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Christophe Balaÿ (Traducteur)
EAN : 9791038700413
144 pages
Zulma (03/06/2021)
3.55/5   108 notes
Résumé :
Au bord de la mer Caspienne, un jeune garçon découvre avec son amie Tahereh les prodiges minuscules de l’univers – la visite d’une coccinelle, les jeux et les joies de l’enfance. Lui est arménien. Elle, fille du concierge musulman de l’école. Dans cette petite communauté se côtoient les coutumes, les religions, les histoires d’amour et d’amitié, les crispations anciennes et les aspirations à la liberté.
Pâques, c’est la fête des œufs peints, des pensées blanc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Zoyâ Pirzâd, romancière iranienne née en 1952 de mère arménienne, écrit depuis 1979.
J'ai connu cette auteure par son roman « C'est moi qui éteins les lumières » que j'ai beaucoup aimé. J'ai lu également « le goût âpre des kakis », un recueil de nouvelles avant de lire « Un jour avant Pâques ». L'écriture persane qui émane de ces récits m'a fait prendre conscience d'une réelle modernité que je n'estimais pas forcément à sa juste valeur.
L'histoire ici se déroule en trois temps de la vie d'Edmond, de son enfance dans son village natal au bord de la mer Caspienne, à sa vie d'homme adulte pour terminer sur sa vieillesse.
Il est question des rapports qu'il a vécus avec les femmes qu'il a côtoyées, de sa mère à sa grand-mère mais aussi de son amie d'enfance à son épouse et sa fille.
L'écriture transpire un va et vient entre aspirations anciennes et désirs de liberté et de modernité. Musulmans et chrétiens se croisent, partagent au sein d'une communauté arménienne.
L'auteure met le doigt sur la richesse du partage et de l'envie de connaitre les aspirations de l'autre sans le juger. le récit de différentes époques se situe toujours au moment qui précède Pâques, ces instants de remise en question et de renouveau aux portes du printemps.
Une lecture apaisante dans la belle édition Zulma.
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Comme dans C'est moi qui éteins les lumières, Zoyâ Pirzâd fait ici le portrait d'une famille arménienne d'Iran. Cette famille c'est celle d'Edmond, le narrateur, que l'on rencontre d'abord petit garçon puis homme marié et enfin devenu un vieux veuf.
A travers l'évocation des ses anecdotes et de ses souvenirs, se dessine le tableau d'une petite communauté qui refuse tout métissage et se replie sur elle-même pour ne pas perdre son identité. Minoritaire d'un point de vue ethnique, linguistique et religieux, elle reste très attachée à ses valeurs et à ses traditions qui pèsent surtout sur les épaules des femmes. C'est de ces femmes dont nous parle Edmond...
Brossé à petites touches impressionnistes, emplies de délicatesse et de douce nostalgie, cette peinture a le charme intemporel des choses figées dans le passé. Je me suis laisser séduire sans peine.
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Troisième roman de cette auteure iranienne + arménienne ou arménienne – iranienne, après avoir lu On s'y fera et C'est moi qui éteins les lumières. Je n'ai pas encore lu les deux autres titres traduits en français pour l'instant.
Pour un lecteur en découverte, je dirais que peu importe, l'essentiel est de savourer un univers différent, une plongée douce dans une société, un espace, une époque aussi, à la fois très éloignée mais paradoxalement aussi très proche. Comme pour l'écriture, proche, mais pas vraiment ou pas toujours.
Ce que j'aime ici, comme dans les deux romans précédents, c'est une forme de douceur, qui enveloppe comme un tulle, les vies, les histoires, les personnages.
Cependant, cette sorte de nébuleuse, ne dissimule ni n'étouffe des violences dont l'auteure a à coeur de mettre en lumière, voilée. Ici il sera question de la relation entre les hommes et les femmes. Des femmes qui tentent de s'émanciper d'une société matriarcale arménienne étouffante, sclérosante, archaïque, frustrante, refusant l'accès à l'éducation des filles, leur refusant le choix dans le mariage, les bannissant si elles osent rejeter le dogme (l'exemple de Danik est fabuleux et si triste).
Ainsi Edmond navigue, survit, aime, entre toutes ces – ses femmes, sa grand-mère, sa mère, sa propre femme, sa collègue, puis sa fille. Il est à la fois révélateur et passeur.
Il ne trouve pas la solution dans sa propre famille. C'est Danik, son amie, sa collègue, l'exclue de la communauté, qui lui offre la voie de la paix et de la réconciliation possibles (mais non certaines, puisque le livre se termine).
De la douceur, mais de la douleur, beaucoup. Une douleur douce, elle aussi enveloppée dans de la gaze qui apaise, qui éteint les cris, qui étouffe les gémissements.
De la couleur, car les trois temps du roman, chaque étape de la vie d'Edmond, il est enfant, puis jeune homme, puis presque vieil homme, sont marqués par la préparation des fêtes de la Pâque, et les rites immuables des oeufs colorés. La grisaille des âmes et la couleur des décors.
J'ai aimé la lecture de ce roman qui allie violence et douceur, gris et couleurs, paix et luttes, traditions et émancipations, mais me semble-t-il sincère, parfumé, aimant, subtil.
