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René Radrizzani (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253063537
766 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
4.06/5   250 notes
Résumé :
Résumé pour l'édition Corti :

Du vivant de Potocki, seules furent imprimées les Journées 1 à 13, sous forme de placards non mis dans le commerce, et des extraits (Avadoro et Dix journées de la vie d’Alphonse Van Worden) dont l’authenticité est controversée, en tout environ la moitié du texte.

En 1847, Edmond Chojecki publia à Leipzig une traduction intégrale en polonais, d’après un manuscrit qu’il tenait des archives de la famille Po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Au lecteur qui s'interroge encore sur la valeur ajoutée d'un libraire dans le choix d'un livre versus les achats via les plateformes d'e-commerce, je raconte cette petite histoire : à la librairie, rayon littérature étrangère, je mets enfin la main sur "Par le fer et par le feu" de Henryk Sienkiewicz. Au moment où je m'en empare, j'entends une mâle voix dans mon dos, très légèrement teintée d'accent étranger. "Vous aimez la littérature polonaise, mademoiselle ?". Déjà, qui que soit mon perspicace interlocuteur mystère, le simple fait qu'il me donne du "mademoiselle" le catapulte très haut dans mon estime. Je me retourne et fais face à un jeune homme très distingué qui, sans attendre ma réponse, enchaîne : "Parce que si c'est le cas, je n'ai rien à dire à votre choix, sauf que vous devriez commencer par ça." Et de me mettre entre les mains un pavé de 900 pages d'auteur et de titre inconnus de moi, "Manuscrit trouvé à Saragosse, Jan Potocki". Je vous la fais brève : mon bienveillant guide n'était rien de moins qu'un libraire polonais en stage à Auxerre. Vous ne saviez pas que ça existait ? Moi non plus. Et pourtant, c'est bien grâce à l'attention et aux recommandations de ce libraire franco-polonais que j'ai fait connaissance avec le présent roman dont, à ma plus vive honte, la réputation d'oeuvre majeure de la littérature interplanétaire m'avait complètement échappée.

Ce colossal roman classique, bourré d'aventures jusqu'à la gueule, est d'abord, pour un lecteur français, une longue flatterie à l'oreille tant la langue est belle. Oui, parce qu'il faut préciser que Jan Potocki a consacré plus de vingt ans à l'écrire... en français, et franchement, pendant toute la lecture, vous vous pincez pour le croire. Ô temps béni où le beau français était la langue des intellectuels et des souverains d'Europe, du Finistère à l'Oural et de Luleå à Syracuse !

Revenons au manuscrit de Saragosse, si vous le voulez bien.

Vous avez tous joué, enfant, à empiler des cubes les uns dans les autres à la manière des poupées russes ? Et bien, Jan Potocki fait ici exactement la même chose avec les très nombreux personnages de son roman. Les mises en abyme se succèdent sans répit, tout au long des six décamérons qui structurent le récit. Donc, pour être franche, inutile de me demander de vous raconter l'histoire, j'en suis tout bonnement incapable, ayant oublié les personnages et les situations au fur et à mesure qu'ils étaient remplacés par de nouveaux.

Toutefois, n'allez pas croire que cette densité rend le roman impénétrable, ennuyeux ou obscur. C'est là que réside la magie de l'auteur - magie qui a agi par la suite sur plusieurs générations d'écrivains - car, allié à la beauté chantante de la langue, le récit des nombreuses aventures tantôt picaresques, tantôt fantastiques, tantôt joyeuses, tantôt effrayantes, transplante le lecteur dans l'Espagne des 17ème et 18ème siècles avec un réalisme ahurissant. Pour un peu, vous vous sentiriez dans les basques de Sancho Panza ! Mon seul conseil : rendez-vous très disponible et réservez à ce roman l'exclusivité de votre lecture, au risque de décrocher très rapidement.

Une belle découverte qui cumule la satisfaction d'avoir comblé une énorme lacune de ma culture littéraire et celle d'avoir effectué un incroyable voyage dans le temps et l'espace.

PS : Je n'ai pas encore lu mon Sienkiewicz mais ça ne saurait tarder.


