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Ça ira tome 1 sur 1
EAN : 9782330059965
140 pages
Actes Sud (25/05/2016)
3.77/5   20 notes
Résumé :
Ca ira (1) Fin de Louis est une fiction politique contemporaine inspirée de la Révolution française. Saisissant cette histoire fondatrice de notre société, Joël Pommerat décrit presque au jour le jour l'avènement et l'événement de la démocratie.
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Qui pourrait, quatre heures durant, non seulement assister aux débats d'une assemblée constituante sans décrocher, mais surtout y assister avec passion, avec les joues roses d'excitation et le coeur qui bat, et y assister avec raison, avec le sentiment de devenir plus clairvoyant et plus vif, à chaque minute ?

C'est exactement ce que j'ai éprouvé à la représentation de Ça ira (1) fin de Louis, ce que j'ai ressenti devant cette leçon d'histoire en actes et en paroles , cette vaste fresque mythique de notre révolution française, inspirée par les comptes- rendus des réunions de l'hôtel de ville, des assemblées de quartier et bien sûr de l'Assemblée du Tiers Etat à Versailles -mais réactualisée par des costumes contemporains, la présence de femmes députées et une absence volontaire de marqueurs historiques – à part Louis, aucun personnage ne porte son nom historique.

J'ai vu l'Histoire en marche, mais je n'ai pas vu une énième pièce historique sur la Révolution. J'ai assisté, sur mon petit fauteuil rouge, aux Amandiers de Nanterre, à l'éclosion délicate et difficile, souvent tumultueuse, de la démocratie.

Pas une reconstitution historique, mais la reconstruction d'un processus, d'une dynamique.

Privé de ses repères de cours d'histoire –ah, tiens, ça c'est Danton, celui-là, c'est Robespierre, l'Incorruptible- le spectateur est « placé dans un état de découverte des événements », dit Pommerat, « comme s'il était lui-même contemporain de ce qui se déroule sous ses yeux. »

Un passé réactualisé, un « passé-présent » parce que, dit toujours Pommerat, « on ne peut pas reconstituer le passé. le passé n'existe plus, il s'agit toujours d'une fiction pour l'historien comme pour l'écrivain ou le metteur en scène. Ça ira est une fiction vraie, c'est-à-dire une fiction que j'ai voulue la plus vraie possible. »

Le spectateur n'est pas pris à parti comme dans un spectacle d'Ariane Mnouchkine: tandis que les acteurs arpentent la salle -devenue assemblée de citoyens, de députés, ou font irruption sur la scène, lieu des débats officiels, lui reste spectateur, libre, comme un citoyen de l'époque, de choisir son camp, d'hésiter, d'en changer. de se faire une opinion.

Une vraie leçon de civisme et de citoyenneté, bien utile par les temps qui courent où l'on ne vote plus, ou mal, ou contre et rarement pour, où le vote est une sorte de billard à deux bandes, une stratégie d'évitement plus qu'une façon d'assumer son choix et sa détermination, ou pire un vote recyclable et jetable comme les sacs du même nom, - il faut dire que l'offre politique n'a rien pour nous… emballer !

Autant le spectacle Au monde m'avait laissée froide, et m'avait même ennuyée profondément, autant Ça ira, rejoué cet automne aux Amandiers, m'a enthousiasmée : je n'étais pas seule, la salle tout entière a salué debout, comme aux temps de fièvre citoyenne et révolutionnaire.

Nous avons senti, le temps d'une représentation, le grand vent revigorant de la démocratie souffler sur nous et rafraîchir l'air vicié et pesant du temps présent.
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Lorsqu'on parle de la Révolution française on évoque le plus souvent la prise de la Bastille où la décapitation de Louis XVI. Mais tout le processus révolutionnaire et souvent occulté (cela pourrait donner les idées?). Il est d'autant plus important que cela permet de comprendre comment la France est passée de la royauté avec un pouvoir absolu à une république construite sur des bases démocratiques.
Alors il faut aller voir au théâtre l'excellente pièce de Joël Pommerat « Ça ira (1) fin de Louis ». C'est ce que j'ai fait en allant au théâtre de la porte Saint-Martin à Paris. Ce texte fait écho à l'actualité et je comprends pourquoi elle a largement été récompensée. Cette pièce dure quasiment 5h mais on ne s'ennuie pas du tout.
Ce qui est surprenant dans la pièce de Pommerat c'est qu'il y a un monarque qui s'appelle Louis mais qu'il s'agit aussi d'une fiction pour donner un côté universel au processus démocratique. On s'attend à voir Robespierre mais il n'y est pas car les héros sont des inconnus.
On voit que le combat politique est d'abord collectif. Pour autant on se rend bien compte que la plupart des députés du tiers-état siégeant aux États généraux représentaient essentiellement la bourgeoisie et que les débats étaient souvent houleux voire violents.
On voit aussi le mépris des classes dominantes, sans compter la corruption de tous côtés, et la famille du roi enfermée dans une tour d'ivoire bien loin des réalités de ce que vit la très grande majorité des Français.
Mais à force d'arguments pour changer une société inégalitaire, les députés réussiront à réunir les trois ordres (le clergé, la noblesse et le tiers-état) en une unique Assemblée nationale et cela du vivant du roi.
C'est une belle façon de s'emparer de l'histoire pour éclairer le présent.


