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Aussi loin que je m'en souvienne, j'ai toujours aimé la philosophie : qui n'a jamais rêvé d'un monde idéal ?
"La république" fait partie des livres qu'il faut avoir lus, je pense, si l'on aime la philosophie, je vais oser une analogie qui vous fera peut-être sourire, mais c'est un peu comme lire "le Seigneur des anneaux" si l'on doit affirmer que l'on aime la littérature fantasy, c'est un passage obligé, dans les deux cas je les ai lus trois fois chacun, il y a longtemps il est vrai.
C'est une lecture ardue et exigeante, très exigeante en fait, le style et les tournures de phrases d'il y a 2500 ans ne rendent pas la lecture aisée, il sera souvent nécessaire de relire certaines phrases pour s'assurer d'avoir saisi le sens de l'argumentation.
Si j'ai gardé un bon souvenir de "La république" ce n'est pas tellement pour les brillantes argumentations qui nous sont offertes, pour être honnête j'en ai oublié l'essentiel même si je me rappelle quand même qu'il y est question de la supériorité du bien sur le mal, l'un des acteurs défendant le bien et l'autre essayant de démonter ses arguments.
Ce qui m'a marqué durablement et me sert encore aujourd'hui, c'est la préparation de la "dispute", une bonne partie du récit va voir les protagonistes se mettre d'accord sur l'utilisation et la signification de chaque mot ou presque qui sera employé de façon à éviter les quiproquos et les mauvaises interprétations, c'est la première et la seule fois que j'ai vu cette façon de préparer une joute verbale avec une telle rigueur.
Grâce à cette lecture, il m'arrive de m'assurer lors d'une discussion que le sens des mots est le même pour tous, en ce sens ce livre m'a laissé quelque chose de durable dans mon quotidien.
L'une de mes rares lectures classiques, sans passer par la case lecture imposée à l'école ;)
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400 ans avant JC, en philosophie, et même peut-être en politique, c'est un des ouvrages fondamentaux.
C'est une démonstration magistrale, sur 300 pages, en passant par la construction « virtuelle » d'une cité, qu'un homme injuste ne peut pas être heureux.
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Le thème principal de la lutte théorique de Socrate est de s'opposer à l'injustice et aux apparences, et il développe en exemple le mythe de la caverne, le semblant de justice des gouvernements, et même la « fausseté » de la poésie d'Homère ou de la peinture. La vérité peut parfois se voir avec les yeux, pour ce qui est des « objets réels », mais en ce qui concerne les « idées », seule l'âme dans le bien, ce qui est rare chez l'humain, peut approcher de la vérité, seul credo de Socrate.
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Le gros avantage de cet ouvrage, malgré la richesse des propos de Socrate, est la lisibilité, la clarté de la plume de Platon, son disciple, qui retrace l'intégralité de la dialectique, de la maïeutique de Socrate. 😊.
Socrate invente « la cité de justice ».
Socrate engage une maïeutique avec Thrasymaque sur la justice, l'injustice, le bon et le méchant. Socrate a du mal à convaincre son interlocuteur qui, de guerre lasse, finit par accepter ce que dit Socrate. Mais Glaucon reprend l'argumentaire de Thrasymaque, et se pose la question :
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»Ne vaut-il pas mieux être fort et injuste, quitte à faire semblant d'être juste, que d'être vraiment juste et recevoir les coups ? »
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La réponse de Socrate viendra 300 pages après, car il a du mal à s'opposer à cette théorie.
Lui vient alors la possibilité de contourner le problème en envisageant l'idée de créer dans leurs têtes une cité idéale, de sa naissance à son développement, avec tous les travailleurs nécessaires qui la composent.
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La cité de Socrate devra avoir des agriculteurs pour nourrir les citoyens, et des artisans.
Mais surtout, elle devra avoir des « gardiens » qui défendent la cité. Comment seront ces gardiens ? Ils devront être moralement éduqués pour donner l'exemple, et créer une cité heureuse, avec 4 qualités : Sagesse, Tempérance, Courage et Justice.
Pour cela leur éducation devra être sage, tempérante, pousser au courage et aller vers la justice.
Socrate compte sur la gymnastique pour entraîner au courage, et l'éducation à la musique pour marquer l'harmonie et la tempérance.
Alors ses interlocuteurs lui demandent ce que sera la place des femmes.
Socrate, sans se démonter, propose que les femmes aient les mêmes fonctions que les hommes.
Ses compagnons de dialogue approuvent.
Puis il aborde les relations interindividuelles. Tous les citoyens étant pauvres à la base, et n'ayant aucune propriété, pour garder leur sens moral et ne pas rentrer dans la cupidité, l'entraide devrait être importante, puisqu'ils sont correctement éduqués.