Challenge MULTI-DEFIS 2016
Challenge PAVES 2015 - 2016
Challenge 19ème siècle 2016
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"Manuscrit trouvé à Saragosse" de jean Potocki est une merveille. Je devrais m'arrêter là. Ce chef-d'oeuvre mériterait une plume autrement plus belle que la mienne pour chanter ses louanges. Cependant, je brûle trop d'évoquer les raisons de mon enthousiasme pour me taire, et j'espère donner envie à certains de découvrir cette oeuvre unique et enchanteresse.

"Le manuscrit trouvé à Saragosse" ce n'est pas une histoire mais mille histoires qui s'imbriquent les unes aux autres telles des poupées russes. On pourrait craindre que ce procédé narratif d'intrigues enchevêtrées ne donne un aspect fouillis au roman. Il n'en est rien. le récit est d'une fluidité remarquable. Et si, parfois, le lecteur se perd un peu dans cet écheveau, c'est avec délectation. le plaisir de se laisser porter sur ce chemin sinueux est absolu. Après chaque digression, le lecteur retrouve l'intrigue principale qui ne se contente pas d'être un lien artificiel entre les différents récits mais est bien la moelle épinière du roman de Potocki. La fluidité et la légèreté de ce récit foisonnant sont tout à fait remarquables. L'auteur commence une histoire avant de l'interrompre, en commence une autre, revient à la précédente... Pourtant, jamais le récit ne parait heurté ou haché. Par la grâce de son écriture, Potocki tisse une oeuvre d'une musicalité qui enchante l'esprit.

Dans ce récit foisonnant, on croise toute une galerie de personnages pittoresques magnifiques, des bandits, des bohémiens, des cabalistes, des princesses mystérieuses, un géomètre, et j'en passe... D'un romantisme échevelé, les intrigues font la part belle aux amours contrariées, aux duels, aux héros chevaleresques, à des mystères...
Mais, "Manuscrit trouvé à Saragosse" n'est pas qu'un assemblage d'histoires. C'est une oeuvre incomparable, vous n'avez jamais rien lu de semblable. A ces histoires divertissantes s'ajoutent considérations philosophiques et élucubrations mathématiques. Potocki fait d'ailleurs preuve d'une érudition impressionnante, sans jamais qu'elle soit pesante ni prétentieuse.

La légende dit que Jean Potocki a, longuement, patiemment, poli la boule d'un sucrier en argent afin d'en faire une balle avec laquelle il se serait suicidé. Jean Potocki aurait donc été aussi fou que certains personnages qui peuplent son magnifique roman. Cela n'est guère étonnant. Seul un fou peut créer une oeuvre d'un tel génie, une écriture si lumineuse et sublime au service d'une histoire merveilleusement exaltante...
"Manuscrit trouvé à Saragosse" est un roman qui fait voyager l'âme et le coeur.

Challenge Pavés 2015-2016 - 3
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Dans le "Manuscrit trouvé à Saragosse", les récits s'emboîtent les uns dans les autres, mais convergent en un lieu, une auberge abandonnée dans une vallée à la sinistre réputation de la Sierra Morena. Alphonse van Worden a été nommé capitaine aux Gardes wallones. Pour rejoindre Madrid, de Cadix, il choisit le chemin le plus court, en dépit de tous les avertissements. La vallée qu'il doit traverser et dont l'entrée est marquée par un gibet et deux pendus, est non seulement un repaire pour des bandits et des hérétiques, mais aussi pour des revenants et d'autres démons... La seule auberge sur le chemin est la Venta Quemada. Celle-ci n'est plus qu'un abri rudimentaire et abandonné au milieu d'un désert. le jeune Alphonse van Worden y passera cependant la nuit, mais, après qu'une cloche eut sonné les coups de minuit, il y rencontre deux princesses mauresques à peine sorties du sérail... A l'aube Alphonse se retrouve au pied du gibet à côté des cadavres désormais détachés des deux bandits qui y avaient été pendus. Les récits ne cessent alors de s'enchaîner, en ayant souvent recours à des pratiques occultes, mettant en scène de nombreux personnages. La structure complexe du roman n'en rend pas la lecture aisée. Je crois qu'il nécessite plusieurs lectures. Ce roman écrit en français par un aristocrate polonais est très prenant.
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Certains livres sont des calvaires à chroniquer. « Manuscrit trouvé à Saragosse » en fait partie : polymorphe, il réunit tant de styles, tant de genres que l'on ne sait pas par où commencer, par quel bout le prendre. Est-ce un roman initiatique ? Un récit d'aventure ? Un roman d'amour ? Un recueil de contes fantastiques ? En romancier malin et imaginatif, Jean Potocki brasse tous ces genres sans en choisir aucun : son roman n'est pas un récit rectiligne, c'est un labyrinthe, une tour de Babel aux milles recoins et aux milles habitants où l'imagination du lecteur se promène, s'égare, se retrouve… L'un de ces livres qu'il vaut mieux ne pas lâcher en route – ce que j'ai eu le malheur de faire, je le confesse – si on ne veut pas se retrouver quelques jours plus tard, le livre ouvert dans les mains et les sourcils furieusement froncés, à se demander « Mais bon sang où en étais-je ? »

