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Monique Dixsaut (Traducteur)
EAN : 9782080704894
448 pages
Flammarion (04/01/1999)
3.84/5   128 notes
Résumé :
Le Phédon raconte une mort, celle de Socrate. Mais le récit de ces adieux singuliers est occasion de tenir un discours différent sur la mort. Car Socrate meurt après avoir parlé, après avoir arraché à la mort son « masque » effrayant de sorcière, et en pariant sur l'immortalité de nos âmes. Avec lui, la mort fait une entrée remarquée dans la philosophie : la mort et la philosophie se livrent au même travail de Pénélope, défaisant ce que la vie a tissé et délivrant l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a dans les dialogues de Platon une part de mise en scène, une minutie dans les descriptions qui donne une plus grande profondeur aux personnages et aux situations. Nous assistons ainsi, non sans émotion, à la fin du dialogue, à la mort de Socrate entouré de quelques-uns de ses proches auxquels il reproche d'ailleurs, dans un moment si crucial, leur manque de retenue tandis qu'ils s'abandonnent aux lamentations et aux larmes. Mais le Phédon n'en reste pas moins un ouvrage de philosophie et Socrate sera resté, jusqu'à la fin, fidèle à sa méthode, celle de la dialectique ; car, tandis qu'il attend l'heure de son exécution dans sa cellule − différée jusqu'au retour d'un navire de Délos terminant un pèlerinage annuel rappelant un voeu fait à Apollon −, des amis lui rendent visite et s'étonnent de le voir si serein. Pour Socrate, le philosophe, en apprenant à se détacher du corps et des passions, ne peut craindre la mort et s'il a mené une vie vertueuse, son âme, qui survit au corps, ne peut rejoindre que le séjour des Bienheureux et atteindre une plus grande vérité. Platon expose dans ce dialogue la théorie des idées et d'une connaissance qui est une réminiscence. D'un côté le monde du devenir, du sensible, qui est aussi celui des désirs et des peurs, de toutes les afflictions humaines – Platon se rapproche ici des Orphiques pour qui le corps n'était qu'une prison et la vie terrestre qu'une suite de misère −, de l'autre celui des Idées, des choses en soi, identiques à elles-mêmes, pures, immuables, auxquelles l'âme participe. le Jugement des morts, à la fin du dialogue, qui attendent dans des royaumes souterrains, n'est pas sans rappeler des cultes égyptiens, et Platon passe ici aussi de l'examen rationnel le plus exigeant aux mythes.
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Je témoigne simplement ici de la grande beauté de ce livre. Beauté formelle d'un dialogue philosophique où les arguments sont déterminants. j'ai vraiment été émerveillé par la construction du texte, la façon qu'a Platon de mettre en place les exposés de Socrate, le questionnement permanent aux seules fins de la raison. Beauté fondamentale de l'aspiration philosophique à la mort, pour libérer l'âme des attachements du corps.
La longue introduction en dit beaucoup plus, que je juge inutile de paraphraser. Mais quel beau livre !
Et puis, la page de droite, en grec, me ramène à de lointaines études. Quelques mots ici ou là, de cette langue essentielle.
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Phédon nous raconte la mort de Socrate, et la mort qui est prise comme objet philosophique. Socrate prend le soin de s'interroger sur la mort, avant de boire la cigue. Ainsi, il reste philosophe, âme pure, jusqu'à la fin de son existence terrestre.

Le clivage de l'âme et du corps est examiné. On s'interroge si l'âme se sépare du corps et si celle-ci n'en vient pas à se détacher, et disparaître en fumée. Socrate s'appuie sur le contraire de toute chose, qui est corrélaire à son autre contraire. Ainsi, pour qu'il y ait souffrance, il faut qu'il y ait peine, de là, il en vient à dire qu'à partir de ce qui est mort, advient le vivant. On retrouve la philosophie platonicienne : le monde intelligible, de la Forme, ou l'Idée en soi, et le monde sensible, monde corruptible, et multiple qui ne saurait nous faire accéder à la connaissance vraie. En se détachant du corps, nous parvenons à l'atteindre.
Cette dichotomie va être reprise par le christianisme.

