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EAN : 9782020010238
240 pages
Seuil (01/09/1964)
3.86/5   136 notes
Résumé :
Ce roman se présente comme le journal du maître d'œuvre qui, au douzième siècle, édifia en Provence l'abbaye du Thoronet, exemple d'architecture cistercienne. Jour après jour, nous voyons ce moine constructeur aux prises avec la faiblesse des hommes et l'inertie des choses, harcelé par les éléments contraires et, plus encore, par ses propres contradictions. La vie d'un chantier médiéval, les problèmes techniques, financiers ou doctrinaux que posait sa bonne marche, ... >Voir plus
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Les pierres sauvages, une association de mots étonnante, un titre auquel je n'ai pu résister !

Dès les premières pages, Fernand Pouillon a réussi un tour de force: m'entraîner au coeur d'un voyage médiéval dans les pas d'un moine cistercien accompagné de ses frères. Il faut dire que l'incipit nous plonge de suite dans le vif du sujet: le quotidien des moines bâtisseurs à l'occasion de la réalisation d'un nouveau projet architectural.

Cette grande aventure commence en 1161, à travers le journal de bord fictif du moine bâtisseur, Guillaume Balz dont l'identité est révélé en fin de récit. 
Commandité par son abbé , Bernard de Clairvaux, frère Guillaume quitte Cîteaux pour réaliser un nouvel édifice à la gloire de Dieu et de Marie, la future abbaye du Thoronet, première abbaye en Provence, où une communauté installée à Notre-Dame-de- Florielle (près de Tourtour dans le Var) à du mal à survivre.

Le lecteur devient ainsi le compagnon privilégié de frère Guillaume et le témoin du quotidien de cette communauté dont nous découvrons les règles strictes et parfois outrepassées dans l'engouement général et l'ardeur déployée pour faire avancer l'ouvrage.

Guillaume avec qui nous partageons exaltation, visions créatives, artistiques et souvenirs de trente ans d'appartenance à l'Ordre mais aussi les tracas de l'organisation matérielle du chantier, et nous confiant se sentir plus maçon que moine, plus architecte que chrétien. Guillaume désigné maître d'oeuvre et cellérier (gestionaire financier, économe) qui étapes par étapes, après maintes réflexions et consultations, met en branle ce grand chantier. Guillaume obsédé par le choix de la pierre, qui veut imposer les pierres du pays, les pierres sauvages, les plus proches du chantier mais aussi les plus difficiles à travailler, les pierres aux reflets gris et ocres d'où naîtront la beauté, la lumière et qui magnifieront les volumes révélant leur grandeur dans le dépouillement recherché de l'art cistercien.

Un tableau médiéval animé où prennent corps les aspirations propres à chacun, qu'il soit moine, convers ou compagnon, tous concentrés à la tâche mais les sens en éveil dans une nature prise en main par les travaux de défrichements, d'essartages etc... oeuvrant à l'unisson pour ce mirage lumineux malgré les souffrances, les soucis, les privations.

Un portrait de Guillaume de Balz émouvant et touchant esquissé de manière très fine, notamment dans le rapport aux autres, épiant et surprenant ses frères dans leur contribution solitaire au chantier et leur dévouement.

L'écriture limpide et sobre de Fernand Pouillon (1912-1986), architecte de formation, sert le propos d'une manière subtile, poétique pour nous faire entrevoir la sensibilité du moine Guillaume, plus technique pour nous faire appréhender les difficultés de sa création artistique .
Superbe journal de bord dans lequel on s'enveloppe au fil des pages à l'image du corps des frères dans les coules (robes longues en laine blanche avec capuchon).
Je me suis mis ainsi à espérer avec eux à ce rêve de pierre, chef d'oeuvre éternel en devenir.

Les pierres sauvages, un récit inspiré pour conter une belle aventure humaine
Une lecture à découvrir pour un moment de plénitude...
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Magnifique ouvrage sur les premiers mois de la construction de l'abbaye du Thoronet, l'une des cinq soeurs de Provence. Il est écrit par l'architecte Fernand Pouillon auquel on doit, entre autres, la restauration du château de Belcastel en Aveyron, édité chez Seuil avec de splendides photographies de l'abbaye réalisées dans une lumière saisissante où la pierre apparaît dans une rare splendeur.

