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EAN : 9782081220966
257 pages
Flammarion (07/10/2009)
3.5/5   16 notes
Résumé :

An 1097. La forêt de Brocéliande est le théâtre de crimes sordides et inexpliqués...

Ana est assaillie de visions morbides. Seul Caï, jeune sorcier mystérieux, semble avoir les réponses à ses questions. Mais au village, il est le coupable idéal. Les esprits s'échauffent, la soif de vengeance grandit...

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Martine Pouchain habite en Picardie. Elle a exercé plusieurs métiers avant de se consacrer à l'écriture de scénarios, puis de romans de science-fiction, de polars médiévaux et de récits réalistes. Elle a déjà publié des romans pour la jeunesse chez Gallimard, Syros et Nathan, et elle est l'auteur de la couleur du crime, paru en Castor poche.

Bretagne, fin du XIème siècle. Ana, fille de métayer, aime Luern, le fils du comte, avec qui elle a été élevée. Mais lorsque celui-ci part en croisade à Jérusalem, Ana, troublée par ses dons de prescience, se rapproche du nouveau sorcier, établi à la lisière de la forêt. Sa curiosité et sa soif inextinguible d'apprendre lui permettront de découvrir le pouvoir des simples et les secrets de la botanique. Cependant, même au contact de Caï, elle ne parviendra pas à rendre caduques les visions morbides qui l'assaillent…

Fascinée par l'époque médiévale qu'elle maîtrise parfaitement, Martine Pouchain signe un roman jeunesse d'une grande richesse. Son intrigue policière, solide et bien menée, est surtout prétexte à découvrir la vie au Moyen Âge. Amour sorcier exploite plusieurs des grands thèmes classiques de cette époque, de la grande Histoire au quotidien villageois rythmé par la religion, la peur des pillages et de la sorcellerie. On y découvre un monde cruel et violent, dominé par l'obscurantisme et les complots.

Le récit, bien rythmé et ponctué de rebondissements absolument passionnants, est servi par de courts chapitres qui laissent place à différents points de vue. Ana est évidemment la plus représentée, relayée par un nombre important de personnages introduits au fil des besoins de l'histoire. le procédé, qui privilégie les monologues intérieurs, offre de beaux portraits, comme celui du simplet Bran.