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L'action de la pièce de Pommerat se déroule entre la réunion des états généraux (mai 1789) et la nationalisation des biens du clergé (novembre 1789). Très fidèle au déroulement de la Révolution française, elle s'en écarte par quelques détails anachroniques (usage du micro, du téléphone) et le recourt à des personnages dont tous les noms ont été changés, sauf Louis XVI. On devine tout de même certains personnages, comme Bailly (Lamy dans la pièce) qui fut tour à tour député du tiers état, président de l'Assemblée puis maire de Paris. Pommerat reconstitue avec talent, et visiblement une connaissance pointue des faits, les débats qui agitent l'Assemblée, le rôle également du peuple et des comités de quartiers dans ces 6 premiers mois de la Révolution.
En ce sens, la pièce est une vraie leçon de révolution : l'usage délibéré d'une langue aux accents contemporains, la présence des femmes dans les gradins de l'Assemblée et pas comme simples tricoteuses donnent à la Révolution une valeur intemporelle. Mais était-il cependant besoin de changer les noms ? Je trouve que le procédé n'apporte rien. Par ailleurs, certaines tirades interminables et les invectives répétées lestées d'injures alourdissent inutilement le propos.
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Bien que nous soyons plongés au coeur de la Révolution française, ça ira (1) fin de louis séduit par sa nature intemporelle. La mise en scène on ne peut plus contemporaine n'est pas sans référer au conflit des gilets jaunes ou plus généralement aux enjeux politiques que nous traversons actuellement.

Historiquement, le contexte socio-politique est mis en valeur avec un apport d'informations non négligeable. On apprend notamment que la famine touchait alors sévèrement les classes les plus pauvres et que le mouvement révolutionnaire a pu mener à la création d'une police citoyenne.

Le coeur du sujet n'en est pas moins long à venir, n'ayant été captivée qu'à partir du deuxième entracte. J'ai effectivement trouvé la première partie longuement menée et redondante par moment même si ce parti pris a pour but de renforcer l'authenticité historique de la pièce.

Par ailleurs, l'aspect juridique de l'oeuvre aurait pu être plus vulgarisé au-delà de la création d'un parlement commun regroupant la noblesse, le clergé et le tiers-état ; à moins que ce ne soit moi qui n'ait pas saisi toutes les subtilités gravitant autour de ce domaine.

La mise en scène de Joël Pommerat rayonne par son originalité se traduisant par son caractère interactif et immersif contrairement aux costumes et décors ancrés dans un style certes contemporain mais tout de même minimaliste et couramment utilisé dans la sphère théâtrale.

L'expérience est encore plus enrichissante lorsque le public interagit avec les acteurs ce qui n'a pas été le cas lors de la représentation à laquelle j'ai assisté. N'hésitez donc pas à vous lever, applaudir et interagir si vous avez l'occasion d'aller voir cette pièce afin de contribuer pleinement à l'ambiance voulue par le metteur en scène.

Quant au jeu d'acteur, il ne s'est pas montré assez homogène à mon goût. Certains comédiens m'ont semblé jouer leur personnage avec beaucoup plus d'intensité et de passion que d'autres mais cela reste un ressenti on ne peut plus subjectif qui peut varier selon les représentations. Je pense notamment à la prestation d'Agnès Berthon, particulièrement puissante bien qu'épisodique.