La mort de Socrate, événement contingent, va prendre une dimension inattendue. Socrate part, semble-t-il, dans un calme absolu. Partir là bas, c'est rejoindre le monde propre à la philosophie, soin de l'âme. Rester ici, c'est s'accrocher au corps, aux sens, aux plaisirs, et par là, c'est ne pas être véritablement philosophe. Voilà pourquoi Socrate ne veut pas fuir.


C'est par l'écriture, la représentation de cette mort : la mort d'un philosophe véritable, que la philosophie va pouvoir vivre. En effet, voici comment Phédon clôt l'histoire de la mort de Socrate : " Voilà Echécrate, ce que fut le fin de notre ami, d'un homme dont nous pouvons dire que, parmi tous ceux qu'il nous a été donné de connaître, il fut le meilleur, le plus sensé aussi et le plus juste."


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Les derniers instants de Socrate raconté par Phédon. Des instants paisibles et pleins une fois de plus de sagesse.
Face à une question d'un de ces disciplines notamment celle de savoir pourquoi il est interdit de se tuer, Socrate répond:
'Il ne faut pas te décourager... il se peut que l'on t'en donne. Mais peut-être te paraîtra-t-il étonnant que cette question seule entre toutes ne comporte qu'une solution et ne soit jamais laissée à la décision de l'homme, comme le sont les autres. Étant donné qu'il y a des gens pour qui, en certaines circonstances, la mort est préférable à la vie, il te paraît peut-être étonnant que ceux pour qui la mort est préférable ne puissent sans impiété se rendre à eux-mêmes ce bon office et qu'ils doivent attendre un bienfaiteur étranger.''
Autrement dit tout a déjà été préétablit, les hommes ne sont que des espèces de pions qui attendent tout bonnement que les choses se fassent. C'est de même pour sa mort dont lui même se résigne. Comme s'il savait à priori que cela avait établi ainsi, il fallait que cela s'accomplisse.
Ces derniers instants nous ramènent sans nul doute aux derniers instants de Jésus-Christ avec ses apôtres...
J'ai bien aimé les dialogues de ce livre
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« le Phédon » (ou « Sur l'âme ») appartient, avec « La République », « le Phèdre » et « le Banquet », à l'ensemble des oeuvres dites de la maturité de Platon. Phédon raconte la mort de Socrate (en 399 av. J.-C.), dont il fut le témoin, et rapporte ses derniers propos, sous la forme d'un dialogue entre Socrate et ses deux principaux contradicteurs, Cébès et Simmias.
Accusé de ne pas reconnaître les mêmes dieux que la Cité, d'introduire des divinités nouvelles et de corrompre la jeunesse, Socrate est condamné à boire la ciguë. Quelques-uns de ses amis sont autorisés à lui rendre visite dans sa cellule, avant que la sentence ne soit mise à exécution. le jour de sa mort, alors que le philosophe est calme et serein et que tous le pressent de s'enfuir, une discussion s'engage sur la mort et l'attitude qu'il convient d'adopter face à elle, sur la nature de l'âme et ses rapports avec le corps.
Socrate soutient l'idée que le vrai philosophe ne doit pas craindre la mort, qui le délivre du corps, car le corps est pour l'âme une entrave dans la poursuite de la vérité. S'interrogeant sur la possibilité de la survie de l'âme dans l'au-delà, il démontre l'immortalité de l'âme. La théorie des Idées, propre à Platon, apparaît pour la première fois dans ce dialogue. Il y oppose deux mondes : le monde sensible et le monde intelligible. le dialogue se termine par un mythe eschatologique sur la destinée des âmes, jugées aux Enfers après la mort.

