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EAN : 9782070138500
256 pages
Gallimard (10/01/2013)
3.69/5   301 notes
Résumé :
Damien North est professeur de philosophie dans une université cossue. Veuf, il mène une vie triste et solitaire. Mais un jour, il est embarqué par la police qui l'accuse d'avoir téléchargé sur son ordinateur des images provenant d'un réseau pédophile... L'affaire fait grand bruit, d'autant que Damien est le petit-fils d'Axel North, figure politique historique.
L'inculpé a beau se savoir innocent, chacun se souvient d'un geste, d'une parole qui, interprétés ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (82) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 301 notes
J'ai choisi de lire ce roman tout simplement parce mon libraire en avait fait un commentaire particulièrement élogieux sur une petite fiche d'accompagnement . Et pourtant , quelle couverture , peu incitative , sinistre ,mystérieuse mais , au final , assez représentative de l'univers impitoyable et déroutant dans lequel nous allons pénétrer.
Le personnage principal , c'est un prof de philo , Damien North ,un prof scrupuleux , sérieux dans son travail , en perpétuelle recherche sur Internet de documents pour ses cours , intègre , honnête mais terne dans sa vie quotidienne marquée par le décès de sa femme quelques années plus tôt.
Un jour , des policiers frappent à sa porte et l'arrêtent : il est accusé de détention d'images pédopornographiques : son univers personnel subit un véritable séisme , le sol , on s'en doute , s'ouvre sous ses pieds ....
C'est une terrible histoire qui va se dérouler sous nos yeux ,la description d'un univers d'une incroyable brutalité , suscitant un profond malaise , une interrogation terrorisée sur l'environnement humain dans lequel nous vivons ,sur les institutions , sur les préjugés , sur les regards sans humanité ou , au contraire , trop compassionnels .
C'est une histoire qui bouleverse les consciences et avive les peurs . Une histoire dure mais émouvante, une histoire pour méditer , une histoire où l'on se l'on se rend compte que l'absurde n'est pas loin de nous et peut , à tout moment , faire basculer n'importe quelle vie.
J'ai été impressionné par ce roman tant notre vie est aujourd'hui exposée à la malveillance humaine ou technologique , tout ça sous le regard implacable d'une société prompte à juger sans concession et parfois aussi , sans trop de " recul ".
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Étranger, victime, bourreau, nous sommes tour à tour l'un ou/et l'autre parfois les trois à la fois. Parce que nous sommes des hommes, parce que nous nous débattons tous dans la société.

Un homme effacé c'est tout simplement et injustement un homme comme un autre, respecté, bonne situation sociale en tant que professeur de philosophie, veuf, pas d'enfant, un homme réservé, timide, qui trouve un certain plaisir à regarder son arbre devant chez lui. Lorsque la police débarque et l'arrête pour détention d'images pédopornographiques, l'homme s'efface, l'homme se mute dans tous les a priori, les scènes du passé mal interprétées.

Je n'ai pu m'empêcher de penser à Meurseult, l'étranger de Camus condamné par la société parce qu'il n'a pas pleuré lors de l'enterrement de sa mère. Damien North ne pleurera pas lui non plus. Il ne clamera pas haut et fort son innocence, il dira « coupable » sans trop hésiter parce que ça coûte moins cher. Il écoutera sagement au tribunal les uns et les autres qui traduiront des actes communs et innofensifs en scènes perverses. Il y a de Meurseult ici parce que Damien North, c'est un peu n'importe qui. Un homme qu'on a accusé parce que -timide, réservé, peu sociable- mais sans autre preuve.

