AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Louis Martinez (Traducteur)Georges Nivat (Préfacier, etc.)
EAN : 9782221081440
428 pages
Robert Laffont (12/09/1999)
4.2/5   20 notes
Résumé :
Dvanov et son compagnon, Kopionkine, monté sur un cheval nommé Force du Prolétariat, parcourent la Russie en quête de " la génération spontanée du socialisme ".
Leur errance les conduit à Tchevengour. " Ici, c'est le communisme et vice versa ", leur annonce Tchepourny, responsable de la bourgade et apôtre d'une utopie nouvelle. Sans avoir jamais lu Marx, Tchepourny a conçu le plan d'une communauté idéale. Pour le réaliser, il a massacré les bourgeois et inter... >Voir plus
Que lire après TchevengourVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Départ à toute heure pour la Fin de l'Histoire.
Venez y rencontrer ce fou de Platonov, et les planches de Tchekhov absorbées ici par la Steppe.
Chevauchez sur l'énorme dos d'une jument nommée Force du Prolétariat.
Venez voir cette Utopie qui n'a jamais cru qu'elle pourrait fonctionner ;
où la Camaraderie et la Force du Soleil doivent y remplacer le Labeur ;
où les émotions sont sans dessus ni dessous, où les maisons sont déplacées pour y remédier.
La propriété détruite pour accueillir la venue prochaine du Socialisme ;
en l'attendant…

On ne peut que rester bouche bée devant un tel livre, un tel auteur : Andreï Platonov, dont la biographie est plus fournie que celle d'un héros de roman de propagande ; cet écrivain prolétaire, véritable artisan de la révolution, tour à tour soldat, cheminot, électricien, ingénieur agricole… un modèle pour le Pouvoir, si seulement il se contentait d'écrire des bluettes ouvrières, ou des épopées bien cadrées…
Il croyait pourtant aux vertus du Communisme, aux progrès de l'Humanité…
Et ses paradoxes, en apparence, sont légions : ce livre en est l'éclatant manifeste.

Amoureux de ces Hommes ayant les pieds dans la terre, noire de ce tchernoziom plus précieux que les ors, son oeuvre ne glorifiant pas pour autant le fruit de leur travail.
Il n'écrit pas le grand roman de la paysannerie ; il avait déjà compris le dérisoire de l'Homme travaillant la terre, lui arrachant de force sa nourriture tout en l'appauvrissant, cercle vicieux naturel en accélération, la Révolution Verte n'ayant pas encore suivi la Rouge.
On ressent la profonde intuition de cet homme, ainsi que son indémodable modernité, que certains, dont le père Gorki, interpréteront comme de l'anarchisme.
Mais les étiquettes ont beaucoup de mal à coller sur la pelisse de ce cosaque socialiste, qui aurait sûrement adoré boire des coups avec ce bon vieux Bertrand Russell, premier penseur qui me vient à l'esprit quand il s'agît de situer cet artiste si difficile à cerner.

Car il serait faux de voir simplement dans ses personnages des âmes égârrées, attendant l'avènement du Communisme, ou bien la mort, avec la même ferveur.
Il n'y a jamais d'ironie ou de sarcasmes dans sa prose ; l'absurdité n'est pas celle que l'on croit.
Nous ne sommes pas en face d'un écrivain satirique et de son combat perdu d'avance devant l'Autorité ; Platonov veut de tout son être décrire l'avènement de l'Homme Nouveau, l'opposant inconscient à cette franchise qui le dépasse.

