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EAN : 9782742743537
148 pages
Actes Sud (23/05/2003)
3.6/5   5 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Actes Sud, Domaine français - 05/2003)


Deux territoires du colonialisme français dressent le décor de ce roman. D'abord le Viêtnam, où le narrateur passe l'essentiel de son enfance. Puis, à l'adolescence, après la chute de Diên Biên Phu, l'Algérie, où lui-même et les siens tentent de prendre un 'nouveau départ'. Car d'un lieu à l'autre se reforme bientôt la même petite société d'expatriés qu'unissent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"La fabrique d'un tueur", ainsi Arnauld Pontier aurait-il peut-être pu appeler son roman, même si ce titre-là va très bien aussi : on ne comprendra pourquoi que dans les toutes dernières pages.
Dans une langue toute d'élégance comme à son habitude, et dont on savoure chaque phrase coupée au cordeau, l'auteur met en place, tel un horloger, le destin inexorable de ce jeune narrateur né d'une colère sourde et d'un manque absolu d'empathie façonné par la violence physique qu'il subit de son père, mais peut-être plus encore de la violence psychologique – et derrière l'élégance des mots, ne nous y trompons pas : celle-ci est inouïe – née de sa perversité et de celle de ses "amis" masculins, alors que les femmes de son entourage ne parviennent pas à le soustraire à cette éducation insidieusement dépravée, et finissent, par leur passivité ou par leur maladresse, par faire encore pire que mieux.
Il sera bien difficile de trouver plus brillant plaidoyer contre la violence domestique à l'égard des enfants.
Les références coloniales d'Indochine, puis d'Algérie, encore une fois d'une précision d'orfèvre (c'est une autre marque de fabrique de cet auteur, on ne va pas s'en plaindre) trahissent le passé d'Arnauld Pontier qui a vécu son enfance dans ces pays, a priori plutôt quelques années plus tard. Elles donnent à l'ensemble de ce récit un charme exotique et suranné, et parfois une impression de paradis perdu, même si par moments le nombre et la densité de ces précisions m'ont un peu perdu, ayant moi-même bien moins de référents et de représentations mentales que l'auteur sur ces sujets.
Arnauld Pontier est décidément trop peu connu. Chacun de ses romans est un petit bijou ciselé de littérature, et une nouvelle preuve de l'élasticité de son talent de touche-à-tout, et si je conçois que ses romans chez Actes Sud ne soient pas très "grand public", je suis sidéré qu'ils n'aient pas une meilleure audience dans le petit public d'amoureux des mots.
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Le narrateur est un jeune garçon dont le père, inspecteur de l'enseignement et agent de renseignement pour la France est muté à Saïgon, puis en Algérie "française", lors de la déroute française en Indochine. Ce père est un tyran domestique qui ne perd aucune occasion pour rosser son fils dont l'envie de vengeance ne va cesser de croître.

Je n'ai hélas pas trouvé dans ce roman le même bonheur d'écriture que j'avais trouvé dans "Equinoxe", du même auteur. Un tel sujet, se déroulant au milieu de deux guerres d'indépendance aurait mérité plus d'ampleur, plus de souffle. A. Pontier nous livre une sorte de journal de bord, plein de notations exotiques et rempli de vocabulaire indigène, qui fait parfois plus penser à un guide touristique ou à un livre d'histoire-géographie qu'à un roman. Je ne sais la part d'autobiographie de ce roman, mais il me semble que, par fidélité à ses souvenirs, l'auteur s'est privé du droit d'inventer et d'approfondir des situations, des personnages. le livre ne perd son côté sec et un tantinet scolaire (impression renforcée par l'usage un peu agaçant de mots rares et d'une syntaxe alambiquée) que dans les derniers chapitres du livre où l'on sent enfin une tension se faire jour dans le narrateur, jusqu'alors simple spectateur des jeux (souvent sordides) des adultes. Mais un autre malaise apparaît : nous voilà "enrôlés" au sein d'un commando de l'OAS, cette armée secrète qui, refusant de laisser l'Algérie aux mains des arabes, a préféré semer la terreur au sein de la population, répondant aux attentats du FLN par d'autres attentats tout aussi sanglants. le narrateur, devenu un jeune homme en âge de porter le fusil, prend fait et cause pour l'action mené par son père et ses camarades de combat, sans pour autant oublier sa haine envers lui. Pas une seule fois, il ne fera le lien entre la violence aveugle de son père et la violence tout aussi aveugle de la cause qu'il défend. Pas une seule fois l'auteur n'exprimera quelque réserve sur le bien fondé de l'action de ces hommes. C'est bien sûr son droit mais c'est regrettable, à mon sens. La fin en forme de point d'interrogation est habile et le style est devenu enfin lisible et fort dans les dernières pages. C'est un peu trop tard pour me faire changer d'avis sur le livre-ci, mais ça me rassure sur le fait qu'Arnauld Pontier est capable d'écrire de très bon romans. du moins s'il se donne le droit de laisser tomber les imparfaits du subjonctif.