Les hommes jugent sur trois fois rien. La justice juge elle aussi mais quand justice rime avec injustice, on y perd son latin, on bafoue l'humanité, on malaxe l'innocence pour en faire des restes ravagés et meurtris.
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Voilà un très bel ouvrage qui m'a fait froid dans le dos!
Un jeune enseignant, professeur de philosophie à l'université,veuf, célibataire, d'une timidité maladive, amoureux de Descartes dont il est train de lire un recueil d'articles.....va se voir accuser à tort d' avoir téléchargé sur son ordinateur des images provenant d'un réseau pédophile.......
En quelques heures,l'angoisse, la honte et l'épouvante s'abattent sur sa vie.....qui bascule....
Ce paisible professeur subit interrogatoire,arrestation arbitraire....immédiatement, la machine judiciaire se met en route, d'une manière glaçante....
Damien North coupable présumé se retrouve au fond d'un abîme social, ses proches le lâchent....il se retrouve acculé à plaider coupable sur les conseils de son avocat...afin de s'attirer la clémence des juges, le temps pense t- il, que l'affaire se dénoue et qu'il retrouve sa vie.....
Quoi de plus inacceptable dans cette société voyeuriste que la réserve d'un homme ?
Un homme seul, timide et démuni qui ne quémande que l'indifférence sera , en lieu et place, étiqueté , humilié, effacé par la société,jeté en prison, gommé en quelque sorte au point de douter de lui- même et de ne plus savoir qui il est?
Quelles seront les conséquences sur sa vie future?
Un roman à la Kafka, un engrenage absurde, la pédo pornographie est un crime monstrueux dont la société a peur à juste titre d'où l'hystérie collective quitte à condamner un innocent.....jusqu'à une photo de sa nièce ouvrant la voie à d'horribles suppositions....les dérives inquiétantes d'une société fascinée par les images....

L'auteur nous montre la justice comme une comédie sociale , un jeu malsain et pervers, une farce bête et grotesque où les conventions sociales cachent les arrangements et les faux semblants...où la dictature de l'opinion et le triomphe du virtuel, l'image, prennent une place prépondérante.....
C'est un fable morale puissante, fascinante de froideur, de non sens, de cynisme, une mise au ban précipitée, où,en plus,la réhabilitation en cas d'erreur judiciaire
devient de plus en plus....illusoire.
"Au fond, ce n'est pas parce qu'il a été innocenté qu'il est à tout jamais innocent", dit une de ses voisines.....
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Avec Un homme effacé, récompensé en 2013 par le Goncourt du Premier Roman, Alexandre Postel nous propose une histoire toute simple et parfaitement effrayante : celle d'un homme ordinaire dont la vie tout à coup bascule et qui se retrouve, seul et impuissant, face aux errances du système judiciaire et psychiatrique, à l'hypocrisie d'une société aussi malveillante que faussement bien-pensante, et à la violence dévastatrice de la rumeur et de la calomnie.
Au travers de ce premier roman, Alexandre Postel nous offre un vrai bonheur de lecture et nous invite, tant cette histoire est simple, tant le héros est « effacé » et tant l'engrenage des faits est implacable, à nous interroger à notre tour : et si, demain, c'était à moi que tout ça arrivait ?
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Damien North est prof de philo en université. L'informatique, c'est vraiment pas son truc, et quand il demande à ses collègues spécialistes de le dépanner, il a l'impression qu'on se moque de lui et qu'on le prend pour une buse.
Coup de massue quand sa dernière "panne" s'avère être un blocage de son compte : il aurait téléchargé des centaines d'images à caractère pédopornographique. En plus, ce salaud a chez lui une photo de sa jeune nièce en maillot de bain.
Alors innocent ? Coupable mais en plein déni ? Le lecteur est dans le flou. North est un homme discret, « effacé », froid, vivant seul depuis le décès de son épouse survenu douze années plus tôt. Tout pour charger la barque : « Dans une société aussi ouverte et tolérante, le retrait, l'indépendance, toute tentative de préservation d'une forme de quant-à-soi étaient frappés de suspicion. »