Le livre est un roman puisque l'auteur, à travers le frère Guillaume, en charge par l'abbé de Cîteaux de lancer cette construction, emmène le lecteur au coeur de toutes les problématiques architecturales et artistiques, mais aussi humaines dans les débuts de ce chantier colossal qui aboutira à une merveille absolue.

L'action se déroule sur les neufs premiers mois du chantier, de la mi-mars au début de décembre. Frère Guillaume raconte, jour après jour, les nombreuses péripéties du lancement de cette oeuvre. Cela va du choix précis de l'emplacement, avec le détail des plans, les débats que leur conception génère, la sélection des pierres qui seront essentiellement extraites sur place ou aux abords du site, à toute l'organisation du travail de chacun, moines et convers, compagnons, animaux, l'ensemble conté avec une humanité marquée par la foi de ces hommes capables de se lancer avec confiance dans un tel ouvrage.

La qualité d'architecte de l'auteur favorise la compréhension des choix et des techniques retenus, l'ensemble écrit de manière très accessible au profane, sans le lasser par d'inutiles longueurs. C'est la pierre qui domine toute cette partie architecturale, l'auteur lui donne une âme à mesure qu'il décrit la destinée de celle-ci dans la construction.

Le récit est émaillé des accidents du chantier qui peuvent toucher aussi bien l'animal que l'homme et le maître d'oeuvre exprime toute sa peine chaque fois que la mort vient malencontreusement frapper. le talent de Fernand Pouillon est remarquable pour exprimer le ressenti de ces douleurs physiques et morales auxquelles toute la communauté compatit attendant avec espérance guérison ou délivrance. Guillaume sera lui-même sévèrement blessé, connaîtra le découragement, puis, soutenu par sa foi, parviendra à continuer sa mission.

Les dernières pages sont particulièrement belles dans lesquelles Guillaume évoque, avant de rejoindre Cîteaux, les chantiers qu'il a suivis et l'attachement particulier qu'il ressent pour celui du Thoronet, son dernier. Il ressent désespoir et résignation devant son départ imminent et clame son amour pour ses petits frères et ces pierres qui vont prendre vie dans l'oeuvre dont il ne connaîtra pas l'achèvement.

Même si on est déjà allé plusieurs fois à l'abbaye du Thoronet, ce livre donne envie d'y retourner très vite pour admirer avec un oeil nouveau les pierres, les tuiles, le cloître, tout cet univers chargé d'histoire, de labeur et de foi. Et pour le lecteur qui ne la connaît pas, il sait qu'au détour d'une colline varoise, la merveille l'attend.
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La phrase de Raoul Glaber, constatant que le royaume de France se couvrait au onzième siècle d'un blanc manteau d'églises, est belle. Si elle rend compte du large mouvement de construction de ces monuments de foi, elle échoue sûrement, par poésie, à témoigner des difficultés matérielles que rencontra probablement chacun des maîtres d'ouvrage, chacun des ouvriers, dans cette tâche titanesque. le roman Les pierres sauvages, s'il ne renonce pas à la poésie des mots et des images, ne rechigne pas cependant à décrire les matérielles obligations de la foi. Au contraire. Récit de la construction de l'abbaye du Thoronet, édifiée à partir des années 1160, le roman conte une aventure humaine guidée par la foi. Il est aussi une affirmation que l'architecture est un art, nécessaire aux hommes et inspiré.

Avant d'être un moine cistercien, le frère Guillaume est d'abord un maître d'ouvrage, c'est-à-dire architecte. de son propre aveu, c'est l'amour de son art, seulement, qui lui a fait prendre la coule. Bien lui en a pris : durant le douzième siècle, l'ordre de Robert de Molesmes s'étend partout en France et en Europe occidentale. Partout des abbayes poussent, partout il est besoin de ces hommes capables d'imaginer les futures dimensions de ces cités de moines que sont les abbayes. le Thoronet est le dernier chantier de frère Guillaume. Il le sait : la mort l'attend, et sans doute ne lui en veut-elle pas qu'il ait édifié des dizaines de ces "moulins à prière", comme le dit maître Paul, maître carrier de son état, qui promettent de sauver les âmes de tous les chrétiens du monde. Présenté sous la forme d'un journal tenu régulièrement par le maître d'ouvrage, Les pierres sauvages est moins le récit de la construction d'une abbaye que sa genèse. Datés selon les fêtes des saints patrons, les événements témoignent moins de l'élévation lente du monument que de l'évolution des personnages, de leurs rapports de force, de leurs aspirations personnelles. Naturellement, c'est sous l'angle de vue de frère Guillaume que les événements sont décrits, analysés, ressentis. C'est son coeur qui parle lorsqu'il fait face aux récriminations de maître Paul, à la dérive autoritaire de frère Benoit, aux interrogations de l'abbé de Florielle, son supérieur immédiat. Les pierres sauvages évoque alors, en creux, le rapport entre un homme et son oeuvre.