Reconnu de ses pairs pour une langue hybride, vivante, débordant des pages, comme échappant à toute volonté de cadrage, si difficile à retranscrire dans une traduction qui forcément l'ampute, mais que l'immense Georges Nivat, ici préfacier, se charge de valider.
Louis Martinez a aussi travaillé celle de la version complète du roman « Djann », complétant le travail éditorial remarquable des éditons Robert Laffont et de sa directrice de collection Zofia Bobowicz, qui nous ont rendu l'entièreté de ces textes censurés en partie ou en intégralité, achevant le travail de passeur initié, comme d'habitude, par les éditions L'Age d'Homme qui, pour des raisons que j'ignore, ont laissé de côté ce chef-d'oeuvre.
Platonov aura connu au final grand nombre de traducteurs (dont Lily Denis, Anne Coldefy-Faucard, etc.), mais pas le véritable travail d'un poète, tel celui réalisé par Yvan Mignot sur Vélimir Khlebnikov, l'oeuvre d'une vie : exploit de retranscrire l'intangible d'une langue à l'autre ; la parenté avec cette poésie futuriste et naturaliste avait déjà été avancée par Golovanov dans son « Espace et Labyrinthes », en situant l'épicentre d'errance géographique vers cette frontière immatérielle de la steppe, où l'Orient se dissout dans l'Occident… bien que cela puisse être le contraire…

Le traducteur ici justifie sobrement son choix de rendre plus accessible une langue à la sauvage étrangeté, que notre babéliote russophone Mylena a eu tant de mal à dresser, en plus d'en lire une V.O. amputée… Et je ne pense pas que ce livre ait besoin de notes historiques ; au contraire, l'éternelle ambiguïté qui s'en dégage ne se marie que trop bien avec cette Fin annoncée de l'Histoire, où l'Homme retrouve la Nature comme il s'ennuie, la force du Soleil l'ayant privé des siennes.

Un livre unique en son genre, à lire absolument, telle une possible préfiguration de la décroissance, l'appareil critique en moins.

Venez à Tchevengour
Commenter  J’apprécie          1019
Quelle lecture ! Je crois que ce livre mérite la palme des OVNI littéraires ! J'ai eu énormément de mal à le lire, d'abord dans sa version russe au milieu des années 80. Impossible de rien y comprendre, et pour cause : c'était la première édition en russe, celle de 1972 en Occident, amputée de beaucoup de pages, et surtout, de tout le début. Me revoilà, de nos jours, plongée dans la lecture de la traduction, du texte intégral, cette fois. La lecture reste ardue à mon goût, très laborieuse malgré la plume agréable de l'auteur. Cette fois, certes, il y a un fil qui fait sens, au moins les personnages. Il y a aussi une impression, pas désagréable, que l'histoire se déroule un peu comme un film en un seul plan-séquence, tout au moins jusqu'à l'arrivée à Tchevengour. C'est ce qui donne un peu ce côté roman picaresque malgré le fait que chaque événement est objectivement mineur. L'introduction des personnages se fait au fil de ce qui se présente, au fil de l'itinérance de Kopionkine. Itinérance à travers la steppe, qui commence quelque part entre Kiev et Kharkov et qui finit à Tchevengour, bourg imaginaire, probablement entre Belgorod et Astrakhan, mais c'est impossible à savoir car Kopionkine a tendance à tourner en rond, tel Don Quichotte, guidé par la quête de sa dulcinée Rosa Luxemburg (ou plutôt de sa tombe qui est plutôt à l'ouest qu'à l'est de la zone qu'il parcourt !) et par Force Prolétarienne, son cheval, fidèle Rossinante, qui part en avant dès qu'elle entend «Rosa !» Rien qu'avec ça, le ton est donné. Sachant que le texte date de 1928-1929. que l'auteur fut un fervent révolutionnaire (sceptique en ce qui concernait la collectivisation) et qu'il fit lire son manuscrit à Gorki, il y a de quoi rester perplexe devant ce roman socio-philosophique utopique (plutôt dystopique en fait). Gorki déconseilla toute publication à Platonov, jugeant prudemment qu'il faudrait 100 ans pour qu'il soit publiable (la première publication intégrale eu lieu en 1988 en URSS) et reprochant à l'auteur son côté anarchiste. Gorki relève aussi l'indéniable tendresse de l'auteur pour ses personnages. C'est ce qui fait tout le charme de cette oeuvre et empêche d'y voir toute violente critique politique. Impossible de saisir où veut en venir l'auteur. Car quelle que soit la tendresse de l'auteur et du lecteur, il faut bien reconnaître que le lecteur occidental, tout comme Gorki, voit dans les révolutionnaires de Tchevengour un ramassis de toqués et de cinglés, tous plus perchés les uns que les autres et dont on ne sait s'il vaut mieux en sourire, en rire ou en pleurer, bien que leurs façons d'être, de penser ou de s'exprimer soient souvent sympathiques, entre le terre-à-terre et le poétique. Quand on connaît la suite de l'histoire, la vraie, non fictionnelle, avec les famines, les purges, … Et Platonov espérait être publié (dans la vraie vie, il a échappé à toute purge, mais pas son fils, et n'a plus guère été publié sauf comme correspondant de guerre ! ) C'est un écrivain majeur des années 20, d'autant qu'il s'agit d'un des rares écrivains d'origine prolétaire. Bref, c'est une lecture étrange, un livre qui aurait nécessité des notes (historico-philosophiques) et auquel j'aurais bien du mal à mettre une note tant il me semble en le refermant que bien des choses m'ont échappé.
Commenter  J’apprécie          331
Tchevengour est un des rares livres que j'aie lus quasiment d'une traite et dans une espèce d'extase intellectuelle, celle que procure la soudaine ouverture du champ sensitif à la multitude de détails réels et de sensations d'être dans la vérité de l'ici et maintenant que l'on perçoit dans les plus profondes méditations et dans les rêves les plus lumineux.

