Comment critiquer une oeuvre telle que ce Livre du Graal ?
C'est un texte réunit en français pour la première fois sous cette forme, une version dite courte d'un ensemble de contes qu'un (plusieurs ?) auteur(s) a tenté d'unifier, de rassembler, de christianiser pour lui donner une cohérence, un début et une fin, du Christ au Graal, à l'avènement du parfait chevalier (et non, ce n'est pas Lancelot !).
Un temps imaginaire mais très ancré dans la France du XIIIeme siècle et ses préoccupations.
On retrouve par exemple ici une introduction (rédigée à posteriori), Joseph d'Arimathie, qui veut ancrer toute la suite dans le monde chrétien, sous le patronage de Jésus et de dieu, avec un départ laborieux tant il ressemble à un cours de théologie, professé certes par un très bon catéchèse !
Ensuite l'histoire démarre avec le Merlin, version complètement christianisé d'une série de légende celtes (et donc païennes et druidiques) qui annonce la venue du Roi Arthur, héros central de cette geste.
Il se passe là des batailles fabuleuses, épiques, avec des armées prodigieuses et des exploits qui ne le sont pas moins: géant démembré, chats immenses occis, armées entières renversées par la force de quelques uns, hommes en armures et bêtes caparaçonnées coupés en deux d'un seul coup d'une arme merveilleuse, tout y est ! Sans oublier les tours de Merlin, toujours là pour aider son ami Arthur !
Le style est un peu différent de celui des romans d'aujourd'hui pour ce premier véritable récit en prose de la langue française, les répétitions y sont plus nombreuses et les structures des combats très ritualisées, donc avec assez peu de suspense. On retrouve un peu l'ambiance des combats de l'Illiade, avec d'assez longues descriptions et énumération mais qui passent toutes seules de façon assez magique.
Malgré son format c'est donc un livre que je recommande fortement, pour le plaisir et aussi parce que malgré tout il représente une des sources de la littérature française !
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Lecture assez difficile car au début c'est très long, répétitif et on ne voit pas tellement où ça nous mène mais l'écriture est fabuleuse et sans qu'on s'en apreçoive tranquillement l'histoire se dessine et notre patience est récompensée. Une épopée commence et lorsque j'ai terminé le premier tome je n'ai pu m'empêcher d'entamer le second immédiatement. Je lui accorde une très bonne note pour la beauté de l'écriture.
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La partie sur Joseph d'Arimathie est un peu difficile à suivre. On a l'impression de relire la bible. A partir de Merlin, on revient un peu plus dans les univers grand public.
Je regrette que les annotations de lectures soient renvoyées en fin de tome car cela coupe un peu le fil.
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La nuit précédant son départ, Vespasien, couché dans son lit, méditait et se mit à prier Jésus-Christ son Père. Il entendit une voix qui disait à Joseph: "Voici venu le temps où tu dois aller prêcher mon nom et ma foi dans les contrées et les pays étrangers. Il faut que tu abandonnes toutes les richesses de ce monde. Tu emmèneras avec toi ceux de ta parenté qui voudront glorifier mon nom. Josephé, ton fils, ne prendra jamais femme, mais il me gardera toujours sa chasteté. Veille, dis la voix, à te faire baptiser demain. Après quoi tu quitteras Jérusalem de sorte que tu resteras mon serviteur et de jour et de nuit, et que jamais vois n'y reviendrez, ton fils et toi. Tu t'en iras sans or, sans argent et sans monture, comme tous ceux qui t'accompagneront. Tu n'emporteras aucun bien si ce n'est mon écuelle. Tu recevras pour familiers et pour compagnons tous ceux qui voudront aller avec toi et souhaiteront recevoir le baptême. Veille à ce que personne de ta communauté n'emporte d'argent ; ils auront en effet tout ce qu'ils me demanderont. Quand tu sortiras de Jérusalem, tu prendras vers l'Euphrate. Je t'indiquerai alors où tu devras aller et ce que tu devras faire".
Il n'y a rien qui n'ait commencé qui ne doive finir, mais aucun homme ne doit être troublé par l'idée de sa mort s'il l'accueille comme il le doit: car tout homme vivant doit savoir qu'il mourra.
De même que la nef porte l'homme au milieu de la mer sans danger et le soutien sur l'eau, de même Dieu porte son serviteur au milieu de l'ordure du monde et parmi les pêchés de sorte qu'il n'est ni souillé ni déshonoré et qu'il ne peut être embarrassé par la tache du péché mortel.
Il n'est pas homme au monde qu'une femme ne pourrait duper.
Vie honorable aide à faire bonne fin, sachez le !