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Planet finance (Éditeur scientifique)
EAN : 9782749106694
96 pages
Le Cherche midi (24/02/2006)
5/5   1 notes
Résumé :

La pauvreté est aujourd'hui le problème majeur de la planète. Loin de reculer, elle menace de toucher d'ici une trentaine d'années la moitié de la population mondiale. Il existe pourtant un instrument économique simple et efficace pour enrayer cette marche vers un désastre annoncé : le microcrédit. Un terme un peu technique pour désigner une démarche véritablement révolutionnaire : offrir de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voici un livre qui tranche avec la multitude de bouquins consacrés à la gloire des chefs de grandes entreprises : des autobiographies et biographies qui sont le plus souvent d'une lecture décevante, car sans beaucoup d'esprit critique. Il y a quelques années, j'ai lu ainsi l'hagiographie d'un grand financier contemporain, un personnage peu sympathique par ailleurs, qui nous était présenté, par un journaliste français, comme un mélange de François d'Assise et Voltaire, bonté et perspicacité, sans la moindre faille ou ombre. Pas mieux que la vie des saints oubliés, écrite par d'illustres inconnus que l'aumônier du collège catholique, où j'ai fait mon secondaire, nous obligeait à lire pendant la retraite annuelle. En fait, la seule exception dans cette "littérature" était "La route du futur" de Bill Gates, que j'ai lue, non parce qu'il a été à un moment donné l'homme le plus riche du monde, mais comme fondateur de Microsoft, dans l'espoir de mieux comprendre mon premier ordinateur en 1997, qui me causait des problèmes d'ordre pratique.
Non pas que je veuille sous-estimer les PDG ou CEO des grosses boîtes à qui nous devons dans une large mesure notre confort matériel et qui ont de sérieuses responsabilités pour leur place sur le marché et leur personnel, mais ce qui me choque parfois dans la presse - et pas uniquement la presse spécialisée - c'est le portrait qui en est fait comme s'il s'agissait des Platon et Descartes de notre temps.

Ici, il s'agit de toutes petites entreprises, dont les petits propriétaires sont fiers, parce que ce "mickey mouse business" leur a permis de sortir d'une pauvreté noire, de manger à leur faim et d'assurer l'éducation à leurs enfants. L'ouvrage a recueilli les témoignages de maints microentrepreneurs répartis sur 3 continents, l'Asie, l'Afrique et l'Amérique Latine. Je donne quelques exemples à titre d'illustration, suivis du pays : tissages de sacs et paniers (Maroc), fabrication de pancartes et panneaux publicitaires (Argentine), récupération de fer et d'acier (Vietnam), réparation de machines (Jordanie), confection de laine d'alpaga (Pérou), fabrication de barrières en bambou (Laos), élevage de chèvres (Érythrée), location de matériels pour les fêtes (Cambodge), etc. le plus courant ce sont de petites affaires de vente de produits artisanaux, alimentaires et vestimentaires.

Il est frappant de noter qu'un nombre important de ces microentrepreneurs sont des femmes, devenues proprios de vente ambulante de services de beauté (coloration de cheveux, manucure, fabrication de tee-shirts...), de produits de première nécessité (lait, oeufs, poissons, petits pains...), mais aussi de santé, comme Maria Cécile Dembele du Mali qui vend des produits parapharmaceutiques.
Ce phénomène, je présume, s'explique par différents motifs : une plus forte conscience des besoins de leur progéniture que les hommes, un souci d'une certaine indépendance (minimale) de leurs maris, moins enclins à perdre du temps dans des virées avec les potes, de matches à la télé, etc.

Le problème fondamental est bien entendu le financement, car comme nous savons tous, on ne prête qu'aux riches, surtout les banques traditionnelles essentiellement préoccupées par leur souci de rendre leurs riches actionnaires encore plus riches. Heureusement qu'il y ait des exceptions. le prix Nobel de la Paix 2006, Muhammad Yunus, du Bangladesh en est un. le père spirituel des institutions de microfinance ( IMF) est un homme pour qui j'ai beaucoup d'admiration. Né en 1940 à Chittagong au Bengale dans une famille nombreuse (le 3ème de 13 enfants), après de brillantes études à l'université de Dacca et un doctorat aux États-Unis, prêta un jour 27 dollars à un pauvre bougre de compatriote pour monter un petit commerce, puis à un autre et encore un autre. Ainsi, il se mit à inventer le système de mini-prêts et lorsqu'il ne réussissait pas à convaincre les banquiers, fonda sa propre banque, la Grameen Bank (= banque du village), la toute première de microcrédits.

En France, Muhammad Yunus rencontre Jacques Attali, né à Alger en 1943, pendant 2 décennies le bras droit de François Mitterrand et l'instigateur de la Banque Européenne de la Reconstruction et du Développement (BERD), dont il devient le 1er président (1991-1993). Un homme d'une intelligence redoutable (et pour cela probablement détesté par certains journalistes jaloux), qui avec son expérience financière, créa en 1998, l'organisation non gouvernementale, PlaNet Finance, récemment rebaptisé Positive Planet "qui a pour mission principale de développer l'inclusion économique, sociale et environnementale partout dans le monde, de façon durable et équitable". Avec son siège à Paris, mais représentée dans plus de 60 pays, cette institution soutient le développement de microfinance et lutte ainsi de façon méritoire contre l'exclusion, la pauvreté et la faim. Attali en est président du conseil d'administration internationale et Muhammad Yunus de son comité de surveillance. Les 2 hommes ont aussi été prolifiques comme auteurs. du premier je me limite à "Les Juifs, le monde et l'argent", un véritable monument et du second à 2 ouvrages dont le titre en dit long "Vers un monde sans pauvreté" et "Vers un nouveau capitalisme".

Rassurez-vous, il ne faut pas être diplômé du HEC (Haute école commerciale de Paris) pour lire ce livre sans problème et le plus intéressant ce sont sûrement les témoignages de tous ceux qui s'en sont sortis grâce à un crédit d'un montant dérisoire avec un plan humain de remboursement.
Grâce à la précitée Maria Cécile Dembele du Mali et ses prêts, par exemple, la santé de toute la communauté s'est améliorée.

À tout seigneur, tout honneur, je termine par une citation de Muhammad Yunus dans la préface du livre : "Un crédit est le dernier espoir de ceux qui sont dans la pauvreté absolue. C'est pourquoi je crois que le droit d'accès au crédit doit être reconnu comme un droit humain fondamental."

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