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Bref, après avoir décrit sa cité idéale, qu'il appelle « royale », il la fait comparer aux autres systèmes politiques. Il amène Glaucon et ses comparses à classer comme lui, par ordre de justice et de bonheur :
1 ) La cité royale et juste, recherchant la vérité par la philosophie et non la « philodoxie » ;
2 ) La cité Lacédémonienne ( Sparte ) ou timocratique
3 ) La cité oligarchique, où les riches sont au pouvoir ;
4 ) La cité démocratique, où, d'après lui, règnent liberté-égalité-« bigarité » ( c'est-à-dire, en gros, le « bazar » ), je me rappelle de la Révolution Française, qui eut lieu plusieurs siècles plus tard ;
5 ) Enfin la tyrannie, dirigée par un malade, esclave de ses vices, dit-il, qui met la cité en esclavage, qui vient après la démocratie ( pour moi, Robespierre et Bonaparte, Hitler, Staline, et Castro à la fin de la révolution ou de la démocratie socialiste ).
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La réponse de Socrate au bonheur supposé des injustes, l prôné par Glaucon, vient après ce large détour politique : une cité juste est préférable à une cité injuste, et des hommes justes sont plus heureux que des hommes injustes. 😊
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Ce livre me fait réfléchir, ce qui est aussi le but d'une lecture, non ?
1 ) D'abord le titre. Pourquoi intituler cet ouvrage « La république » ? En effet, « res publica », désigne la chose publique, mais en latin, quatre siècles après Socrate et Platon … Même si c'est un concept qui se réfère à un état gouverné selon le bien du peuple. Ce terme n'existait donc pas au temps de Platon.
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2 ) La vision de Socrate est étonnante, c'est à très long terme, ce qui en fait d'ailleurs un classique !
Je trouve Socrate très moderne, les femmes n'étant les égales des hommes que quelques… 24 siècles après sa proposition ( et encore, l'égalité n'est pas encore là ), la « religion » étant passée par là.
Je trouve Socrate très moderne sur un deuxième point : son système « communautariste » ou « communiste » me fait penser aux phalanstères de Charles Fourier :
Un phalanstère est un regroupement organique des éléments considérés nécessaires à la vie harmonieuse d'une communauté appelée la Phalange. le concept, très en faveur dans les milieux intellectuels au XIXᵉ siècle, fut élaboré par Charles Fourier.
Sur le point des changements de régimes politiques, j'ai noté que sa vision pouvait me convenir pour interpréter la Révolution Française ou autre.
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3 ) Socrate, avant le pauvre Thomas Moore exécuté par Henry VIII, se rend compte que sa cité théorique ne peut s'appliquer sur le plan pratique, sauf, il est possible, avec Marc Aurèle qui s'est peut-être inspiré de cet ouvrage.
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4 ) Je comprends maintenant à quoi Socrate faisait allusion en buvant la cigüe quand il était pressé de discourir avec Homère, décédé quelques siècles avant lui. En effet, Socrate critique vivement Homère, les poètes et les peintres, alléguant qu'ils déforment la réalité, la vérité, dada de Socrate et des philosophes ! Ensuite, sa façon de voir l'âme et « l'après-mort », proche de celle des spirites actuels, vient peut-être du récit d'Er, fils d'Arménios, qui ressuscita douze jours après sa mort, et raconta ce qu'il vit là-haut.
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Bref, il y a encore des choses à dire sur ce livre….. 😊…comme par exemple, que « la vision de l'âme », aidée par l'intelligence, l'entendement, la vertu et le soucis de la vérité, est beaucoup plus performante que celle des yeux, souvent trompés par l'apparence…idée qui est expliquée par le mythe de la caverne, et qui nous rapproche de ce que dira le Renard dans « le Petit Prince » plusieurs siècles plus tard 😊.
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Le legs de la Grèce Antique est sans conteste la démocratie. La démocratie Athénienne atteint son apogée aux V et IV siècles avant notre ère. C'est durant cette période que vont également s'élever les plus vives critiques envers elle.
Platon est un philosophe Athénien, issu d'une puissante lignée athénienne apparentée à Solon, qui dirigea Athènes avant la démocratie, il est également un fervent admirateur de Sparte, mais surtout, il se trouve être disciple de Socrate grand polémiste et philosophe de l'époque et virulent détracteur de la démocratie et ses sophistes. Platon retrace dans La République la pensée de Socrate dont l'oeuvre n'était qu'orale. Il est certain que l'auteur prend quelques libertés.
La République de Platon n'existe pas, il s'agit d'un ouvrage normatif et étiologique qui bâtit une cité idéale et en dévoile les rouages nécessaires.
Platon se fait l'épigone de son maitre, Socrate, esquissant les prérequis nécessaire à la formation d'une cité juste sous l'égide du Bien.