Divers symboles à la portée des plus observateurs m'ont conquise tels l'allégorie du billard ainsi que les quelques références à la dystopie 1984 de Georges Orwell.
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Ceci est une critique sur le texte de la pièce que j'ai lue, sans la voir sur scène.
"Le monde entier est un théâtre" disait Shakespeare, et particulièrement le petit théâtre de la politique. Après tout, chaque orateur - et chaque homme détenant le pouvoir - est en représentation pour séduire et convaincre ses électeurs. Ce n'est pas une pièce historique sur la révolution française - pour ça, mieux vaut relire la Mort de Danton de Büchner. Certes, le roi s'appelle Louis et la Révolution est la source d'inspiration, mais sans indication de date, sans les noms des véritables députés... C'est donc une fable sur le pouvoir, la façon de le conquérir, de le conserver, et de s'en servir. Et puis des députés qui cherchent à faire des économies, à réformer le système fiscal dans un Etat en crise, cela résonne forcément avec la situation contemporaine...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Député Possion Laville:
(...) Avant de se pencher sur les lois fondamentales de la France que notre Constitution va devoir établir, je propose que nous fassions un inventaire de tous les droits que possèdent tous les hommes à leur naissance. Cet inventaire pourrait être comme un préambule à notre Constitution. Ce préambule dira les bases de notre projet qui est de fonder une société dont le but est le bonheur général. (Réactions de protestation et de soutien, chahut). Je vais donner quelques exemples de formulation des droits des hommes tels que je les conçois: premièrement, la nature a conçu au départ les hommes libres et égaux; deuxièmement, tous les hommes naissent avec des droits perpétuels, telles la liberté d'opinion, la liberté d'action, la recherche du bien-être et la résistance à l'oppression.(Applaudissements). Troisièmement, aucun homme ne peut être contraint à subir des lois qu'il n'a pas consenties.

Députée Camus (depuis la salle): Vous comptez aller jusqu'où comme ça monsieur?
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ROI: Oui...Je sais que personne autour de moi ne comprend mon attitude, mais tout est absolument réfléchi de ma part...Mon soutien aux réformes les plus délirantes qui me sont présentées ne signifie pas une perte de ma lucidité. Chacune d'elles nous rapproche un peu plus du but que je cherche à atteindre, car plus on bousculera la France et les Français dans leurs habitudes et leurs repères, plus on favorisera le besoin d'un retour à une autorité paisible et à une stabilité rassurante. Cet épisode tragique que nous vivons actuellement peut durer encore quelques semaines, quelques mois, mais vous verrez il prendra bientôt fin. Et ça ira, vous verrez ça ira. Bientôt les gens en général qui aiment le changement mais jusqu'à un certain point reviendront dans ma direction... C'est assez simple, les gens dans la vie , en très grande majorité, veulent être rassurés, réconfortés, apaisés, et non bouleversés jusqu'à ne plus savoir qui ils sont et ce qu'ils vont devenir...
CHEF DU PROTOCOLE: Absolument.
ROI: Vous verrez ça ira. Juste un peu de patience et de sang-froid, et ça ira...
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FEMME 6. [...]Est-ce que je serai prête à tuer d'autres êtres humains comme moi, comme lui que je vais trouver sur mon parcours, et dont je vais croiser le regard. Ça aussi c'est une bonne question, que je me pose, et à cette question je crois que je réponds oui également. Oui je suis prête à tuer d'autres êtres humains comme moi, pour préserver l'espoir qui est apparu en moi, l'espoir, pour des millions de personnes, pour aujourd'hui et dans l'avenir, pour mes enfants si j'en ai un jour [...].
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DÉPUTÉ CARRAY. [...] Vous mettez le peuple sur un autel, comme l'a été il est vrai la monarchie, mais vous voulez passer, on dirait, d'une dictature monarchique à une dictature du peuple. [...] Certes, la population nous a soutenus, nous a permis de maintenir cette assemblée debout, mais est-ce que ça justifie tout, justifie la sauvagerie? Justifie les massacres et cette boucherie? Et tous ces hommes et ces femmes qui se font exécuter, assassiner actuellement d'une manière aussi atroce?
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DEPUTE MENONVILLE.
Pourtant, depuis deux mois mois, j'ai vécu ici les moments les plus intenses de ma vie. Jamais je n'aurais imaginé rencontrer des personnes aussi intéressantes, il y a parmi ces gens qui ont été élus ici comme moi des gens d'une intelligence et d'une culture inimaginables. Certains jours, je vous jure, d'être assis là parmi mes collègues et entendre ces gens parler, j'ai l'impression d'être au théâtre, franchement, c'est merveilleux.
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