La clef des mensonges

Zapala est un gendarme bientôt à la retraite. Pour son dernier transfert, on lui demande d'accompagner une jeune fille en train à Bordeaux. de quoi est-elle accusée ? Il n'en sait rien et s'en moque, mais il est bien obligé de se poser des questions quand il se rend compte qu'ils ont été suivis dans le train par des individus qui n'hésitent pas à tirer sur eux... Commence alors une cavale qui va les emmener en Charente et en direction de la Gironde. La clé de l'affaire est ... une clé, une petite clé que l'on peut même avaler, puis récupérer. Il ne sait pas ce qu'elle ouvre mais elle l'obligera à se replonger dans une affaire politico-financière obscure et à retrouver des sensations fortes qu'il pensait avoir oubliées.

Ce livre a été publié il y a une vingtaine d'années en Série noire et déjà on reconnait ce qui fera la patte de Pouy : un personnage désabusé persuadé d'avoir raté sa vie et qui n'a rien à perdre. Une histoire très noire et qui, on le sait, ne s'éclaircira pas. Et une folle cavale qui va les conduire vers une fin inexorable... Pas le meilleur Pouy, il fera mieux plus tard, mais une lecture efficace et oppressante pour amateur de polars noirs !

Première lecture d'un livre de Jean-Bernard Pouy et j'adore. Une enquête tonique du début à la fin, qui va crescendo. Et puis l'air de rien l'auteur nous parle du corps, de notre rapport au corps, des bavures policières sur fond de magouilles politiques, sur notre naïveté à tous, de l'art. Beaucoup d'humour (je vais tenter de me procurer le merle chez Atalante) et d'amour. le gendarme qui rêve encore d'une belle histoire et la petite femme qui vient d'en vivre une. Un conte de fées, me dirais vous, mais pas du tout, car la réalité nous rattrape toujours très vite dans ce roman noir. Un très bon moment. Je l'ai dévoré. Je vous le conseille pendant que je m'en vais en trouver d'autres.

Jean-Bernard Pouy - «la clef des mensonges» de (Gallimard, folio - 2009, ISBN 978-2-07-037963-7), « prix du polar 1989 ».

Une intrigue resserrée, une écriture originale (style Oulipo), où il est question, sans en avoir l'air, d'Albrecht Dürer et d'Arthur Keelt (Die Amsel), pour un gendarme qui croit passer de l'autre côté alors qu'il ne fait que sauver sa peau, et encore (puisqu'il meurt à la fin)...
Bien vu.

Un polar ou pour moi l'intrigue n'a pas d'importance, Alix et Zapala... Zapala et Alix, en gros plan permanent, la cavale, la fureur de la traque, un fleuve de mots qui mène à la cascade finale. Seul une petite clef en saura peut être un peu plus sur les deux protagonistes... une vision intérieure...
Un régal à déguster entre deux lectures plus sérieuses.

Auteur de polar français mettant en scène des personnages "comme tout le monde", j'apprécie son écriture simple, sans fioritures.