Pour que le Juste triomphe au sein de la cité utopique du philosophe, Socrate préconise à chaque citoyen de  persévérer dans son être, dans son art et de s'y consacrer entièrement et exclusivement. Il enjoint en outre les grecs, personnifiés par ses interlocuteurs Adimente & Trasymaque à vivre selon ce qui est juste plutôt l'inique. Et enfin, la recherche du Bien doit être constante pour les gouvernants.

Ainsi concernant le peuple, il doit prendre conscience que cette répartition des tâches au sein de la cité est « l'excellence de l'âme », se dessine déjà la notion de bien commun, et si ils s'attachent de surcroit à être juste, plutôt qu'injuste, ils seront bienheureux. du reste, chaque citoyen est lié au fonctionnement de la cité, comme l'abeille à la ruche, chacun forme un maillon indispensable à la condition qu'il se consacre à sa tâche.

Cette recommandation vaut aussi pour les gouvernants qui doivent se consacrer entièrement et exclusivement au Bien de la cité. Si le gouvernant à l'obligation de rechercher la vérité et le savoir, en revanche, le Bien est une entité qui reste insaisissable, elle s'offre à celui qui reste pur et juste dans sa quête du savoir et de la vérité.

A contrario, la cité et ses gouvernants ne pourront bien faire s'ils ne sont pas strictement concentrés sur ce qu'ils savent faire de mieux.

Au travers de ces métaphores filées du Bien et du Soleil ou encore des organes et leurs fonctions, Socrate, fils de Phainarète, use du dialogue et de la maïeutique pour faire aboutir le lecteur à ses assertions.
Mais au-delà se profile une critique acerbe de la démocratie. En effet, si Platon et Socrate ne sont pas pour une Grèce sous l'égide d'un tyran, ils attaquent sévèrement la démocratie qu'ils accusent, de par son égalitarisme endogène et farouche, de pousser de façon endémique à la médiocrité. Socrate ne comprend pas que le sort conduise des magistrats incompétents, au contraire, il considère que chacun doit faire ce qu'il sait faire de mieux et s'y atteler avec acuité. Cela vaudra à Platon d'être plus tard taxé de totalitaire en référence à la division du travail rigoureuse qu'il préconise pour le bien commun.

