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Jean-Paul Chabrier (Préfacier, etc.)Jean-Paul Chabrier (Préfacier, etc.)Jean-Paul Chabrier (Préfacier, etc.)
EAN : 9782710324720
174 pages
La Table ronde (14/03/2002)
4.12/5   17 notes
Résumé :

La Pluie à Rethel, c'est d'abord un titre dont on se souvient. Les amateurs de la "petite musique" de Pirotte vont enfin découvrir, ou redécouvrir, cette histoire d'un éxilé du monde envahi de souvenirs.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le plaisir subtil et doux amer de la mélancolie.
J'ai beaucoup aimé ce récit de Pirotte. Un homme est attablé et trace des phrases sur sa feuille. Il revisite son passé, les femmes qu'il a connu et qui se confondent. Ceux qui aiment Un homme qui dort de Perec peuvent prendre ce roman comme une sorte de suite qui se passerait dans le nord ou en Belgique. Des instantanés qui parlent d'une vie sans fait saillant, sans intrigue. le style soutient l'ensemble, pour un livre où il semble ne rien se passer. Des mots simples comme le vent, le pluie, la mer, associés à l'inquiétude frileuse, le bonheur vif et rehaussés par un terme plus spécialisé comme agrès, par une image comme celle de voiliers dans la brumes

Mais le passé souvenu n'est pas le présent et l'écrivain, à sa table, est souvent pris par le dégoût de ces phrases dévidées dans un décor de cuisine, les odeurs autour de lui...

C'est un homme qui s'appelle Vincent et qui pense que la vie est une somme d'absences multipliées par elles-mêmes à l'infini. Une vie nue et vide, une vie de pas perdus. Un homme qui regarde par la fenêtre et dit ce qu'il voit, ce qu'il ressent, il a mal à la jambe gauche. Il se détache de la fenêtre et se rassied. Il continue à écrire les mots étiques d'un quotidien qui se dépenaille de soir en soir.
La galerie de taupe que l'on creuse, à l'aveuglette.

Il remarque des détails comme les chatons de poussière, les appliques murales d'un salon octogonal. Il veut des femmes, mais n'est jamais vulgaire, il appelle ça: chercheur d'aubaines furtives. Plus tard, l'homme réalise que l'amour et la pluie, dans la chambre d'hôtel en face de la gare, ont conjugué des charmes puissants et dérisoires.
Le dimanche, le passé rôde...
En gare de Nimègue, il a rencontré la blonde C...A moins que ce soit Mina ou la belle Virginia.Ils errent de frîche concertée en lande sablonneuse, de basses pinèdes en étendues de bruyères. Il note la forme tourmentée d'un grand arbre, l'ondulation à peine perceptible d'un ressaut de terrain, le sillon noir et blanc d'un vol de pie ou l'appel perdu d'une voix dans un chemin creux...Il va marcher, trébucher, le long du canal où deux péniches immobiles attendent la fin du monde. Un homme qui écrit qu'il ne peut pas se permettre de fantaisies aussi dispendieuse que l'envie de vivre. En 1982, Pirotte, l'avocat défroqué, est encore vivant pour encore plus de trente ans...

En lisant ce texte de presque rien, j'avais envie de me le mettre en bouche, de le réciter...
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Ardennais d'origine, je m'intéresse à ses auteurs + ou - célébres (tels Rimbaud, Julien Gracq, André d'Hotel, JC Pirotte, Franz Bartelt...) qui ont foulé cette Terre, rude, qui a souffert et souffre encore. Tous, ils ont su décrire ce pays méconnu avec une intense profondeur.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Je parcourais des paysages verts aux ciels immenses, gorgés de vent, les yeux baignés de cette lumière sourde aux larges mouvements qui est celle de la Hollande, et je m’arrêtais pour déjeuner de concombres et d’omelettes aux chanterelles dans des auberges aux longs toits de chaume où des paysans polis et laconiques trempaient leur moustache claire dans de petits verres évasés au fond desquels une pincée de sucre attendrissait l’âpreté jaunâtre du vieux genièvre. Il me semblait que je n’avais pas assez de mon regard pour m’éblouir de toutes les visions que je recueillais au long de ces journées où j’allais seul, superbement disponible, joyeux et neuf, en quête d’un pays dont l’âme était mon âme, et je me découvrais en lui, sachant déjà qu’à jamais je lui resterais fidèle, dussé-je le perdre, comme je devinais que soi-même on se perd dans les méandres de la vie et des phrases, en dépit de toute fidélité. Mon bonheur s’aggravait de se savoir fragile. Je rêvais que plus tard, je reviendrais parcourir ces Gueldres et ces Frises avec celle que j’aimerais, et que, de cette beauté confuse qui m’étouffait, je pourrais alors faire don; ce partage recréerait les jours perdus de l’enfance, et le coeur serait enfin satisfait. La possession du monde ne pouvait être illusoire. p 63-64

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Aujourd'hui, tout à coup, le soleil. Tout à coup le ciel dégagé, l'absence de vent, la tiédeur de l'air. Est-ce que cela me contrarie ? La pluie, que devenir sans la pluie ? Que devenir de toute façon ? (...) le temps d'un été pourri, du dernier été, je ne me suis qu'à peine aperçu du passage des jours et des nuits, j'ai vécu dans la pluie, j'ai écrit avec la pluie, j'ai regardé la pluie (...)