Exhumé du cimetière gelé dans lequel l'avait enterré le stalinisme, ce chef d'oeuvre n'a pas connu les adorations critiques qui auraient pu consacrer son auteur comme le génie littéraire qu'il est manifestement.

À mettre en parallèle avec les pièces retranchées des Fleurs du mal, mais sans procès ni honte, ni postérité aussi, le livre étant frappé d'interdit par la censure soviétique, à la fin des années vingt du 20e siècle, ce qui en dit long sur ses qualités peu communes. Des qualités si grandes qu'elles faisaient vaciller sur ses bases le grand mensonge de toute la tribu des profiteurs aux dents acérées qui ont prétendu combattre le capitalisme derrière la bannière rouge. Les actionnaires de la collectivisation, la nomenklatura de sangsues mafieuses qui ont été le noyau du communisme mondial.

Andreï Platonov parle avec la vraie voix du vrai prolétaire, une voix pleine d'intelligence et de lumière. Une voix pleine de religiosité, de fascination pour le monde et ses mystères. Une voix de la poésie abondante et immédiate. L'humaine humilité dans la beauté du monde, de la vie et des rêves, laissant à la périphérie, dans leur vanité criminelle, la noirceur et les prétentions misérables du communisme soviétique.
Commenter  J’apprécie          50
Dans les années 1920, une satire picaresque, acérée et onirique de la possibilité d'une utopie révolutionnaire réalisée par la paysannerie russe.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/09/22/note-de-lecture-tchevengour-andrei-platonov/
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Un jour Zakhar Pavlovitch chercha longtemps le boulon qu’il lui fallait pour refaire le filetage d’un écrou forcé. Il parcourait le dépôt et demandait si personne n’avait de boulon de 8, pour refaire un filetage. On lui répondit qu’il n’y en avait pas, quoique tout le monde eût ce genre de boulon. C’est qu’en fait les ouvriers s’ennuyaient, ils se distrayaient en se compliquant mutuellement les soucis du travail. Zakhar Pavlovitch ignorait encore cet amusement sournois, caché, qu’on trouve dans tout atelier. Cette dérision discrète permettait aux autres ouvriers d’avoir raison de la longueur de la journée de travail et de la langueur d’un labeur répétitif. En vertu de ce divertissement cher à ses voisins Zakhar Pavlovitch fit bien des choses pour rien. Il allait chercher des chiffons au dépôt alors qu’il y en avait des monceaux au bureau ; il fabriquait des échelles en bois ou des bidons pour l’huile, dont le dépôt regorgeait ; incité par quelqu’un, il fut même sur le point de changer par ses propres moyens les bouchons-témoins dans le foyer de la locomotive, mais fut prévenu à temps par un chauffeur qui se trouvait là, sans quoi Zakhar Pavlovitch aurait été congédié sans aucun commentaire.
Zakhar Pavlovitch, ne trouvant pas cette fois le boulon convenable, entreprit d’adapter un pivot à la réalisation d’un filetage et il y serait parvenu, car il ne perdait jamais patience, mais on lui dit :
– Eh, 8 pour un filetage, viens donc prendre ton boulon !
Depuis lors Zakhar Pavlovitch eut pour sobriquet "8 pour un filetage", mais on le dupa désormais moins souvent lorsqu’il eut un besoin urgent d’outils.
Ensuite personne ne sut que Zakhar Pavlovitch préférait ce sobriquet à son nom de baptême : il rappelait une partie importante de toute machine et semblait intégrer corporellement Zakhar Pavlovitch à cette patrie authentique où les pouces de métal triomphent des verstes de terre."
Commenter  J’apprécie          70
Kopionkine alla dans la cour rejoindre son cheval. Ce cheval possédait une complexion massive et était plus propre à transporter des poutres qu’un homme. Accoutumé à son maître et à la guerre civile, le cheval se nourrissait de haies vives, du chaume des toits et se satisfaisait de peu. Cela dit, pour se rassasier il consommait par moments une demi-livre de bois jeune promis à la coupe, puis buvait dans une marre de la steppe. Kopionkine respectait son cheval et l’honorait de la troisième classe : Rosa Luxemburg, la Révolution et ensuite son cheval.