Le Bien et le juste ne doivent pas être relatifs aux citoyens, ils doivent être le fruit d'une recherche de la vérité et du savoir. Ils sont normatifs et non relatifs et appartiennent au ciel des idées, de l'intelligible.
Ainsi qui d'autre mieux que le philosophe, contemplateur des idées, ne peut se consacrer entièrement à cette quête et faire régner le juste et le Bien sur la cité. C'est la perspective de Platon, celle d'un philosophe roi corolaire intrinsèque du bon fonctionnement de sa République.
(#2014)
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L'un des livres fondamentaux que chaque lecteur doit avoir lu dans sa vie . La thématique présente ici est tellement riche qu'on doit relire le texte plusieurs fois pour avoir une idée à peu prés précise du propos . L'utopie d'une socièté dirigée par des savants à hélas tendance à disparaitre â notre èpoque ou Pernaut fascine des millions de personnes avec les courses d'escargots ... Lire Platon en ce 21 éme siécle en France c'est comme si l'on ètait un E.T égaré . Et pourtant .... Que le propos est riche ici , riche d'enseignements et de sagesse , riche car ouvert au débat , riche car représentatif de ce que doit ètre la rèpublique ... L'on est plus la mème personne quand on à fini cet ouvrage qui représente en relativement peu de pages , ce qu'a était le réve républicain ... Immense tout simplement .
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L'"inspecteur" Socrate et ses stagiaires mènent une enquête peu ordinaire qui nous amène sur les traces de Thrasymaque et de son insupportable provocation : ""l'homme juste est partout inférieur à l'injuste"".
Comment donner tort à Thrasymaque s'en s'énerver mais en suivant au contraire toutes les pistes sans craindre de s'enliser jusqu'à la constitution de la cité idéale. Rien n'arrête notre enquêteur. Revenant de l'État à l'individu, l'enquête débouche avec brio sur la nature de l'homme juste. Passant par l'allégorie de la caverne l'enquête débouche enfin sur l'idée du bien.
Platon, l'auteur, nous livre un magnifique essai philosophique. Et même si Socrate prouve que cette cité idéale est réalisable, ce n'est pas si important si nous ne pouvons que tendre vers elle pendant notre vie terrestre.
Dans la dernière partie, Socrate laisse la fin de sa démonstration aux dieux qui promettent finalement un sort terrible à l'homme injuste après sa mort.
Socrate partage avec Confucius son souci permanent de l'éducation d'une élite qui ne laisse qu'une place très théorique aux enfants des classes "inférieures". Manifestement la démocratie n'est pas sa tasse de thé et sa projection de la démocratie vers la tyrannie est assez piquante.
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On m'a vendu ce livre à moi, Lutopie, comme une utopie. Or, je dois dire après l'avoir lu qu'il y a tromperie sur la marchandise. Ou qu'il y a erreur sur la définition de l'utopie. En effet, la société idéale de Socrate n'est pas une utopie telle qu'on l'entend (on dit souvent que l'utopie ne peut qu'être conçue qu'en imagination, qu'elle est par définition irréalisable, qu'elle ne peut exister sans cesser d'être une utopie).

Alors là je m'arrête tout de suite car Socrate insiste sur le fait qu'il est tout à fait possible que sa société idéale advienne un jour,et il explique qu'il serait même vain de bâtir une société idéale qui ne serait pas réalisable et "on se moquerait de nous avec raison, puisque nous ne ferions que répéter des propos qui ressemblent à des prières". Alors peut-être que sa société idéale est déjà advenue et qu'on en a pas conscience. Il existe déjà des Républiques non ? Et peut-être qu'elles sont parfaites comme en République démocratique du Congo par exemple ? En France, on a une République aussi. Démocratique aussi je crois bien. Mais Socrate ne fait pas grand cas de la démocratie. Il est assez ironique lorsqu'il vante les mérites de la démocratie. C'est ce qu'on appelle l'ironie socratique, qui est quelque peu différente de l'ironie voltairienne mais passons. En tout cas, tout ce qu'il y a à retenir, c'est que Socrate considère la démocratie comme la suite logique de l'oligarchie et pire encore, comme le terreau ou le berceau de la tyrannie. Mais passons là encore, car il n'est pas de bon ton dans le monde civilisé de se défier de la démocratie, n'est-ce pas ? D'abord, c'est qui ce Socrate qui ose critiquer la démocratie ? Les valeurs de la République ? Vous verrez que ce n'est qu'un fou, qu'un vulgaire usurpateur qui essaie de renverser le pouvoir et de se l'attribuer (Oui oui, j'ose le dire !)