Rédigé dans un style soigné mais sans aucune difficulté de lecture, Amour sorcier peut tout à fait être recommandé aux élèves de cinquième qui étudient cette période dans le cadre de leur programme d'histoire et de français.
Lien : http://histoiredusoir.canalb..
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Un roman choral très bien écrit, qui remet bien en scène cette période médiévale, troublée par les superstitions et les violences, sur laquelle planent les complots.
Histoire d'amour, roman policier, secrets, sur fond de magie : il y en a pour tous les gouts.
Le suspens est entier jusqu'au bout.
Un très bon roman jeunesse.
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Ce roman est intrigant et les personnages vivent plusieurs émotions fortes. La multitude de narrateurs donne des points de vue différents de l'histoire.
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Un livre que j'ai vraiment apprécié où se mêlent amour, jalousie, sorcellerie, secrets.... de plus, j'ai aimé la présentation des chapitres où chaque personnages (à l'exception de Caï) s'expriment ce qui permet d'avoir le ressenti de chacun sur des évènements...
Lien : http://univers-des-livres.ov..
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Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
Je cueillais des champignons dans la forêt.
L’orage menaçait, mais il était loin encore, du côté de Mauron. J’avais le temps de remplir mon panier déjà lourd de russules et de lentins qui feraient une soupe parfaite avec un peu de lard.
Je me hâtais de récolter une colonie de chanterelles. Elles étaient plus nombreuses que je ne l’aurais cru et l’air était moite. J’avais soif. Je fis halte à la fontaine pour me désaltérer. J’aime son eau glacée qui déguise en miroir la pierre obscure. Les gens d’ici disent que les fées viennent y boire, mais je ne crois pas que les fées existent réellement. Le curé dit que non, alors, les gens d’ici rétorquent que le curé ne sait pas tout. Pas devant lui, bien sûr.
Je ne sais pas qui a raison, mais je n’ai jamais vu de fée.
L’onde frissonnait sous l’haleine du noroit. Je bus.
C’est alors qu’à la surface de l’eau redevenue lisse, je vis naître un nuage de poussière dorée. Au coeur de ses volutes, des guerriers se battaient, innombrables. Certains drapés de tuniques blanches barrées d'une croix rouge, d’autres qui les affrontaient portaient des vêtements de couleur vive et de longues épées courbes. Tous tailladaient sans pitié en poussant d'effroyables hurlements d’hommes en colère. Et soudain, je vis Luern, mon Luern aux cheveux clairs que le soleil embrasait, croiser le fer avec un guerrier en tunique jaune brodée d’un croissant d’or. Il était épuisé, affaibli, il vacillait déjà lorsque le sabre ennemi perça son flanc droit et que le sang jaillit. Je hurlais.
L’image aussitôt se tordit dans les replis de l'onde.
Ce n’était pas la première fois que j’avais une vision. Depuis longtemps, depuis toujours, la simple contemplation d’une surface lisse et brillante suffit à les provoquer, mais j’ai longtemps cru que c’était dans l’ordre des choses. Et puis un jour que je jouais aux osselets avec les filles du village, une vieille femme s’est dressée devant nous, menaçante. Elle pointait son index vers moi avec un rictus étrange dont je ne parvenais pas comprendre si c’était un sourire ou une grimace. Je crois que je suis devenue toute pâle.
- On dirait que tu regardes la Sainte Vierge, a rigolé Jehanne.
Jehanne est une buse et je déteste quand elle rit comme ça. J’ai balbutié quelque chose, je ne sais plus quoi, au sujet de la vieille.
- Mais quelle vieille ? ont-elles demandé.
C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’elles ne la voyaient pas. Déconcertée, au lieu de leur faire croire que j’avais dit ça pour rire, j’ai insisté. Je l’ai montrée du doigt à mon tour.
- Là, juste derrière le père François qui flatte l’encolure de son cheval, vous ne voyez donc pas ?
Je me suis énervée, ridiculisée. Je leur donnais des détails :
- Elle porte une cape noire et des cheveux filasse…
Les filles se tenaient le ventre tellement elles riaient.
- Voilà qu’Ana est devenue aussi folle que Bran !
- Elle voit une sorcière ! Dis donc Ana, pourquoi tu n’inventes pas une histoire de prince charmant, ce serait quand même plus agréable.
- Et qu’est-ce qu’elle fait cette sorcière ? Elle est là, debout, et puis quoi ? Elle t’a jeté un sort ?
A ce moment, la vieille eut un petit ricanement sec, comme si elle était bien contente du tour qu’elle me jouait, et pfuittt ! s’envola, telle une pelure d’oignon que le feu dévore.
Depuis, Gaëlle et Jehanne et toutes les autres filles du village ne m’ont plus adressé la parole que pour me traiter de folle… ou de sorcière.
Je me suis torturée à essayer de comprendre pourquoi je voyais des choses que personne ne voyait. Quelle faute avais-je donc commise pour mériter ce châtiment ? Je préfèrais croire à la disgrâce de Dieu qu’à l’amitié du Diable, mais est-ce que l’une n’entraînait pas l’autre ?
Je n’en ai jamais parlé à mon père, j’avais trop peur qu’il ne veuille plus de moi lui non plus. J’ai enfoui mon secret dans ma mémoire comme dans un écrin et prié Dieu chaque jour de me guérir. Mais Dieu n’exauce pas toutes les prières.
