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Critique de JacobBenayoune


Pierre Ménard (auteur d'un Don Quichotte) avait écrit lors de sa jeunesse un livre bizarre d'un français singulier. Ce livre a été mal accueilli par ses lecteurs contemporains qui y voyaient tous les stéréotypes du roman policier à ses origines, toutes les faiblesses des romans d'aventures et toute l'insuffisance des romans d'horreur. Il y voyait un retour fade aux origines de ces genres qui se sont épanouis avec le temps sous la plume d'auteurs talentueux. Et le style assez lourd parfois ne l'a pas beaucoup aidé. Ménard l'avait intitulé Histoires Extraordinaires.

Voilà comment un lecteur contemporain pourrait voir ces Histoires extraordinaires d'Edgar Allen Poe le grand représentant de la littérature américaine au même titre que Cervantès pour l'espagnole, Dante pour l'italienne ou Goethe pour l'allemande. Or, à la lecture de ce recueil de treize nouvelles (choix fortuit du chiffre ?) nous découvrons un bel esprit qui a la soif de tout connaitre, de tenter de toutes les connaissances, un écrivain aux talents multiples, un maître des maîtres, le Christophe Colomb de maints genres.

Personnellement, j'ai aimé les nouvelles où Poe gardait les pieds sur terre (au sens propre). Ainsi, j'ai lu avec un grand plaisir les deux premières nouvelles (policières), avec cette description de l'amitié qui réunissait le narrateur et son ami et des facultés d'analyse qu'avait ce dernier. La troisième nouvelle est une chasse au trésor, nouvelle agréable et intéressante. Puis c'est la glace ! On est devant ses deux nouvelles qui m'ont donné le plus de peine à lire (peut-être parce que je ne suis pas amateur de ce genre ni de Jules Verne); ces deux histoires au ballon. Surtout la deuxième, la plus longue du recueil où l'on est entraîné dans une suite interminable de descriptions minutieuses d'une exactitude scientifique d'un voyage extraordinaire. Puis on revient avec deux nouvelles dans la mer, vraiment intéressante est la première avec ce naufrage et ce bateau bizarre où le rescapé échappe à sa mort pour un moment. Ensuite, on retrouve deux histoires courtes sur le magnétisme dont la deuxième est un dialogue plutôt philosophique. L'histoire suivante est assez singulière, parmi les plus belles du recueil, où le rêve et la réalité se confondent. Les deux suivantes sont des histoires de revenants sur des femmes mystérieuses, intelligentes et d'une beauté déroutante. La dernière est une histoire de la haine entre deux familles (pas à la Roméo et Juliette bien sûr).

En somme, roman policier, roman d'aventures, roman fantastique ou d'horreur, tous sont là, ainsi que roman d'anticipation. Poe a le don de la description qu'il veut réaliste même en décrivant l'irréel. Chaque nouvelle nous rappelle un auteur : Stevenson, Conan Doyle, Verne, Conrad (Typhon surtout), Mérimée… Finissons par cette traduction. Baudelaire admirait tellement Poe qu'il a voulu faire une traduction fidèle à cet ouvrage. Malgré cela il dédie ses Fleurs du mal à Gautier ! Je sentais cette double présence Poe-Baudelaire en lisant le livre, c'était comme si Baudelaire me lisait ces histoires. Pour finir, ce livre est à lire sans doute, il est indispensable et hormis les deux nouvelles au ballon, il est agréable à lire.
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