Socrate, dans la République, se fait bâtisseur, et législateur. Il se fait surtout le philosophe roi de la République. Car il émet l'hypothèse, et il démontre qu'il a raison sur ce point, qu'un roi doit nécessairement être philosophe ou mieux encore, qu'un philosophe (lui, Socrate, par exemple) doit être élu Roi. Et Platon, son héraut, est chargé de promulguer la République partout ailleurs. Et le pouvoir de Socrate est absolu, car il fait mine de donner un droit de réponse à tous ceux qui se présentent à lui, or, ils ne feront que s'incliner face à lui, car la génuflexion est de mise lorsqu'on se présente face au roi philosophe Socrate ! Socrate, comme n'importe quel roi, a sa cour personnelle, Glaucon et Adimante étant ses favoris. Ceux-ci lui feraient la conversation si Socrate ne parlait pas tout seul. Car oui, Socrate parle tout seul et n'admet chez son interlocuteur qu'un oui. S'il ose dire non, son interlocuteur se retrouve au pilori et c'est l'humiliation publique ! Ainsi va le règne de Socrate dans la République. À la fin du Livre V, Socrate s'amuse même de son interlocuteur, de Glaucon, lorsqu'il se moque en toute amitié de tous ceux qui n'ont pas accès à la connaissance, et qui ne font qu'avoir une opinion, celle de leur interlocuteur, lui-même Socrate ! Et ils opinent, et Glaucon, opine " Oui Socrate", "Mais oui, Socrate, tu as raison Socrate", "Je ne te contredirai pas sur ce point Socrate" - et c'est ainsi qu'ils se forgent une opinion, calquée sur celle de Socrate. Car Socrate a toujours raison, il n'a jamais tort, car Socrate est juste, grand, beau, fort, musclé, sexy (Veuillez compléter la liste de ses qualités). Bref, il semble que je suis tombée sous le charme de Socrate. Sa propagande marche à merveille sur moi, il a même réussi à me vendre son "utopie", bien qu'elle soit plus que limite par moments (voir les citations qui m'auront échappé). Mais non, en vérité, même si sa société est totalitaire, eugéniste, elle est parfaite ! Si, nécessairement parfaite. Même si ... Non, jugez par vous-même et vous verrez que vous aussi, vous vous agenouillerez face au grand Roi Philosophe Socrate !

Dans l'apologie de Socrate (car il faut bien faire l'éloge encore et encore de Socrate quand on s'appelle Platon), Platon présente Socrate comme un taon. Il ose car Socrate est à ce moment-là sur le point de mourir alors peut-être que Platon s'est dit qu'il ne risquait plus rien à présenter Socrate comme un taon ... Dans la République, les taons sont plutôt les ennemis jurés de Socrate, les autres philosophes ? ou plutôt les sophistes, les faux bourdons, qui influencent les hommes, les faibles et les puissants ...

Il oublie de dire dans la République que Socrate lui-même est un influenceur ( la preuve, il a ses followers). Et là vous vous dites que je vais trop loin, que j'actualise un peu trop Socrate en parlant de followers et pourtant, si on s'intéresse de près à l'allégorie de la caverne ...

