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EAN : 9782868531513
128 pages
Le Temps qu'il fait (19/05/1998)
4.1/5   5 notes
Résumé :
" Quoi qu'il en soit, je ne tiens pas à être cru sur parole. Les romanciers authentiques ne mentent jamais. Je ne suis pas romancier. Je préfère raconter des histoires, des fables qui me seraient dictées par les nuits, dont la brume lâche enveloppe des terroirs indécis, quand le fleuve reflète, au sortir du bistro, le même néon, répété mille fois, et qui tremble comme mon regard. " Six " nouvelles " brèves, une longue et quatre poèmes narratifs sont ici rassemblés, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La fort agréable de recevoir il y a quelques jours, dans ma boite aux lettres, en provenance de la cité phocéenne, d'un ami bouquiniste- écrivain…une nouvelle publiée par le Groupement de Libraires L'oeil de la Lettre,en 1992, qui était offerte à l'occasion de « La Fureur de lire » de cette année-là. Nouvelle extraite de « Récits incertains » , paru peu de temps après, aux éditions le Temps qu'il fait »… Comme ma précieuse plaquette était hors-commerce, je la rattache à son recueil définitif et commercialisé…

Le titre, Tio Pepe, fait référence à un célèbre vin espagnol… notre auteur apercevant un café nommé ainsi, y pénètre… sollicite ce fameux breuvage…mais pas de chance, il n'y en a pas. L'appellation du bistrot était dû au précédent propriétaire…Il entre dans ce petit café, observe les clients, se perd dans ses rêveries, songe, réécrit la rencontre de Héraut de Seychelles avec le vieux Buffon, évoque l'écriture et le souhait de rendre par les mots un texte qui ressemblerait à un tableau…Il évoque le Grand Buffon… des digressions éclatées sur l'écriture, le saisissement du présent par les mots, tout en tentant de le rendre aussi lumineux qu'un tableau… On ne s'étonne qu'à moitié puisque notre écrivain-poète était aussi peintre…

« Tio Pepe

J'aimerais bien pourtant que ce que j'écris là soit un peu comme une peinture, avec de l'ombre, des couleurs dans la gamme des terres, terre de Sienne, de Cassel, terre brûlée, terre verte, et quelques personnages repérables non menacés de disparition. »

Merci à l'ami phocéen de m'avoir fait connaitre ce court texte…poétique, mystérieux ,de Jean- Claude Pirotte, qui au fond de ce petit café de province, se perd dans des digressions littéraires , artistiques…et son propre chemin… sa jeunesse qui fuit, ses souvenirs, etc.
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RÉCITS INCERTAINS

" Provisoirement absente des aîtres " la mort s'est finalement invitée chez Jean-Claude Pirotte.
Ce dernier nous a quitté le 24 mai dernier. Il eu l'élégance de partir le jour anniversaire de la naissance de son illustre confrère, lui aussi, et poète, et peintre, et né à Namur : - Henri Michaux -, a vu le jour (ou la nuit) le 24 mai 1899 -.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L'homme aux yeux d'or
Pour Paco

Pour toi Paco je veux chanter la chanson des yeux d’or
dont je n’ai jamais connu les paroles
et l’air non plus n’a pas d’importance
ce sera donc une grande première

nous nous trouvions un jour d’hiver
dans ce bistro de Saint-Blin sur la place
il y avait des rideaux bonne-femme pour
authentifier la province aux yeux des experts

nous avions l’air de rien, deux promeneurs
aux longs cheveux deux chiens sans race
une pellicule de mousse collait à nos verres
on était un peu là comme des coureurs qui font du sur-place

l’église avait un étonnant clocher sonneur
il sautait les heures et carillonnait
quelquefois le quart en marquant la demie
on avait avalé de multiples demis

mais pour le cartel du clocher pas d’erreur
d’ailleurs nous savons boire en tout bien tout honneur
on ne nous la fait pas à nous qui sommes
en quelque sorte aussi maîtres-carillonneurs

les platanes portaient leurs tumeurs noires
avec dignité comme des pansements de pauvres
tu te souviens du soleil clairet de décembre
et de la petite fille qui disait à son père

très doucement viens, viens, c’est l’heure de la soupe,
bien longtemps à l’avance car il faisait jour
encore et nous-mêmes n’avions souci
que de prolonger la somnolence apéritive

la mort était provisoirement absente
des aîtres bien qu’avec elle on ne sache
jamais le fin du fin même que peut-être
elle parlait par la voix de la fillette

il lui arrive de jouer de ces tours pendables
la mort nous savons cela pertinemment
pour l’avoir débusquée souvent dans nos voyages
avec l’aide de nos seuls souvenirs d’enfance

enfin cette après-midi-là que le bourg
somnolait dans la lumière fléchissante de décembre
on pressentait une fraîche odeur de trêve
qui soudain s’est répandue souveraine

quand l’aubergiste âgée a débouché
la bouteille de mirabelle
on ignorait quel quart ou quelle demie
tintait au vieux clocher rebelle

un homme est entré qui a décrété c’est l’heure
il s’est accoudé au comptoir ses yeux nous ont souri
nous avons le temps ce soir a-t-il dit
deus nobis haec otia fecit

sur un ton très familier pas genre linguiste,
nous avons trinqué jusqu’à la nuit rousse
avant de nous endormir sur nos chaises
le matin la patronne a servi le café

qu’est devenu l’homme aux yeux d’or, as-tu
demandé, mes enfants c’est un habitué
qui chaque hiver s’en vient accorder l’heure
au clocher, paie la mirabelle aux étrangers

