relevé d'une réflexion sur L Histoire et la politique.
Mais cette ensemble m'a paru trop brouillon et je me suis plusieurs fois perdu entre ces pages, plus capable de suivre l'intrigue.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
– Mais pourquoi donner une telle importance à une entreprise qui apparaît bien marginale dans le contexte que vous décrivez ?
– Quand une bête est traquée, elle peut affronter l’ennemi de face ou se replier dans sa tanière… Elle doit craindre un combat ou un assaut ; celui-ci laisse du répit, celui-là offre la gloire, dans les deux cas, c’est la mort… Il n’y a pas d’autre issue pour les soldats, pour les hommes ordinaires… Le Président n’est pas de cette étoffe : alors que ses adversaires l’imaginent terré dans un quelconque bunker ou se portant stupidement à la tête de ses troupes, il dispose d’une arme nouvelle, celle que nous construisons ici, précisément, et dont seulement une dizaine de personnes à ce jour connaissent l’usage…
– Faire la guerre avec des livres n’est pas nouveau…
– Il ne s’agit pas de faire la guerre mais de lui échapper… Nous dressons l’édition complète de notre production littéraire de la même façon que nous établirions une base sur Mars ou sur la Lune pour échapper à un conflit atomique. C’est tout simple : le jour de sa parution, le Président…
Béring s’assura que le petit bonhomme en gris était assez éloigné pour ne pas entrer dans la confidence. Il prit ensuite dans sa poche un monocle cerclé d’argent, le riva sur son oeil en insistant longuement sur la chair de sa joue et poursuivit :
– Le jour de sa parution, vous dis-je, le Président déclarera l’entrée du pays dans le monde de la fiction.
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– La Délégation a été chargée par le Président, dit-il sans chercher un instant à reprendre sa respiration, durement éprouvée par l’ascension d’un court escalier en colimaçon, la Délégation a été chargée de réaliser l’édition définitive de la littérature française, depuis Loup de Ferrières jusqu’à Eugen Kleber-Gaydier.
Béring se tut un instant afin de reprendre son souffle. Il agrippa ensuite mon bras et reprit avec fièvre :
– Une entreprise sans précédent… Aucun pays n’a jamais fait un tel retour sur lui-même. Nous sommes en train de rassembler tous les textes que nos compatriotes ont un jour connus à l’état de publication… Vous devez savoir, vous qui avez travaillé à la Délégation à une époque où nous n’avions pas d’autre mission que de surveiller la langue, de contrôler les auteurs, les traductions, d’autoriser les rééditions, que ce travail pour colossal qu’il apparaisse n’est pas impossible. Il faut se rappeler le réseau extrêmement dense que la Délégation a su créer dans les antennes régionales. La plupart des fonctionnaires que les événements de février ont jetés dans l’inactivité ont répondu sans hésitation à mon appel. Peu leur importe que ce travail ne soit pas encore rémunéré, car ils savent que le Président a, pour le moment, d’autres soucis que celui de reconnaître ces modestes tâcherons… Ces gens-là travaillent pour la gloire du pays. C’est ainsi qu’on retrouve dans les provinces les plus reculées des éditions inestimables d’auteurs inconnus, des tirages limités d’œuvres éternelles, des romans apocryphes et des thèses d’universitaires obscurs, des lettres d’auteurs célèbres, des gloses denses et presque illisibles, emmagasinées dans des bouquins rongés par les poissons d’argent. Le tout nous arrive par les moyens que la technologie moderne met à notre disposition… Nous recevons d’authentiques pièces de collection par les messageries du gouvernement, je vous en ai dit un mot tout à l’heure, et nous recevons nuit et jour, sur notre collecteur télématique central, des ouvrages anciens, des préfaces, des biographies, des notices, tout ce qui entoure la littérature comme l’écorce entoure l’orange…
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Béring fracassa d’un violent coup de pied le poêle qui répandit sur le sol de terre battue des morceaux de papier incomplètement brûlés. Béring se baissa péniblement et attrapa un bout de carton noir.
"Chateaubriand ! s’écria-t-il. Chateaubriand dans l’édition originale de 1834 parue chez Furne… Voilà ce qu’il faut à ces rustres pour se chauffer !"
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– J’en conviens, mais vous gâchiez alors une belle carrière…
– Une belle carrière ? Mais quelle carrière ? Écrire ce livre stupide était-il plus grave que de remanier les chefs-d’œuvre des siècles passés ? Depuis des années, je remettais les grands classiques au goût du jour. Vu que l’État disposait de sa littérature comme du littoral ou des forêts, et que l’on pouvait effacer de chaque livre les incorrections grammaticales tout comme les personnages ambigus, les villes trop étroites, les rues trop sales, les opinions saugrenues, de la même façon que l’on jetait des digues sur l’eau pour construire des immeubles ou que l’on faisait des coupes infinies dans les massifs, je n’étais plus qu’un artisan appliqué, chargé de la réfection des lettres comme d’autres étaient chargés de la remise à neuf des clochers…
– Vos attributions étaient clairement définies dans un contrat que personne ne vous avait obligé à signer…
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J’étais sans nouvelles de Béring depuis huit ans et je ne l’aurais certainement jamais revu s’il n’y avait eu cette convocation signée de sa main. Ce fut le nom de Béring, en effet, qui me décida ; après mon exclusion de la Délégation, je sus que le directeur avait été le seul, dans ce collège de cadres qui programmait nos missions, à refuser d’ajouter son nom au procès-verbal signifiant mon congé. Mais, après huit ans de petits boulots, huit ans pendant lesquels j’avais juré tous les jours que pour rien au monde je ne reprendrais du service, je réalisai, en roulant sur ces chemins perdus, au milieu de salines abandonnées, que j’avais tout laissé sans hésiter un instant. Je voulais me persuader qu’il y avait beaucoup de curiosité dans ma démarche, qu’une telle convocation allait effacer huit ans d’ennui, je savais en fait que j’accourais une fois de plus comme un chien.
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