Parlons un peu de l'histoire, ou plutôt des histoires ! Nous sommes à la fin du XVIIIe siècle et le jeune Alphonse van Worden se rend à Madrid pour devenir capitaine dans l'armée de sa Majesté le roi d'Espagne. Mais la route est longue des Pyrénées à la capitale et le jeune militaire visitera bien des lieux étranges durant son voyage : auberges hantées, grottes dissimulées et manoirs mystérieux. Il croisera aussi de nombreux voyageurs : un vieux chef bohémien très bavard, deux superbes mahométanes, un cabaliste juif et sa splendide soeur, un géomètre distrait, un ermite étrange, des brigands aux grands coeurs… Et tous ces braves gens ne semblent avoir qu'une envie : raconter leurs vies, celles de leurs amis et celles des amis de leurs amis au jeune Alphonse.

L'ensemble donne une mosaïque de récits entrecroisés et imbriqués – un homme raconte l'histoire d'un homme qui raconte l'histoire d'un homme qui… – tout à fait passionnante et d'une richesse surprenante. le procédé n'est pas sans rappeler celui des « Mille et une nuits », mais des « Mille et une nuits » qui se dérouleraient dans l'Espagne andalouse du XVIIIe siècle, cette Espagne mythique où se mêlent les civilisations maure, chrétienne et juive dans un fascinant bouillon de culture. La diversité même des récits fait que l'intérêt du lecteur est plus ou moins accroché, selon les narrateurs et leurs histoires (personnellement, je dois avouer un faible pour les récits plein d'humour et de rebondissements rocambolesques du chef bohémien. En revanche, Les mésaventures du géomètre Vélasquez m'ont laissé froide), mais l'ensemble reste délicieusement divertissant à découvrir. A conseiller particulièrement aux nostalgiques de l'Al-Andalus et de ses mystères !
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Babelio s'emmêle dans les photos de couverture et les fiches de ce roman, qui ne dispose pas du soutien de trois cents lectrices pâmées, comme n'importe quelle BD en vogue. Il existe deux versions du "Manuscrit trouvé à Saragosse" de Potocki, celle de 1804 et celle de 1810, publiées par Garnier-Flammarion. Parallèlement, Folio, le Livre de Poche et José Corti ont leurs propres versions différemment établies et surtout, abrégées. Mais Garnier Flammarion a pris soin de donner les états du texte complet les plus fiables, résultant de recherches et de découvertes récemment faites en Pologne. L'histoire du texte reflète la vie mouvementée du comte polonais Potocki, grand seigneur au service de son roi, puis du tsar russe Alexandre I°. Il voyagea jusqu'en Chine par la Sibérie, entre autres itinéraires aventureux. Homme des Lumières, affecté de spleen, il se suicida en 1815, laissant ce grand roman inédit, pillé sous l'Empire par un éditeur parisien malhonnête. le texte, comme toutes les oeuvres de Potocki, a été rédigé directement en français et n'a donc aucun rapport avec la littérature polonaise.