Ce jour-là, dans la forêt, je ne sais pas combien de temps je suis demeurée penchée sur l’eau de la fontaine. Quand je me relevai, l’orage s’était abattu sur la forêt qu’il secouait de sa mauvaise humeur, et d’immenses nuages noirs pesaient sur elle, tels un couvercle.
J'ai ramassé mon panier en hâte et me suis éloignée, ou plutôt, enfuie, poursuivie par la tourmente et par la vision de Luern se vidant de son sang.
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-Il faut partir, Caï ! Ils sont armés et ils ne sont plus très loin.
Il se précipite et je me blottis contre lui. Je goûte son souffle tiède, la pression de ses mains raidies par le froid. Toute ma vie se résume en cet instant où je comprends que je n'irai pas plus loin.
-Tu aurais dû m'écouter et t'enfuir, lui dis-je encore.
-Sans toi, ça n'avait aucun sens.
-Je t'en prie, je t'en supplie, pars ! Je me débrouillerai. Il n'y a aucune raison qu'ils s'en prennent à moi.
-Tu crois ça ? Répond-il en regardant mon épaule.
J'en ai presque oublié la douleur.
-Ce n'est rien à côté de ce qu'ils pourraient te faire ! Pars, je t'en conjure... Tout est ma faute. Si je n'avais pas douté de toi, nous serions loin d'ici tout les deux. Caï, je ne veux pas que tu meurs.
-Moi non plus je ne veux pas que tu meures. Mais... Suppose que nous ne puissons pas l'éviter, nous pouvons encore mourir ensemble.
Communier dans la mort, mourir en un instant de félicité parfaite, n'est-ce pas la plus belle des fins ?
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"Quelque part en forêt de Brocéliande. Printemps mil quatre-vingt-dix-sept"
A présent, mon amour s’en va. Déjà sa silhouette se mêle à la brume qui monte de la terre fraîchement retournée, déjà elle s’enfonce dans les profondeurs de mon souvenir.
Quand reviendra-t-il ? Reviendra-t-il ? Je retiens mes larmes. J’ai peur que la lune n’en fasse des perles de lumière que Luern verrait de loin. Comme s’il allait se retourner. Comme s’il m’aimait…
Mais bien sûr qu’il m’aime ! Seulement il est jeune encore. Il n’en sait rien encore, il n’a pas su voir encore cet amour d’Ana, « sa petite sœur ».
Toujours il m’a appelée « ma petite sœur ».
Luern s’en va et c’est moi qui l’ai aidé à partir. Si je ne l’avais pas fait, il n’aurait peut-être pas osé. Il serait demeuré là, près de ses parents qui seront épouvantés demain quand je leur annoncerai la nouvelle de son départ, qui passeront tout le temps de sa longue absence, à redouter qu’il ne revienne jamais de la croisade, parce qu’il est leur fils préféré, et parce qu’ils n’ont que lui à qui léguer leur héritage puisque Bran est un innocent. Pauvre Bran. Pauvre moi.
C’est vrai, j’ai aidé Luern à partir, mais de toute façon, il s’en serait allé tôt ou tard. C’est mieux qu’il parte maintenant, mieux qu’il ne devienne pas aigri ou stupide comme ces jeunes seigneurs qui passent leur temps à tuer les chats et à jouer leurs serfs aux dés. Luern a toujours eu cette rage de chevalerie en lui, le barde n’a fait que la réveiller. Et ce chevalier aussi. Cet Olivier si fier qui me regardait comme une petite fille, qui ne comprenait pas que je sois familière avec Luern, moi, simple fille de métayer.
J’ai seulement montré à Luern qu’il pouvait réaliser son rêve, que c’était possible, que je m’occuperai de tout en son absence. De ses parents, de tout. C’est vrai, je l’ai aidé à partir. Mais peut-être son départ était-il déjà inscrit dans le livre divin. Ce livre que parfois il m’est permis de lire comme en ce jour de mai où j’eus une si étrange vision.
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Je vois une petite fille. Elle joue avec une poupée de chiffon dans la lueur des bougies que le souffle de l’orage menace. Elle a peut-être dix ans, peut-être plus, pas beaucoup.
Dehors, le ciel crache ses éclairs dans le sombre de la nuit avec un fracas de tambour.
Soudain une porte claque. La petite fille sursaute, se retourne. Et dans ses yeux, c’est l’enfer.
Ensuite la petite fille c’est fini, je ne la vois plus, je vois juste sa poupée de chiffon abandonnée sur le plancher, comme morte, et j’entends… j’entends… non ! Je ne veux plus l’entendre ! Je ne veux plus ! Je ne veux plus voir, je ne veux plus entendre. Je bouche mes oreilles et je ferme les yeux très fort pour que ça s’arrête, que ça s’arrête, que ça s’arrête.
Et ça s’arrête.
Ça ne dure jamais longtemps, mais parfois c’est trop long quand même. Parfois aussi, j’ai envie de crier.
« Laisse-moi tranquille Dieu s’il-te-plaît ! Je ne veux plus voir cette petite fille avec ses yeux d’enfer, je ne veux plus ! »
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(...) je vois la petite fille qui joue avec sa poupée de chiffon dans la lueur des bougies que le souffle de l'orage menace. Cette vision m'emplit d'épouvante, mais je la laisse s'approcher, car aujourd'hui j'attends d'elle autre chose. Un éclaircissement peut-être, que la peur, jusqu'alors, m'a empêchée d'accueillir. J'entends le ciel qui crache ses éclairs dans le sombre de la nuit avec un fracas de tambour. Soudain une porte claque. La petite fille sursaute, se retourne, et dans ses yeux, c'est l'enfer. Je ne la vois plus, je vois seulement sa poupée de chiffon abandonnée sur le plancher, comme morte. Et soudain, je vois ce que je n'ai jamais vu : je vois le monstre qui prend du plaisir. Il me semble que mon sang se fige dans mes veines au moment où je le reconnais.

Chapitre 55
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