Roman aussi dérangeant qu'intéressant. On est d'emblée mis mal à l'aise par les patronymes de certains protagonistes qui éveillent certaines images, par la sensation que l'histoire se passe dans un futur proche, et bien sûr par la situation cauchemardesque dans laquelle se retrouve cet homme.
Je me suis laissée porter par le récit, ne cherchant pas à savoir si North était coupable ou non, j'avais envie de croire à son innocence, même s'il m'inspirait plus de pitié que de sympathie.
A travers cette histoire, l'auteur nous invite à réfléchir sur la rumeur, sur le rôle des médias et des politiques dans ce genre d'affaires, et sur le système judiciaire français en matière de délinquance et criminalité sexuelles. Les pénalistes doivent trouver le bon dosage pour respecter la présomption d'innocence, protéger les citoyens, et éviter que la foule effrayée se substitue à la justice. Pas facile...
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critiques presse (3)
Culturebox
09 mars 2020
Prix Goncourt du premier roman pour Un homme effacé, Alexandre Postel s’attaque dans son quatrième livre à un monument des lettres françaises et révèle l’auteur de Madame Bovary sous un jour inédit.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
23 avril 2013
Alexandre Postel met en fiction l'un des pires travers de notre époque : la dictature de l'apparence, le triomphe du virtuel, la séduction de l'opinion. Le résultat est palpitant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaPresse
11 mars 2013
Le premier roman d'Alexandre Postel touche à une question hautement sensible dans les sociétés comme la nôtre où l'image occupe une place de plus en plus importante.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Les cours ? Le noble métier d'enseignant ?
Il n'avait jamais eu l'impression d'exercer un métier particulièrement noble." On essaie de nous le faire croire pour compenser la médiocrité de nos salaires, mais , au fond , c'est de la blague.....Les élèves , on ne peut rien pour eux ....Les mauvais sont irrécupérables ; les bons n'ont pas besoin de nous . Quelques - uns , parfois , nous témoignent de la reconnaissance , et on accepte ça le coeur tout palpitant , pauvres de nous , palpitant d'orgueil et d'émotion , et jamais on n'a l'humilité de se dire que n'importe quel collègue aurait fait l'affaire....." (p 144 )
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La transmission du savoir, et son apprentissage, ont une source commune : le désir ; désir de savoir, bien sûr, mais aussi désir de plaire. Le professeur a un besoin vital de plaire à son public : faute de quoi ses cours sont désertés, et la transmission périt. Un professeur qui ne sait pas plaire est une pâte sans sel et sans le levain. Quant à l’étudiant… sans le désir de plaire à son maître, le désir de l’imiter, le désir de surpasser les autres, l’étudiant croupirait dans l’indifférence et l’oisiveté.
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Nathanaël paraissait avoir froid. Ses mains étaient agitées d'un léger tremblement.
- A un moment, donc, il nous demande de retirer nos chaussettes. Il nous dit qu'il n'y a rien de plus beau qu'un pied d'homme... Il nous parle des statues grecques, des pieds chinois... Il nous dit qu'on a bien de la chance d'avoir de longues jambes... que lui, il a les jambes courtes et grasses... Avec Boughezal on s'est regardés, on trouvait ça bizarre, mais on l'a fait... le whisky, la fête... on a enlevé nos chaussettes... on faisait semblant de trouver ça drôle, vous voyez ?
(p. 110-111)
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Il s'en voulait de n'avoir pas su tenir sa langue. De n'avoir pas anticipé l'usage qui pourrait être fait de ses mots. Mais l'aurait-il pu ? Son imprudence était le signe le plus manifeste de son innocence. Il s'était exprimé en homme que cette affaire ne concernait pas, et non en suspect. Il allait devoir apprendre à se glisser dans la peau d'un suspect. Et vite. Avant que des êtres moins raisonnables que Victor Lim ne viennent l'égorger, ou que sa réputation ne s'en trouve à tout jamais dégradée. Plus que la déformation de ses propos par une journaliste en quête de sensationnalisme, plus que sa propre maladresse, c'était cette révélation qui le minait : s'il voulait conserver le moindre espoir de se blanchir, il devait laisser la noirceur entrer en lui.
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Et je vous le demande moi: quelle élite est plus foncièrement, plus authentiquement démocratique que celle qui s'est donné pour mission de transmettre le savoir à ceux qui en sont privés?
Faire profession d'enseigner, n'est ce pas permettre à chacun d'accéder à l'élite?
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Vidéo de Alexandre Postel
1875, Flaubert est déprimé…. Fuyant les grincheux et la morosité ambiante, il quitte sa Normandie pour rejoindre la Bretagne. Là, à Concarneau, dans ce début d'automne, au gré de rencontres inattendues, le moral revient et le goût de l'écriture aussi. Partant d'un fait avéré, Alexandre Postel, prix Goncourt du 1er roman 2013, nous offre un portrait décalé et touchant de Gustave Flaubert dans un décor aux couleurs automnales.
Pour découvrir l'émission en intégralité, rendez-vous sur :
https://www.web-tv-culture.com/emission/alexandre-postel-un-automne-de-flaubert-51858.html
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