Bien-sûr, l'effort de vraisemblance historique doit être relevé. le roman peut tout à fait être considéré comme un roman historique, à ce titre. Avec sa fine compréhension de la chose architecturale, Fernand Pouillon donne à voir ce que pouvait être un chantier au Moyen Âge. Non seulement cela, mais aussi ce qu'était qu'une abbaye, en termes d'organisation sociale notamment : frère Guillaume est maître d'ouvrage et est amené à se déplacer partout où son Ordre le lui intime. Il a, avec lui, des frères cisterciens dont la tâche de travail et de prière, immuable, sera effectué dans le même lieu, tout au long de leurs vies. L'abbé, homme de charisme et de sagesse, guide, conseille et tranche. Puis viennent les frères convers, laïcs venus à la religion par goût ou par sécurité, qui assurent les travaux manuels tout en étant associés à la prière. Enfin, voici les compagnons, tel maître Paul, laïcs appelés pour leurs talents, reconnaissant la supériorité morale des Cisterciens sans accepter l'autorité de fait : égaux des moines, ils leur sont indispensables. Pouillon montre que la vie religieuse, ici, passe après le chantier. Les journées, bien que rythmées par les offices (matines, complies, vêpres ...), sont toutes entières tournées vers le travail.

Cependant, le choix du personnage principal tend à démontrer que le travail n'est pas le sujet central de ce roman. Ici il est davantage question de création artistique que de force manuelle. Avant d'être monument matériel, l'abbaye est oeuvre de l'esprit. Il n'est pas anodin, d'ailleurs, que la blessure contractée à la jambe par frère Guillaume l'oblige, à la fin du roman, à quitter le chantier et à rentrer à Cîteaux : une fois les plans établis et le chantier lancé, sa présence est moins utile que celle des compagnons ou des convers. Par ailleurs, si ses réflexions écrites décrivent avec force détails l'avancement technique du chantier, les pages les plus profondes concernent la place dans l'architecture en tant qu'art et au sein de la Création. À travers un seul personnage central, ce sont donc bien les figures distinctes de l'auteur - Fernand Pouillon - et du narrateur - frère Guillaume - qui parlent. Pour Pouillon, l'architecture tient autant de la science que de la poésie, de la rigueur des calculs mathématiques que de l'inspiration libre, issue de visions imaginaires ou de rêves nocturnes. En ce sens, les personnages de frère Bernard et de frère Benoit, tous deux cisterciens et proches de Guillaume tels des frères ou des fils, sont des figures bien commodes pour apporter la contradiction à Fernand Pouillon. Cette question de l'inspiration trouve un relai chez frère Guillaume, qui la relie forcément à Dieu. le style architectural cistercien, d'ailleurs, est inspiré par la sobriété induite par l'humilité revendiquée par l'Ordre, comme en contrepoint des aspirations des princes séculiers, seigneurs combattant ou priant. Toutefois, si frère Guillaume reconnaît avoir connu l'épanouissement dans les chantiers successifs auxquels il a participé, son inspiration est exclusivement personnelle, et ses rêves ne contiennent ni anges ni saints pour le guider. L'architecte apparaît ainsi comme un artiste à part entière, et frère Guillaume convoque d'ailleurs les figures plus connues du peintre et du sculpteur pour s'y comparer. Comme chez ses confrères, l'architecte de trouve confronté, dans l'exercice de son art, à des difficultés techniques - la topographie et l'hydrographie particulières du terrain, la nature des pierres ici, qualifiées de sauvages, pareilles à des animaux domptés seulement en apparence - qui, s'il parvient à les vaincre, constituent sa réussite artistique et donc, sa gloire. Que Les pierres sauvages puisse être qualifié de manifeste romancé pour l'architecture serait sans doute exagéré ; au moins le roman est-il l'affirmation par la didactique du roman d'un art et d'artistes à part entière, confirmés par Dieu mais non inspirés par lui, un art nommé architecture.
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Quel bonheur, la visite de l'abbaye du Thoronet après la lecture des 'Pierres sauvages'.