et s’en retourne comme il est arrivé
alors nous avons bouclé nos semblants de besaces
et nous sommes sortis dans le jour bien lavé
salués par les cloches et la vie qui passe

p.29-30-31-32
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Hôtel Élise

revoici donc ma solitude et l’ombre
appliquée sur le mur des matins mornes
et le chemin que je sais vers les ponts
vermoulus qui ne mènent qu’à soi
folles arches du Faux Rempart
passerelles malicieuses du désespoir
je te tiens tu me tiens
par la barbichette
mais la bobinette cherra
je ne t’aurai donné que de vaines
rengaines et tu te souviendras avant de t’endormir
dans l’épuisante nécessité de l’oubli
de ce type falot et voûté rencontré sur un pont
ou bien dans une gare, était-ce encore octobre
était-ce avril déjà ? et tu t’endormiras
mais non ce n’est pas là ce que je dois écrire
au contraire ma vie commence, la dernière,
ma septième et providentielle existence
de vieux chat de gouttière enrhumé
je te la dois nous la vivrons comme si rien
ne devait en ternir la belle eau de miroir
et nous serons heureux puisque le bonheur grise
mieux encore qu’un vin de plantureux terroir
mieux que les airs finauds que nous musons à deux
par les nuits de bourgogne et d’âme hôtel Élise
mieux que crème de mûre et mirabelle exquises
nous rimerons de la belle aube au triste soir
il est minuit je tremble et je m’éloigne encore
je trinque avec moi-même aux amours de gouttière
et je dédie ce lai à mon verre qui tinte
ah j’aimerais au fond que le monde me laisse
pour viatique afin de n’être pas trop mort
la couleur d’une cicatrice de platane
et l’odeur étoilée d’une ancienne étreinte

p.58-59
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Strasbourg, rue Goethe

Je ne tiens pas à cadencer cette voix sourde
et citadine qui habite
le clair-obscur de la soupente
je mets au clou le métronome usé
des prosodies je n'en tirerai pas
un flèche et la rime usuraire
se coulera comme un vieux gant perdu
dans la sciure et les torchons
des brasseries où la piétaille expie
le quotidien grevé d'agios

je porterai le chômage des jours
comme un baume, et cet homme
accroupi rue des Grandes Arcades
entre la Haute Montée de la Mésange et la
place Gutenberg cet homme jeune avec son
chien malade et sa pancarte où il est écrit
Sans argent
sans travail sans logement sans âme
cet homme aura ma menue monnaie d'âme
invendable puisque mon nom déjà
je l'ai donné sous ces mêmes arcades
à cet autre clochard loquace et titubant
qui nous servit d'escorte, souviens-toi,
la nuit de notre premier songe
(octobre, et l'aube était fidèle
comme les parfums ocres de ton corps)
(…)
p.43-44
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Tio Pepe

J'aimerais bien pourtant que ce que j'écris là soit un peu comme une peinture, avec de l'ombre, des couleurs dans la gamme des terres, terre de Sienne, de Cassel, terre brûlée, terre verte, et quelques personnages repérables non menacés de disparition.
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Tio Pepe

Le bistrot s'appelle Le Tio Pepe. Il est situé rue de Montbron, à main gauche, quand on vient de la place Victor Hugo. Le trottoir est étroit. comme les esprits, mais si je dis ça, on croirait que c'est en rapport avec le bistro. Pas du tout.
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Videos de Jean-Claude Pirotte (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Pirotte
« […] J'ai reçu de François Dhôtel (1900-1991), sous la forme d'un « tapuscrit » photocopié […], la merveilleuse suite de poèmes que voici. Je me suis dit qu'André Dhôtel, à la mort de qui je n'ai jamais cru, se dévoilait soudain plus vivant que jamais, avec la lumière pailletée de son regard et son sourire en coin. […] Maintenant ces poèmes sont là, qui n'ont rien de testamentaire, même si l'on devine que leur auteur peu à peu s'absente - mais c'est pour mieux affirmer une présence imprescriptible. Voici ces poèmes, dans l'ordre où je les ai reçus. […] Les poèmes naissent de la couleur du ciel, du temps qu'il faut, d'un écho des jours ordinaires et miraculeux, comme les impromptus qu'aimait tant Dhôtel, ou les petites pièces de Satie. […] Au rythme séculaire des premières lectures éblouies,
« Voici donc le chant de la jeunesse oubliée et des souvenirs perdus » […] » (Jean-Claude Pirotte)
«  […] Des paroles dans le vent en espérant que le vent est poète à ses heures et nous prêtant sa voix harmonise nos artifices.
Nos strophes seraient bien des branches avec mille feuilles que l'air du large fera parler peut-être un jour où personne n'écoutera.
Car l'essentiel serait qu'on n'écoute jamais et qu'on ne sache pas qui parle et qui se tait. […] » (Espoir, André Dhôtel)
0:00 - Abandon 2:00 - Attente 3:30 - En passant (II) 4:50 - La preuve 5:30 - L'inconnu 6:15 - Splendeur (II) 6:46 - Générique
Référence bibliographique : André Dhôtel, Poèmes comme ça, éditions le temps qu'il fait, 2000.
Image d'illustration : https://clesbibliofeel.blog/2020/04/08/andre-dhotel-idylles/
Bande sonore originale : Scott Buckley - Adrift Among Infinite Stars Adrift Among Infinite Stars by Scott Buckley is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.
Site : https://www.scottbuckley.com.au/library/adrift-among-infinite-stars/
#AndréDHôtel #PoèmesCommeÇa #PoésieFrançaise
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