Socrate présente sa caverne : Chaque habitant de la caverne vit confiné, ne sort jamais, passe son temps face à un mur où s'animent des ombres, comme dans un théâtre d'ombres chinoises, ou comme dans un théâtre de marionnettes, et la seule lumière présente dans la caverne est une lumière artificielle, fournie par le feu (la technologie) ou l'électricité si vous préférez vous éclairer comme ça, lumière qui permet d'animer le théâtre, d'alimenter l'écran. Ainsi, chaque habitant se retrouve rivé face à un écran, à LED, un écran plasma, etc, un écran 3D, peu importe, comme vous voulez, je ne suis pas vendeuse d'écran moi, choisissez vous-même votre télé ou faites comme moi et n'en achetez pas, c'est plus simple. Socrate précise que des personnes sont chargées d'animer ce théâtre d'ombres ( mais qui sont ces gens ? Il ne le précise pas.) Il précise bien que les habitants sont restés toute leur vie face à leur écran (alors faites attention quand vous achetez une tablette à un gosse ou quand vous laissez la TV ou un PC ou une tablette être la nounou de votre bout d'chou). Les habitants sont tellement fascinés par la téléréalité qu'ils sont persuadés que la télé est la réalité, du coup. Et ils sortent jamais, du coup ils sont un peu faibles physiquement et sortir dehors ne les tente pas, ils n'en ont pas envie et s'ils voulaient le faire, ils souffriraient à cause de leur faiblesse musculaire, de leurs douleurs articulaires, à cause aussi de la lumière du soleil à laquelle ils ne sont plus habitués ... Mais ils s'en fichent les habitants de la caverne car ils ont entendu à la TV que c'est tendance d'être hikikomori. Et puis ils sortent des casques de réalité virtuelle, pour visiter Paris par exemple, alors autant rester chez soi ? Sauf que Socrate raconte qu'un jour, un homme remarque une ouverture dans la caverne, qu'il voit de la lumière ( imaginez vous un geek qui se rappelle un jour qu'il a une fenêtre ou une porte donnant sur l'extérieur), et il décide tout simplement de se lever de sa chaise ou de son canapé, et il sort dehors, dans d'atroces souffrances certes, mais il tient bon, et puis il découvre qu'en fait Paris, c'est plus beau quand c'est pas dans le Metaverse (bien que dans le Metaverse, on ne rencontre pas de poubelles renversées, d'incivilités, que les pigeons ne mangent pas de plastique etc, bref il est vrai qu'il y a de l'artificiel partout dans le monde réel), mais voilà, l'homme se dit quand même qu'on lui ment depuis des années en lui présentant le monde différement que ce qu'il est tel qu'il est décrit par les media audiovisuels. Mais pourquoi je vous raconte tout ça moi ? Sans doute parce que je l'ai vécu un peu, pas tout à fait comme ça mais presque. En tout cas Socrate a raison quand il dit qu'il faut sortir de la caverne, car le soleil on l'aime beaucoup même si on arrête pas de l'accuser d'avoir des rayons UV nocifs pour la peau etc etc. En tout cas moi je l'aime beaucoup même si on m'a plus souvent vendu la Lune d'où le fait que je sois devenue lunatique. Désormais, j'essaierai d'être un peu plus solaire car Socrate nous dit que le soleil est l'enfant du bien, et Socrate, le Roi Philosophe m'aura bien vendu son histoire, son allégorie de la caverne, mais aussi son au-delà ( voir le dernier chapitre où il s'intéresse au destin des âmes après la mort), et il m'aura surtout vendu plus de soleil, ce qui fait que je considérerai désormais Socrate comme le véritable Roi-Soleil (et voilà Louis XIV détrôné).
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Comment sortir intact d'un tel texte ? C'est impossible. L'esprit de Socrate est affûté et derrière lui, un Platon implacable nous entraîne dans cette quête de la justice et, au final, du sens de toute vie. Eloge critique de la philosophie par Socrate, ce dernier n'en est pas moins conscient de ses limites dans un monde comme celui des cités grecques, si semblable par certains aspects de sa vie politique à nos démocraties représentatives.

De même, son analyse des systèmes politiques et de ce qui les lie, et à travers cela des faiblesses de la démocratie, m'a semblé pleine de lucidité ; et déjà à l'époque Socrate constatait que la démocratie ne pouvait de par ses aspects qu'accoucher d'un despote. L'avènement de la Rome impériale ou plus récemment les élections allemandes de 1933 ont démontré ce que cette analyse avait de juste et de visionnaire.

Ce dialogue est aussi un plongeon, par moments, dans le coeur même de la pensée grecque d'alors. Parfois, cette plongée dépayse et là appraissent au grand jour les diférences fondamentales avec notre culture judéo-chrétienne : le rapport aux femmes, à l'enfance ou toutes ces relations du quotidien qui démontre combien, malgré le fait démocratique qui nous rapproche, nous sommes aussi spérarés par un fossé culturel important. Une manière donc, de démontrer leur erreur à ceux voulant nous faire croire que la démocratie ne peut s'adapter qu'à la pensée occidentale contemporaine, de montrer que ce système s'accomode facilement d'autre référents culturels.