– Salut, Force Prolétarienne ! dit Kopionkine à l’adresse du cheval qui haletait, gavé qu’il était de nourriture grossière. Allons sur la tombe de Rosa Luxemburg !
Kopionkine espérait et croyait que toutes les œuvres et les chemins de sa vie menaient à la tombe de Rosa Luxemburg. Cette espérance réchauffait son cœur et provoquait la nécessité quotidienne d’exploits révolutionnaires. Chaque matin Kopionkine ordonnait à son cheval d’aller vers la tombe de Rosa Luxemburg et sa monture était si faite à ce mot de "Rosa" qu’elle y voyait un cri pour aller de l’avant. Après les sons de ce "Rosa", le cheval se mettait aussitôt à trépigner où que ce fût : marécage, fourrés, abîme des congères neigeuses.
– Rosa-Rosa ! murmurait de temps en temps en chemin Kopionkine et le cheval tendait les forces de son gros corps.
– Rosa ! soupirait Kopionkine et il enviait les nuages qui filaient du côté de l’Allemagne : ils passeraient au-dessus de la tombe de Rosa et de la terre qu’elle avait foulée de ses souliers.
Pour Kopionkine toutes les directions de toutes les routes et de tous les vents couraient vers l’Allemagne ou, dans le cas contraire, faisaient le tour de la terre pour tomber sur la patrie de Rosa.
Commenter  J’apprécie          50
-[...] Tu as lu Karl Marx ?
- Non, camarade Tchepourny.
- Eh bien il faut le lire, mon cher camarade : l'histoire s'est achevée et tu ne l'as même pas remarqué.
[...]
Kopionkine n'avait pas eu le temps de lire Karl Marx et il fut troublé par l'instruction de Tchepourny.
- Pourquoi ? demanda Kopionkine. On est obligé de lire Karl Marx chez vous ?
Tchepourny mit fin à l'inquiétude de Kopionkine.
- C'était pour faire peur au bonhomme. Moi non plus je ne l'ai jamais lu. J'ai bien entendu des choses lors de meetings - ça me sert à faire ma propagande. C'est d'ailleurs pas la peine de le lire : tu sais, c'est dans le temps que les gens lisaient et écrivaient, mais pour ce qui est de vivre, zéro pour la question, ils ne faisaient que chercher des chemins pour les autres.
Commenter  J’apprécie          110
Le lendemain ils n'auraient ni travaux ni occupations, puisqu'à Tchevengour celui qui travaillait à la place et au profit de tous c'était le seul soleil, proclamé à Tchevengour prolétaire universel. Les occupations des gens n'avaient rien d'obligatoire - à l'instigation de Tchepourny, Prokofi avait fourni une interprétation spéciale du travail selon laquelle tout labeur était à jamais qualifié de survivance de la cupidité, de volupté bestiale et oppressive, puisque le labeur facilite l'apparition de la propriété - celle de l'oppression ; mais le soleil à lui seul fournissait aux hommes des rations vitales normales, tout à fait suffisantes, dont toute augmentation - due à des travaux humains délibérés - allait nourrir le foyer de la lutte des classes en créant des objets superflus et nuisibles.
Commenter  J’apprécie          90
Tous les cinq ans, le village partait pour moitié à la ville et à la mine, pour moitié dans les bois : il y avait des années de disette. On sait depuis longtemps que, même dans les années de sécheresse, les herbes, les légumes et le blé poussent bien dans les clairières de la forêt. La moitié du village restée sur place se jetait sur ces clairières, préservant ses blés verts d’une spoliation instantanée due à des torrents de chemineaux faméliques. Mais cette fois la sécheresse s’était répétée l’année d’après. Le village ferma ses chaumières et gagna la grand-route en deux équipes – une s’en fut mendier à Kiev, l’autre s’embaucher à Lougansk ; d’autres enfin se détournèrent vers la forêt et les ravins embroussaillés, se mirent à manger de l’herbe crue, de l’argile, des écorces, et ils s’assauvagirent. Il n’y eut presque que des adultes à partir – les enfants étaient morts d’eux-mêmes, à l’avance, ou s’étaient dispersés aux quatre vents pour mendigoter. Quant aux nourrissons, c’étaient leurs mères nourricières qui les avaient achevés, en les empêchant de téter à leur faim.
Commenter  J’apprécie          50