La pluie à Rethel comme je me suis échiné à dire, la pluie des petites provinces grises, la pluie des saules pleureurs et des automnes de l'âme, la pluie des giclées de honte et des flaques de nostalgie, la pluie mesquine des minables et des chaussures percées, la pluie des fêtes foraines dérisoires et des bancs publics incongrus dont la couleur s'écaille, la pluie des façades mornes et des fenêtres aux jalousies de fer rouillé, la pluie des campagnes oubliées, des terroirs épuisés, des horizons brouillés et des poulies qui geignent.

((Table Ronde, La Petite Vermillon, 2018, p.130)
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Il me reste cette chose à accomplir : user la parole. Me confondre avec elle dans l'épuisement des journées. Ecrire. (...)
Ecrire pour rien.

Je me mets à écrire, et le premier paragraphe, n'est-ce pas, est essentiel. La tête de cuvée, en somme. (...)

Ah ! ça ne va pas ! Quelle surprise ce serait d'écrire comme on rêve ! Il faut se faire une raison, se moquer des phrases filandreuses, se prendre pour un vivant littérateur, empiler tout le vieux bazar dépareillé, afin d'ériger la dernière barricade.

(Table Ronde, La Petite Vermillon, 2018, p.15)
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Il me reste cette chose à accomplir: user la parole.Me confondre avec elle dans l'épuisement des journées.Ecrire.Arracher le dernier été,m'amputer de lui,que je ne vivrai pas.Ecrire pour rien.
Je me mets à écrire,et le premier paragraphe,n'est-ce pas est essentiel.La tête de cuvée,en somme.La suite est affaire de patience,de temps,et sans doute n'aurai-je que juste le temps.L'été n'a pas d'avenir.C'est affirmé dans le premier paragraphe.Ensuite,je voudrais faire entendre le clapotis inharmonieux d'une pluie de juin sur les dalles de béton qui forment un chemin dans mon âme.un chemin comme un autre,avec une grille grinçante et de larges fissures qu'érode et creuse la pluie.Un chemin gris et crayeusement romantique.
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Je dirai la pluie à Rethel. (...)
Je voudrais ne produire qu'une averse de mots, être ce nuage considérable et futile qui nous fit la pluie plus noire, et pluie mélodieuse, et plus tragique, et plus élémentaire, cette nuit-là de la première pluie. Mais ne faut-il pas aussi, pour éprouver cette pluie, que je réveille les couleurs qu'elle a délavées ?

(Table Ronde, La Petite Vermillon, 2018, p.98)
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Videos de Jean-Claude Pirotte (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Pirotte
« […] J'ai reçu de François Dhôtel (1900-1991), sous la forme d'un « tapuscrit » photocopié […], la merveilleuse suite de poèmes que voici. Je me suis dit qu'André Dhôtel, à la mort de qui je n'ai jamais cru, se dévoilait soudain plus vivant que jamais, avec la lumière pailletée de son regard et son sourire en coin. […] Maintenant ces poèmes sont là, qui n'ont rien de testamentaire, même si l'on devine que leur auteur peu à peu s'absente - mais c'est pour mieux affirmer une présence imprescriptible. Voici ces poèmes, dans l'ordre où je les ai reçus. […] Les poèmes naissent de la couleur du ciel, du temps qu'il faut, d'un écho des jours ordinaires et miraculeux, comme les impromptus qu'aimait tant Dhôtel, ou les petites pièces de Satie. […] Au rythme séculaire des premières lectures éblouies,
« Voici donc le chant de la jeunesse oubliée et des souvenirs perdus » […] » (Jean-Claude Pirotte)
«  […] Des paroles dans le vent en espérant que le vent est poète à ses heures et nous prêtant sa voix harmonise nos artifices.
Nos strophes seraient bien des branches avec mille feuilles que l'air du large fera parler peut-être un jour où personne n'écoutera.
Car l'essentiel serait qu'on n'écoute jamais et qu'on ne sache pas qui parle et qui se tait. […] » (Espoir, André Dhôtel)
0:00 - Abandon 2:00 - Attente 3:30 - En passant (II) 4:50 - La preuve 5:30 - L'inconnu 6:15 - Splendeur (II) 6:46 - Générique
Référence bibliographique : André Dhôtel, Poèmes comme ça, éditions le temps qu'il fait, 2000.
Image d'illustration : https://clesbibliofeel.blog/2020/04/08/andre-dhotel-idylles/
Bande sonore originale : Scott Buckley - Adrift Among Infinite Stars Adrift Among Infinite Stars by Scott Buckley is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Site : https://www.scottbuckley.com.au/library/adrift-among-infinite-stars/
#AndréDHôtel #PoèmesCommeÇa #PoésieFrançaise
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