La rencontre fut visuelle autant que tactile, inopinée et fulgurante. Un quasi coup de foudre !
Il dépassait largement au milieu de ses comparses bien calibrés, serrés en rang compact, mince et élégant, tout de noir vêtu. Un charme discret mais certain !
Je n'ai pas pu ni su lui résister longtemps, me souvenant très opportunément du conseil d'
Oscar Wilde : " le seul moyen de se délivrer de la tentation, c'est d'y céder. Résistez-y, et votre âme languira, tourmentée. "
Se tourmenter, languir ? Hors de question quand la poésie est dans l'air. C'eut été gâchis, perte de temps, d'autant qu'il sut tenir toutes ses promesses passées les présentations d'usage.
Un ensemble harmonieux et aéré sur papier glacé au voluptueux toucher, une lisibilité parfaite, alternant habilement mots simples et encres aux traits noirs mouvementés sur fond sépia, il proposait des vers en quête d'un ailleurs pour l'éternité, des
poèmes se concluant parfois par :
" le dénuement devient beauté "
" La traversée du labyrinthe est sans retour "
" Il n'y avait rien à comprendre. Alors j'ai ramassé le néant "
" Paysages de nos pensées vivants parce qu'inachevés "
" Tant de pas sans savoir où ils vont pour éviter de rencontrer notre âme, dans notre inlassable poursuite de l'inutile "
Puis, régulièrement, diversifiant son propos pour ne pas me lasser, il déclinait sa pensée en courts textes en prose, appelés sobrement Laboratoire de création, espaces de réflexion inspirés, dédiés à l'écriture et à son élaboration.
J'ai attrapé au vol des bribes qui hantent encore ma mémoire :
" Dans le temps du
poème s'édifie toute une construction parallèle "
" Ne pas trop dire pour ne pas voir s'évanouir, se disloquer le poème. Garder la mesure pour se maintenir en équilibre sur la tempête des mots. "
Vous l'aurez compris : il m'a séduite ce...recueil artistique, alliance réussie de textes poétiques et d'encres aux influences orientales.