Video de Andreï Platonov (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andreï Platonov
Michel Eltchaninoff, Françoise Lesourd et Anne Coldefy-Faucard présentent la pensée du philosophe Nikolaï Fiodorov.
Totalement inconnue en France, la pensée utopiste de Fiodorov a influencé la culture du XXe siècle russe et demeure à ce jour une référence importante en Russie. de nombreux écrivains y trouveront des échos de leurs préoccupations, de Tolstoï à Dostoïevski ou à Vladimir Soloviov. Parmi ses héritiers, le futuriste Velimir Khlebnikov et les écrivains Andreï Platonov ou Maxime Gorki, mais également des savants comme Tsiolkovski, le père de l'aéronautique soviétique. Ses idées trouveront indirectement leur expression dans des textes de la science-fiction soviétique ou dans le cinéma d'Andreï Tarkovski et son adaptation de Solaris (1972). La pensée de Fiodorov se situe au croisement des nouvelles disciplines émergentes de son temps, telles que la linguistique et l'anthropologie, mais également la sociologie, l'agriculture, l'économie. Il est attentif aux phénomènes sociaux engendrés par l'urbanisation, l'appauvrissement de la campagne, et pressent, comme d'autres penseurs de son époque, l'avènement d'une crise mondiale majeure. Exhortant l'humanité à s'unir pour vaincre la mort, Fiodorov lui assigne aussi le devoir moral de ramener à la vie toutes les générations disparues, ces victimes du « progrès » : c'est « l'oeuvre commune ». Sur le climat, objet d'attention privilégié, ou encore, sur les transformations biologiques que connaîtra l'humanité, sa réflexion se rapproche de la question du transhumanisme, qui connaît actuellement un véritable engouement dans la Silicon Valley et ses grandes entreprises. Utopique, la pensée de Fiodorov ? Sans doute. Il n'en demeure pas moins que les idées, les interrogations du philosophe sont toujours aussi stimulantes, particulièrement lorsqu'elles sont exposées avec la spontanéité de la Correspondance: les rapports avec la nature, les questions de météorologie, l'urbanisation excessive, la maladie, la mort, la faim, la conquête de l'univers…
+ Lire la suite
Dans la catégorie : Littérature russeVoir plus
>Littérature des autres langues>Littératures indo-européennes>Littérature russe (472)
autres livres classés : prolétairesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (79) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..