Texte fondateur que ce fut ce livre... et sa lecture m'a montré pourquoi : sa richesse, la robustesse de l'argumentaire et son universalisme assumé ne pouvaient pas en faire autre chose.
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La République de Platon, sans doute, un des livres qui m'a beaucoup marqué. Imposant, il est le fondement de la philosophie politique, mais il délivre aussi une brillante réflexion sur la justice, sur le juste. En plus, il met en scène le développement de l'argumentation et l'apparition de la vérité chez Socrate : seul le juste est sage et heureux.

La République se veut être un paradigme, modèle des autres cités. Celle-là sera gouvernée par la raison, et ses trois fonctions correspondront aux trois parties de l'âme (détaillées plus loin). Bien sûr, Platon fait détailler l'organisation de cette cité, en partant de son origine : l'homme n'étant pas autosuffisant. Les gardiens doivent avoir des qualités propres, une éducation particulièrement adaptée et avoir pour intérêt la cité même.

Des thématiques peuvent converger autour de :

La justice et l'intérêt.
Socrate doit répondre à la thèse sophiste de Thrasymaque : «  la justice est l'intérêt du plus fort ». Laquelle sera réfutée plus loin. le livre II met en lumière que derrière toute action humaine se cache un intérêt. L'anneau de Gygès est le parfait exemple. Quand l'homme invisible, se pense en totale impunité, il fait ce que bon lui semble, il ne craint pas la sanction. En effet : «  personne n'est juste de son plein gré mais y est contraint ».

La justice et l'injustice.

Socrate va chercher le juste et l'injuste d'abord à l'échelle de la cité, puis dans l'âme humaine. Postulant que les valeurs traditionnelles de la cité sont la sagesse attribuée aux gardiens, le courage aux guerriers, la modération à la multitude, le peuple ; Platon va montrer que ce qui a été découvert à l'échelle de la société politique, s'applique à l'âme individuelle. Ainsi, dans l'âme : la raison doit être la classe dirigeante soit celle qui commande. L'ardeur, le guerrier soit celui qui a le courage et le désir, la multitude, soit la modération. Toutes ces parties doivent se trouver en harmonie, auquel cas, elles ne tendent pas à la justice. S'il y a « dissension interne entre les 3 principes », il y aura injustice dans la cité.

Les modèles politiques ou les «  maladies de la cité », avec la cause, le symptôme et les individus qui leur sont associés.

La timocratie qui repose sur les honneurs. Son origine : la discorde à partir de l'aristocratie. le corps militaire est développé. L'homme timocratique est avare et convoite la richesse des autres. Il a une ambition de victoire accrue ainsi que le goût des richesses. Il est indifférent à l'art des muses.
L'oligarchie a pour cause : le pouvoir de l'argent. Les riches commandent aux pauvres et ont le monopole des propriétés. Sa loi : le cens qui divise le corps social. L'homme oligarchique a "sur le trône de son âme" la fortune et l'avidité.

La démocratie : ses origines, les inactifs sous l'oligarchie complote contre ceux qui se sont appropriés leurs biens. Sa caractéristique : la liberté, notamment d'expression. L'homme démocratique ne distingue plus les désirs nécessaires des non nécessaires. Les désirs inutiles poussent les hommes à la tyrannie.

La tyrannie a pour cause l'insatiable appétit de richesse. La liberté pousse ses limites à l'extrême. le tyran se fait passer pour non tyran. le tyran, selon la thèse socratique n'est pas heureux car il est asservi aux passions, c'est un homme qui se gouverne mal lui-même.

La philosophie platonicienne :

Par exemple, on peut évoquer l'allégorie de la caverne. Les objets sensibles sont trompeurs et incertains. En effet, je peux dire que x degré est chaud, alors qu'un autre peut m'affirmer le contraire. Partant de là, les objets sensibles ne peuvent pas être source de vérité. Ce ne sont que des reflets du haut ( monde intelligible). Celui qui veut parvenir à la connaissance, au monde des Idées, doit affronter la lumière douloureuse du soleil ( le Bien) qui lui est inconnue. Les Idées ou formes sont l'être tel qu'il est réellement, ou l'essence des choses. le cheminement philosophique est douloureux.