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La première partie relate l'enfance du héros au Vietnam et la seconde, son adolescence en Algérie. J'avoue que la première, à part quelques passages très réussis où perce le désespoir d'un enfant qui grandit sans amour, m'a laissée un peu indifférente ; j'ai eu du mal à accrocher à cette histoire lointaine de colonisation et de relation père-fils à vomir. Mais justement, si c'est à vomir, c'est sans doute que le pari est réussi. J'y ai vu un livre de rapports de force : entre le père et le fils, entre le fils et ses camarades autochtones, entre les occupants et les colonisés, entre les hommes et les femmes aussi, un peu. D'ailleurs les femmes, soumises ou assassinées, en sont presque absentes (ceci expliquant peut-être cela), ce qui a beaucoup changé de mes dernières lectures.
A la première partie succède une seconde forcément plus intéressante puisque l'âge du héros l'autorise à faire des choix, et son bouillonnement intérieur grandissant au fil des pages nous mène inéluctablement à la crise finale.
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En dehors du contexte historique très bien évoqué (le colonialisme français au Vietnam puis en Algérie), ce sont les thèmes mêlés de la filiation, de la domination et l'insoumission.....ce rapport au père -déjà évoqué dans "la fête impériale"- qui m'ont le plus fortement interrogé et captivé dans ce roman.
Le devenir de ce garçon (le narrateur) est basé sur la haine, la souffrance et l'humiliation. Cette relation mortifère qui l'unit à son père va faire de lui un homme pour qui seule la vengeance donne un sens à sa vie.
Un roman que je mets dans "ma catégorie" : livre qui m'a nourrit (approfondir mes connaissances sur l'histoire, sur un lieu, un personnage connu....,qui donne matière à réfléchir.....etc....).
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Mon père parti, ma mère, souvent laissée à terre, se relevait, titubant, saignant parfois. Mais toute aide était inutile : aucun contact physique n'était possible, aucun élan qui n'eût suscité qu'un geste de recul : maman, qui n'aimait pas manifester ses sentiments, ravalait encore moins bien sa fierté. Thi-Ba en avait fait les frais , qui s'était fait rabrouer.
"Ma pauvre fille, avait dit ma mère, je ne vous ai pas attendue pour savoir marcher !"
Sa seule convoitise, en somme, était la dignité.
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Ma sœur se réfugiait dans un coin de la pièce ou sous un meuble. (...) "Petit papa, ne me bats pas..." Te souviens-tu de ton indifférence à ses supplications ? L'entendais-tu ? L'entendais-tu seulement ? Ou étais-tu tellement en dehors de la condition humaine, tellement au-delà des sentiments que rien ne savait t'atteindre, pas même cette petite fille fragile et timide ? Si moi je n'espérais plus rien, ne voyais-tu pas que tu la détruisais (...) ? Est-ce l'alcool qui réclamait ce chaos ? Fallait-il que ton autorité se nourrisse de notre impuissance ? À tes coups, j'ai pris de la force ; elle a dépéri.
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(...) la veille encore, il m'avait battu à coups de stick pour une simple règle de syntaxe. J'avais en effet dit à ma mère, en parlant des militaires américains : "Papa m'a dit, paraît-il, qu'ils font venir l'eau qu'ils boivent de Guam", laissant ainsi supposer que le doute quant à la véracité du propos était imputable à mon père. Il eût fallu que je dise : "Papa m'a dit qu'il paraît qu'ils font venir l'eau qu'ils boivent de Guam" – l'incertitude sur la provenance de l'eau étant attribuable à la rumeur.
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Sans doute, elle était belle : brune, les attaches fines, le visage régulier, les yeux clairs et de hauts sourcils impeccablement soulignés qui approfondissaient son regard, mais aucune âme ne semblait occuper ce corps affecté par ses manières et par ses poses, plus préoccupé de séduire que de plaire. Elle pensait moins qu'elle ne se pensait. Et sa pensée était une pensée bourgeoise, ostentatoire, qui semblait dire : "Le monde peut bien se contenter de nos restes".
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(...) je l'écoutais me parler dans son français approximatif des chu-vi – les esprits des rizières – et autres Giong, Tan Vien, Chu Dong Tu et Lieu Hanh, les quatre dieux immortels du Viêtnam. Dans ce panthéon qui n'a rien à envier à nos Iliade et nos Odyssée, l'homme brûle des baguettes d'encens et des papiers votifs d'or et d'argent mais c'est le même pardon, le même espoir qu'il quémande à des puissances qui se nourrissent de vengeance plus que de miséricorde.
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Video de Arnauld Pontier (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arnauld Pontier
23 avr. 2019 Astronef Café Sciences & Philosophie 26 mars 2019 "MARS" Mardi 26 mars 2019 à 19h00 Librairie de Paris Nos invités : Arnauld Pontier : Auteur de "Sur Mars, récit de Voyage". Et Pierre Thomas : Planétologue, professeur émérite à l'ENS de Lyon.
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