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Critique de colimasson


La meilleure manière de comprendre l'Islam se trouve peut-être dans le Coran. Jean-Charles Pichon, fin connaisseur de l'histoire des sectes, des religions et des mythologies et après maints autres essais, se penche ici sur le Coran pour tenter d'en extraire la construction mythique et ésotérique. Ses calculs n'occupent pas le devant de la scène pour ne pas décourager le lecteur qui ne serait pas initié aux mystères des nombres, mais ils sont toutefois consultables en annexe.


La déconstruction proposée par Jean-Charles Pichon se présente, comme il l'admet lui-même, dans une simplicité extrême. Il découpe ainsi le Coran en trois parties selon les caractéristiques formelles du Livre. Les sourates 1 à 68 sont caractérisées par l'ésotérisme des Signes : elles racontent la durée entropique de l'Unité à l'Etre selon un axe causal. Les sourates 36 à 114 sont quant à elles caractérisées par les Serments (« J'en jure ») : elles racontent la durée néguentropique selon un axe vocatif qui se dirige du dernier au premier. On remarquera que les sourates 36 à 68 appartiennent à ces deux catégories à la fois.


Ce découpage en trois parties (les Signes / les Signes et les Serments / les Serments) semble correspondre à une division profonde de l'Islam. Rappelons en effet que la rupture entre Chi'ites et Sunnites traduit non seulement une querelle familiale mais aussi un désaccord quant au caractère créé ou incréé du Coran. L'épouse de Muhammad croit en la lecture tandis que l'enfant croit en la création : la religion serait révélée, ou elle irait en se faisant.


« « Dans la mesure, ainsi, où le Coran saisit toutes les structures panthéistiques, il sera le fondement du Chî'isme et de ses divisions ; dans la mesure où il proclame le Dieu unique, il sera le fondement de l'orthodoxie sunnite. Voilà qui est simple et clair. Mais peut-être trop clair et trop simple. »


Le découpage de Jean-Charles Pichon permet d'associer les Signes à l'orthodoxie sunnite et les Serments au Chî'isme. Il réconcilie les deux courants lorsque les Signes et les Serments se croisent au cours d'une période de transition qui implique le retournement de l'axe temporel du causal au vocatif. La lecture de l'histoire de l'Islam et de ses rapports forcément passionnels avec les autres civilisations et religions devient désormais limpide. Jean-Charles Pichon émet quelques conclusions pour les siècles à venir mais ne peut que reconnaître son ignorance absolue quant à la nature du point final :


« Au terme du 11e serment, le Coran prophétique est achevé, car le 12e n'est autre que le Royaume vécu. Aucun croyant ne s'aventurera jusqu'à commenter les 11 dernières surates, de 104 à 114 : elles appartiennent à Dieu. »


L'interprétation explicative et suggestive de Jean-Charles Pichon est ponctuée d'extraits du Coran. Brève et claire, elle soumet à la réflexion de nombreux rapprochements qu'on pourra trouver éclairants, spéculatifs ou abscons, au choix. Quelles que soient les affinités du lecteur avec la question ésotérique et mystique, il serait dommage de se priver de cette lecture qui permet de comprendre l'Islam dans ses divisions et dans ses unions –partage qui semble inscrit dans la forme et le texte du Coran, ainsi que nous le suggère Jean-Charles Pichon.

L'analyse des calculs présentés en annexe relèvent quant à eux d'une discipline et d'un intérêt que je n'ai pas été en mesure de saisir.
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