Pour bien profiter des livres de cette collection, je conseillerais, plutôt que d'attaquer la lecture de front, d'utiliser l'index documentaire extrêmement bien fait. Y choisir le sujet qui vous intéresse sur le moment et se reporter aux pages correspondantes. On peut ainsi épuiser 14, 15 livres sur le même sujet.
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Restait à annexer à la prose latine le domaine de la spéculation pure. Il fallait pour cela amener la langue à exprimer l'abstrait, ce qui n'allait pas sans graves difficultés. Le latin possédait bien tout un jeu de suffixes hérités du système indo-européen, mais il n'en usait qu'avec modération et généralement pour désigner des qualités aisément saisissables, encore très proches du concret. L'abstrait pour lui demeurait à peu près étranger. Comment, dans ces conditions, traduire dans la langue nationale les jeux dialectiques des philosophes grecs ? Les premiers écrivains qui s'y essayèrent furent près d'y renoncer. L'aveu désespéré de Lucrèce *, se plaignant de la pauvreté de sa langue maternelle, est resté célèbre; bien d'autres aveux de Cicéron, et même encore de Sénèque, font écho à celui du poète qui avait entrepris de rendre la pensée d'Epicure et de Démocrite accessible à un public latin. La notion même de philosophie ,e répondait à aucun mot de la langue. Il fallait ou créer un dialecte nouveau en empruntant la forme même des vocables grecs, ou bien transposer. Les deux procédés furent employés simultanément, mais dans des intentions et des contextes différents. Cicéron se sert parfois du mot philosophia, mais c'est lorsqu'il veut désigner la technique elle-même ; ailleurs, il recourt à un équivalent déjà utilisé par Ennius, et écrit sapientia - qui possède déjà une signification dans la langue et ne peut s'appliquer à la spéculation philosophique que par transposition de sens. Sapientia, pour un Romain, c'était non pas la dialectique en quête de vérité, mais une qualité beaucoup plus terre à terre, celle de l'homme plein de bon sens accoutumé à suivre la voie droite, mais dans sa conduite beaucoup plus que sur les chemins de la connaissance. On mesure l'importance, pour l'avenir même de la philosophie romaine, de cette transposition initiale. Car les mots ainsi sollicités, conservaient de leur emploi ordinaire, de leurs attaches sémantiques, un poids, des associations qu'ils ne pouvaient dépouiller soudain et qui infléchissaient la pensée. La sapientia demeurera toujours la science de régler les mœurs, ce que nous appelons, nous, la sagesse, avant d'être l'art de penser.
870 - [p. 175]
Calendrier - La première division du temps fut un calendrier lunaire : mois de vingt-sept ou vingt-huit jours, divisé en « phase » ; kalendes (la nouvelle lune), nones (premier quartier), ides (pleine lune). L'année comporta d'abord dix mois, puis douze, cette dernière innovation attribuée à Numa. Pour rattraper le retard sur l'année solaire, on ajoutait, tous les deux ans, un mois supplémentaire de vingt-deux ou vingt-trois jours. Cette intercalation était assurée par les pontifes. Il en résulta un grand désordre, auquel remédia la réforme de César, en 46 : l'année julienne, qui comprit douze mois de trente et trente et un jours alternativement (avec février vingt-huit) et, tous les quatre ans, une année bissextile (redoublant le 6 des kalendes de mars) fut alors instituée. Les kalendes, ides et nones tombèrent alors à date fixe, les kalendes toujours le premier du mois, les nones le 7 en mars, mai, juillet, octobre, et, dans les autres mois le 5; les ides tombèrent le 15 quand les nones sont le 7, le 13 dans les autres mois.
1179 - [p. 415]
Pierre Grimal
Jacques CHANCEL s'entretient avec
Pierre GRIMAL, professeur d'histoire romaine à la Sorbonne : l'importance du
latin, comment lui est venu son intérêt pour la
civilisation antique, ce que représente la
culture antique, remarques sur l'
enseignement, ce que nous devons à
La civilisation romaine, la mentalité romaine, les
sciences ont permis l'évolution intellectuelle, s'est intéressé à la...