La métempsycose ( résurrection des âmes qui se réincarnent) - la République se clôt sur un mythe d'Er le Pamphylien : où les âmes passent à un tribunal qui les jugent en attribuant soit récompense soit châtiment. Par la vie des âmes, est choisi le type d'existence. Par là, il y a croyance en l'immortalité de l'âme

La République a bien d'autres thèmes, c'est en cela qu'elle est riche. Elle complète la philosophie de Platon. Lire la République, c'est se confronter à la réflexion des systèmes politiques et à l'idée de justice, qui de nos jours, est loin d'être acquise. Certes, Platon défendait le régime aristocratique, mais il n'en a pas moins peint les différents régimes ainsi que leur dérives possibles. Il montre tout de même que le corps civique/et ou/ politique décide du sort de la cité. le régime politique n'est pas indépendant de l'homme.

Cette oeuvre de l'Antiquité grecque n'a pas vieilli, elle vient à nous comme un précieux joyaux qu'on a su préserver. Ses rayons n'ont pas terni.
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Qu'est-ce que la justice? La question, quand elle est posée à Socrate, devient source d'un monde idéal, d'une cité parfaite, parce la justice, c'est le fait que chacun soit à sa place, à l'endroit qui lui convient. Elle est une harmonie à la fois interne à l'homme et externe, qui se manifeste dans l'organisation de la cité. Comment fonctionne cette cité juste? Platon, ou Socrate, car leurs voix se mêlent, en décrit les rouages avec précision : l'éducation, basée sur la musique et le sport, à l'inverse des conceptions modernes, puis le rôle des gardiens, à la fois chiens et philosophes, puis le pouvoir, qui ne sera pas désiré, mais que les philosophes, parce qu'ils connaissent la vérité et le bien, devront exercer contre leur gré. Socrate décrit ensuite les différents système politique, et là encore, les modernes sont surpris: la démocratie est le dernier pas avant la tyrannie, la liberté, valeur tellement centrale pour nous, est dangereuse quand elle est mise dans les mains des ignorants; il vaut mieux un gouvernement aristocratique où les meilleurs gouvernent, ceux qui savent où se situe le bien et la vérité. Peut-on, aujourd'hui, revenir à la cité idéale de Platon? Sans doute pas, parce que ni les philosophes ni les savants, ni les politiques ne peuvent prétendre avoir accès à la vérité, parce que la sortie de la caverne aux illusions est sans doute elle-même une illusion. Mais faire de la politique une tentative d'approche de l'harmonie, un bricolage de la justice, une volonté de donner à chacun la place qui lui est propre, demeure juste. Qui s'en soucie aujourd'hui?
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« La République » est bien évidemment un livre d'une puissance inouïe, sans doute l'un des piliers de la philosophie et de la culture occidentales.

L'idée principale, celle de la gouvernance par une aristocratie de philosophes rois pourra sembler une complète utopie, mais Platon désamorce cet argument en soulignant que le coté difficilement réalisable de son entreprise ne doit pas l'empêcher de bâtir un modèle idéal.

Le régime décrit par Platon a quelques fois été taxé de Totalitarisme, je trouve cette critique exagérée, cependant on peut comprendre les positions musclées du philosophe si on considère qu'il avait assisté à la terrible guerre fratricide du Péloponnèse, et à la chute d'Athènes et par la suite à l'éclosion d'un régime tyrannique particulièrement sanglant.

Dans ces conditions, Platon propose sans doute un remède fort qu'il jugeait approprié à une situation choquante.

Rien n'a vieilli dans « la République », son audace (partage des biens, des femmes, des enfants) , la finesse de son analyse, la beauté des mythes sont éternelles, et toujours d'actualité surtout en période de crise et de remise en question des valeurs modernes actuelles.

Un véritable chef d'oeuvre donc, auquel fera par la suite écho le « Politique » d'Aristote.
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