Venant de terminer la lecture du roman dans sa version de 1810, la dernière, j'ai une impression partagée. C'est un grand bonheur de lire le récit du héros, jeune militaire venant prendre du service en Espagne, croisant sur sa route une foule disparate de personnages qui, chacun à son tour, raconte sa propre histoire dans le cadre de la sienne. L'enchâssement des récits est inspiré des Mille et Une Nuits, qui ont marqué toute la création romanesque du XVIII°s. le bonheur de lecture tient à ce que l'identité des personnages, c'est l'histoire qu'ils ont vécue et qu'ils racontent. Cela donne une netteté de trait au roman, qui le rapproche De Voltaire, de Diderot, De Stendhal, et rend impossibles les émotions vagues, la subjectivité bavarde et le sentimentalisme venus de Rousseau, qui s'exhalent en 1800 dans les romans ratés De Chateaubriand. On a donc la première personne sans la sensiblerie. L'ouvrage paraîtra "ancien" aux incultes, mais sa lecture est salubre aujourd'hui : notre temps, en littérature, est aux torrents de larmes, à la vertu et aux indignations généreuses, prolixes et sélectives.

Le défaut de cette qualité, la rançon de cette ironie narrative, est une certaine superficialité dans la présentation des personnages, dans les discours et pastiches de tous les genres romanesques en vogue à l'époque. Chacun parle la langue de sa caste ou de sa folie personnelle, on s'amuse énormément, mais ensuite ? Il ne reste rien. Comme Potocki a l'élégance de rester discret sur la propagande des Lumières, on finit par se demander à quoi sert son livre, question que l'on ne se pose jamais avec Voltaire (hélas) ni avec Diderot (qui cherche, enquête, et affirme peu). "Superficiel par profondeur", Potocki laisse le lecteur diverti, reconnaissant, et perplexe. Donc acceptons de nous amuser en toute inutilité.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
- Après le souper, lorsque tous les voyageurs se furent rassemblés autour de la brasière, et que chacun eut conté quelque chose sur les pays qu'il avait traversé, l'un d'eux, qui n'avait pas encore ouvert la bouche, dit :
"- Tout ce qui vous est arrivé dans vos voyages est fort intéressant à écouter et à retenir. Quant à moi, je voudrais bien qu'il ne me fût pas arrivé pis, mais en voyageant dans la Calabre, il m'est arrivé une aventure si extraordinaire, si surprenante, si effrayante, que je ne puis en écarter le souvenir. Il me poursuit, m'obsède, empoisonne toutes les jouissances que je pourrais avoir, et c'est beaucoup si la mélancolie qu'il me donne ne me fait pas perdre la raison.
"Un pareil début excita vivement la curiosité de l'auditoire. On le pressa beaucoup de soulager son coeur en faisant un récit aussi admirable. Il se fit longtemps prier, enfin il commença en ces termes :