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critiques presse (1)
Ricochet
16 juin 2011
Avec quelques couleurs et une mise en page astucieuse, cet album charmera sans doute les esprits joueurs des jeunes lecteurs.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Socrate , VIII ,
Eh bien, allons, dit-il, essayons de nous défendre et de vous persuader mieux que je n’ai fait mes juges. Assurément, Simmias et Cébès, poursuivit-il, si je ne croyais pas trouver dans l’autre monde, d’abord d’autres dieux sages et bons, puis des hommes meilleurs que ceux d’ici, j’aurais tort de n’être pas fâché de mourir. Mais soyez sûrs que j’espère aller chez des hommes de bien ; ceci, je ne l’affirme pas positivement ; mais pour ce qui est d’y trouver des dieux qui sont d’excellents maîtres, sachez que, si l’on peut affirmer des choses de cette nature, je puis affirmer celle-ci positivement. Et voilà pourquoi je ne suis pas si fâché de mourir, pourquoi, au contraire, j’ai le ferme espoir qu’il y a quelque chose après la mort, quelque chose qui, d’après les vieilles croyances, est beaucoup meilleur pour les bons que pour les méchants.
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-- Enfin, Socrate, sur quoi s'appuie-t-on pour affirmer qu'il est interdit de se donner la mort ?
[...]
-- Nous, les humains, sommes comme assignés à résidence et nul ne doit s'affranchir lui-même de ces liens ni s'évader.

NDL : Socrate est interrogé sur le suicide avant de boire la cigüe.
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Maintenant, reprit Socrate, ne borne pas ton enquête aux hommes, si tu veux découvrir plus aisément la vérité ; étends-la à tous les animaux et aux plantes, bref à tout ce qui a naissance et voyons, en considérant tout cela, s’il est vrai qu’aucune chose ne saurait naître que de son contraire, quand elle a un contraire, comme par exemple le beau qui a pour contraire le laid, le juste, l’injuste, et ainsi de mille autres choses. Voyons donc si c’est une nécessité que tout ce qui a un contraire ne naisse d’aucune autre chose que de ce contraire, par exemple, s’il faut de toute nécessité, quand une chose devient plus grande, qu’elle ait été plus petite avant de devenir plus grande.
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Nous n’aurons, semble-t-il, ce que nous désirons et prétendons aimer, la sagesse, qu’après notre mort, ainsi que notre raisonnement le prouve, mais pendant notre vie, non pas. Si en effet il est impossible, pendant que nous sommes avec le corps, de rien connaître purement, de deux choses l’une : ou bien cette connaissance nous est absolument interdite, ou nous l’obtiendrons après la mort ; car alors l’âme sera seule elle-même, sans le corps, mais auparavant, non pas.

Tant que nous serons en vie, le meilleur moyen, semble-t-il, d’approcher de la connaissance, c’est de n’avoir, autant que possible, aucun commerce ni communion avec le corps, sauf en cas d’absolue nécessité, de ne point nous laisser contaminer de sa nature, et de rester purs de ses souillures, jusqu’à ce que Dieu nous en délivre.

Quand nous nous serons ainsi purifiés, en nous débarrassant de la folie du corps, nous serons vraisemblablement en contact avec les choses pures et nous connaîtrons par nous-mêmes tout ce qui est sans mélange, et c’est en cela sûrement que consiste le vrai ; pour l’impur, il ne lui est pas permis d’atteindre le pur.
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- Mais ce point là, ne l'avions-nous pas justement établi il y a déjà un bon moment, quand nous disions : toutes les fois que l'âme a recours au corps pour examiner quelque chose, utilisant soit la vue, soit l'ouie, soit n'importe quel autre sens ( par avoir "recours au corps" j'entends : " utiliser les sens pour examiner quelque chose") alors elle est traînée par le corps dans la direction de ce qui jamais ne reste même que soi, et la voilà en proie à l'errance, au trouble, au vertige, comme si elle était ivre, tout cela parce que c'est avec ce genre de choses qu'elle est en contact.
- Oui absolument.
- Quand, au contraire, c'est l'âme elle-même, et seulement par elle-même, qui conduit son examen, elle s'élance là bas, vers ce qui est pur et qui est toujours, qui est immortel et toujours semblable à soi ? Et comme elle est apparentée à cette manière d'être, elle reste toujours en sa compagnie, chaque fois précisément que, se concentrant en elle-même, cela lui devient possible. C'en est fini alors de son errance : dans la proximité de ces êtres, elle reste toujours semblablement même qu'elle-même, puisqu'elle est à leur contact. Cet état d'âme, c'est bien ce qu'on appelle la pensée ?
- C'est vraiment très beau, et très vrai, ce que tu dis, Socrate.
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