C'est Baudelaire qui a souligné les mots que l'on voit enitalique ou en capitales dans le billet, sur lequel il note: «Autographe d'autant plus curieux que je n'ai pas du tout demandé à M. Feydeau son opinion.» Au début de juillet, à Malassis: «J'ai un petit trafic à vous proposer, […]. En échange de l'exemplaire de Feydeau, chargé de notes, et que je viens de lui chiper, en lui promettant un exemplaire neuf, pouvez-vous m'offrir des exemples vulgaires [des Paradis]? […]/ Les corrections et réflexions de Feydeau sont horriblement nombreuses et très amusantes. Je dois ajouter qu'il y en a quelques-unes utiles, et je vais les transcrire sur mon exemplaire.» Modestie contre fatuité.
Durant le premier semestre de 1857, alors qu'il éprouve chaque jour le souci du lendemain, et tout en traduisant Pym, tout en surveillant l'impression de ce récit dans Le Moniteur, Baudelaire travaille à la correction des épreuves des Fleurs du Mal. Du recueil il a remis le manuscrit au correspondant parisien de Poulet-Malassis au début de février. Les deux cent cinquante-deux pages du livre auraient pu être imprimées en quelques semaines, si Baudelaire n'avait été assailli de scrupules, transformés en nombreuses questions posées à son imprimeur et éditeur.
Réversibilité et Confession, peut-être L'Aube spirituelle, ont été envoyés à Mme Sabatier en mai 1853, de Versailles, où l'on sait que Baudelaire a séjourné par un billet à sa mère du 14 et par la trace d'une lettre à Asselineau du 9, lettre "curieuse, trop curieuse, qu'on ne pourrait imprimer en entier". Ce séjour prend son sens à la lecture des souvenirs d'Émile Geidan. Ce provincial était venu faire ses études de droit à Paris comme les amis de l'École normande.
Le 31 août, lettre de Charles à Aglaé, qui n'est plus Apollonie. L'amant en titre, le protecteur Mosselman, fait son apparition pour permettre à Baudelaire de s'écarter:
J'ai détruit ce torrent d'enfantillage amassé sur ma table. Je reprends vos deux lettres, et j'y fais une nouvelle réponse. Je ne l'ai pas trouvé assez grave pour vous, chère bien-aimée.
Il me faut pour cela un peu de courage; car j'ai abominablement mal aux nerfs, à en crier, et je me suis réveillé avec l'inexplicable malaise moral que j'ai emporté hier soir de chez vous.
... manque absolu de pudeur.
La lettre fut reproduite dans l'Hommage à Denecourt, suivi des deux Crépuscules en vers et du Crépuscule en prose. Par cette déclaration de guerre à l'amour de la Nature, Baudelaire prenait sa distance par rapport à cette singulière Religion nouvelle, celle des prétendus romantiques. Il se désigne comme un poète de la grande ville.