Histoire de Giulio Romati
et de la princesse de Mont-Salerno

- Mon nom est Giulio Romati, mon père, appelé Pietro Romati, est le plus illustre des hommes de loi de Palerme et même de la Sicile entière. Il est, comme vous pouvez le croire, fort attaché à une profession qui lui donne une existence honorable. Mais plus attaché encore à la philosophie, il lui consacre tous les moments qu'il peut dérober aux affaires.
" Je puis sans me vanter dire que j'ai marché sur ses traces dans les deux carrières, car j'étais docteur en droit à l'âge de vingt-deux ans. Et, m'étant ensuite appliqué aux mathématiques et à l'astronomie, j'y ai réussi assez pour pouvoir commenter Copernic et Galilée. Je ne vous dis point ces choses pour en tirer vanité, mais parce que ayant à vous entretenir d'une aventure très surprenante je ne veux pas être pris pour un homme crédule et superstitieux. Je suis si éloigné d'un pareil défaut que la théologie est peut-être la seule science que j'aie constamment négligée. Quant aux autres, je m'y adonnais avec le zèle le plus infatigable, ne connaissant de récréation que dans le changement d'études.
"Tant d'application prit sur ma santé ; et mon père, ne connaissant aucun genre de distraction qui pût me convenir, me proposa de voyager et exigea même de moi que je fisse le tour de l'Europe et que je ne revinsse en Sicile qu'au bout de quatre ans.
"J'eus d'abord beaucoup de peine à me séparer de mes livres, de mon cabinet, de mon observatoire. Mais mon père l'exigeait, il fallut obéir. Je ne fus pas plutôt en route qu'il s'opéra en moi un changement très favorable. Je retrouvais mon appétit, mes forces, en un mot toute a santé. J'avais d'abord voyagé en litière, mais, dès la troisième journée, je pris une mule et je m'en trouvai bien.
" Beaucoup de gens connaissent le monde entier, excepté leur pays. Je ne voulus pas que le mien pût me reprocher un pareil travers, et je commençai mon voyage par voir les merveilles que la nature a répandues dans notre île avec tant de profusion.
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Nous nous rions de la présomption de ceux qui imaginent que pour lire il suffise de l’organe matériel de la vue. Cela pourrait suffire en effet pour de certaines langues modernes, mais dans l’hébreu, chaque lettre est un nombre, chaque mot une combinaison savante, chaque phrase une formule épouvantable qui bien prononcée avec toutes les aspirations et les accents convenables pourrait abîmer les monts et dessécher les fleuves. Vous savez assez qu’Adunaï créa le monde par la parole, ensuite il se fit parole lui-même. La parole frappe l’air et l’esprit, elle agit sur les sens et sur l’âme. Quoique profane, vous pouvez aisément en conclure qu’elle doit être le véritable intermédiaire entre la matière et les intelligences de tous les ordres.
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Manuscrit trouvé à Saragosse
Quand on a passé trente ans, on peut encore éprouver un grand attachement et même l'inspirer. Mais malheur à l'homme de cet âge qui veut se mêler aux jeux des jeunes amours. La gaieté n'est plus sur ses lèvres, la tendre joie dans ses yeux, l'aimable déraison dans son langage. Il cherche les moyens de plaire et n'a plus l'instinct facile qui les fait trouver. La troupe maligne et folâtre l'a reconnu et fuit à tire-d'aile chercher les groupes de la jeunesse.
Page 472 (Edition J Corti)
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Chez presque tous les hommes, l’action du moi n’est jamais suspendue : vous retrouvez leur moi dans le conseil qu’ils vous donnent, dans les services qu’ils vous rendent, dans les liaisons qu’ils recherchent, dans les amitiés qu’ils forment. Passionnés pour leur intérêt le plus éloigné, indifférents pour tout le reste. Et lorsqu’ils trouvent sur leur chemin un homme indifférent à l’intérêt personnel, ils ne le peuvent comprendre, ils lui supposent des motifs cachés, de l’affectation, de la folie. Ils le rejettent de leur sein, l’avilissent et le relèguent sur un rocher de l’Afrique.
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(Vol d'un noble cadavre par des étudiants en médecine qui souhaitent l'autopsier).
Ah ! s'il était au nombre des choses possibles que l'illustre marquis assistât lui-même à l'ouverture de son propre corps, avec quel plaisir je lui montrerais la matière hydatique et polypeuse prenant ses racines dans les bronches et poussant des rameaux jusque dans le larynx ! ...
Si le marquis eût été doué du moindre goût pour la médecine, il nous eût abandonné ses poumons, son foie et tous ses viscères qui ne peuvent plus lui servir. Mais non : il faut qu'au péril de notre vie, nous allions violer les asiles de la mort et troubler la paix des sépulcres...
Courage donc et mettons fin à cette grande entreprise. Lorsque vous aurez sifflé trois fois, vos camarades restés de l'autre côté de la muraille passeront les échelles et tout de suite, nous enlèverons l'illustre marquis. On doit se féliciter d'être mort d'une maladie aussi rare, mais plus encore d'être tombé entre les mains de gens habiles qui ont reconnu la maladie et l'ont nommée de son vrai nom.
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Video de Jean Potocki (2) Voir plusAjouter une vidéo

Jean Potocki : Manuscrit trouvé à Saragosse
Dans une pièce de la Cité internationale universitaire de Paris dans le 14ème arrondissement, Olivier BARROT présente le roman "Manuscrit trouvé à Saragosse" de l'aristocrate polonaisJean POTOCKI publié en 1804.
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