On ne peut qu'admirer le travail réalisé par une poignée de convers et quelques compagnons.

J'ai trouvé des passages intéressants dans le livre, comme l'attachement du maître d'ouvrage pour cette pierre si dure, si ingrate.

Mais je n'ai pas été emporté par ce journal de bord, ses histoires d'hommes, de jalousie, des réflexions volant un peu trop haut pour moi et l'impression de tourner un peu en rond.
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Le moine Guillaume appartient à l'ordre de Cîteaux depuis 30 ans lorsqu'en 1160 il est envoyé en Provence pour assurer la maîtrise d'oeuvre de la construction de l'abbaye du Thoronet.
Conçu comme le journal de chantier de ce frère bâtisseur Les pierres sauvages nous relate la naissance d'un édifice construit selon la règle de Saint-Bernard. Dissimulé dans une chênaie du centre varois, cet édifice existe encore de nos jours. C'est un des témoins les plus préservés de l'architecture de cet ordre.

Isolement, dépouillement, pauvreté, austérité gouvernaient les intentions de l'ordre monacal le plus prolifique des 11ème au 13ème siècles en terme de constructions d'édifices religieux. Ni sculpture, ni statue, ni vitrail décoré, ni peintre murale ne devaient distraire le moine de l'extrême rigueur de sa vie consacrée à la prière.

Avant de donner naissance à des constructions qui témoigneront de leur vie, de leur foi, Les chantiers sont avant tout des histoires d'hommes. C'est ce que Fernand Pouillon tente de nous faire appréhender aux travers de ces écrits. Architecte de métier, il connaît bien le sujet. Son écriture a la sobriété des constructions réalisées par l'ordre de Cîteaux. Elle nous laisse percevoir la somme de renoncement et de dévouement qui pouvaient animer moines et convers dans leur choix de vie tournée vers le sacrifice. Ils participaient à ce type de chantier sans avoir l'anxiété de voir l'oeuvre terminée. Ils construisaient pour abriter une foi éternelle que perpétueraient les générations futures de leur confrérie. Pour la postérité. Intention perdue de nos jours.

Au Thoronet les formes épurées de la voute piègent la parole humaine dans l'univers minéral complice, de telle sorte que seul Dieu puisse la percevoir.

Un roman intéressant pour qui aime l'histoire des vieilles pierres, la vocation spirituelle de certains monuments. Certes un peu austère, mais soit, dévotion oblige.
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Citations et extraits (75) Voir plus Ajouter une citation
]L’évocation visuelle dans la permanence crée le destin des architectures.
L’acuité absolue permettrait d’éviter à un maître d’œuvre, esthète pur, de tenter l’aventure de la construction. Il garderait pour lui ses édifices imaginaires. Il n’en est jamais ainsi, tout bâtisseur aura sa part de surprise dans la réalisation du chantier. Cela est bien normal. Nul artiste ne fait absolument ce qu’il veut : le pinceau aide ou dessert le peintre, tantôt surpris par un effet imprévu, tantôt en butte aux tremblements de sa main, aux poils trop secs ou à la pâte trop liquide. Nous devons bien avouer que le chantier se réserve toujours de nous étonner, en bien ou en mal.
L’architecture garde une partie de son mystère, ne le découvre que par fragments et ne le livre que lorsque tous les volumes ont occupé leur place. L’œuvre en cours est une discussion, décevante ou pleine de promesses. Nous cherchons des arguments. Nous écoutons les résonances sans encore en connaître la fin. Toutes ces émotions ne peuvent être prévues et connues entièrement à l’avance. Cela est bon ; un chantier sans anxiété serait comme une vie sans souffrance […]
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[…] Il est exaltant de faire vivre une abbaye à l’avance en compagnie des moines.Pour moi les instants où je conçois réellement la vie de mes frères sont, peut-être, les seuls où j’exprime ma foi. Je les vois se lever, s’agenouiller, ils marchent vers l’église, autour du cloître, font les ablutions aux fontaines, rêvent devant le feu du chauffoir. Rythme lent, précis, mesuré. Je les vois réellement passer, je les suis du regard. Ils ne sont pas fantômes, je les entends respirer, murmurer, marcher, je sens leurs odeurs. Capuchons rabattus, têtes légèrement inclinées, mains dans les manches : ils passent. Je m’efface le dos au mur, pour leur laisser la place. Ils vont, poursuivent leurs évolutions, sans vaines agitations. La Règle exige cette vie sans mouvements inutiles : ils ne doivent pas perdre leur temps, ni essayer de le rattraper. L’architecture suit ces actes ; Chaque jour, chaque nuit, le passage des moines est comme un fil qui s’enroule, sans heurts, à petits bruits réguliers. Accompagnés des chants contenus, les offices canoniaux scandent la journée d’une aube à l’autre. […]