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Tous les ingrédients de l'écriture de Zoyâ Pirzâd que j'aime tant sont là : une forme de narration qui se rattache à la tradition persane de la nouvelle, une prose délicate et sensible faite d'ellipses et de détails de l'intimité domestique, du quotidien, de petits événements et d'objets minuscules ; et enfin la complexité et la conflictualité des relations entre les genres, entre femmes appartenant aux différentes générations (les affiliations opérant à générations alternées...), surtout entre les communautés arménienne et musulmane qui se côtoient, coexistent en bonne intelligence, mais ne sauraient se mélanger sans que des drames ne s'ensuivent...
Les trois chapitres de ce court roman se déroulent chacun la veille de Pâques, à trois moments éloignés de la vie du narrateur, Edmond Lazarian. Dans le premier, celui-ci est un garçon de douze ans, le monde est décrit à l'aune de son âge et de ses jeux d'enfant avec la petite Tahereh, la fille du concierge de l'école arménienne, seule musulmane autorisée à y être scolarisée, à s'intégrer à la culture minoritaire-majoritaire. Cette amitié entre enfants est plus ou moins bien tolérée ; mais le drame, c'est que la mère de Tahereh ait été surprise au domicile du directeur de l'école !
Dans le deuxième, le protagoniste est lui-même père de famille et directeur d'école, sa fille unique Alenouche annonce son intention d'épouser un Musulman et demande à son père d'intercéder auprès de la famille qui se réunira le jour de fête ; un voyage à deux, retour aux origines familiales suffira-t-il à recoudre la déchirure provoquée par cette décision ?
Dans le troisième, il est désormais veuf et quasi retraité, n'ayant pour seule relation sociale que son ancienne subordonnée et amie intime de son épouse, Danik, qu'un amour de jeunesse pour un Musulman a forcée à l'exil et au célibat et a failli l'ostraciser de son lieu de travail ; un non-dit pesant fait porter à la « mésalliance » d'Alenouche la culpabilité pour la mort de sa mère : l'intercession de Danik suffira-t-elle à relier le père à sa fille ?
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Un jour avant Pâques, c'est Edmond qu'on découvre à travers trois moments différents de sa vie : son enfance, l'âge mûr et sa vieillesse. Chacun s'attache à montrer la vie d'un Iranien (d'origine arménienne), ses rencontres avec les autres communautés religieuses. A chaque souvenir, on s'attache au moment de Paques, une époque particulière pour lui.
Un jour avant Paques, un triptyque qui montre la vie des iraniens (d'origine arménienne), les dissensions entre communautés chrétiennes et musulmanes, les différences entre hommes et femmes... Un tableau de vie tout en douceur et agréable à lire (même s'il m'a fallu un moment pour mettre les personnages en place).
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La maison de mon enfance était mitoyenne avec l'église et l'école.
La cour, comme dans toutes les maisons des petites villes côtières, était remplie d'orangers sauvages. Un massif bordait la véranda du rez-de-chaussée. Mon père y plantait ses fleurs au printemps et pendant l'été. Dès l'automne, il était inondé jusqu'à l'hiver.
Le rez-de-chaussée était fait de larges pièces aux plafonds hauts soutenus par des piliers de bois. La lumière y pénétrait seulement par la cour, si bien qu'en fin d'après-midi il était plongé dans l'obscurité. Personne n'y habitait. Effat Khanom y gardait son savon et ses bassines pour la lessive hebdomadaire. Les jours de pluie, elle venait y étendre le linge sur des cordes tendues entre les piliers. Ma mère y remisait aussi tout ce qu'elle n'utilisait plus mais dont elle n'avait pas le courage de se défaire : mon berceau, mon baby-trotte, sa propre bicyclette d'enfant, une armoire à glace qui lui venait, disait-elle, du trousseau de sa mère. Dans une des pièces était rangé le matériel de chasse de mon père qui reprochait régulièrement à ma mère de laisser ce rez-de-chaussée inhabité. Celle-ci se contentait de hausser les épaules en répondant qu'elle n'aurait pas la patience de supporter un locataire.
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« [Tahereh:] - Je ne comprends pas pourquoi tu as peur de cet endroit ! me dit-elle. Ils sont tous morts. Il n'y a pas de raison d'avoir peur d'un mort. Tu crois qu'un mort va te frapper ? T'embêter ? Papa, lui, il nous frappe ma mère et moi. Il nous embête. Moi, c'est de papa que j'ai peur. Non ! Je n'ai pas peur, je le hais ! S'il pouvait mourir !
Elle porta une main à sa joue. Je la regardai. Elle pleurait. Je ne l'avais jamais vue pleurer. Je mis la main sur son épaule. Elle s'écarta vivement, se leva et s'éloigna. Il y avait quelque chose d'étrange dans sa démarche. Je restai assis un moment à couper des herbes en morceaux. » (pp. 54-55)
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Le mot "déshonnête" me trottait dans la tête. Nous étions en visite chez ma grand-mère. "L'honneur d'une femme, dit celle-ci, c'est de se soumettre aux volontés de son père jusqu'à son mariage, et une fois tenue par les liens sacrés du mariage, d'obéir à son mari. C'est pour nous une coutume millénaire."
Ma mère ironisa :"Et que pensent nos coutumes millénaires de l'honneur des hommes ?"
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«L'intelligence n'a rien à voir avec la culture.»
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«Dis-moi, Edmond, ce n'est pas une faute de tomber amoureux?»
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