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Architecte et maître d'oeuvre ne sont pas de simples appellations, mais bien des fonctions définies et absolues. Les formes, les volumes, les poids, les résistances, les poussées, les flèches, l'équilibre, le mouvement, les lignes, les charges et les surcharges, l'humidité, la sécheresse, la chaleur et le froid, les sons, la lumière, l'ombre et la pénombre, les sens, la terre, l'eau et l'air, enfin tous les matériaux sont, tous et toutes, contenus dans la fonction souveraine, dans l'unique cerveau de l'homme ordinaire qui bâtit. Cet homme sera tout : argile et sable, pierre et bois, fer et bronze. Il s'intégrera, s'identifiera à tous les matériaux, à tous les éléments, à toutes les forces apparentes et internes. Ainsi, il les portera, les évaluera, les auscultera, les verra avec son âme comme s'il les tenait dans ses mains.
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« Pourquoi, ai-je dit, n'as-tu pas expliqué ton plan aux convers ? Ils auraient travaillé plus volontiers.
- Je préfère les étonner ; sur d'autres chantiers j'ai observé que ma méthode a du bon. Après, je peux demander les pires efforts, ils s'imaginent de confiance qu'au bout il y a une astuce de récompense. Elle existe, souvent, mais quelquefois il n'y a que la peine sans satisfaction. Je préfère, dans tous les cas, garder pour moi mes mystères ; le rendement, dans l'ensemble, reste meilleur, le commandement plus facile. L'homme respecte davantage nos décisions s'il n'en connaît pas la fin.
- Peut-être as-tu raison ; pour moi, je préférerais ne pas étonner, donner l'impression que ma science et mon expérience sont d'abord nôtres, ensuite deviennent leurs.

2677 – [p. 157/158]
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Toute ma vie j’ai quitté les chantiers, mais j’avais toujours un nouveau projet en tête, j’étais heureux. Et puis, souvent, je partais seulement pour quelques semaines ; j’allais retrouver d’autres travaux plus urgents. Ce soir ce n’est pas la même chose : au bout du voyage il n’y a plus rien, plus qu’à attendre le bon vouloir de la destinée, entouré de mes frères, et cet au-delà qui me fait peur
( page 195/196)
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Vidéo de Fernand Pouillon
Les maîtres d'ouvrage et maîtres d'oeuvre d'une ville ont des logiques étranges stimulées par des désirs parfois inavouables. L'exploration approfondie de la vie de l'architecte Fernand Pouillon permet d'en saisir les aléas. Les maires de Boulogne-Billancourt, André Morizet et Jean-Pierre Fourcade, cherchent le bonheur de leurs administrés, tandis que des architectes comme Fernand Pouillon, Ricardo Bofill, Le Corbusier et Jean Nouvel participent à l'évolution architecturale et urbaine de cette ville, utilisant leur connaissance du passé pour projeter son futur. Ces architectes ont fait évoluer la conception de la ville au courant du XXe siècle, en accompagnant la société dans ce qu'elle compose de progrès... Mais aussi de régressions.Utilisant les registres du roman réaliste, du conte philosophique, du polar social et du reportage ironique, Les Architectes de Boulogne-Billancourt met en scène ces personnages romanesques.
Voir le livre : https://cutt.ly/wHRysrh
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Christian Marion a longtemps exercé comme architecte, mais il a décidé voici deux dizaines d'années de prendre du recul sur sa pratique. Il prend désormais plaisir à observer, avec un peu de distance, les accomplissements glorieux et les folies égoïstes qui estampillent notre environnement urbain. Tout en publiant des essais remarqués, au long de son parcours, il a enseigné dans plusieurs écoles d'architecture et a séjourné à la Villa Médicis, assuré des missions d'expertise et rédigé de nombreuses études dans le cadre de ses fonctions de directeur d'urbanisme de plusieurs villes françaises, notamment au coeur de la Ville de Boulogne-Billancourt.
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